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vendredi, 12 octobre 2018

CHARLES BEUTTER (1)

Charles Beutter (1879-1954) n'est que mon arrière-grand-oncle. C'est normal : il fut le fils du grand-père de mon grand-père Frédéric Beutter (1827-1909), donc le frère de mon arrière-grand-mère, Hortense Beutter (épouse Paliard, 1862-1907). Pourquoi ai-je eu l'idée de lui consacrer un billet ? D'abord, parce qu'il a fait une carrière médicale, comme mon arrière-grand-père Félix, mon grand-père Frédéric et son fils Pierre (une belle tradition familiale, et qui se poursuit). Mais aussi et surtout parce que j'ai trouvé dans l'Annuaire de l'Internat des hôpitaux de Lyon de 1978 une photo où il trône bien au centre, en tant que Doyen (aujourd'hui on dirait sans doute "Major") de la promotion 1902.

ANNUAIRE INTERNAT.jpg

Il a bataillé pour cela, puisque ce n'est qu'à la quatrième tentative qu'il se voit reçu, à l'âge de 23 ans, mais de quelle manière cette fois-là ! 

BEUTTER CHARLES 1902.jpg

Le dernier assis à droite de la photo est aussi un Beutter (M. = Maurice ?), sans doute un cousin germain. Quinze reçus cette année-là : il n'y avait pas de "déserts médicaux".lyon,frédéric beutter,saint-étienne,annuaire de l'internat des hôpitaux de lyon

En 1919, Frédéric Paliard, également au centre, sera "Doyen" comme son oncle.

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En 1954, Pierre Paliard, un parmi trente et un autres (troisième à gauche au dernier rang, et Mlle Lenoble au premier, pour faire hurler les féministes).

Il apparaît naturellement sous la plume de son père Frédéric, dans le Journal que celui-ci a tenu tout au long de sa vie. J'ai regroupé ici presque toutes les notes où est mentionné le prénom Charles (sans rien changer au texte). 

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LA FABRIQUE D'UN MÉDECIN A LA FIN DU XIX° SIÈCLE;

19 août 1879 : Ce soir Sophie éprouve des douleurs, à minuit, je vais chercher l’accoucheuse et à 5 heures ½ du matin, Sophie accouche d’un gros garçon que je vais déclarer sous les noms de Charles Félix Antoine en l’honneur de son parrain Félix et sa marraine Antonia. Sophie veut essayer de le nourrir elle-même, espérons que cela réussisse et que ce cher enfant prospère, nous avions désiré une autre fille.

28 septembre 1879 : Depuis 4 jours très occupé avec Delbanco j’ai le chagrin de savoir le petit Charles assez fatigué Sophie est forcée de cesser de nourrir et de chercher une nourrice ce qui est très difficile.

1 octobre 1879 : 18ème anniversaire de notre mariage, occupé avec Gill nous ne pouvons pas le fêter, d'autant plus que le petit Charles nous donne toujours des inquiétudes. 

6 octobre 1879 : Ce matin, le mari de la nourrice vient déjà la réclamer ce qui nous ennuie beaucoup car le petit avait déjà bien profité ; je pars pour Lyon et suis assez heureux pour  trouver au bureau une brave Savoyarde (Mme Fontaine) que j’amène de suite à St-Etienne après avoir rendu visite à Mr Warburg. Sophie trouve la nourrice très bien et somme toute nous sommes contents d’être débarrassés de l’autre (une vraie communarde).

8 juillet 1880 : Aujourd’hui Charley qui a été vacciné il y a 15 jours par l’oncle Victor a ses premières dents.

6 octobre 1880 : La nourrice étant indisposée, nous sevrons aujourd’hui notre petit Charles.

2 novembre 1880 : Aujourd’hui notre petit Charles qui avait très bien supporté le sevrage a un petit accident au bras droit, en tombant il s’est fait une entorse au coude, Dieu merci, ce n’est pas grave.

28 mars 1881 : Ce matin, notre brave nourrice nous quitte, ce qui nous fait beaucoup de peine,   espérons que son départ ne fatigue pas Charley qu’elle a soigné très bien depuis 18 mois.

25 septembre 1881 : Par un temps superbe après avoir reçu les adieux touchants de tout le monde, nous partons par un omnibus de Maza à 2 heures ½ route charmante, halte chez la mère Thouron et arrivons chez nous à 7 heures où nous trouvons la nourrice de Charles, nous sommes très contents de ces belles vacances mais heureux de reprendre notre vie ordinaire (le séjour au Bourg tout compris environ 900 Frs).

4 août 1885 : Aujourd’hui distribution de prix à St-Michel où nos trois garçons ont plusieurs nominations, même Charles qui depuis 2 mois souffre beaucoup d’une caqueluche [sic].

2 août 1886 : Ce matin distribution des prix au Collège St-Michel où Fred a un grand succès (1er  prix de sagesse) Pierre a un accessit et Charles plusieurs prix.

2 août 1887 : Distribution des prix au Collège beaucoup de succès pour Fred et Charles mais un seul accessit pour Pierre.

7 octobre 1887 : Aujourd’hui Charley entre en 8ème au Collège St-Michel.

2 août 1888 : Distribution de prix où Fred et Charles ont beaucoup de succès Pierre 2 accessits.

31 décembre 1888 : Charles ayant pris la rougeole, Sophie ne peut le quitter et nous faisons les visites de   jour de l’An avec  Fred et Pierre.

6 août 1889 : Aujourd’hui distribution des prix au Collège, Charles 4 accessits, Pierre rien.

11 mai 1890 : Aujourd’hui Charles fait sa 1ère Communion au Collège St-Michel et est confirmé par Mgr Foulon, Archevêque de Lyon, cérémonie très touchante. Maman Fred et moi Communions et sommes assistés par Marie Vincent, remplaçant notre chère Hortense qui nous manque bien ce jour-là.

2 août 1890 : Distribution des prix où Pierre a 4 accessits et Charles 2 prix et 1 accessit dont nous sommes bien contents et nous dînons ensemble (illisible).

18 octobre 1890 : Depuis 8 jours je suis occupé avec M. J. Gill qui m’a remis le titre de mes propriétés à Denver. Aujourd’hui je pars avec lui à Lyon, bien inquiet car la pauvre maman est obligée de mener Charley chez Chevrier pour lui faire arracher 4 dents, le Dr Blanc l’endort au chloroforme et à 1 heure je suis heureux de recevoir une dépêche de Sophie m’annonçant que l’opération avait bien réussi et le soir à mon retour je trouve Charley bien tranquille, nous sommes heureux que tout soit passé. Par erreur, le dentiste Chevrier lui avait arraché une 5ème bonne dent.

17 août 1891 : Maman Pierre et Charles vont avec moi à l’Exposition où Fred était de garde le soir, nous soupons à la Terrasse.

2 août 1892 : Distribution de prix au Collège où Charles à notre grande surprise et joie reçoit 3 prix et 2 accessits.

24 octobre 1892 : Aujourd’hui Charles prend sa première leçon de piano chez Melle Richarme.

24 janvier 1893 : Ce soir le Recteur du Collège m’adresse le carnet de Charles sur lequel il y a plusieurs falsifications, je me rends de suite au Collège où le Recteur fait appeler Charles pour savoir si c’est lui qui a changé ses notes. Il proteste et jure sur son honneur que ce n’est pas lui ; rentré à la maison et après avoir de nouveau juré et pressé par Maman il finit par avouer que c’est lui. Cet infâme mensonge plus encore que le fait lui-même nous bouleverse et fait un immense chagrin à Maman ; espérons que cela ne se renouvellera pas. Cela m’a gâté ma soirée pour aller chercher tante Maria pour l’amener au Cercle (Chat noir).

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A suivre demain.