dimanche, 01 mai 2016
LA VOIX DE JOHNNY CASH
Johnny Cash est mort en 2003. Sa discographie (55 albums) est impressionnante. Aux Etats-Unis, une institution, un monument. En 2000, il enregistre « American III : solitary man ». Ce n’est pas le dernier, mais pas loin. La voix, d’insolente, joyeuse, presque arrogante qu’elle était, est devenue caverneuse, grave, presque sombre. Exactement le genre de voix qui a ma préférence : pas un terrain plat, mais creusé, raviné, accidenté. Une voix sur laquelle les orages de la vie sont passés.
Celle de Johnny Cash s’est dotée de vibrations, comme une espèce de tremblement, presque une fêlure qui la fait résonner dans un registre mélancolique, propre à la nostalgie de quelqu'un qui se retourne sur tout le chemin parcouru, et qui semble regretter d'être bientôt au bout. La version qu’il donne de « Nobody » (Egbert Williams) est tout simplement saisissante.
Pour faire bonne mesure, on peut écouter dans la foulée celle qu'il donne de « Oh come, angel band » (Jefferson Hascall), air popularisé en leur temps par les Stanley brothers, qu’on entend dans le drôle de film (comme d'habitude) des frères Cohen O brothers, where are thou ? (2000).
On dira ce qu'on voudra des Amerloques, de leur foutue Holy Bible et de leur infernale piété envers Dieu et l'argent, mais pour ce qui est d'harmoniser les voix et de chanter en chœur, alors là, les paroissiens de Saint-Denis de la Croix-Rousse peuvent toujours s'aligner, avec leurs chevrotements moroses, comme s'ils avaient honte d'être là. Comme s'ils ne tenaient pas à ce qu'on les entende.
Ceux qui ne sont pas convaincus qu'il faut apprendre à harmoniser les voix et à chanter en chœur avec ferveur pour devenir un bon prosélyte, peuvent écouter Alison Krauss (et al., comme on dit) dans la version qu'elle donne de « When I went down to the river to pray », choisie par les frères Cohen pour figurer dans leur film.
C'est à se demander s'il y aurait autant d'athées en France si les croyants de France avaient appris à chanter comme ça. Je veux dire avec un peu de savoir-faire, de conviction et de fierté.
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 26 mars 2016
APRES LA FERMETURE
ARCHEOLOGIE
Photo Frédéric Chambe.
La particularité de cette image est la suivante : les locaux, à l'abandon depuis longtemps, voient parfois leur surface vitrée couverte d'une peinture blanche, plus ou moins dense, destinée à masquer ce qui se trame là. Il arrive cependant que la surface peinte soit grattée de l'intérieur (l'archéologue aussi fait des trous) et que, dès lors, l'objectif de l'appareil photo puisse se plaquer contre la vitre, pour une sorte de prise en flagrant délit de la déshérence du lieu, sous la surface des apparences.
Je me dis qu'il n'est pas jusqu'à la déshérence d'un lieu dont on ne puisse goûter le charme.
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Demain, jour de Pâques, j'écouterai la Passion selon Saint Jean, de Jean-Sébastien Bach. Dans la version de René Jacobs. Aujourd'hui, j'écouterai le quatuor n°15 opus 132, de Ludwig van Beethoven (47'13"). Dans la version des Italiano. Beethoven est mort un 26 mars. C'était en 1827.
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jeudi, 24 mars 2016
LA VIE DERRIÈRE LA VITRE
L'atelier de reliure.
Photo Frédéric Chambe.
Ci-dessous : détails.
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J'avais bien aimé Chirac dans le texte, livre dans lequel Yves Michaud décryptait le langage de l'ancien président. Une démarche salutaire, qu'il faudrait conseiller aux journalistes de généraliser et de systématiser, eux qui, si souvent, n'exercent pas leur métier, mais jouent les porte-voix des politiques, quand ils n'en sont pas de simples perroquets.
Le Canard enchaîné (23 mars) nous annonce la parution de Situation de la France (Desclée de Brouwer), nouveau livre du même Yves Michaud, et je dois dire que l'article de Frédéric Pagès me donne bien envie d'aller voir de plus près de quoi il retourne. Je passe sur ce que l'auteur pense du « Care » (c'était la sinistre Martine Aubry qui avait importé cette notion américaine dans la politique française), mot que Michaud traduit par "bienveillance".
Je retiens juste, pour l'instant, les propos rapportés par le journal, concernant l'islam. Attention les yeux, le philosophe n'y va pas de main morte avec le dos de la cuillère à pot : il parle en effet de l'islam, « "religion obscurantiste, intolérante et antidémocratique" qui ne reconnaît pas la "liberté d'apostasie", c'est-à-dire le droit de la quitter ».
J'approuve entièrement cette façon de considérer l'islam. J'en ai assez, après tout, d'entendre une pléiade de prétendus laïcards plaider sur tous les tons pour la liberté religieuse, pour la tolérance et contre une purement fantasmatique « islamophobie ».
J'avais eu l'impression que les agressions sexuelles contre les femmes dans la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne ressemblaient à s'y méprendre à un attentat concerté. Et j'avais été stupéfait par certaines manifestations, faisant suite à ces attentats sexuels, où ce n'était pas le machisme et le sexisme en vigueur chez les arabes qui était dénoncé, mais le racisme, la xénophobie, l'islamophobie de ceux qui avaient réagi et protesté contre les agressions. Le législateur devrait accorder à certains mots le droit de se défendre et de tirer à vue.
J'en ai assez d'entendre le chœur des loups qui hurlent contre l'écrivain Kamel Daoud, suite à la tribune parue dans Le Monde en réaction à Cologne, au prétexte qu'il y dénonce "la misère sexuelle du monde arabe".
Qu'on se le dise, il est interdit de nommer les choses et d'appeler un chat un chat : le gang des dénégateurs veille. Eh bien non : l'islam est vraiment une "religion obscurantiste, intolérante et antidémocratique". La France, par rapport à l'islam en tant que tel, est en état d'incompatibilité.
Bienvenue, monsieur Yves Michaud, au club des islamophobes. Alexandre Vialatte pourrait-il encore conclure ses chroniques de son habituel : « Et c'est ainsi qu'Allah est grand » ?
Pas sûr.
Voilà ce que je dis, moi.
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mercredi, 23 mars 2016
LA VIE DERRIÈRE LA VITRE
Photo Frédéric Chambe, 22 mars 2016.
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dimanche, 13 mars 2016
APRÈS LA FERMETURE
LES DERNIÈRES CARTOUCHES, POUR CLORE LA SÉRIE.
(On peut se reporter aux 1-2 février.)
Ici l'on fait de la musique.
L'atelier de Qi-Gong.
L'escalier métallique.
La quincaillerie (articulations métacarpiennes comprises).
La salle de yoga.
La boutique vétérinaire.
Le salon d'esthétique.
Le local abandonné depuis longtemps.
Le glacier.
La voiture de police (intruse dans la série, mais).
Le local déserté.
Le local accueillant les enfants.
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samedi, 12 mars 2016
LA TERRASSE SUR LA PLACE
Photo Frédéric Chambe.
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vendredi, 11 mars 2016
LE MANÈGE SUR LA PLACE
Photos Frédéric Chambe.
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mercredi, 02 mars 2016
CABU À LYON
1/2
Je l’ai dit ici même les 25 et 26 janvier : je n’aurais peut-être pas dû lire Mohicans, de Denis Robert. Trop tard et tant pis : le mal est fait. Ce bouquin a déboulonné la statue de Cabu, que j’avais placée sur un piédestal imaginaire, qui s’est purement et simplement aboli quand j’ai appris le coup de vice qu’il a planté dans le dos de Cavanna. Cabu, t'aurais pas dû. Mais il y a aussi que le consommateur ne sait pas quel produit il achète quand il ne sait pas comment il a été produit. Appelons ça la désillusion. J'étais juste un consommateur de Charlie Hebdo. : j'achetais chaque semaine ma dose d' "esprit Charlie". Bien fait pour moi. Il est vrai que les éditoriaux de Philippe Val, vous savez, ces épaisses tartines de prose, complaisantes et indigestes, ont été très rapidement, après 1992, une force de dissuasion suffisante pour m'éloigner des kiosques.
Louis Pradel, alias "Zizi", maire de Lyon, sous le crayon de Cabu, et sur fond de naïades et de feu d'artifice. Il n'y a aucun doute là-dessus : Cabu était doué !
Ce que je ne suis pas prêt à digérer, c’est avant tout cette histoire de SCI : le pacte avec Philippe Val, Bernard Maris et X pour acheter les locaux de Charlie sous la caution bancaire de Charlie (achat promptement remboursé par la prospérité de la revue), mais surtout sans impliquer le vieux Rital dans l’actionnariat du nouveau Charlie Hebdo, et pour ne lui concéder qu’un ridicule 0,44%, au titre du propriétaire de la marque, quand le quatuor des actionnaires s’empiffrait de l’essentiel des bénéfices. Il y a des choses qui ne se font pas. Non, Cabu, tout n'est pas permis, que ce soit dans l'économie, dans la société, dans les relations personnelles.
Une des plus magistrales réalisations de Pradel, maire de Lyon : le tunnel sous Fourvière (entrée nord). Cabu n'a pas tort de se référer à Albert Speer, l'architecte d'Adolf Hitler.
J’explique ce comportement de Cabu comme une faiblesse coupable commise sous l’emprise du manipulateur Val, probablement due au long copinage entre celui-ci et Cabu du temps du duo « Font et Val », dont il dessina au moins une demi-douzaine de pochettes des disques du tandem chahuteur (Ça va chier !, date de 1987, mais il y en a d'autres). Car il fut un temps où Philippe Val, flanqué de Patrick Font (dont Leporello pourrait dire « Sua passion predominante è la giovin principiante », Don Giovanni, "air du catalogue") donnait dans la contestation anarcho-gauchiste, avant de virer sa cuti pour devenir un fervent sarkozyste soucieux d’avancement et d’enrichissement personnel. Le lien de Cabu à Val est ancien.
Le pont Morand, l'ancien (le normal) et le nouveau (avec ses deux tubes pour le métro), que Cabu baptise "pont Maginot". Note 1 : il enjambe le Rhône !!!
Note 2 : "Les Équevilles, journal libre lyonnais", était publié par Jacques Glénat-Guttin qui, après quelques ennuis judiciaires avec Pradel, à propos de licences de taxis, a émigré à Grenoble, où il a fondé les éditions Glénat, vouées à la BD. Les "Équevilles", en lyonnais dans le texte, c'est tout ce qu'on jette à la poubelle.
Après un tel compagnonnage, difficile pour Cabu de rompre en visière avec son copain Val, au moment de refonder la maison Charlie, avec l’appui, qui plus est, des vieux de la vieille de la première équipe, à l’exception notable de Choron, et de DDT, qui gratifia Cabu d’une gifle méritée. Comment Cabu a-t-il pu jouer ce tour de cochon à Cavanna, ce vieux camarade des premiers temps ? Voilà ce que je n’explique pas, que j’excuse encore moins, et qui jette un sombre doute sur la sincérité du caricaturiste virtuose et génial dans le deuxième Charlie.
La montée de la Grande-Côte (aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir), vue du haut. Je me demande où Cabu a bien pu traîner ses guêtres pour avoir vu dégouliner le stupre du haut de la Croix-Rousse. Mettons ça sur le compte de la licence poétique.
Reste donc le génie graphique, que personne ne peut nier. Reste aussi que je ne saurais pardonner à ses assassins. Reste que je n’avais pas attendu le 7 janvier pour tirer un trait définitif sur le Charlie de Philippe Val et consorts (celui à partir de 1992) : ça faisait une paie que j’avais laissé tomber. Reste le Cabu du vrai Charlie, le premier, le seul, l’unique, celui qui est né le 23 novembre 1970.
La même montée de la Grande-Côte, vue par en dessous, en pleine "rénovation" pradélienne. C'étaient les Arabes qui occupaient ce quartier, incroyable fouillis de petites maisons peu salubres, mais vrai village traversé de venelles formant une sorte de labyrinthe. Les successeurs ont un peu limité les dégâts, en faisant de l'espace dégagé un grand jardin.
Il se trouve qu’en rouvrant récemment La France des beaufs, (imprimé et fabriqué un peu à la diable, l'encre bave souvent) je suis tombé sur une série de reportages qu’il a faits à Lyon vers la fin du règne de Louis Pradel sur la mairie (de 1957 à 1976). Pour dire le vrai, tout n’est pas de première bourre. Mais ce qu’il écrit sur le Lyon de Pradel (ne pas confondre avec Le Lion de Kessel) est du meilleur Cabu. A quelques détails près (allons, Cabu, le pont Morand, même rebaptisé "pont Maginot", n’est pas sur la Saône).
La façon dont il évoque les putes, les flics et les notables peut en revanche laisser sceptique ou paraître daté.
Voilà ce que je dis, moi.
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dimanche, 21 février 2016
APRES LA FERMETURE
LE RELIQUAT
(Pour explications éventuelles, voir 1-2 février 2016.)
L'atelier du fenestrier.
Le bureau du fabricant de chaussettes.
Le local d'accueil de l'école de danse.
La boutique "Holiste".
Le local administratif de la Maison des canuts, derrière son fin rideau.
Photos Frédéric Chambe, prises du 12 au 20 février 2016.
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samedi, 13 février 2016
APRES LA FERMETURE
PETIT ADDITIF
Pour les explications éventuelles, prière de se reporter aux 1 et 2 février 2016.
Photos Frédéric Chambe, prises les 5 et 10 janvier 2016.
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mercredi, 10 février 2016
LA MAISON DES CANUTS
L'atelier, après la fermeture.
L'administration, après la fermeture.
(Photo prise par-dessus la maquette du métier Jacquard.)
L'espace de visite, après la fermeture.
Note : le volet roulant métallique, hélas, m'interdit de donner une idée de l'espace d'accueil. Le fait que le dit volet ait été amplement décoré par des graffeurs n'est pas une consolation.
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Entendu dans un bulletin d'information : la mairie de Marseille est en dessous de tout. Ses écoles primaires sont à l'abandon : beaucoup ont des fenêtres sans vitres, des classes sans chauffage, des toilettes sans papier. Quoi, vous avez dit "sans papier" ? Qu'attend la police pour agir ?
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lundi, 08 février 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 20
Dans la série "Le Monde derrière la vitre".
Photo Frédéric Chambe, prise le 11 janvier 2016.
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dimanche, 07 février 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 19
Dans la série "Le Monde derrière la vitre".
Photo Frédéric Chambe, prise le 12 janvier 2016.
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vendredi, 05 février 2016
APRÈS LA FERMETURE
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jeudi, 04 février 2016
APRÈS LA FERMETURE
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mercredi, 03 février 2016
APRÈS LA FERMETURE
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mardi, 02 février 2016
APRÈS LA FERMETURE
2/2
Les images sont obtenues cette fois en plaquant l’objectif de l’appareil contre la surface vitrée, une fois l’intérieur déserté, après la fermeture. Cela permet d’éliminer tout reflet autre que ceux offerts par les éventuelles surfaces réfléchissantes présentes à l’intérieur.
Cette façon de faire est hélas rendue impossible dans bien des cas : le rideau - textile ou métal, intégral ou maillé - est décourageant par principe. Mais il faut éviter de susciter la convoitise, et puis, les assurances, n'est-ce pas, exigent qu'on se prémunisse. Je comprends : je n'excuse pas.
Là où c'est possible, et heureusement ce l'est encore souvent, cela donne des ambiances un peu fantomatiques, aux lumières diversement intenses, diversement colorées. La réalité perd de sa consistance. Il n’est pas toujours aisé de deviner l’activité à laquelle on se livre dans les lieux.
Dans certains locaux, on voit régner un ordre hygiénique impeccable, où tout est perpendiculaire, propre et aseptisé. Ailleurs, on voit un innommable bazar où tout s'enchevêtre dans un joyeux tumulte visuel. On sent que le commerce obéit à des lois qui n'ont pas besoin de s'écrire pour être appliquées.
Que devient un magasin quand tout le monde l’a quitté ? A quoi ressemble un local commercial, une fois débarrassé de toute présence humaine ? Que nous raconte-t-il de ce à quoi il sert, de ce qui s’y passe durant la journée, des gens qui l’ont conçu, aménagé, meublé, fréquenté ?
Les espaces apparaissent, une fois la journée de travail terminée, sous un jour différent, éclairés par les seules lumières de la rue, enseignes restées allumées, éclairage public, hormis la présence lumineuse éventuelle laissée par l’occupant des lieux.
Il va de soi, ici, que chaque image n'est pas à regarder pour elle-même, et que c’est l’inscription de chacune dans la série complète qui compte, vu que c’est la variété des paysages ainsi captés qui constitue en soi le sujet, et qui permet à l’œil de profiter du tout en comparant les effets produits par les parties.
J’aime assez la bigarrure obtenue par cette succession, genre diaporama. L’intéressant de la chose, c’est bien sûr qu’aucun de ces lieux n’est fait pour être regardé, quoiqu'une vitrine de magasin soit avant tout un moteur de désir. C'est son seul lien avec le "spectacle". A part ça, franchement, quel intérêt ? Qui serait assez bête pour s’attarder à de telles futilités ?
Il fallait bien que quelqu’un se dévouât.
Voilà ce que je dis, moi.
Série à suivre, mais sans baratin : j'en laisse la tâche aux adeptes de la sémiologie.
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lundi, 01 février 2016
APRÈS LA FERMETURE
1/2
Je ne suis pas photographe, mais … je fais des photos. Et ça, c'est de la faute de la chère Madeleine D., au charmant visage ridé comme une vieille pomme, qui m'avait étourdiment offert un Ultra-Fex (pellicule 6x9 petit trou) avant même que j'aie passé mon permis. Je ne l'ai jamais passé, mais je roule quand même. Entendons-nous : je n’ai jamais eu l’intention d’en faire un métier, pour une raison très générale, qui pourra sembler étrange, et même inadmissible : je n’ai jamais voulu exercer un métier, quel qu’il soit.
Les hasards et les nécessités de l’existence m’ont porté là où il m’a fallu tenter d’exister, bien obligé. Je me suis toujours efforcé de faire face aux circonstances. Mais parvenu là où il m’a fallu être et demeurer, je n’ai jamais fait le moindre effort pour acquérir la technicité ou le professionnalisme que ma fonction supposait. Pareil pour la photo. Les éventuels savoir-faire sont venus "sur-le-tas". J'ai toujours improvisé. Selon les situations. J'ai avancé en oubliant, donc en inventant un présent à mon usage.
C'est peut-être de là que me vient le goût prononcé pour le jazz en petite formation : la vie réelle se fabrique par les interactions entre vivants. Piano, basse, batterie (Jarrett-Peacock-DeJohnette ; Jamal-Crosby-Fournier ; Garner-Calhoun-Best ; Mehldau-Grenadier-Rossy ; ...) : on ne sait pas où on va, mais on y va joyeusement, on verra bien. C'est comme la vie, avec ses hauts et ses bas. Ses creux et ses intensités jouissives. Ses calmes plats et ses orages. Ses paix et ses guerres.
Le grand orchestre, c'est un chef qui se fait obéir, c'est une partition (presque) toute écrite, c'est des musiciens payés pour exécuter, pas pour inventer. Moi je me dis : il vaut mieux chercher qu'avoir trouvé. L'acquis est un poids pour l'âme. Il vaut mieux improviser. Une forme d'autodidactisme, si je ne me trompe.
Les professionnels de la profession m’ont toujours un peu ennuyé, toujours prêts qu'ils sont à vous faire porter le fardeau de leur « compétence ». C'est presque toujours leur fonction qui parle, presque jamais leur personne : après tout, on se fiche bien de connaître la manière dont Montaigne administra la ville de Bordeaux. La compétence, ça donne des certitudes et une sécurité, malheureusement je ne possède que quelques convictions. Une pente naturelle me porte vers une paresse existentielle. Résultat : doué pour rien, bon à tout, spécialiste de pas grand-chose, résolument "culturgénéraliste", guidé par les possibles encore possibles. Une spécialité, c'est des œillères. J'ai toujours préféré collectionner, tous les sens aux aguets.
Par suite, j'aimerais que les images qu’il m’arrive de montrer ici, avec leurs défauts techniques et leurs maladresses, soient considérées davantage comme des comptes rendus de rêveries et d'errances curieuses, comme des ébauches de poèmes visuels, que comme des photographies habilitées à recevoir l’estampille officielle.
Les visiteurs de ce blog connaissent sans doute mes séries « Le Monde dans la vitre » (reflets plus ou moins complexes, voire confusants pour le regard) et « Le Monde derrière la vitre » (ombres chinoises de diverses natures, portées, à la nuit tombée, sur des fenêtres au verre dépoli, par une source lumineuse domestique, avant clôture des stores ou extinction des feux).
Depuis peu, j’ai inauguré une nouvelle série. Pour le titre, j’hésite encore. Je me suis dit que « Après la fermeture » ne serait pas mal. C’est encore une histoire de vitres, et encore mieux : de vitrines.
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 30 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 18
Le salon de coiffure, ambiance nocturne, après la fermeture.
Dans la série "Le Monde derrière la vitre", mais sans reflet, pour cette fois (et pour cause).
Photo Frédéric Chambe, prise le 26 janvier 2016.
Photo Frédéric Chambe, prise un autre jour.
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vendredi, 29 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 17
Dans la série "Le Monde derrière la vitre".
L'atelier intermittent.
Photo Frédéric Chambe, prise le 6 janvier 2016.
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CHRISTIANE TAUBIRA DÉGAGÉE
Christiane Taubira quitte le gouvernement. Je dis juste : "BON DÉBARRAS !". A mon avis, François Hollande attendait pour la lourder une "fenêtre de tir" médiatique, je veux dire communicationnelle. Aussi communicationnelle que la raison de sa présence et de sa durée dans l'équipe gouvernementale. Puisqu'il n'y a plus de gauche sociale, de gauche économique ou de gauche politique, Christiane Taubira a figuré la nouvelle gauche, la gauche SOCIÉTALE, cette espèce de mollusque gluant qui vit sur le mensonge et la manipulation.
C'est-à-dire la gauche qui a abdiqué la gauche : celle qui, convaincue que l'ordre des choses ne peut plus être changé (défaite du communisme oblige), s'est rabattue sur la révolution des "valeurs", dont l'instauration du mariage entre homosexuels et entre lesbiennes est le plus beau fleuron. Taubira (accompagnée par le chœur unanime des « Associations ») a monté en chantilly l'argument selon lequel c'était un "progrès". L'ordre des choses a triomphé, et la gauche avoue : "Oui, c'est vraiment lui le plus fort". Elle avoue son impuissance, son défaitisme, son renoncement à proposer un avenir meilleur. Mais elle n'a pas renoncé à promouvoir l'idée de "progrès", alors elle s'est rabattue sur des objectifs moins ambitieux. Plus à sa portée. Appelons ça la gauche sociétale.
La gauche a fait, du beau langage d'espoir qu'elle apportait à l'espèce humaine, cette novlangue infecte qui transforme en leurs contraires toutes les valeurs qu'elle prétend promouvoir. Puisqu'on ne peut pas changer les choses, il est nécessaire de s'adapter si l'on veut avoir une chance d'exercer le pouvoir. Puisqu'on ne peut pas changer les choses, changeons les mots : faisons dire aux mots autre chose que ce qu'ils signifient. Si c'est ça, être de gauche, alors oui, je suis de droite.
Christiane Taubira, entre les crocodiles qui pleurent et les gens « degôche » qui honnissent la ligne hollando-vallsienne, on l'oublie un peu trop, avant d'être cette icône paradoxale, a voté en 1993 en faveur du gouvernement Balladur. Elle fut un copine de Bernard Tapie. Et ces deux faits en disent long. Dans le fond, sa carrière n'est pas plus crapuleuse que celle de celui-ci. Je me demande en fin de compte la nature du chantage qu'elle a pu exercer sur François Hollande : pour quelle obscure raison la craignait-il ? Pour quelle raison a-t-il eu besoin d'elle ? Juste le mariage homo, vraiment ?
Comme dit le capitaine Haddock : « No sé ».
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 28 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 16
Dans la série "Le Monde dans la vitre".
Le magasin d'articles ménagers.
Photo Frédéric Chambe, prise le 12 janvier 2016.
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HERMANN GRAND PRIX DE LA BD D'ANGOULÊME.
Pour moi, Hermann, c'est Caatinga, une fable sur les cangaceiros.
Hermann, c'est Sarajevo tango, un pamphlet dénonçant l'indigne lâcheté de l'ignoble « communauté internationale » à l'époque de la guerre de Bosnie.
Hermann, c'est l'Afrique : Missié Vandisandi, avec ce brave père tranquille qui part pour le Congo, manipulé et pris dans des conflits qui le dépassent et auxquels il ne comprend rien.
Afrika, avec ce Dario Ferrer qui administre une grande réserve d'une main ferme, et qui ne badine pas avec les braconniers qui lui tuent ses rhinocéros.
Hermann, c'est le Western : On a tué Wild Bill, où le jeune Melvin n'a qu'une idée : venger l'assassinat de la chérie de son enfance.
Hermann, c'est des séries : Bernard Prince, oui, bon, ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux. Il est vrai que c'était "pour la jeunesse".
Les Tours de Bois-Maury, dont je garde l'étrange histoire de Sigurd.
Comanche, "pour la jeunesse" aussi, avec son cow boy roux nommé Red Dust, dont je garde l'album Le Corps d'Algernon Brown, parce qu'il n'y a pas trop de westerneries.
Enfin et surtout Jérémiah, dont je garde, parmi trente-quatre albums excellents, le superbe et glaçant Qui est Renard bleu ?
Hermann, c'est un univers profondément humain, profondément sombre et pessimiste. Je ne suis pas sûr qu'il ait une grande confiance dans l'espèce humaine. Voir pour cela Abominable, Lune de guerre, Zhong Guo, The Girl from Ipanema, etc.
Hermann est un grand artiste.
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mercredi, 27 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 15
Dans la série "Le Monde dans la vitre".
La salle de restaurant, avec ses deux voûtes au fond.
Ci-dessous, la même salle, débarrassée de reflets.
Photos Frédéric Chambe, prises le 19, puis le 25 janvier 2016.
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samedi, 23 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 13
Dans la série "Le Monde derrière la vitre".
Photos Frédéric Chambe, prises le 8 janvier 2016 à 19 h 05.
Photo Frédéric Chambe, prise au même endroit, le 12 janvier 2016 à 20 h 20 (heure d'été).
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Comme une encre sympathique, à température d'être, convoquée sur une peau énigmatique.
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mardi, 19 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 12
Dans la série "Le Monde dans la vitre".
La salle de restaurant (bonne table au demeurant : je recommande la fraise de veau servie dans sa coquelle).
Photo Frédéric Chambe, prise le 6 janvier 2016 à 21 h 38.
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Ce qui déguise ta solitude en souffrance garde pour toi seul le thorax des confidences.
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dimanche, 17 janvier 2016
VU A LA CROIX-ROUSSE 11
Dans la série "Le Monde derrière la vitre".
Photo Frédéric Chambe, prise le 8 janvier 2016 à 20 h 27.
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Qu'importe ce qui coule, pourvu qu'en filament l'étonnement opère, incandescent.
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