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jeudi, 29 février 2024

UN JOYEUX ANNIVERSAIRE ...

... FRANÇOIS-BAPTISTE-EPHRAÏM !!!

Joyeuse cent-quatre-vingtième année, cher sapeur !

Ben oui, ça fait cent-quatre-vingts ans jour pour jour (le 29 février 1844, je vous laisse calculer ce que ça fait en nombre d'années bissextiles — autour de 45 à vue de nez, non ?) que la naissance de François-Baptiste-Ephraïm Camember a été déclarée en la mairie de Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure) par son père Anatole, époux de Polymnie Cancoyotte.

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J'ignore cependant si le pantalon rouge du sapeur comporte un "trou de Lamoricière". Mais il est vrai qu'Alexandre Vialatte n'évoque cette particularité qu'à propos de la culotte des zouaves. Le trou de L. permettait d'après lui à la culotte de se vider après la traversée d'un oued. Camember, lui, n'est qu'un humble, quoique fier, sapeur.

Et ci-dessous, en prime, ce que n'a pas vu Anatole Camember sous le bureau du secrétaire de mairie de Gleux-lès-Lure. Georges Colomb, alias Christophe, professeur de sciences naturelles de son état, n'est pas très gentil avec ce fonctionnaire, sûrement consciencieux.

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mercredi, 28 février 2024

LA FLEUR AU FUSIL ...

... D'EMMANUEL MACRON.

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Un seul mot : il est indécrottable ! Au point d'en devenir inquiétant. Notre président ne peut s'empêcher de parler, ça on le savait déjà. Une devise lui colle même à la peau : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire ! » (Raymond Queneau). Il lui arrive, quand il se sent en forme, je veux dire quand son imaginaire s'échauffe et s'enflamme sous l'effet de circonstances parfois obscures, de partir dans des rêveries qu'il ne tarde pas à prendre pour la réalité.

Pas besoin de l'avis de ses conseillers ! Pas besoin de se concerter avec les partenaires européens ! Pas besoin de prévenir les Alliés de l'OTAN ! Flamberge au vent ! Bille en tête ! J'y vais et qui m'aime me suive ! Résultat ? Macron prend toutes sortes de projectiles venus de son propre camp, sur un thème unique : « Faites-le taire, quelqu'un ! »

Car cet homme, qui est aussi un président, un mari, un enfant gâté et diverses autres spécificités, est un malade. Je l'ai diagnostiqué de façon sûre, sur la base des sept années qu'il vient de passer à la tête de l'Etat : Macron est malade de lui-même. On se souvient de son Conseil National de la Refondation. On n'a pas oublié son Grand Débat National. On garde en mémoire toutes les occasions qu'il s'est données de briller par sa maîtrise (indéniable) de la parole.

Le seul petit problème, quand on fait le bilan de toutes ces admirables performances, c'est quand on fait passer ces kilomètres de discours à la pesée : rien, il ne reste rien du verbe présidentiel, qu'il s'agisse de l'immortel "plan massif d'investissement pour l'hôpital public" ou autres initiatives lancées au gré des agitations et des interventions. S'il y avait un championnat du monde de "paroles verbales" (formule géniale proposée autrefois par Le Canard enchaîné), Emmanuel Macron serait déclaré médaille d'or haut la main. Quand il tient le Verbe, il a l'impression de tenir le monde. C'est dire la confusion qui règne dans son esprit.

Aujourd'hui, en déclarant qu'en Ukraine, face à la Russie, « aucune hypothèse n'est exclue, en particulier des troupes au sol », il parvient à mettre en danger la sécurité de la France. Et non seulement la France, mais encore l'Europe, sans oublier les alliés du Traité de l'Atlantique Nord. 

Je rappellerai simplement à notre va-t-en-guerre présidentiel et national les quelques mots que le général Pierre de Villiers a prononcés suite à sa mise à la retraite d'office par Macron quand il a osé émettre un avis personnel sur la façon dont le président considérait les forces armées françaises.

« Qu'est-ce que c'est, un chef ? C'est quelqu'un qui commande et donne les ordres, c'est entendu. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Car le chef doit ensuite s'assurer qu'il n'est pas tout seul à sortir de la tranchée, et que ses ordres sont suivis d'effet. Et si les ordres du chef restent lettre morte, c'est que celui-ci n'a pas veillé à suscité l'adhésion de ses subordonnés. L'adhésion ! Car seule l'adhésion de tous peut donner au chef la certitude qu'il emmène effectivement ses troupes en direction de l'objectif. » (En substance.)

Malade de lui-même, Emmanuel Macron, ai-je dit. Et cette maladie porte un nom : la solitude. Le premier de la classe qui s'affirmait, se voulait, se rêvait "jupitérien" au début de son sacre commence à entendre l'écho produit par ses gesticulations orales de par le vaste monde. Il apparaît à présent aux yeux de tous pour ce qu'il est en définitive : un bonhomme Playmobil (ci-dessous portrait en pied du président de la France).

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samedi, 24 février 2024

SALON DE L'AGRICULTURE

C'EST LA F.N.S.E.A. QUI GOUVERNE

J'entends ce matin que le président Macron a prévu de monter sur le ring lors de sa visite au salon de l'agriculture pour débattre avec ... disons ... "les agriculteurs". Il avait prévu d'inviter quelques associations écologistes pour garantir le pluralisme de la vision qu'il veut offrir aux Français de l'action qu'il entend mener en matière agricole.

Mais quand le président de la F.N.S.E.A. lui a dit que si l'association écologiste "Les Soulèvements de la Terre" (les "écoterroristes" de M. Gérald Darmanin) participait aux échanges, lui-même boycotterait l'invitation présidentielle. Apprenant cela, Macron a obtempéré à la commination venue de la puissante centrale syndicale.

Breaking news : aux dernières nouvelles, la position d'Arnaud Rousseau, le dit président de la dite F.N.S.E.A., s'est radicalisée, peut-être sous la poussée de la "base", au point que le "Grand Débat" à la mode Macron (un de plus, dira-t-on) a été remis à des jours meilleurs. Certains se gaussent de ce président qui, en cette occasion, s'est pris un râteau.

Bon, quoi qu'il en soit, le message de ce petit pas-de-deux mal chorégraphié est clair : "On ne veut pas des écolos, qui sont les ennemis de la vraie agriculture française. On ne veut pas de leur obsession anti-pesticide et de leurs rêves d'espaces ruraux à nouveau peuplés d'authentiques paysans exploitant des surfaces modérées."

Les désirs des industriels de l'agro-alimentaire sont des ordres pour le président et pour le gouvernement chargé de mettre en œuvre sa "politique" (si tant est qu'il en a une). Et les derniers remous à la tête de l'Etat (Gabriel Attal, Bruno Le Maire, voir les titres ci-dessous) montrent de quel côté de la balance — Economie contre Ecologie — penchent avec force les faveurs des autorités politiques du pays. Voilà, fermez le ban. 

Dans les pages "Economie & entreprise"  du journal Le Monde daté 22 février 2023, on lit la confirmation de l'inféodation de nos gouvernants aux diktats du lobby agro-industriel. Je trouve d'ailleurs que placer ce titre et cet article dans les pages Economie & entreprise résonne comme un aveu un peu honteux de la façon purement quantitative dont il convient de considérer la question agricole (titre seulement remaquetté pour les besoins de ma mise en page). 

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Alors sachant cela, quelques voix peuvent bien s'élever pieusement (dans les pages débats du même numéro du même journal) contre l'opposition binaire censée résumer le conflit entre les exigences de l'économie et celles de l'écologie. Sans vouloir jouer les rabat-joie, on peut dire que c'est pas gagné, tant l'antagonisme rend les adversaires irréconciliables.

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D'autres voix croiront sans doute accomplir un  devoir sacré en lançant le vibrant et sempiternel plaidoyer pour une désormais mirifique "transition écologique" du mode de production de l'agriculture française. Là encore, je veux pas doucher les enthousiasmes, mais à voir la façon dont évoluent les rapports de forces, on est à peu près fixé sur le résultat des courses. 

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D'ailleurs, le gouvernement, soudé comme jamais autour du premier ministre et du président de la république, fait tout ce qu'il peut pour répondre aux attentes du "monde agricole" (comprenez : "déférer aux ultimatums de la  F.N.S.E.A.") avant la tenue du salon de l'agriculture, comme le note un titre du journal Le Progrès du 23 février 2023. 

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Moralité 1 : les écologistes savent sur quel mur ils vont se casser le nez. Moralité 2 : Ils connaissent par cœur la physionomie de l'ennemi à abattre. Moralité 3 : Le pouvoir de nuisance des industriels de l'agriculture est intact. 

mardi, 20 février 2024

LES COULISSES DU CONSEIL CONS

CHEZ LES SAGES DE LA RUE DE MONTPENSIER.2024 02 16 FABIUS.jpg

Laurent Fabius est un homme courtois, civil, affable. La preuve ? Vous voulez découvrir dans quelles conditions sont élaborées les décisions du Conseil Constitutionnel (dont il est le président) ? Rien de plus facile : il vous invite à visiter le vaste atelier des machines où les lois relevant de sa compétence sont examinées.

Sur la photo ci-dessus, il présente les augustes membres du Conseil ainsi que les petites mains qui œuvrent dans l'ombre et s'affairent anonymement pour débroussailler le chemin et permettre aux titulaires de prendre leurs décisions en toute connaissance de cause. Il n'hésite d'ailleurs pas à "mettre-les-mains-dans-le-cambouis" lorsqu'il aperçoit la moindre anicroche. 

Le visiteur peut constater par lui-même avec quel soin méticuleux les machines sont entretenues et avec quel souci de perfection les lieux sont maintenus dans un excellent état de propreté. Ainsi acquiert-il la certitude qu'aucune poussière, aucune impureté, aucun élément adventice ne viennent souiller la majesté de ses arrêts et jeter le plus petit doute sur leur légitimité. Le visiteur en ressort rassuré.

***

La société Daimler Truck a fourni la photo au journal Le Monde du 16 février, où je l'ai piquée . J'ai eu l'idée saugrenue de voir une certaine ressemblance (voir ci-dessous) entre le vieux politicard français et Michael Brecht, président du conseil des salariés de l'usine de Gaggenau (Bade-Wurtemberg). Je me suis dit qu'entre présidents de quelque chose, il y avait motif à permutation, y compris à ma façon rudimentaire.

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lundi, 19 février 2024

A BAS LES HOMMES !

J'ai commencé à acheter le journal Le Monde en 1968, plus précisément après le choc qu'ont été pour moi les "événements de mai". Si je me souviens bien, c'étaient encore les 24 pages voulues par le fondateur Hubert Beuve-Méry pour que n'importe quel homme curieux de s'informer puisse en venir à bout dans la journée.

Presque 100% de texte sur une surface de papier nettement supérieure à ce que le journal est devenu, question de format. C'est ça, le "Journal de Référence", certes un peu austère, mais du sérieux, du solide et du nourrissant.

Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un souvenir. Il faut paraît-il au public des dessins, des photos, des couleurs, des publicités, de la mode, du luxe, bref : toutes sortes de meubles visuels qui satisfassent le besoin de futilité qui anime l'homme moderne.

Il a bien fallu que je subisse et que je m'habitue à toutes les évolutions, car Le Monde, ça restait quand même Le Monde : une référence. Mais est-on bien sûr que cette situation somme toute enviable perdure ?

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La réponse n'est plus aussi évidente. Car la France est bien malade. Vous voulez un symptôme ? Je croyais que ce genre de pratique journalistique était réservé aux journaux "people", aux feuilles à scandales et autres torchons. Eh bien pas du tout ! Même le journal Le Monde s'y est mis : le "journal de référence" est en voie de torchonnisation accélérée. Pensez, sans remonter très loin (je pense, entre autres, à la spectaculaire  rage d'Adèle Haenel au simple prononcé du nom de Roman Polanski), à l'offensive massive contre Gérard Depardieu, pour cause de.

Le Monde s'est apparemment fait le partenaire et le relais actif des milices hargneuses dont l'unique raison sociale est désormais : « Vengeance ! ».

 

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Regardez-la, l'oiselle, comme elle est belle, avec les yeux perdus dans le ciel. A regarder cette photo de Florence Brochoire (Le Monde du 8 février), je lui délivre spontanément le diplôme d'oie blanche, d'immaculée conception et de virginale entité supraterrestre. Une photo qui, mise en regard des titres d'articles (voir plus haut), hurle : « Innocente ! » aux oreilles des immondes salauds qui ont osé flétrir la jeunesse de la jolie fleur au moment même où ses charmes ne demandaient qu'à s'épanouir. « How dare you ? », disait en d'autres circonstances la petite Greta Thunberg : comment osez-vous ?

Eh bien moi, je trouve précisément que l'ordure, l'immonde et l'excrément, ici, sont du côté du journal qui ose publier une image qui, en soi et confrontée aux titres des articles, est une claire mise en accusation publique des prédateurs mentionnés comme tels. J'en conclus que le journal Le Monde s'est converti à la délation, putasserie ordinaire  qui gangrène des pans de plus en plus larges de la société, façon réseaux sociaux.

Regardez bien cette formulation : « Benoît Jacquot : la prédation sous le couvert du cinéma ». "Sous le couvert" ! Oui, mesdames et messieurs, ce déchet humain qui se dit cinéaste ne fait pas des films pour célébrer l'art cinématographique, mais pour procurer à ses appétits bestiaux la chair fraîche de brebis trop ignorantes encore pour se méfier des horribles penchants des messieurs qui "pervertissent la jeunesse" (cf. Socrate). 

Pourtant, à y regarder de plus près, j'ai l'impression que l'affaire est un peu plus compliquée que ça. Que Jacquot (comme Doillon) ait été sensible au charme juvénile de la donzelle, c'est indéniable, et ce n'est pas nouveau. Mais en général, tout se finit dans la correction et le respect, il y a les freins, le surmoi, le qu'en-dira-t-on, et puis il y a surtout la loi. Tout ça dit : « Pas touche ! ». C'était en d'autres temps. L'époque présente a dérivé allègrement vers la libre expression des désirs par des individus affranchis des antiques contraintes.

Ecoutez Brassens : « ... et je ne suis pas chaud pour tâter de la paille humide des cachots » (La Princesse et le croque-note). Ecoutez Ferré : « Quand sous ta robe il n'y aura plus le Code Pénal » (Petite). Ecoutez Serge Reggiani : « Il suffirait de presque rien pour que je te dise "je t'aime" » (Il suffirait de presque rien). 

Les vénérables de la chanson française savaient se tenir et ne pas céder trop facilement à la tentation. Jacquot, Doillon et consort, c'est une autre génération. Je pense aussi à Patrick Font qui, quand il faisait des colos, laissait les adolescentes lui monter sur les genoux (« ... et même pire ... »). Il a payé pour ça. 

Mais avant de condamner, je veux en savoir plus. Par exemple, on me dit que la petite Judith Godrèche a vécu en couple avec le cinéaste. Ah bon ??? En couple ??? Une fille de quatorze ou quinze ans ??? Avec un mec âgé de trente-neuf ans ??? Ah bon ???

Alors moi je demande la comparution des parents : ont-ils porté plainte pour détournement de mineur ? J'espère au moins qu'il leur a fallu de solides raisons pour ne pas le faire. Et elle, Judith, pourquoi n'a-t-elle jamais pensé à porter plainte contre ses propres parents, qui l'ont laissée errer, abandonnée au milieu des flots ? Qu'ils soient plus ou moins psys, qu'ils se soient séparés, que la jeune Judith en ait été déboussolée, je veux bien. Mais  cela ne les dégage en aucun cas de leurs responsabilités de parents, que je sache !

Ben non : qu'est-ce qu'ils ont fait, les parents de Judith Godrèche ??? Ils ont laissé faire !!! Voilà !!! Va, ma fille, vis ta vie à ta guise ! Tu veux faire du cinéma ? Mais vas-y franco ! Et fais ce qu'il faut pour faire carrière !!! Nos voeux t'accompagnent. Vous les trouvez pas sympas comme tout, les parents ? Ouverts à toutes les perspectives, à toutes les expériences, à toutes les aventures ? En voilà, du parent moderne !

Et puis je vois autre chose : Judith Godrèche (avec la meute qui est en train de se former derrière elle) crache aujourd'hui sur Benoît Jacquot et Jacques Doillon ? La belle affaire, vraiment ! Si cette dame a pu imposer son nom dans le monde du cinéma et devenir une actrice fêtée et récompensée dans les festivals et autres cérémonies, n'est-ce pas aussi parce que ces vilains lui ont donné sa chance ? Mis le pied à l'étrier, comme on dit ?

Sa carrière, elle la doit sans doute à son talent, c'est entendu. Mais pas que : elle la doit à des personnes. Or comment se faire choisir par les bonnes personnes ? Il faut bien faire quelque chose, non ? Taper au moins dans le bon œil ? C'est incontournable : sur le marché des jeunes actrices, la concurrence est extrêmement rude. Qu'est-ce qu'on n'est pas prêt(e) à faire pour avoir une chance de percer ?

Pensez seulement à toutes ces filles (les "starlettes") qui se mettaient très volontiers à poil sur les plages du festival de Cannes sous l'œil d'une meute de photographes, dans l'espoir de décrocher un contrat : personne ne les contraignait. C'est ce que reproche le gros mafieux russe (géorgien ?) Rachmiel Dekanidzé à son ami Josif, tombé raide amoureux de l'hystérique, schizophrène et droguée Béa, au point de mettre tout le réseau en danger. Cela finira dans un bain de sang.

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Bon, je sais bien que c'est de la fiction (série Luka, de Mezzomo et Lapière, vol.6, "Les actrices ne font pas le printemps"), mais on ne peut pas dire que c'est tout à fait faux.

Et puis il y a encore un autre aspect à examiner : qu'est-ce que c'est, le cinéma, finalement ? J'espère que tout le monde tombera d'accord pour dire que c'est une extraordinaire usine à fabriquer du rêve, le merveilleux instrument qui nous sert à façonner nos autres vies, une énorme machine à projeter sur grand écran les désirs de toutes sortes qui sommeillent en chacun de nous.

Le voilà, le moteur, le carburant et le pilote, le maître et le valet, le remède et le poison, le tyran et l'esclave : DÉSIR, et pas besoin pour ça du tramway de Tennessee Williams. Ôtez le désir, il n'y a plus de cinéma. Et même pire : plus de littérature, plus d'art, plus d'amour, en un mot : plus grand-chose. Allez, autant dire plus rien, quoi ! Une telle humanité vous donnerait envie de vivre ? Eh ben pas moi. Or, qu'est-ce qu'il fait, principalement, le désir ? Ben c'est un peu ballot : il circule. Toutes les cultures du monde sont une démonstration permanente de cette vérité. 

Alors vous l'imaginez, à l'arrivée au studio, l'écriteau sommant tous les gens intervenant sur le film : « On est prié d'accrocher manteaux et désirs à la patère avant d'entrer sur le plateau » ? Oui, je sais, faut pas confondre la personne et la fonction, mais qui dira où passe la ligne de démarcation à l'intérieur d'un bonhomme. Non, c'est trop idiot. Il faut faire avec, voilà tout. Comment elles feront, maintenant qu'un puritanisme sourcilleux est en train de gagner la France, les "petites actrices", pour se faire attribuer des rôles ? Comment ils feront, les cinéastes, casteurs et autres chasseurs de talents cachés, pour trouver la perle rare ?

Ensuite, qu'il se passe des trucs, des machins, des bidules entre les êtres vivants ici présents, quoi de plus compréhensible ? J'ajoute : quoi de plus normal ? Même Judith Godrèche, j'ai un peu de mal à gober son histoire : n'a-t-elle tiré de ses expériences aucun épisode lumineux ? N'a-t-elle pas été un peu contente, heureuse de vivre son aventure à certains moments ? Peut-on croire à ce noir absolu ? Qu'est-ce qu'ils comprennent à tout ça, les amateurs d'autodafés ? Ce qui me choque le plus dans toute cette histoire, c'est le caractère tranchant et tranché des réactions. Vous la voyez, la foule debout, dans l'amphithéâtre romain, hurlant sa haine, le pouce en bas ?

Encore un mot, au sujet du chœur des inquisiteurs, y compris ceux qui battent leur coulpe (Télérama, Cahiers du cinéma) parce qu'ils ont fermé les yeux sur les turpitudes des mâles dominants. Je trouve incroyable et inadmissible l'unanimité du jury médiatique qui cloue Jacquot et Doillon au pilori : où et quand est-ce qu'on entendra prononcer le mot de cet immense principe, pilier de l'état de droit : « La parole est à la défense » ? Même Klaus Barbie, un criminel d'une autre dimension, y a eu droit (c'était en 1987).

Mais non, dans ce consensus terrorisé, personne n'ose plus bouger une oreille et ouvrir une bouche qui s'inscrirait en faux face au Niagara des forces dominantes. Les uns sont tout blancs, les autres sont tout noirs !!! Vous l'entendez, le George W. Bush, l'intégriste qui se cachait derrière le président U.S. ? « Je ne veux voir que deux têtes : l'Axe du Bien et l'Axe du Mal. Celui qui n'est pas avec nous est contre nous. Pas d'entre-deux : si t'es pas ami, t'es ennemi. »

Plus de débat entre adversaires courtois et démocrates, mais un état de guerre entre ennemis cherchant à détruire l'autre, vécu comme une menace. C'était la logique de Carl Schmitt, un des penseurs du nazisme. Il m'arrive cependant de me rassurer (on fait ce qu'on peut) en me disant qu'après tout, cette unanimité de la vox populi émane probablement d'un groupe de personnes assez homogène et fonctionnant dans le bocal médiatique parisien, où tout le monde respire le même air. Mais de quels pouvoirs ne disposent-ils pas !!! Et quelle propagande !!!

Je laisse à d'autres le soin de s'interroger sur les mirobolantes « nouvelles masculinités » chères à l'écrivain Ivan Jablonka, et de promettre le fer et le feu aux affreux attardés « masculinistes », aux infâmes « mâles blancs suprémacistes », « virilistes », « prédateurs ». Et vous ne pouvez pas savoir à quel point d'hilarité désopilée me porte la seule idée de passer moi-même pour un de ces monstres.

samedi, 17 février 2024

J.O. PARIS 2024 ...

... TOUT LE MONDE SUR LE PONT ! A VOS POSTES DE COMBAT !

On a beaucoup glosé, débattu et controversé au sujet des bouquinistes des quais de Seine qui, dans un premier temps, ont été virés d'un trait de plume autoritaire, avec leurs "boîtes" si typiques, au nom de la sécurité (enfin, c'est la raison qui était alléguée) et qui, dans un dernier temps, ont été graciés par sa Majesté Jupiter junior (Jupiter senior restant définitivement indétrônable). Maintenant, les pouvoirs publics ont-ils pensé à quelques autres menus problèmes qui pourraient se poser, touchant l'immobilier parisien ?

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Voilà un presque-titre trouvé dans le journal Le Monde daté 16 février 2023, p.17. Avec mon esprit mal tourné, je me suis juste amusé à ajouter un petit mot au titre original et à changer deux lettres. 

mercredi, 14 février 2024

L'ENFER DE MATIGNON

Ce n'est pas moi qui ai inventé l'expression "L'Enfer de Matignon". Qui fut le premier ex-premier-ministre à le dire ? Peu importe. Seule compte la réalité.

Ce qui est sûr, c'est que les témoignages se sont accumulés au fil du temps : des nuits blanches, raccourcies ou interrompues en plein milieu du sommeil paradoxal (le meilleur, paraît-il) ; jamais un moment à soi ; et pour couronner le tout, une collection de subordonnés indisciplinés pour qui être nommé ministre ne signifie pas servir dans une équipe pour servir le pays, mais mettre les doigts dans une prise qui, si le rocher est bon et franc, permettra de grimper plus haut et, pourquoi pas, d'atteindre le sommet.

On l'a donc compris, pour briguer le poste de premier ministre, il faut appartenir à la catégorie des masochistes amateurs de l'extrême, ou à celles des naïfs intégraux, des utopistes incorrigibles, des exaltés sourds à tous les conseils avisés, des apprentis-dictateurs aveugles sur leurs propres capacités, des humoristes catastrophistes, etc.

Et cela explique que la longévité du "locataire" (ironie : un des très rares locataires en France à être richement rétribué pour occuper les lieux) de l'hôtel Matignon soit en général très très très mesurée. Toujours est-il que le poste de premier ministre use prématurément le titulaire.

Ce qui fait que l'actuel occupant de l'Elysée, M. Emmanuel Macron, est constamment à la recherche de l'homme au profil impeccable, c'est-à-dire assez fort pour tenir bon face au stress ou aux agressions pendant une durée pas trop ridicule (façon Edith Cresson, de célèbre mémoire) ; mais aussi pas assez fort pour que lui vienne l'idée saugrenue qu'il pourrait prendre la place du président.

La photo ci-dessous, prise en secret par Brigitte Macron, montre Emmanuel Macron dans un de ces moments où la presse n'est pas invitée, où les nerfs du président le trahissent un bref instant, et où il confie son désarroi de façon émouvante contre l'épaule de Jacques Attali, l'homme aux cent plumes qui sait tout, qui a tout compris mais qui, dans les circonstances les plus difficiles, sait trouver les mots qui essuient les larmes les plus grosses.

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Hergé, "Les Aventures de Jo, Zette et Jocko", La Vallée des cobras, p.49 (texte à peine retouché).

dimanche, 11 février 2024

MAHMOUD DARWICH, POÈTE

Mahmoud Darwich est Palestinien. Comme Ibrahim Sousse, qui aurait pu faire une grande carrière de pianiste, Mahmoud Darwich aurait sans doute préféré se consacrer entièrement à sa propre vie, à ses amours, à ses amitiés et à l'écriture. Mais voilà, il est Palestinien. Et s'il écrit, c'est comme entre les parenthèses de temps que l'action lui laisse. Il est un militant, alors quoi de plus logique que ce qu'il écrit se permette de refléter l'urgence, la simple et brutale réalité des événements ?

Mais Mahmoud Darwich est un poète : ce qui compte, c'est la voix qui émerge de cette réalité pour se faire entendre avec force. Cette voix est belle, cette voix est grande. Elle appelle à la résistance, au point de se souvenir d'Aragon ("Ballade de celui qui chantait dans les supplices") : « Si c'était à refaire, Je parcourrais cette longue route ».

Oui, cette voix est belle, et cela sans doute parce que l'auteur accepte le plus souvent de ne pas nommer le trivial, mais d'en filtrer l'arôme, la saveur et la silhouette comme dans un filigrane d'authenticité. Le pluriel est de mise, quand on veut éviter de réduire au particulier : « Quand les martyrs vont dormir, je me réveille et je monte la garde pour éloigner d'eux les amateurs d'éloges funèbres ».

Cette voix est belle, qui fait entendre le chant d'un être pleinement vivant : la passion, la vibration, la femme, les amis, les rêves mêmes illuminent le livre et accompagnent le combat de l'homme : « Ô mes amis, laissez un seul mur pour les cordes à linge, une nuit pour les chansons ». On entend au loin l'appel au plaisir : « Je veux davantage de vie ».

Le livre est tout entier bruissement, fourmillement, mouvement d'un peuple astreint à la quotidienneté du rire et des larmes, comme rêvé. Impatience de celui qui sent une terre promise à portée de sa main. Vision d'un possible futur, désillusion quand il est mis en face de la fraternité refusée : « Frère, ô mon frère ! qu'ai-je fait pour que tu m'assassines ? »

Cette voix est celle d'un homme qui chante. Un lyrisme sans ostentation baigne la plupart des poèmes, ou les gonfle d'un souffle ample et inspiré : « Ils dorment au-delà de l'horizon rétréci, sur le versant où la parole s'est pétrifiée. Ils dorment dans une pierre modelée avec les ossements de leur phénix ».

Un lyrisme qui ne fuit pourtant pas l'évocation de l'hostilité ou de la violence : « La blessure a-t-elle besoin de son poète Pour dessiner une grenade à l'absence ? » Mais sans complaisance déplacée : « La poésie et la prière nous seront secourables. Et nous, nous avons le droit d'éponger la nuit des belles femmes, de discuter de ce qui Peut écourter la nuit de deux étrangers guettant l'arrivée du nord à la boussole ».

Mahmoud Darwich sait qu'il ne faudrait pas qu'après le retour en terre promise, ce qu'il a chanté pour accompagner ce retour devienne pour autant caduc : si je me réduis à ce que je cherche, que deviendrai-je quand je l'aurai trouvé ? L'auteur, sans cesse, pressent l'invention d'un futur peut-être heureux, à condition que.

Mahmoud Darwich dit ailleurs : « Dis-moi, notre poème a-t-il été vain ? — Non, je ne le pense pas. —  Alors pourquoi la guerre devance-t-elle le poème ? — Nous demandons à la pierre de nous donner le rythme ; nous ne l'obtenons pas. — Les poètes ont des dieux anciens ».

***

Note : J'ai écrit ce petit texte en octobre 1991. Je venais de me laisser saisir par la lecture de Plus rares sont les roses, traduit par l'excellent Abdellatif Laâbi, publié aux Editions de Minuit en 1989. Le hasard vient de me faire rouvrir le numéro de revue où ce texte a paru. A la lumière des actuels événements qui bouleversent une nouvelle fois le Proche-Orient, il m'a semblé opportun de lui donner une deuxième vie, malgré ce que j'y vois aujourd'hui de maladresses, omissions et balourdises.

Mahmoud Darwich est mort en 2008. Le Hamas, avec le 7 octobre, a donné un élan irrésistible à la propagation de la haine entre les Israéliens et les Palestiniens en inspirant aux premiers une réaction de vengeance tellement démesurée qu'un point de non-retour semble cette fois atteint. Que reste-t-il de possible ? Que resterait-il à dire au poète Mahmoud Darwich, face au spectacle de l'invincible désolation ?

dimanche, 04 février 2024

AGRICULTURE : PARLONS NET !

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Le Progrès, 27 janvier 2023.

Le petit Attal, le nouvel Hermès-Mercure, messager de Zeus-Jupiter, ne se contente pas de lancer à l'agriculture française un "cri d'amour" (de quoi s'esclaffer quand même). Il lance fièrement, debout dans ses chaussures vernies et appuyé sur ses bottes de pailles de Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne) : « On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout ! ». Et par crainte de n'avoir pas été compris, il réitère péremptoirement : « Au-dessus de tout !!!!! ».

Je l'ai dit il y a quelques jours : les seules possibilités des responsables politiques français d'intervenir dans le dossier agricole, c'est 1 - de discourir, pérorer, baratiner ; 2 - d'aller faire une tour à la campagne pour faire semblant de mettre les-deux-pieds-les-deux-mains-dans-la-glèbe ; 3 - de sortir le carnet de chèques.

Maintenant, la vérité, disons souhaitable, sur la question, sort dans Le Progrès du 3 février, de la bouche de monsieur David Djaïz, ancien rapporteur général du Conseil National de la Refondation (vous savez, le nouveau C.N.R., de quoi pouffer bruyamment au nez du président Macron) : 

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Et maintenant que le monsieur il a tout dit, place à la vérité de la réalité dans laquelle s'insère la question. Personne n'en parle trop haut, parce que on sait jamais, si l'affaire venait à se savoir dans les rangs des conducteurs de tracteurs.... D'ailleurs, à bien suivre les informations, on a bien du mal à dénicher, en dernière page des journaux, dans une petite "brève" de bas de page, une discrète allusion à cette vérité vraie de la réalité réelle (celle contre laquelle on se cogne).

Disons pour faire vite que personne ne se risque à être le publiciste de cette idée démoralisante : s'agissant d'agriculture, la France est complètement ligotée. En signant toutes sortes de traités touchant la bienheureuse Politique Agricole Commune, la France a elle-même fourni les moyens qui servent en ce moment même à détruire ce que certains persistent à appeler "Agriculture Paysanne", c'est-à-dire à exterminer socialement tous ces propriétaires, métayers ou fermiers dont l'aire n'atteint pas une certaine "maille" (comme disent les pêcheurs).

Fini, on vous dit ! Dépassé ! Archéologique, le modèle de la petite exploitation ! Macron peut parler, Attal peut pérorer, Fesneau peut dégoiser ses gognandises et Béchu venir à la rescousse de tout ce petit monde : ils mentent ! Ils mentent ! Ils mentent ! Malgré toutes les paroles de miel qu'ils peuvent adresser à l'agriculture — la seule Dame de leurs pensées, à en croire ces preux chevaliers —, ils savent pertinemment qu'ils ne peuvent rien changer à la façon dont celle-ci sera régie au niveau européen.

Et plus grave : non seulement ils ne peuvent pas, mais en plus, ils ne veulent surtout pas. Parce que, dans leur tête, c'est la photo de l'agriculture mécanisée qui est imprimée depuis leur passage dans les grandes écoles. Ils sont pleinement en phase avec le grand projet pour l'agriculture européenne, qui est entre les mains de gens assez puissants pour imposer un autre modèle. Et ce modèle, quel est-il ?

La réponse est d'une monstrueuse simplicité : faire de la terre du vieux continent une énorme machine, une entreprise industrielle assez forte et concentrée pour cracher dans le même mouvement une masse de produits d'exportation, et du cash dans la poche des entrepreneurs et des "investisseurs" (c'est un raccourci). Les mots d'ordre à mettre en œuvre dans ce schéma sont : concentration des moyens de production, mécanisation totale, recours massif à l'agrochimie et aux produits phytosanitaires, réduction drastique des effectifs jugés surnuméraires. 

Je ne vais pas refaire un chapitre sur le rôle et la place de la puissante F.N.S.E.A. dans le processus en cours, mais il va de soi que toutes ses pièces majeures (je veux dire : les dirigeants qu'on ne voit jamais) se meuvent très à l'aise sur cet échiquier européen. Son action s'insère à merveille dans le projet à long terme de l'Europe agricole. Comme un immangeable poisson dans une eau carrément imbuvable.

Note : je rappelle une autre vérité vraie touchant la réalité réelle, c'est que les "subventions P.A.C." sont distribuées au prorata des surfaces cultivées. Sachant cela, devinez dans quel genre de poches tombe la plus grosse partie des dites subventions.