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mercredi, 28 février 2024

LA FLEUR AU FUSIL ...

... D'EMMANUEL MACRON.

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Un seul mot : il est indécrottable ! Au point d'en devenir inquiétant. Notre président ne peut s'empêcher de parler, ça on le savait déjà. Une devise lui colle même à la peau : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire ! » (Raymond Queneau). Il lui arrive, quand il se sent en forme, je veux dire quand son imaginaire s'échauffe et s'enflamme sous l'effet de circonstances parfois obscures, de partir dans des rêveries qu'il ne tarde pas à prendre pour la réalité.

Pas besoin de l'avis de ses conseillers ! Pas besoin de se concerter avec les partenaires européens ! Pas besoin de prévenir les Alliés de l'OTAN ! Flamberge au vent ! Bille en tête ! J'y vais et qui m'aime me suive ! Résultat ? Macron prend toutes sortes de projectiles venus de son propre camp, sur un thème unique : « Faites-le taire, quelqu'un ! »

Car cet homme, qui est aussi un président, un mari, un enfant gâté et diverses autres spécificités, est un malade. Je l'ai diagnostiqué de façon sûre, sur la base des sept années qu'il vient de passer à la tête de l'Etat : Macron est malade de lui-même. On se souvient de son Conseil National de la Refondation. On n'a pas oublié son Grand Débat National. On garde en mémoire toutes les occasions qu'il s'est données de briller par sa maîtrise (indéniable) de la parole.

Le seul petit problème, quand on fait le bilan de toutes ces admirables performances, c'est quand on fait passer ces kilomètres de discours à la pesée : rien, il ne reste rien du verbe présidentiel, qu'il s'agisse de l'immortel "plan massif d'investissement pour l'hôpital public" ou autres initiatives lancées au gré des agitations et des interventions. S'il y avait un championnat du monde de "paroles verbales" (formule géniale proposée autrefois par Le Canard enchaîné), Emmanuel Macron serait déclaré médaille d'or haut la main. Quand il tient le Verbe, il a l'impression de tenir le monde. C'est dire la confusion qui règne dans son esprit.

Aujourd'hui, en déclarant qu'en Ukraine, face à la Russie, « aucune hypothèse n'est exclue, en particulier des troupes au sol », il parvient à mettre en danger la sécurité de la France. Et non seulement la France, mais encore l'Europe, sans oublier les alliés du Traité de l'Atlantique Nord. 

Je rappellerai simplement à notre va-t-en-guerre présidentiel et national les quelques mots que le général Pierre de Villiers a prononcés suite à sa mise à la retraite d'office par Macron quand il a osé émettre un avis personnel sur la façon dont le président considérait les forces armées françaises.

« Qu'est-ce que c'est, un chef ? C'est quelqu'un qui commande et donne les ordres, c'est entendu. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Car le chef doit ensuite s'assurer qu'il n'est pas tout seul à sortir de la tranchée, et que ses ordres sont suivis d'effet. Et si les ordres du chef restent lettre morte, c'est que celui-ci n'a pas veillé à suscité l'adhésion de ses subordonnés. L'adhésion ! Car seule l'adhésion de tous peut donner au chef la certitude qu'il emmène effectivement ses troupes en direction de l'objectif. » (En substance.)

Malade de lui-même, Emmanuel Macron, ai-je dit. Et cette maladie porte un nom : la solitude. Le premier de la classe qui s'affirmait, se voulait, se rêvait "jupitérien" au début de son sacre commence à entendre l'écho produit par ses gesticulations orales de par le vaste monde. Il apparaît à présent aux yeux de tous pour ce qu'il est en définitive : un bonhomme Playmobil (ci-dessous portrait en pied du président de la France).

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vendredi, 22 avril 2022

LA GRANDE OCCASION MANQUÉE ?

LES SECRETS DE LA MER NOIRE

(Dupuis, 1994, scénario Jacques de Douhet, dessin Francis Bergèse)

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Ahurissante banderole de l'accueil réservé à l'Américain dans le grand salon du porte-avions Kousnetzov, commandé par l'amiral Frondze.

Une intéressante et curieuse bande dessinée, où l'on trouve peut-être l'explication de la façon dont l'histoire a tourné après la dislocation du bloc soviétique. Le scénariste Jacques de Douhet imagine (pas sûr d'ailleurs que ce soit seulement imaginaire) que les deux camps, l'Américain et le communiste, sont eux-mêmes scindés en deux partis qui s'opposent plus ou moins radicalement. Un scénario non sans résonances dans notre actualité, à mon avis.

Côté américain, l'amiral Farell, qui ne croit pas à la sincérité de Gorbatchev (« Je suis persuadé qu'ils trichent ! », déclare-t-il), partisan de la manière forte et qui figure l'ambiance toujours belliqueuse qui règne au Pentagone, face au sénateur Smight, le politicien persuadé que l'URSS est au bout du rouleau et qu'il est temps pour les deux grands pays de tourner la page de la guerre froide. Et que, accessoirement, les Etats-Unis n'ayant plus d'adversaire, ils peuvent impunément poser le pied sur la dépouille du fauve terrassé.

Côté soviétique, les partisans de la détente, du désarmement et de la paix, parmi lesquels on trouve l'aéronavale (la vignette du haut idéalise peut-être cette période – août 1991 – pour les besoins du récit) et en général des éléments du haut commandement militaire, face aux tenants de la "ligne dure" où l'on trouve, pêle-mêle, des nostalgiques de Brejnev et de l'ordre communiste, les patriotes-nationalistes-fascistes, les polices du KGB, GRU, NKVD et autres services secrets, qui prospéraient sans obstacle grâce au climat d'hostilité et procuraient à leurs membres un pouvoir dont ils se faisaient un plaisir d'user et abuser. Et que la "glasnost" et la "perestroïka" chères à Gorbatchev menaçaient de mettre au chômage.

Ce qui est frappant après-coup, c'est que, entre les faucons et les colombes, les Américains et les Russes semblent s'être mis d'accord pour que ce soient les rapaces qui prennent l'avantage sur les oiseaux de paix.

Côté américain, les avertissements de Brzeszinski, puis ceux de John Mearsheimer n'ont servi à rien et ont été mis à la poubelle par le belliciste George W. Bush et son entourage de menteurs (Powell, entre autres). 

Côté russe, la hâte manifestée par l'OTAN (en français : les Etats-Unis) pour intégrer à toute vitesse les anciens satellites de l'URSS (les Baltes, Pologne et même Géorgie !) a très vite indisposé les autorités émergentes des ex-soviétiques de Moscou, à la tête desquelles s'est porté un certain Vladimir Poutine, qui voyait déjà d'un œil furieux se former dans son "étranger proche" un glacis d'Etats libérés de son emprise, et même passés à l'ennemi. 

Voilà où, selon moi, nous en sommes : dans les deux camps, ce sont les faucons qui ont gagné et qui tiennent les manettes. Dans les deux camps, tout se passe comme si les partisans de la détente avaient été sommés de la fermer sous peine de. Je note en passant que l'Europe n'a pas son mot à dire, et même qu'elle compte pour du beurre. Si la guerre en Ukraine s'étend (j'ai entendu Hervé Juvin, membre éminent du Rassemblement National de Marine Le Pen, exprimer sa crainte d'une prochaine guerre mondiale), l'Europe, en tant que continent, n'y sera certes pour rien, mais elle en sera à coup sûr le théâtre des opérations. Je ne peux quant à moi me défendre contre l'impression qu'il y eut, à divers moments, dans les années 1990, des fenêtres qui se sont entrouvertes et des mains qui se sont tendues, mais qui, pour des raisons qui me dépassent et que j'ignore, se sont refermées.

Ce qui est sûr, c'est que nous avons tout à craindre de militaires qui s'ennuient et qui ne rêvent que d'essayer plein de nouveaux joujoux déposés dans leurs bottes fourrées par le dernier Père Noël.

Merci d'avance à tous ces braves gens.

Voilà ce que je dis, moi.