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lundi, 05 août 2024

LES MURS DE LA CROIX-ROUSSE 3/3

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samedi, 03 août 2024

LES MURS DE LA CROIX-ROUSSE 2/3

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jeudi, 04 avril 2024

CHOSE VUE

Plateau Croix-Rousse, une petite place, un groupe de S.D.F. L'une d'entre eux semble plus atteinte, bouffie avec son éternelle canette de 50 cl. à la main. Une autre, jeune à la peau lisse, la tête sur son sac à dos posé par terre. Un type un peu excité s'adresse violemment à une toute jeune, peut-être une mineure, qui reste à l'écart du groupe avec sa casquette à longue visière : « Dis, quand on a niqué tous les deux, l'autre jour, tu étais contente, on était heureux tous les deux. Alors je comprends pas pourquoi tu me fais la gueule en ce moment ! »

09:00 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 02 avril 2024

CHOSE VUE

J'arrive à l'accueil pour un épisode de mon aventure de santé au long cours. Auprès des deux secrétaires, je récupère ma pochette aux étiquettes. Derrière moi arrive une jeune femme poussant un fauteuil dans lequel est assis un monsieur qui a l'air dans un sale état : il laisse traîner ses pieds, gênant le mouvement.

Je vais pour m'éloigner, quand j'entends la jeune femme s'écrier, s'adressant aux secrétaires, mais d'une voix curieusement douce que j'ai encore dans l'oreille : « Eh, les filles, j'ai un souci ! ». Je me retourne. Les secrétaires sont debout, regardant l'homme du fauteuil renversé en arrière et vomissant du sang.

Il m'est alors donné d'assister à une scène absolument prodigieuse et grandiose : l'alerte générale est lancée, et voilà tout l'étage mobilisé, pris dans une course effrénée. Tous les personnels, des médecins jusqu'aux agents d'entretien, en passant par les infirmières et les aides-soignantes, se mettent à converger vers la salle où l'homme a été conduit. On peut suivre sa trajectoire de sang sur le sol.

L'étage entier résonne des mouvements pressés des blouses blanches qui courent en tout sens. Evidemment, plus un seul médecin n'est disponible pour les consultations ordinaires. L'attente durera deux heures.

J'apprendrai, en laissant traîner mes oreilles, que l'homme a subi un arrêt cardiaque. On l'emmène maintenant sur un long brancard vers une autre chambre, alors qu'un agent d'entretien pousse la machine à nettoyer le sol pour effacer la longue trace rouge sur le sol.

Comme s'il ne s'était rien passé.

09:00 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon

samedi, 19 mars 2022

UN TAUREAU QUI FAIT UN EFFET BOEUF

"Suivez le bœuf", se gaussait Alexandre Vialatte au fil de ses Chroniques de La Montagne, en pensant à la publicité faite dans les années 1950-60 par la filière bouchère française pour pousser les Français à devenir un peu plus carnassiers qu'ils ne l'étaient alors. Les Lyonnais, quant à eux, n'ont même pas à se poser la question : ils disposent en effet, dans le "Vieux Lyon", de cette idole des bouchers, en la figure d'un magnifique animal sculpté qui surveille les allées et venues dans la rue éponyme, à l'angle de la place Neuve Saint-Jean. La rue du Bœuf est surtout connue des gastronomes qui s'empressent au restaurant La Tour Rose (au n°22).

Mais il faut rendre justice à la curiosité des photographes lyonnais, qui ont, chacun à sa manière, immortalisé l'effigie en ronde bosse qui trône un peu en hauteur sur son socle. J'ai retenu ici quelques-uns de leurs travaux. On verra que, si le sujet ne varie guère devant l'objectif, en dehors des avanies que le temps et les éléments lui font subir, les points de vue, eux, diffèrent entre eux du tout au tout, comme pour nous rappeler qu'il ne saurait y avoir un regard sans point de vue et que l'objectivité n'est pas de l'ordre de l'humain, contrairement à ce dont aimeraient se convaincre certains (je ne veux pas ici préciser davantage). 

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1967, Georges Vermard.

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1975, Pierre Clavel.

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2009, Serge Vincent.

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1977, René Lanaud.

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Sans date, Marcelle Vallet.

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1950, Emile Poix.

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1987, Marcos Quinones.

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1965 (?), Georges Vermard.

***

Et je trouve finalement que si, en effet, le bœuf en question ne change ni de lieu, ni de forme, on a parfois l'impression, suivant l'angle de vue adopté, que l'animal n'a pas été façonné par les mêmes mains. 

***

Note : malgré le mot "bœuf", on aura constaté que c'est bien un mâle, et un beau, n'en déplaise à ...

samedi, 19 février 2022

UNE CURIOSITÉ LYONNAISE

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Le grand réservoir d'eau potable du Vinatier. Une très belle et surprenante photo de Dominique Barrier (2001).

Ajouté le 24 février : clichés de Marcos Quinones (2005). Pour le coup, la lumière est moins flatteuse, n'est-ce pas ?

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vendredi, 18 février 2022

CURIOSITÉS LYONNAISES

Tout le monde connaît le bœuf, qu'on ne peut pas rater à l'angle de la rue du même nom et de la place Neuve-Saint-Jean (photo Jean-Paul Tabey).

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Mais connaît-on aussi bien les trois Marie, au numéro 7 de la rue du même nom (photo Edmond Pernet) ?

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Quant à la bombarde, au numéro 10 de la rue du même nom, je crains qu'elle passe encore plus inaperçue (photo Emile Poix).

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On peut trouver ici et là d'autres curiosités. Deux exemples : 1 - l'étonnante "outarde d'or" de la rue du Boeuf (photo Emile Poix).

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On peut lire « Je vaux mieux que tous les gibiers, 1703 ».

2 - l'exceptionnel carrosse qu'on peut voir au numéro 110 de la rue Mazenod, en l'honneur de la "Compagnie Générale des Voitures" (photo Jean-Paul Tabey).

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Excellent abri pour les pigeons, au moment de la prise de vue.

samedi, 05 février 2022

COMMODITÉS, TOILETTES OU CHIOTTES ?

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RUE DU VIEL RENVERSÉ [Saint-Georges], LYON V, 1975.

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66, RUE SAINT-JEAN, LYON V, 1973.

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19, RUE SAINTE-CATHERINE, LYON I, 1972.

***

Toutes les photos ont été prises par Jean-Paul Tabey. On les trouve sur le site des Archives Municipales de Lyon. Avis à ceux qui persistent à dire : « C'était le bon temps ! » : en hiver surtout, c'était pas le bon temps.

dimanche, 30 janvier 2022

UN ARBRE ENTRE TOUS LES AUTRES

GRATITUDE.

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Oui, je sais, la photo (©D.R.) est fort mal conservée, mais. 

Pour certains, elle ne vaut que pour deux raisons : 
1 - On voit la place Tolozan telle qu'elle fut en d'autres temps, dans un état où même le Lyonnais et Croix-Roussien Berlion, dans ses formidables Sales Mioches (Corbeyran scénariste), se trompe lourdement dans la représentation : ici-dessus on voit bien qu'elle est plate comme la main, contrairement à ce que prétend le dessinateur ici-dessous.

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Là, on voit bien qu'il y a le métro qui passe en dessous. Et puis, où sont les platanes ?

2 - C'est (presque) la seule photo où l'on aperçoit un arbre précis : celui qu'une lourde rambarde de pierre entoure. Pas compliqué : il est au centre et au premier plan. C'est à coup sûr un arbre plus intéressant que les bêtes platanes qui peuplaient la place autrefois et qui se sont laissé bêtement arracher pour de bêtes raisons urbanistiques, et où les étourneaux venaient loger en masse pendant les nuits d'hiver pour enduire les voitures stationnantes d'un épais mastic défécatoire.

Vous savez pourquoi l'arbre dont je parle était digne de rester ? C'est parce que, en 1960 et après, lorsque la photo a été prise, il s'était creusé avec le temps, pour accueillir l'essaim d'abeilles qui y avait trouvé une chaleureuse hospitalité. Et le lycéen, qui passait là tous les jours pour se rendre au lycée Ampère pour y passer bien trop d'heures mortes, attendait ce moment, aux premières tiédeurs vivantes de l'an, de passer à proximité du très marqué parfum de miel exhalé par le tronc empli du travail invisible des butineuses.

« Ce n'était rien qu'un peu de miel,
Mais il m'avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encore
A manière d'un grand soleil ».

Non, ce n'est pas nostalgie : juste un souvenir.

lundi, 24 janvier 2022

LYON A VUE D'OISEAU ...

... mais par en dessous.

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Eglise Saint Pothin, à la croisée du transept. Verrière de Lucien Bégule, 1892. Photo Thierry Wagner, grand amateur de l'œuvre de Lucien Bégule.

Sous ce dôme-là, j'ai entendu une excellente intégrale des Concertos Brandebourgeois (peut-être l'ensemble Jean-François Paillard). C'était il y a fort longtemps, à l'époque où je ne sais plus quelle société musicale lyonnaise organisait chaque année un "cycle Jean-Sébastien Bach", dont je ne ratais aucun événement.

dimanche, 23 janvier 2022

LYON A VUE D'OISEAU

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Saint François de Sales, rue Auguste-Comte et place Charles-Marie Widor : le dôme.

J'ai passé sous ce dôme des heures magiques, à écouter le maître Louis Robilliard jouer un des plus beaux orgues qui soit. Il paraît que la Ville fait appel à la bourse de l'Etat (ça veut dire un peu la mienne), à sa propre bourse (ça veut dire la mienne), et au mécénat (ça veut dire des gens dispensés d'impôts s'ils donnent des sous pour des "causes") pour opérer la première restauration à laquelle l'instrument aura été soumis depuis sa construction par Cavaillé-Coll. Allons, les écolos au pouvoir, parmi tous leurs mauvais côtés, arrivent à se racheter un peu sur certains thèmes "élitistes". 

samedi, 22 janvier 2022

CROIX-ROUSSE A VUE D'OISEAU

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Eglise Saint Bruno des Chartreux, le dôme.

vendredi, 21 janvier 2022

ROYALISTE EN 2022 ? C'EST SÉRIEUX ?

Cela commence ainsi (Le Progrès, 19 janvier 2022).

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En 2000, les choses se présentaient ainsi : le jeune homme très digne et bien mis, dont on voit bien que le profil n'a rien de "bourbon", s'appelle Louis, comme par hasard (Loulou pour les intimes, tous les autres sont priés de s'incliner profondément). Il est né en 1974, paraît-il. C'est donc un de ses parents que l'on apercevra demain lors de la commémoration de la mort de Louis le seizième en l'église Saint-Bonaventure.

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Ici, on est à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Attention, ça rigole pas. Ce qui ne veut pas dire que c'est sérieux. On notera les gants noirs du porte-étendard fleurdelysé.

***

La seule chose que je regrette, c'est de ne pas être là pour entendre les trompes de chasse de la Diane Lyonnaise : rien n'est plus beau que les harmonies produites par ces souffleurs de cor qui vous tournent le dos pour vous en mettre plein les oreilles. Vous me direz : mais vas-y donc, puisque tu aimes ça ! Pas faux. Mais qu'est-ce que vous faites de la messe ? Fût-elle "royale" ? 

Ne vous faites pas de mouron : je me rabattrai sur un bel exemplaire de la sonnerie "Saint-Hubert".


 

Et puis je me souviendrai d'une séquence avec Jean Gabin, en peignoir, portant monocle et chantant la chasse à courre. C'était dans Le Baron de l'Ecluse.


 

***

Ce n'est que si le p'tit Louis (de Bourbon, et "prince", s'il vous plaît) me marche sur les arpions que je lui ressortirai de vieux souvenirs de son album de famille.

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De mon côté, ça fait déjà longtemps que j'ai cessé de saucissonner au vin rouge tous les 21 janvier. Paix à l'âme des rois de France, après tout. A qui couperiez-vous la tête aujourd'hui ?

***

Note : c'est comme les obsèques de Paul Bocuse à Saint-Jean (en 2018, je crois) : je n'y étais allé que pour entendre le gros bourdon, vous savez, la grosse Anne-Marie, qui ne résonne qu'une quinzaine de fois dans l'année à la cathédrale : il faut se placer du côté du chevet. Une expérience sonore inoubliable. Et c'est gratuit.

mercredi, 27 octobre 2021

MON PASSAGE MERMET

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Pendant qu'Emmanuel Macron n'en finit pas de manquer à sa parole, s'agissant du sort qu'il réserve à l'hôpital public (voir le journal Le Monde daté 26 octobre et l'article sur le massacre de l'hôpital Pitié-Salpêtrière), jetons un œil sur un petit coin de Croix-Rousse.

***

Parmi les rampes que je préférais quand j'étais minot : valait mieux pas se planter, c'est raide.

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1 - Photo de Didier Nicole, 1999.

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2 - Dessin de Berlion pour un épisode de Sales Mioches, une chouette BD sur scénario de Corbeyran, qui parcourt la Croix-Rousse dans tous les sens.

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3 - Photo de F.C. prise au cours d'une bambane en 2018 : comme un gouffre noir.

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4 - Dessin de Kraehn pour un épisode de Gil Saint-André, où le passage Mermet s'éclaircit soudain, peut-être pour mettre en évidence la mini-jupe de la dame qui monte qui monte.. 

***

Le passage Mermet n'a pas la renommée de son voisin, le passage Thiaffait, situé de l'autre côté de l'église Saint-Polycarpe. D'abord, il est nettement plus étroit et sombre, se terminant sous une voûte basse à son arrivée rue René-Leynaud.

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Et puis son escalier a quelque chose de monolithique : quelques volées de marches coupées en ligne droite par une rampe métallique étroite, vernissée à force de glissades des pantalons des garnements du quartier. Alors que pour accéder à la grande cour de Thiaffait, la rue Burdeau offre des solutions variées comportant des diverticules fermés ou non par des grilles, donnant parfois accès à des habitations. Il y en a même une, obstinément close, qui semble conduire dans je ne sais quels tréfonds secrets de l'église. Quelle église ? Mais Saint-Polycarpe, bien sûr !

mardi, 26 octobre 2021

UNE PHOTO A MON GOÛT

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Des lieux peu ragoûtants, c'est sûr, mais une photo digne d'intérêt, selon moi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Sans doute un cadrage plus savant qu'il n'en a l'air. Peut-être l'étrangeté de l'ambiance générale. Peut-être aussi la symphonie des gris offerte par le cadre et l'effet esthétique qui s'en dégage : j'ai toujours été sensible aux surfaces impures, aux murs décrépis, aux affiches déchirées, superposées, confuses. Comme quoi, dans le monde des images, le sujet est une chose, la façon dont il est traité en est une autre. Ici, dans le fond, peu importe la localisation exacte.

***

Photo prise par l'excellente Marcelle Vallet, née en 1907, décédée en 2000. Ci-dessous, son portrait en 1991 par Claude Essertel.

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dimanche, 24 octobre 2021

UNE PHOTO PARFAITE

Photo trouvée sur le site de la Bibliothèque Municipale de Lyon, sous le titre :

« Escalier menant au bas-port du Rhône ».

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Une plaque de verre de format 13 x 18 cm. appartenant au fonds "Jules Sylvestre" de la BML. Pas d'autre information.

Rien sur l'auteur de l'image. Rien sur l'époque ou la date du cliché, à part un pauvre  [19..?]. Rien sur l'emplacement exact de ce chef d'œuvre architectural digne des jardins d'un château de la Loire. Un chef d'œuvre photographique aussi, non seulement par le cadrage, mais aussi par le choix du moment, avec sa luminosité savamment diffuse.

Une question. Où est-on ? Spontanément, je dirais volontiers : en dessous de la place Tolozan. Rien de sûr, évidemment. Autre question : quel urbaniste criminel a établi les plans d'un projet qui incluait la destruction d'une telle merveille ?

Contrairement à ce que prétend une publicité imbécile entendue sur les ondes hertziennes, le BEAU n'a pas toujours raison.

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Note : après quelques vérifications, il semble impossible de situer cette architecture au niveau de la place Tolozan. Le mystère reste entier.

jeudi, 30 septembre 2021

TRIBULATIONS D'UN PORTAIL CROIX-ROUSSIEN

1 - Propriété d'une sans doute noble famille (Mazuyer).

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2 - Ecole Normale d'Institutrices (c'est fièrement inscrit sur le fronton).

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3 - Collège moderne (photo ©Largo43) : c'est aujourd'hui.

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4 - L'usage change, le portail reste, avec le blason d'origine (blason impossible à lire faute d'indications gravées des émaux et métaux revêtant le champ et les meubles de l'écu).

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On trouve ça au N°80 du boulevard de la Croix-Rousse.

Une petite recherche m'apprend la véritable figure du blason Mazuyer, que "SanglierT" (je n'y peux rien : c'est l'auteur) décrit ainsi : « D'azur au chevron d'or accompagné de deux étoiles d'argent en chef et d'un croissant de même en pointe ». C'est peut-être vrai, je n'en sais rien.

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Quoi qu'il en soit, si je voulais chipoter, je reformulerais ainsi : « D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles à cinq rais d'argent et en pointe d'un croissant ["montant" est facultatif] du même ». Le casque juché sur le chef de l'écu est peut-être d'un baron. Avec de bons yeux, on distinguera un pélican qui s'ouvre le flanc pour nourrir ses petits. Avec une loupe à fort grossissement, on lira la devise : « NON MIHI SUM NATUS » ("Je ne suis pas né pour moi-même"). On admettra que ça change tout, n'est-ce pas.

********

Un peu d'histoire pour les amateurs (merci à Mme Catherine Guillot, Conservatrice du Patrimoine, auteur du texte qui suit).

Le Portail de la Tourette à Lyon : un témoignage des demeures champêtres de la Croix-Rousse. Intégré en 1888 à l’école normale d’institutrices, devenue successivement institut de formation des maîtres puis collège, le portail de la Tourette demeure un des ultimes témoignages des clos champêtres situés à la Croix-Rousse.

Ses origines

Les possesseurs successifs du tènement de la Tourette ont été identifiés par Irénée Morel de Voleine, dont la documentation a été enrichie par René Mazuyer dans les années 1930 et donnée aux archives départementales du Rhône en 1947. L’origine de la propriété, située sur le territoire de Maljulin, remonte au XIVe siècle ; celle du portail au 2e quart du XVIIe siècle à la suite de la vente en 1627 par Marguerite Dallier, veuve de Jacques Teste, de la propriété à Jehan Mazuyer. Outre la présence d’une demeure, le terrain est alors essentiellement couvert de vignes.

Arborant les armes des Mazuyer, le portail a dû être édifié peu de temps après son acquisition par cette famille. En effet, en 1628, Jehan Mazuyer a obligation de clore sa propriété de la Tourette, située près des remparts, et c’est sans doute à cette occasion que le portail est érigé. Contrairement à sa situation actuelle, l’édicule était placé entre deux corps de bâtiments. Le terrain demeure propriété de la famille (sous le nom de Parfait, puis de Favier) jusqu’en 1793 au moins, avant sa division en plusieurs lots. 

Un motif pour les artistes de la fin du XIXe siècle

En 1878, le portail attire l’attention d’un artiste soucieux du patrimoine lyonnais ancien, Charles Tournier, qui en réalise un dessin, puis une eau-forte en avril 1878, éditée par Mademoiselle Giraud à Lyon. Une annotation portée sur le dessin localise le portail au 1 rue de la Tourette. En 1883, cette gravure vient illustrer un article consacré au portail dans Lyon Revue du 30 septembre, signé J.J. Grisard. En 1885, Claude-Louis-Bon Morel de Voleine réalise des photographies du portail. Huit ans plus tard, Tournier reprend l’eau-forte dans la première livraison du Recueil d’archéologie lyonnaise, dessiné d’après nature, publié par série de cinq gravures à partir de 1891 ; l’imprimeur Wulliam édite également l’estampe séparément.

Le dessinateur diffuse ainsi une vision du portail antérieure à la construction de l’école normale d’institutrices (1884-1888) et en varie les éléments pittoresques : jeune femme et enfant, couple assis sur un banc sur le dessin, vide de tout personnage, ou, substitut du spectateur, couple de dos au seuil des lieux, sur les différents états de l’eau-forte. Dans ses représentations, il supprime la grille qui fermait le portail et invite à découvrir la propriété, sentiment frustrant pour le spectateur d’aujourd’hui puisqu’il n’existe pas de représentation précise figurée des jardins et de la demeure.

La photographie s’empare également du motif du portail avant son démantèlement : le fonds Sylvestre de la bibliothèque municipale et les fonds de photographies des archives municipales et départementales en témoignent. La végétation qui se multiplie sur les parties hautes confère une note romantique : le portail commence à disparaître sous la glycine.

D’une disparition probable à une recréation

En 1852, la Croix-Rousse est rattachée à Lyon et les fortifications démantelées en 1865. A leur emplacement est aménagé le boulevard de la Croix-Rousse ; des édifices publics sont projetés afin de lui assurer un aspect monumental. En 1879, la formation des futures institutrices est assurée dans les locaux du clos de la Tourette. Dès 1880 est lancé le concours de l’école normale d’institutrices, concours remporté par l’architecte Philibert, dit Philippe, Geneste (1846-1938). L’école doit prendre place sur le même site, entraînant la démolition des bâtiments antérieurs.

Malgré la diffusion de l’image du portail, sa préservation, ainsi que celle d’autres vestiges de la demeure, ne semblent pas être prioritaires. Cependant, grâce à l’intervention de Morel de Voleine et de Félix Desvernay, le portail fait néanmoins l’objet de l’attention du Conseil général, qui décide finalement de le sauvegarder.

D’après Desvernay, le portail est en effet replacé en 1888 par Geneste comme portail de la nouvelle école, en y incluant au revers des vestiges provenant de la propriété, retrouvés en avril 1888 dans le jardin, sans doute à la suite des démolitions, par Desvernay lui-même. Des éléments, dont les plus anciens remonteraient au XVe siècle, sont ainsi intégrés au monument, créant une œuvre en partie nouvelle. La comparaison entre les photographies réalisées avant la démolition et après la reconstruction atteste de la fidélité de cette reconstitution quant à l’élévation antérieure du portail.

Après la « réinstallation » du portail boulevard de la Croix-Rousse, ses représentations continuent à se diffuser, que ce soit par la photographie ou la presse : en particulier, Le Progrès illustré du dimanche 7 avril 1901 montre, dans sa rubrique « Les rues de Lyon », trois images du portail (en élévation, les armoiries et l’assemblage du revers) par le dessinateur H. Girrane.

La reconnaissance patrimoniale du portail trouve son aboutissement en 1910, date à laquelle il est classé au titre des monuments historiques (arrêté du 22 janvier 1910). Sa représentation se répand alors sous la forme d’édition de cartes postales, notamment par la société S. Farges (S.F.) en 1913, et dans l’entre-deux-guerres.Le remontage du portail et la composition élaborée au revers par Devernay et Geneste en font une des rares reconstitutions-créations au sein du patrimoine lyonnais, dans l’esprit des antiquaires de la Renaissance et de l’Age baroque. Désormais implanté le long du boulevard de la Croix-Rousse, le portail demeure l’une des ultimes traces des clos champêtres de la Croix-Rousse non religieux et évoque les anciennes familles lyonnaises par les armoiries qu’il porte ; il est également révélateur d’une vision pittoresque du patrimoine, de l’action de sauvegarde des érudits lyonnais de la seconde moitié du XIXe siècle et d’un esprit de recréation, associant des éléments disparates provenant de l’ancienne demeure, tout en s’intégrant à la composition réalisée par Geneste pour l’école normale d’institutrices.

Le chantier de reconversion de l’institut de formation des maîtres en collège en cours depuis 2010 va permettre la restauration du portail, grâce aux échanges entre le Conseil général du Rhône et le service territorial de l’architecture et du patrimoine (STAP). 

Catherine Guillot – conservatrice du patrimoine à l’Inventaire général du patrimoine culturel, Région Rhône-Alpes.

mercredi, 15 septembre 2021

NOUS SAVONS DÉTRUIRE CE QUI EST BEAU !

L'HOMMAGE D'UN INCONNU AU PLUS BEAU PONT DE LYON AVANT SA DESTRUCTION.

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Chapeau l'artiste !

Photo de René Dejean prise en 1983.

On aperçoit quelques éléments des préparatifs de la démolition et, avec de bons yeux, des bribes du prochain pont Winston Churchill, une espèce de modernité banale, aride et fonctionnelle, destinée à remplacer le vétéran magnifique aux formes généreuses, et à servir dans l'axe la toute nouvelle "Montée de la Boucle", tranchée inhabitée, profonde, excessive et violente qui, pour les Croix-Roussiens, a fait de Caluire une ville étrangère (j'exagère, heureusement). J'ai sévèrement coupé la belle diapositive de René Dejean pour mettre en évidence la performance du monsieur perché. Ci-dessous la version complète.

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Le monsieur ici perché a réalisé la promesse que se faisaient régulièrement une bande de lycéens d'autrefois ("Ouaaah ! t'es même pas cap. !") sans jamais oser la réaliser : franchir le pont sur les arches. La rouille qui a craquelé la peinture et rendu le métal croûteux  — on n'allait plus faire des frais d'entretien pour un machin bientôt détruit ! — a sans doute rendu plus aisée la bravade de l'aventurier, il n'en reste pas moins que le geste est joli.

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J'aime à penser que le livre ouvert par le monsieur qui fait semblant de le lire est au moins du genre de La Montée de l'insignifiance, de Cornélius Castoriadis (c'est un exemple). Même en faisant semblant, cela aurait eu de la gueule. Car on aura beau me traiter de passéiste nostalgique et me mettre sous le nez les nécessités de la circulation des automobiles (il faut voir l'actuelle montée de la Boucle aux heures de pointe !), rien ni personne ne pourra me convaincre que cette merveille de pont n'était pas le plus BEAU de Lyon. J'augure mal d'une civilisation qui tend avec obstination à réduire les hommes et les choses à leur misérable utilité, à leur pauvre fonction de rouages dans la Machine Société.

Voilà ce que je dis, moi.

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AU SUJET DU PHOTOGRAPHE RENÉ DEJEAN (1926-1999) : un article de Robert Luc.

René Dejean, graphiste, décorateur, enseignant, amoureux de Lyon, conteur de rues, auteur de Traboules de Lyon et de Balade à travers Lyon insolite fut aussi l'initiateur des randonnées pédestres citadines. Il a organisé - et collaboré - à de nombreuses expositions comme graphiste et affichiste.

Avant d'être un infatigable piéton de Lyon, René Dejean fut diplômé de l'École Nationale des Beaux Arts de Lyon et débuta sa carrière dans l'atelier de son père Marius, peintre et dessinateur en plein coeur de la Croix-Rousse. Très créatif, il multiplie les domaines de ses interventions.

Affiches, logos, plaquettes se succèdent. Grand sportif et voyageur, on le retrouve aussi bien sur les glaciers alpins que dans les dunes sahariennes. Mais, c'est un amoureux de Lyon, un amoureux exigeant. Un érudit des traboules qui publiera aux éditions Le Progrès" l'ouvrage qui deviendra la bible du promeneur "Traboules de Lyon". En 1978, il imagine un parcours à travers Lyon. Quatre heures trente de marche, dans le calme d'un dimanche matin à travers Lyon insolite au rythme d'une cinquantaine de rues, places, quais et ponts. Le parcours des "Cinquante" est né. Plus de 18000 personnes retrouvent le goût de la promenade citadine. Il vient d'ouvrir une voie qui est aujourd'hui poursuivie avec talent par des "gones" comme Jean-Luc Chavent.

En janvier 1999, René Dejean confie aux Éditions des Traboules un manuscrit achevé, ce Parcours des 50. Il désirait accompagner ce livre de dessins. Hélas, il disparut prématurément laissant les Lyonnais dans la peine. Son dernier livre sera sans aucun doute, comme celui des traboules, un ouvrage de référence. Clair, pratique, riche en anecdotes, brillamment illustré de photos de l'auteur, il permet seul ou à plusieurs de découvrir ou redécouvrir une ville merveilleuse.

"Et si l'on reparlait de René Dejean",, article de ROBERT LUC in Le Progrès, 5 novembre 2002.

***

Il faudrait que j'ajoute une note en souvenir de Robert Luc (1943-2017), lui-même journaliste, infatigable Lyonnais, co-fondateur de la galerie "Vrais Rêves", rue Dumenge, organisateur et animateur de mémorables "bambanes" sur le plateau et les pentes de la Croix-Rousse.

jeudi, 19 août 2021

LI BLANC LI BOULA-MATARI ...

... EN 1911 A LYON.

On admire au passage la case en paille, les casques coloniaux, les palmiers et même les « black faces ».

BELLECOUR 1911 CAVALCADE 1 COLONISATION.jpg

Un seul commentaire : WOUAH ! WOUAH !

samedi, 24 juillet 2021

UN ARTISTE LYONNAIS

Ci-dessous une photo de Vissarion Agathope Hégésippe de Plancourbe de Boluville, compositeur lyonnais injustement méconnu quoiqu'issu d'une excellente famille enrichie dans le commerce des futailles. Vissarion Agathope (ses prénoms d'usage) vient d'improviser d'éblouissantes variations sur un thème d'une partition écrite par son grand rival dans le quartier d'Ainay, Lucien Durand, dont la famille habite un modeste appartement de la sombre rue Chouchan, au bas des pentes de la Croix-Rousse.

Note : cette rue est tellement sombre qu'elle ne figure même pas sur les plans de la Ville, ni dans le livre de Maurice Vanario, Les Rues de Lyon.

PERSONNE 1910 BOURGEOIS A SON PIANO FJSYLV.jpg

Fonds Sylvestre, BML.

09:00 Publié dans HUMOUR, LYON | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 23 juillet 2021

LA FORMATION DES INSTITUTEURS

Nous voici au Clos-Jouve, à la Croix-Rousse de Lyon, juste devant l'Ecole Normale des Instituteurs de la rue Anselme. Les formateurs utilisent l'espace libre devant l'Ecole pour apprendre aux futurs instituteurs les gestes professionnels de base qui seront les leurs dans l'exercice de leur difficile métier.

1900 CLOS JOUVE L'EXERCICE CL JS TGB.jpg

Mille excuses : j'ai oublié de préciser que la photo appartient au fonds Sylvestre de la Bibliothèque Municipale de Lyon.

mardi, 20 juillet 2021

UNE AUTRE CROIX-ROUSSE ? (2)

Le projet présenté aujourd'hui est celui d'Edouard Guillon, ingénieur, assisté de Georges Trévoux, architecte. Quoique plus schématique ou moins abouti que celui du tandem Chalumeau-Garnier, il consiste toujours à raser purement et simplement tout ce qui empêche de joindre selon l'axe le plus direct et le plus large la place de la Comédie (on aperçoit la façade de l'Opéra à droite et un petit morceau de l'Hôtel de Ville à gauche) au presque sommet de la colline de la Croix-Rousse, je veux dire la place Bellevue, à l'extrémité en contrebas du boulevard de la Croix-Rousse côté Rhône.

Comme on le voit sur le détail de droite reproduit en plus grand plus bas, on ne lésine pas : on raie de la carte la montée Saint Sébastien, et vu l'emprise au sol de la "rue de la République prolongée", on démolit l'église Saint-Bernard, et on massacre sans doute l'église Saint-Polycarpe (si chère à mon cœur à cause des quatre-vingt-onze tuyaux en façade de l'orgue ; j'étais assis dans le chœur, je faisais face à l'instrument ; c'est juste après que j'ai quitté l'église, le père Voyant, le père Béal, les scouts et le catholicisme — anecdote authentique évidemment). 

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Et contrairement au projet précédent, Guillon-Trévoux, pour couronner l'œuvre, n'ont pas choisi de célébrer les morts innombrables de la guerre de 1914-1918, mais de glorifier la victoire militaire finale de la France sur l'ennemi prussien. On bombe le torse, et on est prêt pour la suivante. Avec le résultat qu'on sait.

G TREVOUX E GUILLON COMEDIE CROIX ROUSSE.jpg

Ci-dessous un agrandissement du détail de droite : la "rue de la Crèche" (aujourd'hui Boussanges) en biais accrochée par un bout au boulevard de la Croix-Rousse, la place Bellevue et la descente vers la place de la Comédie, l'Opéra et la Mairie centrale. On voit sur ce plan que, si le projet était allé à son terme, la nouvelle portion de la "rue de la République" aurait été nettement plus large que celle que nous connaissons aujourd'hui dans la presqu'île. 

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Dans le fond, il n'y a guère lieu de se plaindre, en définitive, de ce que, des deux projets concurrents, qui bénéficièrent d'une exposition en 1919, aucun n'ait été retenu, que ce soit pour une raison financière ou autre. Je retiens que la "raison" l'a emporté. Nul doute que les percements qui eurent lieu autour de 1860 dans la presqu'île pour élargir les artères (rue Impériale-rue de la République ; rue de l'Impératrice-rue Edouard-Herriot ; etc.) et pour faire comme les Parisiens du baron Haussmann, font partie du paysage lyonnais depuis lurette.

Le Lyon d'avant n'existe pas, contrairement à ce qu'essaie de faire croire un groupe comme "Lyon historique et actuel". Je ne fais pas partie de ces nostalgiques qui ne cessent de gémir et de s'attendrir un peu niaisement à coups de « Mon dieu, que de souvenirs ! », et de remercier les "administrateurs", souverains maîtres, de leur offrir des images d'un passé qu'ils ont peut-être vécu. Non, je ne dis pas : « C'était mieux avant ». J'enrage simplement des dégâts irréparables que la "modernité" fait en toute bonne conscience et pour de basses raisons subir à tous les quartiers un peu anciens de nos villes.

Je me félicite quant à moi de ce que le quartier de la Croix-Rousse ait échappé aux projets de transformations radicales de quelques urbanistes fous. Les Brésiliens eux-mêmes ignorent sans doute quel sort un certain Le Corbusier réservait à leur cité mondialement célèbre : un long ruban autoroutier courant au sommet du long serpent immobilier où l'architecte fou avait prévu de loger l'intégralité de la population carioca. Et il existe des dessins du même qui montrent à quel sort funeste ont échappé les Parisiens .

Qui a dit : « La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires » ? Même chose pour l'aménagement d'une ville : ce que certains appellent l'urbanisme. A la Croix-Rousse, tout bien considéré, les urbanistes n'ont plus leur mot à dire. Ils ont été supplantés par les promoteurs immobiliers, qui se livrent une concurrence acharnée pour savoir qui sera le premier à s'occuper des "dents creuses" que comporte (encore pour combien de temps ?) le plateau de ma Croix-Rousse. Qui est le plus à craindre ? Qui est le plus nuisible ? L'urbaniste ou le promoteur ? Sachant que l'urbaniste a des idées, quand ce n'est pas une doctrine ou une idéologie, et que le promoteur en a une seule, d'idée : valoriser le terrain et rentabiliser l'investissement.

Et ce ne sont pas les allumés du bulbe qui affichent leurs T-shirts floqués "La Croix-Rousse n'est pas à vendre" qui changeront quoi que ce soit au processus. Mais si, Papy-Art, la Croix-Rousse est à vendre au plus offrant, comme tout le reste. Et ce ne sont pas ceux qui, paraît-il, "font de la résistance" qui arrêteront les troupes des envahisseurs : quelles armes ont-ils à opposer aux formes parfaitement légales dont ceux-ci habillent leurs appétits voraces ? 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 19 juillet 2021

UNE AUTRE CROIX-ROUSSE ? (1)

Aujourd'hui le projet de Camille Chalumeau, ingénieur en chef de la ville de Lyon, avec la collaboration (mais je ne suis pas sûr) de l'architecte Tony Garnier. Vous êtes au-dessus de la place Bellevue, à l'extrémité du boulevard de la Croix-Rousse côté Rhône, et vous regardez vers le sud, la presqu'île et le confluent. La longue trouée rectiligne que vous avez en face de vous, c'est la rue de la République.

Mais oui, parfaitement : dans ce projet, la rue de la République escalade la "colline qui travaille" jusqu'à la place Bellevue. Un seul mot d'ordre : on rase tout ce qui dépasse, comme au joyeux temps du Second Empire. On dira : l'escalade n'est pas complète. Certes, on n'est pas au point culminant de la Croix-Rousse qui, comme chacun sait, se situe à l'intersection des rues Henry-Gorjus et Jérôme-Dulaar, non loin du parc Popy, mais le plus dur est fait. Et l'ingénieur a pensé que la pente n'était pas trop raide pour amener une ligne de tramway à proximité immédiate du plateau (sans faire le détour par le cours Général-Giraud).

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Est-ce que le monument ci-dessous est vraiment celui qui devait couronner le projet ci-dessus tout en haut de l'exaltante ascension ? Pas sûr. Surtout à cause des dates indiquées par la BML pour la réalisation des dessins : 1935 pour le projet de l'ingénieur Chalumeau, 1918 pour la proposition de Tony Garnier : un majestueux temple élevé à la mémoire des morts de 1914-1918. Pensez : des colonnes de quarante mètres de haut ! Un monument aux morts peut-être plus visible encore que la basilique de Fourvière flanquée de sa tour métallique. Dessins de Tony Garnier, photographiés par Jules Sylvestre autour de 1918.

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Voyez plutôt l'effet qu'on aurait observé depuis le pont Saint-Clair (alias Vaïsse). Le fort Saint-Laurent, qui occupe une partie de la pente, ne disparaît pas, mais presque.

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Voyez aussi de quelle façon le monument aux morts de 1914-1918 se serait imposé à la vue de chacun, vu de la rive gauche du Rhône. Dans presque tous les villages de France, le monument aux morts se trouve sur la place centrale, et personne ne peut l'ignorer. Alors imaginez : quelle dignité dans une telle situation rayonnante ! Quelle grande occasion perdue !

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Il faut donc regretter que le monument aux morts ait finalement été relégué dans l'île aux Cygnes du parc de la Tête d'Or, un endroit certes pas tout à fait invisible, mais qu'il faut avoir vraiment envie d'atteindre, après avoir traversé un tunnel humide, peu sympathique et pas toujours ouvert aux piétons. 

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Bon, n'exagérons rien : on n'est pas à Sainte-Hélène.

Personnellement, j'ai tendance à ne pas digérer que les édiles de la Ville aient renoncé, sans doute pour un problème de coût, à honorer de cette façon considérable et après tout normale les travailleurs, les hommes, les paysans, bref, les civils morts (sont-ils en définitive 10.600, 13.000 ou 16.000 ? Je finis par ne plus savoir.) sous l'uniforme militaire pour défendre la Patrie entre 1914 et 1918.

Et il faut remercier (attention : une fois n'est pas coutume !) l'ancien maire de Lyon Gérard Collomb d'avoir décidé de restituer intégralement les noms des morts en les faisant regraver, mais sur une pierre enfin assez sérieuse pour résister aux injures du temps (Comblanchien, je crois), à l'occasion du centenaire de la première boucherie industrielle de l'histoire humaine.

Autre chose : faut-il regretter que la rue de la République (rue Impériale à l'origine) ait renoncé à escalader la colline et se soit résignée à buter sur la place de la Comédie et le "bas des pentes" ?

Là, je suis catégorique : la Croix-Rousse, ça doit continuer à se mériter. Et le Croix-Roussien doit pouvoir encore et toujours proclamer fièrement, quand il va faire des courses dans la presqu'île : « Je descends à Lyon ».

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 09 juillet 2021

LE SABRE ET LE GOUPILLON ...

... NE SONT PLUS CE QU'ILS ÉTAIENT.

1962 ORDINATION ST JEAN GVERMARD.jpg

Cela commence, dans la cathédrale Saint-Jean, par le recrutement de mains capables de tenir le goupillon, demain et après, avec la fermeté souhaitable. Ici la soumission se fait sur deux genoux (voir ci-dessous).

ECOLE SANTE 1967 MILIT G VERMARD.jpg

Je ne sais pas si l'Ecole de Santé des Armées procède toujours ainsi dans sa façon d'introniser de nouveaux membres. J'observe avec curiosité le pied gauche en extension, qui ajoute au sadisme, et j'imagine l'effort pour garder l'équilibre et la posture impeccables tout en conservant l'impassibilité de l'expression. Ce qu'on appelle la discipline. J'ignore si celle-ci est une condition nécessaire à l'usage du stéthoscope et de la seringue. J'ignore si cela fait de bons médecins. On reconnaît la cour de l'Hôtel de Ville de Lyon.

ERRATUM : ce n'est pas l'Ecole de Santé Militaire dont on suit ici la cérémonie en 1962, mais l'Ecole de Saint-Cyr, dont un lecteur (R.N.) qui s'y connaît a reconnu un ancien condisciple : celui qui est debout au premier plan. Toutes mes excuses. J'engueulerai la Bibliothèque Municipale de Lyon pour la légèreté de ses informations et pour la propagation de "fake news" (ce n'est hélas pas la première fois). J'admets cependant que le photographe n'est peut-être pas pour rien dans la méprise. 

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Un cardinal visiblement de combat : voyez ces mains qui n'attendent que de tenir le sabre. Lui, c'est pas le stéthoscope et la seringue qu'il manie : en voyant ces yeux, je n'aimerais pas être fusillé par le regard de Renard (c'est son nom : il fut archevêque de Lyon).

Les photos sont de Georges Vermard.

jeudi, 08 juillet 2021

CHOULANS MÉTAMORPHOSE

I

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1950 : LE PLAN.

De la Saône, en bas à gauche, à la place de Trion, en haut, c'est la montée de Choulans.

II

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1961

Cliché très instructif. Je n'ai pas réussi à trouver le nom du photographe. Détail grossissant ci-dessous : le premier virage est complètement intégré au bâti. Le versant de la colline comporte de vastes espaces verts. La montée de Choulans n'est pas encore la large trouée que nous connaissons. Et l'on est encore très loin du tunnel futur concocté par Zizi Pradel, le fou du béton.

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III

1969 01 CHOULANS 6 GV.jpg

1969

Noter que le pont Kitchener est un peu décalé pour accéder au serpent routier de la montée de Choulans. Avant les grands travaux, le bâti dans la première boucle est encore intact. Photo Georges Vermard.

IV

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1969

Les machines sont passées à l'action. L'immeuble frontal tient encore debout. Noter qu'au sud du chemin de fer (à gauche), la dent creuse vue plus haut est comblée par un beau cube. Photo Georges Vermard.

V

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1969

On voit ici l'intention initiale des urbanistes de placer l'entrée de la montée dans l'axe du pont ("alignez-vous ! je veux voir qu'une tête !", criait l'adjudant). A part le Cours de Verdun derrière et le chantier qui avance guilleret, je vois un immeuble qui n'en a plus pour longtemps. Photo Georges Vermard.

VI

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1976

Sept ans après la précédente, tout est en place, avec le tunnel, les tours d'aération, le troisième pont de Perrache. Ah non, tout n'est pas en place : il manque la belle boucle d'accès du pont Kitchener au tunnel, que l'on voit sur le plan ci-dessous. Carte postale.

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VII

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1989

Le progrès incontestable après tous ces travaux. Mais on vous dira que "Non, c'était pas mieux avant". Photo Claude Essertel.

« On n'arrête pas le progrès, dit Alexandre Vialatte : il s'arrête tout seul. » Et, comme on le constate au sortir de la deuxième boucle, ça se passe dans la montée de Choulans de Lyon.

Voilà ce que je dis moi.

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Dernière minute : savez-vous ce que j'apprends dans Le Progrès d'aujourd'hui ?

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Ceux qui ont voté Grégory Doucet et Bruno Bernard à la dernière municipalo-métropolitaine vont commencer à comprendre les douleurs que signifie dans la réalité la "transition écologique". Le progrès fait rage. « Jusqu'où s'arrêtera-t-il ? », disait Coluche.