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dimanche, 06 mai 2012

L'ENIGME SARKOZY

Je profite de ce qu’on va parler de NICOLAS SARKOZY encore pendant quelques jours (puisqu’il paraît que l’élection est pliée) pour commenter un aspect du personnage qui reste pour moi une énigme.

 

 

NICOLAS SARKOZY est la preuve vivante qu’être profondément et viscéralement haï peut devenir une raison de vivre. Enfin, je me pose la question. C’est exactement, sur le plan humain, le contraire de FRANÇOIS HOLLANDE. Non, rassurez-vous, je n’annonce pas une déclaration d’amour au candidat socialiste, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, Dieu m’en préserve, et Dieu me garde en Sa Sainte Grâce ! Pour mon compte, dimanche, ce sera NI l’un, NI l’autre.

 

 

HOLLANDE, que voulez-vous, il est tellement propre et lisse qu’il n’y a strictement rien à en dire. « Normal », « sans charisme », neutre, couleur de muraille gris terne. Franchement, FRANÇOIS HOLLANDE est tellement inodore, incolore et insipide que ça me rend terriblement méfiant. Le proverbe le dit bien : « Il faut se méfier de l’eau qui dort ».

 

 

 

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Si l’on se fie aux apparences, j’aurais bien vu FRANÇOIS HOLLANDE exercer la fonction de principal de collège. Mais un modeste fonctionnaire qui serait sorti de l’ENA (promotion Voltaire, 1980). Donc ça cache forcément quelque chose, et sans doute du louche.

 

 

Vous n’avez pas l’impression qu’avec un tel président, les Français peuvent s’attendre à TOUT ? Y compris au pire ? Il n’a rien promis. C’est peut-être un indice.  Rappelez-vous la vague rose de 1981, l’enthousiasme à la Bastille, MITTERRAND au Panthéon.

 

 

Puis rappelez-vous le déchantement brutal et stupéfiant de 1983, la conversion du Parti « Socialiste » au libéralisme de marché, son abandon de sa « clientèle » populaire, au son du refrain « il n’y a pas d’alternative ». A la place des électeurs, j’y réfléchirais à deux fois, avant de mettre le bulletin HOLLANDE, parfumé à la trahison, qui ne vaut certes pas « Barbouze de chez Fior » (Zazie dans le métro), le parfum de Gabriel qui amène le premier mot du livre : doukipudonktan.

 

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NICOLAS SARKOZY, que j’ai entendu traiter de fasciste à une terrasse de café (mieux vaut entendre ça que d’être sourd), au fond, n’avait pas tort de prétendre qu’il était seul contre neuf, avant le premier tour. Mais il n’y a peut-être pas de hasard. Peut-être même qu’il a tout fait pour arriver à ce brillant résultat.

 

 

Ce qui m’épate d’ailleurs, après cinq ans de présidence SARKOZY, c’est qu’il y ait encore une vingtaine de millions de Français prêts à voter pour lui (pour être précis, 21,6 millions s’il obtient 48 % des voix). Pourquoi ça m’épate, me direz-vous ?

 

 

Pour une raison finalement simple. J’ai rarement eu l’occasion d’observer une telle habileté, une telle virtuosité de grand artiste dans la capacité d’un homme à cristalliser la haine sur sa personne. Comme s’il y avait en lui une haine qui émanait, provoquant en quelque sorte une haine en retour (« casse-toi, etc. » en est un bon exemple). Un vrai tour de force.

 

 

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Il a même, paraît-il (mais peut-on se fier aux sondages ?), réussi à tellement braquer les électeurs de Madame LE PEN, y compris après avoir pillé le programme de celle-ci, que beaucoup reporteront leurs voix sur FRANÇOIS HOLLANDE. Non seulement, comme on dit d’un boxeur, il « encaisse » bien, mais en plus, il donne l’impression d’aimer ça, l’hostilité et les coups. De les chercher. C’est un peu normal qu’il les trouve, non ?

 

 

La HAINE. On ne sait pas bien ce qui arrive en premier dans ce rejet, qui a, quoi qu’on en pense, quelque chose d’extraordinaire. Il doit bien y avoir des explications. Dans le cas de NICOLAS SARKOZY, elles sont plusieurs, sans doute même une pile, voire un gros tas. Ce qui est le plus curieux, c’est qu’on les connaît toutes. Tout est sur la table. Tout a été abondamment dit et commenté.

 

 

Personnellement, je ne le cache pas, il y a quelque chose qui me révulse dans la façon dont NICOLAS SARKOZY exerce le pouvoir. Mais en même temps, sa façon de faire tout ce qu’il fait en ayant l’air (voir plus bas) de se foutre éperdument des réactions, je dirai au moins que ça m’amuse, parce que je trouve ça culotté.

 

 

Je n’ai pas de haine pour la personne. C’est sa façon de s’y prendre avec la réalité qui heurte en profondeur ce que je crois avoir de sens commun. Peut-être sa façon de rouler des mécaniques à la face du monde, et de proclamer, avant d’avoir fait quoi que ce soit, qu’il est plus fort que la réalité. « La réalité ? Je lui rentre dans le chou ! » On comprend qu'il la prenne dans la figure.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

 

samedi, 05 mai 2012

DES NOUVELLES DE TCHERNOBYL

Pas la peine de refaire l’histoire : Tchernobyl est le petit nom de la catastrophe, Fukushima pourrait être le nom de famille. Tout le monde connaît le jeu des 7 familles : dans la famille Catastrophe, je demande ... Donc, tout le monde connaît le petit garçon nommé Tchernobyl Fukushima, un sacré morveux, un galapiat capable de toutes les facéties, y compris les pires. Comme le chantent les Quatre Barbus (texte de FRANCIS BLANCHE) : « Il montrait à tous les passants son Cul-rieux esprit compétent ».

 

 

 

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Vous avez reconnu Jérémie Victor Opdebec, immortel inventeur de la pince à linge, célébré dans l’hymne commençant par Pom-Pom-Pom-Pom, point-point-point-trait, le V de la victoire en alphabet morse, vous savez, « ici Londres, les Français parlent aux Français », sur un air bien connu de BEETHOVEN (la symphonie en ut mineur, la n° 5, celle qui a eu sa préférence jusqu'à la fin).

 

 

Et comme le chante BOBY LAPOINTE : « On l’a mené à l’hôpital Pour le soigner où il avait mal. Il s’était fait mal dans la rue, mais on l’a soigné autre part. … Et il est mort ! ». Eh oui, le petit Tchernobyl Fukushima est désormais un cadavre. Mais un cadavre pas comme les autres. Un cadavre éminemment précieux entre tous. Une sorte de roi, de prince oriental. Disons une sorte de PHARAON, et n’en parlons plus.

 

 

Allez, vous me voyez venir avec mes gros sabots. Mais c’était trop évident pour y échapper : le SARCOPHAGE. Rien que l’idée de donner ce nom à la première enceinte de confinement, c’est vraiment une drôle d’idée. Pour une raison simple : « sarko » (désolé, je n’y peux rien, c’est du grec : σαρξ, σαρκος, je passe les accents) veut dire « chair », et « phage », « manger ».  

 

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Le sarcophage est supposé manger la chair du mort. C’était une belle idée, mais parce que c’était l’antiquité, le temps des momies (« c'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure », chantait FRANÇOISE HARDY) et du respect des morts : on les mangeait. Aujourd’hui ? Ça fait curieux. Parce que la chair atomique, franchement, très peu pour moi. Je ne suis pas doué pour être sarkophage. L'Atomic Sarko est proprement immangeable. Je n’ai pas envie de m’empoisonner.

 

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JE L'AI PERDU DANS MON GRAND LIT,

MON DIEU QUEL HOMME QUEL PETIT HOMME !

(chanson pour enfants, qu'ils disent!)

 

J’ai dit « la première enceinte », parce qu’il va y en avoir une seconde, pour remédier aux faiblesses de l’autre, qui laisse échapper, paraît-il, des tas de choses pas bonnes pour la santé (150 m² sont à ciel ouvert). Pourtant, à voir de loin, ça a l’air d’être du sérieux, cette enceinte en métal et béton.

 

TCHERNOBYL SARCOPHA.jpg

SARKOPHAGE N° 1

 

Le cadavre est dans le placard, mais la porte ferme mal ? Il faut mettre le placard dans un placard plus grand, ça a l'air logique, comme ça. C’est ce qui se dessine. Les journaux appellent ça un « sarcophage géant ».

 

 

Un gadget fut en faveur, un temps, dans les cuisines : le « sac à sacs », vous savez, ces choses informes pendues à je ne sais quoi. Eh bien, à Tchernobyl, c’est la même chose, un « placard à placard », sauf les dimensions. Pour donner une idée : 400 pieux métalliques d’un mètre de diamètre. La construction pèsera 30.000 tonnes. Quatre fois la gringalette Tour Eiffel, il paraît.

 

 

 

TCHERNOBYL SARCOPH.jpg

 

L’épaisseur de la paroi extérieure ? Soixante centimètres (mais je lis ailleurs « une double peau de douze mètres d’épaisseur », il faudrait savoir). Elle a intérêt à être étanche, à ce prix-là. Le contrat garantit l’étanchéité pendant un siècle. Après ? Démerdez-vous !

 

 

Et, « l’as     AS DE PIQUE.jpg

 botte not’liste » (« pardon my english », comme dit GEORGE GERSHWIN dans sa pochade musicale, mais qui fait passer un très bon moment), l’ensemble aura une hauteur de 108 mètres. La Statue de la Liberté pourrait y tenir debout. Mais je demande : est-il raisonnable de déplacer la Statue de la Liberté dans une centrale nucléaire en ruine ?

 

 

Cela m’inspire une question : est-ce que l’homme était assez fort pour déclencher la puissance de l’atome ? Est-ce que l’homme a la dimension de l’atome ? Est-il raisonnable de se mettre dans l’obligation de soigner la maladie nucléaire fulgurante dont un géant est atteint, qui risque de contaminer tout le monde ?

 

 

 

Certains diront : c’est déjà fait. J’en conviens. Ben oui : c'est trop tard. On attendait GROUCHY, c'était BLÜCHER. On a appelé ça Waterloo. Côté Tchernobyl, et je ne parle pas de Fukushima, le Waterloo est encore devant nous. Et Waterloo, vu la longévité humaine, sera toujours devant nous. La défaite de Waterloo érigée en état permanent, l'homme n'en a pas rêvé, et Sony ne l'a pas fait. L'industrie nucléaire, si.

 

 

Car le problème, c’est que le cadavre de ce géant n’est pas mort, il bouge encore, et pour longtemps. Pas loin d’être éternel, même. Après tout, c’est ce que je me dis, c’est peut-être un dieu qui est étendu, là-bas, à Tchernobyl. Le dieu Atome en personne. C’est peut-être une cathédrale, qu’on lui construit. Mais une drôle de cathédrale, où il serait interdit à la foule de pénétrer pour déclamer des prières et chanter des cantiques en l’honneur du dieu Atome. Quelle époque étrange, quand même !

 

 

Pas moins de vingt-trois portes blindées de 8 mètres sur 8 sépareront la divinité du monde extérieur. Il n’est pas question de laisser les fidèles recevoir l’onction sainte : c’est comme dans l’Egypte ancienne, où seuls les prêtres ont le droit d’approcher la statue du dieu. Eux seuls auront le privilège d’être contaminés par le cœur brûlant de l’Etre Suprême (« Ave ROBESPIERRE, ceux qui vont mourir pour l'Atome te saluent »). Ils sont supposés en tirer une connaissance secrète, strictement réservée aux initiés.

 

 

Eh bien moi, je vais vous dire : cette connaissance secrète, je la leur laisse, aux prêtres, encore que, pour le démantèlement de la statue du dieu, il soit prévu d’utiliser au maximum des robots, vils êtres sans conscience, inaccessibles à la majesté de la métaphysique nucléaire et à la sublimité du culte qui entoure le dieu Atome depuis sept décennies. Non, décidément, l’homme n’est pas à la hauteur de la divinité, et ne mérite pas tous les bienfaits que celle-ci déverse sur sa tête avec l’abondance de sa générosité infinie.

 

 

Rendez-vous compte, rien que pour commencer à travailler, il a fallu décontaminer neuf hectares, couler 25.000 m³ de béton sur trente centimètres d’épaisseur, déblayer 55.000 m³ de matières contaminées et 135.000 m³ de matériaux « propres » sur quatre mètres de hauteur. Tiens, c’est vrai ça, l’histoire ne dit pas où on a mis tout le contaminé. J’espère qu’il n’ont pas fait comme le Sapeur Camember, du grand GEORGES COLOMB, alias CHRISTOPHE, qui doit creuser un trou pour y enfouir la terre du trou qu’il a creusé auparavant pour y mettre la terre du trou …

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Bref, tout ça ne semble guère raisonnable, de la part de personnes qui – prises individuellement – ont depuis longtemps passé l’âge de raison, mais qui collectivement s’encouragent à courir plus vite. Vers où ? Le Monsieur Prudhomme de HENRI MONNIER a déjà répondu (autour de 1850) : « On ne va jamais plus loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va ».

 

 

Il est vrai que les trouvailles de Monsieur Prudhomme sont nombreuses et réjouissantes : « Regarde, mon fils, la sagesse de la nature, qui a fait passer les rivières au milieu de nos villes » ou : « Si Napoléon était resté officier d’artillerie, il serait encore sur le trône ». Bon, ça n’a rien à voir avec Tchernobyl. Je sais. Et alors ?

 

 

De toute façon, rien ne vaudra jamais cette maxime qui permet à l'humanité de survivre en milieu hostile :

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Nous mourrons rassurés.

 

mercredi, 02 mai 2012

DES NOUVELLES DE L'EUROPE

Oui, je sais, je ne parle toujours pas de la présidentielle. Mais ça vous amuse encore, ce cirque ? Moi, ça a plutôt tendance à me sortir par les trous de nez, ce match disputé par CAPITAINE MENSONGE et COLONEL BLUFF.

 

 

Blague à part, le n'importe quoi européen continue, s'aggrave.

 

 

Bon, on le savait déjà, que l’Europe est un « machin » ingérable, que sa construction cacophonique et sans queue ni tête aboutit à un édifice qui ressemble à ce dont est capable Numérobis, l’architecte ami de Panoramix, dans Astérix et Cléopâtre. La baraque est vermoulue, biscornue et bancroche et, comme dans l’aventure d’Astérix, elle part en morceaux qui tombent sur la tête des habitants.

 

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AH OUI, ELLE EST BELLE, L'EUROPE DE NUMEROBIS !

 

Le moellon espagnol va sans doute suivre le moellon grec dans sa chute, et il y a de fortes chances pour que le crâne des Européens sorte de cette histoire aussi cabossé que celui d’Amonbofis, l’architecte rival de Numérobis, ou comme la carrosserie de ma voiture, après une mémorable averse de grêle du côté de Saint-Claude, dans le Jura. Cette Europe qui s’est faite sans les peuples écrase maintenant les peuples comme une averse de grosse grêle ou comme les moellons des maisons construites par Numérobis.

 

 

Est-il encore seulement possible pour la France de dénoncer les traités que tous ses gouvernements ont imperturbablement signés, depuis cinquante ans, sur la base sacro-sainte, intouchable, irréformable de la haïssable et démente CONCURRENCE LIBRE ET NON FAUSSEE, qui a déjà détruit l’essentiel de ce qui s’appelait, en France, les Services Publics, et qui n’a pas fini de semer son souk dans les lambeaux qui restent encore de ce qui fut l’Etat français ? 

 

 

Vous êtes au courant de la dernière trouvaille de la Kommission de Bruxelles ? C’est un véritable éclair de génie : puisque les politiques publiques impulsées par l’Europe ont été incapables de lutter contre la surcapacité des flottes de pêche européennes et la raréfaction de la ressource, elle (madame MARIA DAMANAKI, commissaire européen de la pêche) propose de transférer aux professionnels les quotas gérés jusqu’à maintenant par les Etats.

 

 

 

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MADAME DAMANAKI

ELLE AVAIT POURTANT L'AIR GENTIL

 

Ce genre de proposition, qui va dans le sens de tout ce qui a déjà amoché en profondeur le visage de la France qui était la nôtre, de la France qu’on aimait, ce genre de proposition porte un nom et un seul : la PRIVATISATION (voir ma note du 13 avril). Mais on ne va pas dire ça : il faut parler de « concessions transférables ». Elle est pas jolie, ma formule européenne ? La Kommission européenne persiste et signe, dans son orientation économique de fanatisme ultralibéral intégriste. Il n'en serait pas autrement si le PERE UBU avait été le père fondateur de l'Union Européenne.

 

 

 

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A LA TRAPPE, LES MAGISTRATS !

UBU ROI, ACTE III, SCENE II

 

Tous les acteurs (écolos, Etats membres, pêcheurs eux-mêmes) sont opposés à ce projet de privatisation des quotas de pêche. Tous sauf un : l’Espagne, grand pays pêcheur devant l’éternel, qui n’a pas envie d’ajouter à ses malheurs la disparition de sa flotte et des emplois qui vont avec.

 

 

Pendant que le bateau coule, le naufrage continue. Sursum corda, mes frères, comme on disait quand la messe était en latin (« sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde », chante Tonton GEORGES).

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

mardi, 01 mai 2012

DES NOUVELLES DE LA PLANETE (1)

Les tendances de la mode.

 

Cette année, la terre cultivable se portera de plus en plus confisquée. La tendance est sans doute appelée à durer, peut-être à se renforcer.

 

 

Je ne sais pas si vous savez ce qu’est un « bail emphytéotique », ce qu’on appelle une location de longue durée, voire de très longue durée. Le plus souvent, ce sont des baux à 99 ans. Un siècle quoi. J'appelle ça de la confiscation. D'autres parlent d'accaparement. Les initiateurs du mouvement appellent ça « aide au développement ». Cherchez l'erreur.

 

 

J’ai entendu dire, mais je ne veux pas le croire, que certains baux emphytéotiques peuvent être signés sur une durée de 999 ans. En tout cas, on trouve ça sur wikipédia. Ça me semble une hallucination. Parce que déjà, 99 ans, ça fait sur trois générations. Pas une appropriation, mais pour ainsi dire.

 

 

Le tout, pour signer un bail de location, c’est d’être deux. Quelqu’un qui possède un bien, et quelqu’un qui aimerait bien user de ce bien, contre rétribution. En l’occurrence, le bien est la terre cultivable disponible. C’est une richesse (presque) naturelle. Celui qui veut en user, c’est évidemment quelqu’un qui en manque, de cette richesse. Mais lui, il a de l’argent. Or le propriétaire du bien, c’est justement quelqu’un qui n’en a pas beaucoup, d’argent. Qu’est-ce que ça tombe bien !

 

 

Maintenant, si on regarde qui sont les bailleurs et qui sont les « locataires », on commence à mieux comprendre ce qui se passe : des pays riches, voire très riches, qui manquent de terres cultivables, sont en train de confisquer (un « bail à 99 ans », c’est un euphémisme pour « confiscation », ou je ne sais plus que 2 + 2 = 4), d’immenses territoires à des pays pauvres, voire très pauvres.

 

 

Cette confiscation est rendue d’autant plus facile que la propriété des sols, dans les pays du tiers-monde, n’est pas juridiquement aussi précise et cadastrée que chez nous. Ah, ta famille cultive cette terre depuis cinq générations ? Peut-être, mais prouve-moi qu’elle t’appartient ! Où est l’acte notarié ? Bon, ben puisque c’est comme ça, tu vas prendre tes cliques et tes claques et me foutre le camp d’urgence. Maintenant, c’est ce Monsieur qui la cultivera.

 

 

En général, c’est le gouvernement du pays qui procède aux formalités légales. Et comment ne pas imaginer que le futur locataire sait trouver des arguments sonnants et trébuchants, capables de toucher les sentiments du gouvernant, d’abord réticent, puis intéressé au fur et à mesure que les enchères montent ? Des enchères à lui seul destinées, bien entendu. Comment ne pas se sentir enclin à céder quand on en tire un joli bénéfice personnel ?

 

 

Il va de soi que je ne fais qu’imaginer ce scénario fantasmatique, n’est-ce pas. On connaît trop la parfaite intégrité morale des élites dirigeantes des pays « pauvres » (KABILA en RDC, SASSOU-NGUESSO au Congo Brazza, OBIANG en Guinée Equatoriale, etc.). On ne voit pas ce qui pourrait laisser supposer qu’elles pourraient se laisser corrompre.

 

 

 

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J'ESPERE QU'ON PEUT DECHIFFRER,

EN PARTICULIER LES CHIFFRES 

 

On a déjà compris que le plus gros gisement de terres cultivables disponibles se trouve en Afrique. En l’état actuel des choses, on parle de 180.000 km². Oui, vous avez bien lu : cent quatre-vingt mille kilomètres carrés (18.000.000 d’hectares) de terres africaines cultivables ont été soustraites aux cultivateurs autochtones, pour être confiées pour 99 ans à des entreprises étrangères. Et quand je dis « entreprises », cela veut moins dire des agriculteurs les pieds dans la glèbe que des industries avec leurs engins lourds.

 

 

Rien qu’à Madagascar, ce sont 37.000 km² qui sont passés sous la coupe étrangère. Un peu plus de 30.000 en Ethiopie, un peu moins en République Démocratique du Congo. Les pays les plus touchés, ensuite, sont, dans l’ordre, le Soudan, le Bénin, le Mozambique. Bref, le tableau s’éclaire violemment. L’Amérique du sud est concernée à la marge. Dans le Pacifique, les Philippines semblent avoir été entièrement mises en vente, loin devant l’Indonésie.

 

 

Maintenant, demandons-nous sans plus longtemps tergiverser qui sont les acheteurs (terme plus approprié que locataire). Au premier rang, la Chine, suivie à plusieurs longueurs des Etats-Unis. Viennent ensuite la Grande-Bretagne, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Inde, la Suède et l’Afrique du Sud.

 

 

Comment, vous dites « colonialisme » ? Mais non, voyons, on vous dit que c’est du contrat tout ce qu’il y a de parfaitement légal. Et puis de toute façon, ce ne sont pas des Etats qui les ont passés, ces contrats, mais de la bonne grosse entreprise industrielle tout ce qu’il y a de privé.

 

 

Quoi, ça dépossède le petit paysan d’Afrique de toute possibilité de cultiver ? Quoi, ça risque dans un avenir assez proche de semer la famine ? Quoi, ces terres sont utilisées à des productions directement réexportées vers le pays propriétaire ? Quoi, on y produit principalement des biocarburants à haute valeur financière ajoutée ? Mais tout ça, mon brave monsieur, ne nous regarde pas. Nous n’y pouvons rien. C’est de la bonne vieille transaction commerciale. Vieille comme le monde.

 

 

Alors vous voulez que je vous dise ? L’UNICEF pourra toujours hurler à la faim des enfants dans le monde, JEAN ZIEGLER pourra toujours aboyer contre les pays riches qui laissent mourir de faim les populations du tiers-monde, Action Contre la Faim pourra toujours organiser des collectes dans les rues pour que des populations culpabilisées remplissent la sébile de la charité universelle, ils peuvent attendre, tous les généreux et toutes les bonnes âmes de la planète.

 

 

Pendant que le pékin moyen donnera une goutte, une cohorte de vampires confisquera une citerne (c’est vrai, au fait, j’ai oublié de parler des menaces sur les ressources en eau potable que font peser sur les pays pauvres ces entreprises agricoles d’un nouveau genre).

 

 

Continuons comme ça. Le Paradis n’est plus très loin. Faisons confiance aux instances supérieures.

 

 

Mais quoi qu'il en soit, en toute circonstance, n'oublions jamais que

 

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Voilà ce que je dis, moi.