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lundi, 22 avril 2019

JAMAIS DEUX SANS TROIS

J'avais, ça commence à faire du temps (15 novembre 2012), remarqué une source d'inspiration possible de Hergé pour un épisode du Temple du soleil, où le capitaine Haddock, lancé à la poursuite des Indiens, fait une terrible chute dans une pente des Andes, qui le transforme assez vite en énorme boule de neige venant par bonheur (!) se fracasser sur un rocher, pendant que les quatre Indiens, eux-mêmes sphériquement enneigés, sont expédiés dans le précipice (il y a en effet quelques morts dans les aventures de Tintin, cf. On a Marché sur la lune). Notez les pieds qui dépassent.

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C'est en relisant Les Malices de Plick et Plock, de l'inoubliable auteur du Sapeur Camember, Georges Colomb, alias Christophe, que je m'étais dit qu'Hergé avait pu s'inspirer de son ancêtre en bande dessinée pour la page 33 du Temple (un demi-siècle sépare les deux BD). Plick et Plock, gnomes sans expérience, n'ont jamais vu la neige. Plock a donné une forte bourrade à Plick qui roule dans la pente ... : « ... et se trouve bientôt inclus dans une boule de neige qui va grossissant à mesure qu'elle descend, ainsi que le font habituellement les boules de neige ». C'est un « arbre providentiel » qui arrêtera la course de Plick, qui s'en trouve « délivré et meurtri ». Là, déjà, les pieds dépassaient.

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Mais ce n'était pas tout : jamais deux sans trois, dit-on. Révisant ces jours-ci, comme je le fais régulièrement par souci d'hygiène mentale, les immarcescibles facéties, volontaires ou non, souvent (mais pas toujours) catastrophiques de Gaston Lagaffe, génial perturbateur de la vie de bureau inventé par Franquin, je suis tombé sur une planche (n° 550, au scénario de laquelle Roba, l'auteur fameux de Boule et Bill, a participé). On ne le dira jamais assez : je ne connais pas de dessinateur qui sache donner à ses intentions comiques des formes aussi fortement expressives que ce virtuose du crayon.

On retrouve ici le thème de la boule de neige : Gaston est envoyé par la direction des éditions Dupuis pour aller chercher Prunelle dans sa maison de campagne et le ramener à la rédaction. Il est, comme on peut s'y attendre, au volant de son inénarrable tacot jaune et noir (riche source d'inspiration pour Franquin, comme M. de Mesmaeker, le gaffophone, la mouette rieuse, moiselle Jeanne, Jules de chez Smith-en-face, l'agent Longtarin, le chat et tant d'autres).

Comme il a beaucoup neigé, Gaston a installé des chaînes, mais comme de bien entendu, pas n'importe quelles chaînes : « Un modèle nouveau, conçu et fabriqué par un certain Lagaffe, qui en connaît un bout en matériel roulant », déclare-t-il au méfiant Prunelle (notez le clin d’œil du mot "roulant", mais peut-être ce sens – "qui fait rire" – s'est-il aujourd'hui perdu). Arrive évidemment ce qui devait arriver : l'une des chaînes se rompt, se prend dans l'essieu arrière, bloquant brutalement la voiture. Et comme par hasard, ça se passe dans une pente. On a déjà deviné la suite. Sauf qu'ici, pas de pieds qui dépassent.

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Franquin s'est-il inspiré de ses prédécesseurs ? Pas sûr, mais je dirai au moins que ça peut se discuter. La question qu'on se pose ensuite est de savoir si l'on trouve ailleurs dans la BD l'utilisation de ce thème de la boule de neige "habitée". Je n'ai pas de réponse à la question.

J'aurais pu ajouter à la série un autre gag de Gaston. On trouve en effet dans la demi-planche 791 (vol. 12, Le Gang des gaffeurs) une autre évocation de boule de neige, mais je ne l'ai pas jugée digne d'entrer dans la série. A tort ou à raison, je trouve le gag plus faible : ça se passe un jour de neige en ville. Gaston, qui a inventé le "jokari-avec-super-balle" (on se souvient des dégâts que la super-balle peut commettre par temps sec, planche 591, vol.8) organise une partie dans la rue en compagnie de son pote Jules-de-chez-Smith-en-face. Gaston lance la super-balle et les deux amis la voient "rebondir sur deux façades et tourner le coin", et se demandent combien de bourgeois vont être terrorisés. Et voici de quelle façon elle leur revient dans la figure. Je ne sais pas vous, mais moi, désolé, Franquin : j'ai du mal à y croire.

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mercredi, 03 juin 2015

UN COUP DE CHAPEAU

Aujourd’hui, cessons un moment de « faire suer le burn-out ». Offrons-nous un moment de détente, avec Aristide Bruant. (cliquez pour entendre). Je trouve cette chanson délicieusement cynique.BRUANT JAUNE.jpg

 

1.

Hier, c'était l'enterrement
De ma pauvre belle-maman.
Un' femm' qu'avait tout's les vertus;
Hélas, nous ne la reverrons plus !
Comm' ell' avait plus d'soixant' ans,
On attendait ça d'puis longtemps;
L'matin, on est v'nu la chercher
Et puis en rout', fouette cocher !…
Le vent soufflait je ne sais d'où,
Trou la la itou (bis);
Le soleil dorait l'horizon
Et zon, zon, zon.
Nous marchions d'un air décidé,
Gai, gai, gai la rira don dé
Et nous marchions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

2.
BRUANT FOU.jpgPrès de moi dans les premiers rangs
S'avançaient les proches parents;
Sous la douleur se laissant choir
Et pleurant tous dans leurs mouchoirs.
Soudain, l'un d'eux s'approche de moi
Et me dit d'un ton plein d'émoi :
« Vraiment, du ciel nous sommes maudits ! »
Tout en pleurant, j'lui répondis :
« Oui, monsieur, je suis comme un fou.
Trou la la itou (bis);
Ça fait un vide à la maison
Et zon, zon, zon.
De pleurs je suis tout inondé,
Gai, gai, gai la rira don dé. »
Et nous pleurions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

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Il commençait à se faire tard
Quand t'nous arrivâmes à Clamart
Nous entrions quéque temps après
Dans un jardin planté de cyprès.
Les hommes pleuraient en sanglotant,
Les femmes sanglotaient en pleurant.
Gendres, neveux, cousins, p'tits-fils
Entonnaient le De Profondis.
Comme on la descendait dans le
Trou la la itou (bis);
Chacun disait une oraison
Et zon, zon, zon.
En criant comme un possédé,
Gai, gai, gai la rira don dé;
Et nous chantions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

BRUANT DES ROSEAUX.jpg4.
A la sortie, v'là qu'les parents
Prennent d'assaut les restaurants,
Pour se consoler un p'tit brin,
On fit v'nir cinquant' litr's de vin.
Quand t'les cinquant'litres fur'nt bus,
On en fit rev'nir encore plus.
Si bien qu'au moment d'se quitter,
I y avait pus moyen d's'acquitter.
Tout le monde avait bu comme un
Trou la la itou (bis);
On avait son petit pompon
Et zon, zon, zon.
Quand t'votr' crampon s'ra décédé,
Gai, gai, gai la rira don dé;
Faudra l'enterrer comm' ça,
Larifla, fla, fla.

 

Note : Tous les zoziaux appartiennent évidemment à la famille, plus nombreuse qu'on ne croit, des « bruants » : « jaune », « fou », « zizi » et « des roseaux ». Et en prime, le sapeur Camember est heureux de vous chanter sa romance : « Petits voiseaux ».

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mercredi, 08 mai 2013

VIVE MONSIEUR LE MAIRE ! (1/2)

 

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DU RÉEL À LA FICTION, OU L'INVERSE ?

 

***

 

Qu'on ne s'y trompe pas et qu'on se rassure sur le titre de ce billet, où il ne sera aucunement question de notre « grand-maire» de Lyon : je m'en voudrais de consacrer à Monsieur Gérard Collomb autre chose que la fourberie d'insinuations passagères, l'acidité d'allusions fugaces et la sournoiserie d'incidentes moqueuses.

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HOMMAGE A UN AUTRE "MICHEL AUDIARD" DE LA BD : ANDRÉ FRANQUIN

Mais je m’en voudrais aussi de revenir à des sujets plus « sérieux » que la BD (si ça me prenait, on ne sait jamais, le pire n’est pas toujours sûr, mais au fond du fond, qu’est-ce qui est vraiment « sérieux » dans la vie ?) sans aller m’incliner devant un monument du genre, où se conjuguent allégrement l’expressivité virtuose du trait, la typicité compacte et repérable de loin du personnage et l’invention verbale la plus débridée. Je veux parler de Sa Majesté : ANDRÉ FRANQUIN (Gaston, Spirou, Idées Noires, Trombone, Slowburn, …).

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Je veux, aussi et avant tout, parler du maire de Champignac : le seul homme politique que je connaisse qui n’ait sa langue ni en bois ni dans sa poche ; le seul homme politique qui fasse passer dans la noblesse de son verbe la hauteur de ses vues et de ses ambitions. 

Mais avant d’en venir au plat de résistance, il est nécessaire de dresser un bref historique de l’éloquence oratoire, qu’elle soit municipale ou judiciaire. Le paradis terrestre de l’éloquence oratoire ne date pas de Périclès, encore moins de Cicéron. 

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Il remonte à « Christophe », le facétieux Georges Colomb qui dessina et écrivit « pour se désennuyer un peu » (citation de qui, dites voir un peu ? Allez, je vous aide, c’est quelqu’un qui parle de quelqu'un qui « joue à bousculer les roses ») les aventures du preux « Sapeur Camember », prénommé François-Baptiste-Ephraïm, né à Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure) un des vingt-cinq 29 février du 19èmesiècle, en 1844.

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MAÎTRE BAFOUILLET, DANS SES OEUVRES

Le derrière du major Mauve a été heurté malencontreusement par le pied de Camember, qui passe en Conseil de guerre pour outrage à supérieur. Inutile de dire que ça date d'une époque où les hiérarchies étaient respectées. L’avocat s’appelle Bafouillet, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne bafouille pas (pardon !).

 

Après les fleurs de rhétorique de Maître Bafouillet, il convient de ne pas oublier le talent déployé par l’officier municipal – malheureusement anonyme – d’une petite commune du centre de la France, lors des épousailles de deux de ses administrés. Observons que lui aussi sait travailler le bois de la langue dans la dégauchisseuse d’un style aux accents de terroir que la télévision parisienne a définitivement éradiqué. Voici la chose (c'est une petit extrait).

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IL FAUDRAIT DIRE A CE MAIRE EPOUVANTABLEMENT REACTIONNAIRE QUE LES INSTITUTIONS (MARIAGE, ...) EVOLUENT,

ET QUE ÇA S'APPELLE LE PROGRÈS, NOM DE DIEU ! DEPUIS QUAND LE MARIAGE SE REDUIT-IL A L'UNION D'UN HOMME ET D'UNE FEMME ?

Moi qui ai gardé dans l’oreille les intonations de Léon C., bande dessinée,tintin,christophe,sapeur camember,georges colomb,peine de mort,chine,décapitation,franquin,spirou et fantasio,gérard collomb,art oratoiredésormais disparu, quand il parlait son patois du Dauphiné avec ses amis du village, je me permets de regretter amèrement de ne plus pouvoir entendre pareille musique. J’entends encore tout ce qu’on y a perdu.

 

Enfin, ces discours de bandes dessinées hauts en couleur, je trouve que ce n'est pas mauvais, comme mise en bouche.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 15 novembre 2012

PLICK ET PLOCK CHEZ TINTIN

 

On ne discute plus d’HERGÉ, de nos jours. Le monde entier connaît les aventures de Tintin, reporter au Petit Vingtième. Tout le monde le sait, Tintin et Milou sont des totems adulés dans les villages du Congo, des justiciers détestés dans les gangs de Chicago, d’indéfectibles amis de Tchang dans les solitudes altières du Tibet. Comme on a dit : « Verdun, on ne passe pas ! », on peut dire : « Tintin, on ne touche pas ! ». Et ce n’est pas moi qui vais commencer à débiner la marchandise. 

 

Il y a un culte de Tintin qui, ne le nions pas, s’est répandu à travers le monde. On peut ajouter que certains commerçants avisés ont su mettre à profit la mode des « produits dérivés » pour améliorer l’état de leur compte en banque. A cet égard, je pense qu’on pourrait dire à bon droit que Tintin est le premier « blockbuster » de l’histoire, puisque les premières fusées XFLR-6 vendues dans le commerce (vous savez, le damier rouge et blanc, ça, c’était de la « com ») doivent remonter aux années 1950. Enfin, je n’en sais rien. 

 

Je ne suis certes pas « tintinolâtre », mais je peux me dire à bon droit « tintinophile », ayant, dans le temps, lutté victorieusement contre des individus qui croyaient pouvoir m’en remontrer dans la connaissance des détails. Mais ces temps épiques appartiennent au passé, et j’avoue que le goût du bachotage tintinesque, alors pratiqué en vue de briller auprès de quatre ou cinq obscurs quidams, ne fait plus, depuis longtemps, partie de mes priorités. Je vois désormais les choses avec un certain recul philosophique, et les viscères durablement pacifiées.

 

Cela rend d’autant plus intéressantes certaines « trouvailles » opérées au gré du hasard de lectures diverses. C’est ainsi que, ayant rouvert le volume des Malices de Plick et Plock, de CHRISTOPHE, je suis tombé sur des images qui m’ont ramené aussitôt à HERGÉ. Le volume est beaucoup moins connu que Le Sapeur Camember ou Le Savant Cosinus.

 

Sauf que Plick et Plock, ça a été publié entre 1893 et 1904. Longtemps avant Le Temple du soleil (1949), 13ème épisode de la saga (si l’on fait abstraction de l’assez mauvais épisode soviétique, soi-disant le premier, mais pour moi, ça vaut autant que la 1ère dent de lait tombée de la gencive de la 1èresouris, même si ça n'empêche pas l'édition princeps d'être cotée 35.000 euros, ils sont fous ces Romains).

 

Alors bon, quelque adepte contemporain de l’Eglise de l’Ou.Li.Po. (« Ouvroir de Littérature Potentielle ») plaidera je ne sais quel « plagiat par anticipation » (ils auraient tout aussi bien pu dire « précurseur postérieur » pour désigner le plagiaire), et dira que c’est GEORGES COLOMB (alias CHRISTOPHE) le coupable, et qu’il a piqué l’idée à HERGÉ (né en 1907) en reniflant sa boule de cristal.

 

Je vous explique. Dans Le Temple du soleil, Tintin, Milou, Haddock et Zorrino gagnent le dit temple en traversant les Andes. Sur tout leur parcours, de méchants Indiens tentent de les empêcher d’arriver. Parvenus aux neiges éternelles, ils subissent une avalanche déclenchée par l’éternuement d’Haddock. Pour le ressusciter, Tintin ouvre la bouteille de whisky, qu’Haddock, aussitôt réveillé, avale cul-sec.

Et c’est en poursuivant les lamas (rappelez-vous : « Quand lama fâché, senor, lui toujours faire ainsi. ») qu’il tombe (littéralement) sur les méchants, en se transformant en énorme boule de neige, qui les précipite du haut d’une falaise, alors que sa boule à lui se fracasse sur un rocher. Il l’a échappée belle.

Or on trouve, dans Plick et Plock, la même idée, pas au millimètre près, mais pas loin. Là, c’est Plick qui joue le rôle de la boule de neige, et c’est un « arbre providentiel » qui joue le rôle du rocher, Plock se contentant de jouer le rôle du whisky, puisque c’est lui qui pousse Plick dans la pente neigeuse. Même accident, même pied qui dépasse. Il n’y a pas à s’y tromper : HERGÉ a lu CHRISTOPHE. Mieux : il s’en est souvenu.  

That’s all, folks ! Juste le temps d’ajouter qu’ANDRÉ FRANQUIN s’est lui aussi souvenu de CHRISTOPHE dans une histoire de son Gaston Lagaffe. Gaston, qui a inventé un moyen révolutionnaire de se débarrasser du sapin de Noël sans semer des aiguilles partout (grâce à je ne sais plus quelle colle miraculeuse), se retrouve entièrement couvert des dites aiguilles. Et que c’est au hasard d’une corde pincée de son inénarrable gaffophone qu’il s’en trouve en un instant nettoyé (« Pff ! Gaston s’en sort toujours », lance-t-il à Fantasio ou Lebrac, je ne sais plus).

 

 

Eh bien on trouve un peu la même idée dans Plick et Plock : nos deux gnomes qui n'arrêtent pas de faire des bêtises sont aux prises avec l'électricité statique. L'un reste collé au mur, l'autre se voit recouvert des poils d'un caniche qui vient d'être tondu. Mlles Zig et Zag (souvenir des Voyages en zig-zag du grand RODOLPHE TÖPFFER ?) ne sont pas tombées de la dernière pluie, et d'un bout d'aiguille débarrassent illico les deux garnements. 

 

Longue vie à Tintin (bien qu’il manque carrément d'humour), longue vie à Gaston (parce qu’il est le bienheureux désordre dans une machine trop bien huilée). 

 

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 05 mai 2012

DES NOUVELLES DE TCHERNOBYL

Pas la peine de refaire l’histoire : Tchernobyl est le petit nom de la catastrophe, Fukushima pourrait être le nom de famille. Tout le monde connaît le jeu des 7 familles : dans la famille Catastrophe, je demande ... Donc, tout le monde connaît le petit garçon nommé Tchernobyl Fukushima, un sacré morveux, un galapiat capable de toutes les facéties, y compris les pires. Comme le chantent les Quatre Barbus (texte de FRANCIS BLANCHE) : « Il montrait à tous les passants son Cul-rieux esprit compétent ».

 

 

 

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Vous avez reconnu Jérémie Victor Opdebec, immortel inventeur de la pince à linge, célébré dans l’hymne commençant par Pom-Pom-Pom-Pom, point-point-point-trait, le V de la victoire en alphabet morse, vous savez, « ici Londres, les Français parlent aux Français », sur un air bien connu de BEETHOVEN (la symphonie en ut mineur, la n° 5, celle qui a eu sa préférence jusqu'à la fin).

 

 

Et comme le chante BOBY LAPOINTE : « On l’a mené à l’hôpital Pour le soigner où il avait mal. Il s’était fait mal dans la rue, mais on l’a soigné autre part. … Et il est mort ! ». Eh oui, le petit Tchernobyl Fukushima est désormais un cadavre. Mais un cadavre pas comme les autres. Un cadavre éminemment précieux entre tous. Une sorte de roi, de prince oriental. Disons une sorte de PHARAON, et n’en parlons plus.

 

 

Allez, vous me voyez venir avec mes gros sabots. Mais c’était trop évident pour y échapper : le SARCOPHAGE. Rien que l’idée de donner ce nom à la première enceinte de confinement, c’est vraiment une drôle d’idée. Pour une raison simple : « sarko » (désolé, je n’y peux rien, c’est du grec : σαρξ, σαρκος, je passe les accents) veut dire « chair », et « phage », « manger ».  

 

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Le sarcophage est supposé manger la chair du mort. C’était une belle idée, mais parce que c’était l’antiquité, le temps des momies (« c'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure », chantait FRANÇOISE HARDY) et du respect des morts : on les mangeait. Aujourd’hui ? Ça fait curieux. Parce que la chair atomique, franchement, très peu pour moi. Je ne suis pas doué pour être sarkophage. L'Atomic Sarko est proprement immangeable. Je n’ai pas envie de m’empoisonner.

 

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JE L'AI PERDU DANS MON GRAND LIT,

MON DIEU QUEL HOMME QUEL PETIT HOMME !

(chanson pour enfants, qu'ils disent!)

 

J’ai dit « la première enceinte », parce qu’il va y en avoir une seconde, pour remédier aux faiblesses de l’autre, qui laisse échapper, paraît-il, des tas de choses pas bonnes pour la santé (150 m² sont à ciel ouvert). Pourtant, à voir de loin, ça a l’air d’être du sérieux, cette enceinte en métal et béton.

 

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SARKOPHAGE N° 1

 

Le cadavre est dans le placard, mais la porte ferme mal ? Il faut mettre le placard dans un placard plus grand, ça a l'air logique, comme ça. C’est ce qui se dessine. Les journaux appellent ça un « sarcophage géant ».

 

 

Un gadget fut en faveur, un temps, dans les cuisines : le « sac à sacs », vous savez, ces choses informes pendues à je ne sais quoi. Eh bien, à Tchernobyl, c’est la même chose, un « placard à placard », sauf les dimensions. Pour donner une idée : 400 pieux métalliques d’un mètre de diamètre. La construction pèsera 30.000 tonnes. Quatre fois la gringalette Tour Eiffel, il paraît.

 

 

 

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L’épaisseur de la paroi extérieure ? Soixante centimètres (mais je lis ailleurs « une double peau de douze mètres d’épaisseur », il faudrait savoir). Elle a intérêt à être étanche, à ce prix-là. Le contrat garantit l’étanchéité pendant un siècle. Après ? Démerdez-vous !

 

 

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 botte not’liste » (« pardon my english », comme dit GEORGE GERSHWIN dans sa pochade musicale, mais qui fait passer un très bon moment), l’ensemble aura une hauteur de 108 mètres. La Statue de la Liberté pourrait y tenir debout. Mais je demande : est-il raisonnable de déplacer la Statue de la Liberté dans une centrale nucléaire en ruine ?

 

 

Cela m’inspire une question : est-ce que l’homme était assez fort pour déclencher la puissance de l’atome ? Est-ce que l’homme a la dimension de l’atome ? Est-il raisonnable de se mettre dans l’obligation de soigner la maladie nucléaire fulgurante dont un géant est atteint, qui risque de contaminer tout le monde ?

 

 

 

Certains diront : c’est déjà fait. J’en conviens. Ben oui : c'est trop tard. On attendait GROUCHY, c'était BLÜCHER. On a appelé ça Waterloo. Côté Tchernobyl, et je ne parle pas de Fukushima, le Waterloo est encore devant nous. Et Waterloo, vu la longévité humaine, sera toujours devant nous. La défaite de Waterloo érigée en état permanent, l'homme n'en a pas rêvé, et Sony ne l'a pas fait. L'industrie nucléaire, si.

 

 

Car le problème, c’est que le cadavre de ce géant n’est pas mort, il bouge encore, et pour longtemps. Pas loin d’être éternel, même. Après tout, c’est ce que je me dis, c’est peut-être un dieu qui est étendu, là-bas, à Tchernobyl. Le dieu Atome en personne. C’est peut-être une cathédrale, qu’on lui construit. Mais une drôle de cathédrale, où il serait interdit à la foule de pénétrer pour déclamer des prières et chanter des cantiques en l’honneur du dieu Atome. Quelle époque étrange, quand même !

 

 

Pas moins de vingt-trois portes blindées de 8 mètres sur 8 sépareront la divinité du monde extérieur. Il n’est pas question de laisser les fidèles recevoir l’onction sainte : c’est comme dans l’Egypte ancienne, où seuls les prêtres ont le droit d’approcher la statue du dieu. Eux seuls auront le privilège d’être contaminés par le cœur brûlant de l’Etre Suprême (« Ave ROBESPIERRE, ceux qui vont mourir pour l'Atome te saluent »). Ils sont supposés en tirer une connaissance secrète, strictement réservée aux initiés.

 

 

Eh bien moi, je vais vous dire : cette connaissance secrète, je la leur laisse, aux prêtres, encore que, pour le démantèlement de la statue du dieu, il soit prévu d’utiliser au maximum des robots, vils êtres sans conscience, inaccessibles à la majesté de la métaphysique nucléaire et à la sublimité du culte qui entoure le dieu Atome depuis sept décennies. Non, décidément, l’homme n’est pas à la hauteur de la divinité, et ne mérite pas tous les bienfaits que celle-ci déverse sur sa tête avec l’abondance de sa générosité infinie.

 

 

Rendez-vous compte, rien que pour commencer à travailler, il a fallu décontaminer neuf hectares, couler 25.000 m³ de béton sur trente centimètres d’épaisseur, déblayer 55.000 m³ de matières contaminées et 135.000 m³ de matériaux « propres » sur quatre mètres de hauteur. Tiens, c’est vrai ça, l’histoire ne dit pas où on a mis tout le contaminé. J’espère qu’il n’ont pas fait comme le Sapeur Camember, du grand GEORGES COLOMB, alias CHRISTOPHE, qui doit creuser un trou pour y enfouir la terre du trou qu’il a creusé auparavant pour y mettre la terre du trou …

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Bref, tout ça ne semble guère raisonnable, de la part de personnes qui – prises individuellement – ont depuis longtemps passé l’âge de raison, mais qui collectivement s’encouragent à courir plus vite. Vers où ? Le Monsieur Prudhomme de HENRI MONNIER a déjà répondu (autour de 1850) : « On ne va jamais plus loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va ».

 

 

Il est vrai que les trouvailles de Monsieur Prudhomme sont nombreuses et réjouissantes : « Regarde, mon fils, la sagesse de la nature, qui a fait passer les rivières au milieu de nos villes » ou : « Si Napoléon était resté officier d’artillerie, il serait encore sur le trône ». Bon, ça n’a rien à voir avec Tchernobyl. Je sais. Et alors ?

 

 

De toute façon, rien ne vaudra jamais cette maxime qui permet à l'humanité de survivre en milieu hostile :

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Nous mourrons rassurés.

 

mercredi, 29 février 2012

N'OUBLIEZ PAS LA BOUGIE DU SAPEUR

Nous sommes le 29 février. Le n° 9 de La Bougie du sapeur est sorti. N'oubliez pas de vous procurer un numéro forcément "collector" de cette revue quadriennale qui rend hommage au vaillant et facétieux Sapeur Camember, né un certain 29 février 1844 à Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure), des amours légitimes d'Anatole Camember, cultivateur, et de Polymnie Cancoyotte, son épouse. Voici la physionomie du n° 8, paru le 29 février 2008.

 

 

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La biographie de François-Baptiste-Ephraïm Camember a été méticuleusement retracée et, disons-le, magnifiée par CHRISTOPHE, alias GEORGES COLOMB de son nom de baptême, lui-même né en 1856 à Lure (Haute-Saône), et qui ne fut pas que facétieux, puisqu'il intégra brillamment l'Ecole Normale Supérieure et sera professeur à la Sorbonne.

 

Longue vie à La Bougie du sapeur

 

Voilà ce que je dis, moi.  

Sans faute, à demain les OGM. Il n'y a pas que ça dans la vie, n'est-ce pas ?