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vendredi, 13 avril 2018

LA POLLUTION EXPLIQUÉE AUX ENFANTS

 3 décembre 2011

Durban ? C’est où ? C’est là où il y a de belles plages sur l’océan Indien, un peu au sud du Swaziland et du Mozambique. C’est là que les écologistes et les gouvernements de la planète font trempette en ce moment pour veiller à la santé de la dite planète. C’est beau, l’écologie, non ? Moi qui suis un peu demeuré, je n’ai pas encore bien compris de quoi il retourne, dans cette affaire.   

Est-ce qu’il s’agit de jeter dans la bonne poubelle les bouteilles en plastique, les journaux, les épluchures et les boîtes de conserve, vous savez, ce qu’on appelle du merveilleux pléonasme « tri sélectif » ? Ou bien d’en finir avec l’extraction forcenée de toutes les ressources des sous-sols et avec la destruction des dernières forêts primaires qui subsistent en Amazonie et à Bornéo ? Quoi, ce n’est pas la même échelle ? Bien sûr, puisque ce sont les deux bouts d'un seul et même processus : 1-extraction-production-fabrication ; 2-consommation ; 3-déjection.  

A l'arrivée, la poubelle, enfin tout ce qui peut servir de poubelle, c’est la rivière, l'air, l’usine d’incinération, La Hague, Stocamine (allez voir ça, par curiosité). C’est à ciel ouvert ou enfoui. Ça reste à domicile ou ça va au Sénégal (affaire dite du « Probo Koala »). Ajoutons, comme poubelle, nos poumons, nos estomacs, enfin nos organismes et tout ce qui circule à l'intérieur, avec les conséquences que l'on pressent sans pouvoir jamais les prouver.

Soit dit à ce propos et entre parenthèses, aucun scientifique n'a encore pu prouver que tel produit de l'industrie chimique est la cause de tel cancer, à la notable exception près de l'asbestose, cancer de la plèvre provoqué par les fibres d'amiante inhalées. Mais d'une manière générale, constatons simplement que le nombre des cancers et autres maladies chroniques a explosé, et curieusement, au rythme où se développaient la création et l'usage de molécules toujours nouvelles et toujours plus performantes (sans parler, je parle en avril 2018, de la disparition massive des abeilles, des insectes de nos campagnes et des oiseaux qui, autrefois, peuplaient les haies et les champs). Mais gageons que ce n'est pas une raison pour mettre en cause toutes les trouvailles qui sortent des laboratoires de l'industrie chimique. Unanime, elle se proclame : « Non coupable, ou alors prouvez-le scientifiquement ! ».   

Quand c’est du sac plastique, la poubelle peut aussi être le milieu de l’Atlantique ou du Pacifique, où le berger (le vortex des courants océaniques) a rassemblé son troupeau (des milliards de milliards de minuscules morceaux de plastique), au point de former de véritables continents observables d'en haut.  

Au départ, l’extraction forcenée de tout ce qui peut servir. En gros, il y a deux autoroutes. Sur l’autoroute A1, le fer, le manganèse, le cuivre, bref, tous les métaux, tous les minerais utilisables pour fabriquer des objets et pour produire des produits. Sur l’autoroute A2, le charbon, le pétrole, le gaz, bref, tout ce qui peut servir à faire marcher les machines. Appelons ça les « sources d’énergie ». Sans autoroute A2, pas d’autoroute A1. Sans énergie, pas de fabrique d’objets ni de production de produits. Et pas de production non plus s'il n'y a pas des gogos pour attraper à n'importe quel prix n'importe quelle nouveauté, juste parce que c'est la nouveauté (c'est "ludique", on vous dit).

Malheureusement, aujourd'hui, le gogo court les rues : il a proliféré comme un petit animal foisonnant, à l'affût de toutes les proies qui passent à sa portée. Je veux parler ici de tout ce qui se présente sous le masque de la nouveauté radicale : le "dématérialisé", le "connecté", le "géolocalisé", le "réticulaire" (de "réseau social"). Le petit animal est insatiable et vorace, et surtout, il ne se pose aucune question sur le destin des données personnelles qu'il injecte tout ce qui est connecté : il se fait aveugle et sourd par choix ("par défaut" : il ne veut pas savoir, il veut "avoir accès" et se servir). Tout objet "moderne" se doit, s'il veut séduire la clientèle, d'être connecté : enceintes audio, montres, poupées, etc. 

Entre les deux, soyons clair et net, la pollution. Je simplifie, bien sûr, mais c’est juste pour la clarté du propos. Certes, il y a déjà de la pollution dans l’extraction forcenée, et il y en a encore dans toutes nos poubelles. Mais l’essentiel se passe entre l’extraction et la poubelle. Appelons ça les opérations de « transformation ». Appelons ça « l’industrie », l’usine, si vous voulez.  

L’usine, c’est très simple : à l’entrée, les deux autoroutes (A2, matières de production d’énergie et A1, matières de production d’objets). A la sortie, toujours deux autoroutes : A3, pour les déchets de l’usine, et A4 pour les objets manufacturés. 

Pour résumer, la pollution, qu’est-ce que c’est, à tout prendre ? Je vais vous dire : c’est tout ce qui se passe depuis l’extraction forcenée jusqu’à  tous les beaux appareils qui ornent nos cuisines, nos salles de bains, nos séjours. Enfin bref, tous les objets qui nous servent quand nous sommes chez nous. Tout ce que nous consommons, c'est déjà une pollution.

Aussi longtemps que la planète fut peuplée par trois pelés et un tondu qui se baladaient avec à la main de quoi cueillir et tuer de quoi se nourrir, il n'y a eu aucun problème de pollution : la nature était encore assez puissante pour tout dissoudre (restes de nourriture, cendre, excréments, etc.) en un clin d’œil et le réinjecter dans le circuit. Aujourd'hui, nous sommes trop nombreux pour la nature, qui a perdu de la puissance entre-temps, digère tout ce que nous rejetons par tous les bouts.

Tant qu’on y est, allons-y carrément : la pollution, c’est tous les objets qui nous servent quand nous sortons de chez nous, quand nous allons travailler, pendant que nous travaillons. Quand nous allons au loisir, de temps en temps, car il faut bien  nous distraire de cette vie tuante que nous passons à fabriquer, entretenir et jeter des objets censés nous la faciliter, la vie tuante. Jamais contents, nous nous plaignons de nous tuer à travailler, mais pas question quand même de renoncer à un minimum de confort. On n’est pas des bêtes. Moi, je dis que ça reste à voir, mais bon.  

Elle est là et nulle part ailleurs, la pollution. Le canapé du salon ? Mais comment je vais regarder mon home cinéma, moi ? Le frigo ? Et la bière au frais pour les jours de canicule ? Et les réserves de saumon à l’aneth et de bœuf bourguignon « Picard », pour quand j’aurai la flemme de ressortir pour faire les courses ?  

Le lave-vaisselle et le lave-linge, alors, ce n’est même pas la peine d’en parler. J’en fais un « casus belli ». Et vous n’avez pas intérêt à me répondre, comme Bad Ticket, face au juge Roy Bean, en présence de Lucky Luke : « Je ne connais pas ce Casus Belly dont vous parlez et je ne lui ai rien fait » (Le Juge, de Morris, c’est page 40 de l’album n° 13).

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Sérieusement, vous vous voyez vous passer de tous ces objets plus ou moins laids, programmés pour être jetés au bout d’un temps variable, déterminé au moment de leur conception (ça s’appelle « obsolescence programmée »), et remplacés par d’autres tout aussi laids et programmés, mais plus « up to date » ? 

Renoncer à ma chaudière au gaz ? Renoncer à ma plaque vitro-céramique ? Renoncer à mon ordinateur, sur lequel je m’escrime en ce moment même ? Monter à pied les vingt-sept étages qui vous séparent de chez vous ? Franchir à pied les kilomètres qui vous séparent des magasins de Noël ? Revenir à pied du magasin ou du supermarché les bras, le dos et la tête chargés de paquets ? Vous n'y pensez pas. 

Entre parenthèses, c’est un truc génial, l’obsolescence programmée. Une trouvaille d’industriels qui veulent vendre plus et plus souvent.  Rendez-vous compte : une ampoule électrique qui résiste dix ou vingt ans, comme on en a fabriqué au début, un lave-linge tellement solide que, cinquante ans après, il a toujours l’haleine fraîche. Le rêve.  

Mais ce genre de matériel, ce serait bon parce qu’on le paierait à prix d’or si on en avait les moyens, mais c’est la mort de l’industrie que vous voulez ? Des emplois ? Allons, il faut bien qu’on jette. Ça fait tourner la machine. Le problème, il est là et nulle part ailleurs. La machine, elle crève si elle s’arrête. Et nous avec. Un seul mot d'ordre, une seule règle de vie : consommons, continuons à consommer, à jeter, à acheter, jeter, racheter, .... jusqu'à ... jusqu'à ?

Cela s'appelle une cercle vicieux. Et bien malin qui nous en fera sortir. 

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 05 mai 2012

DES NOUVELLES DE TCHERNOBYL

Pas la peine de refaire l’histoire : Tchernobyl est le petit nom de la catastrophe, Fukushima pourrait être le nom de famille. Tout le monde connaît le jeu des 7 familles : dans la famille Catastrophe, je demande ... Donc, tout le monde connaît le petit garçon nommé Tchernobyl Fukushima, un sacré morveux, un galapiat capable de toutes les facéties, y compris les pires. Comme le chantent les Quatre Barbus (texte de FRANCIS BLANCHE) : « Il montrait à tous les passants son Cul-rieux esprit compétent ».

 

 

 

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Vous avez reconnu Jérémie Victor Opdebec, immortel inventeur de la pince à linge, célébré dans l’hymne commençant par Pom-Pom-Pom-Pom, point-point-point-trait, le V de la victoire en alphabet morse, vous savez, « ici Londres, les Français parlent aux Français », sur un air bien connu de BEETHOVEN (la symphonie en ut mineur, la n° 5, celle qui a eu sa préférence jusqu'à la fin).

 

 

Et comme le chante BOBY LAPOINTE : « On l’a mené à l’hôpital Pour le soigner où il avait mal. Il s’était fait mal dans la rue, mais on l’a soigné autre part. … Et il est mort ! ». Eh oui, le petit Tchernobyl Fukushima est désormais un cadavre. Mais un cadavre pas comme les autres. Un cadavre éminemment précieux entre tous. Une sorte de roi, de prince oriental. Disons une sorte de PHARAON, et n’en parlons plus.

 

 

Allez, vous me voyez venir avec mes gros sabots. Mais c’était trop évident pour y échapper : le SARCOPHAGE. Rien que l’idée de donner ce nom à la première enceinte de confinement, c’est vraiment une drôle d’idée. Pour une raison simple : « sarko » (désolé, je n’y peux rien, c’est du grec : σαρξ, σαρκος, je passe les accents) veut dire « chair », et « phage », « manger ».  

 

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Le sarcophage est supposé manger la chair du mort. C’était une belle idée, mais parce que c’était l’antiquité, le temps des momies (« c'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure », chantait FRANÇOISE HARDY) et du respect des morts : on les mangeait. Aujourd’hui ? Ça fait curieux. Parce que la chair atomique, franchement, très peu pour moi. Je ne suis pas doué pour être sarkophage. L'Atomic Sarko est proprement immangeable. Je n’ai pas envie de m’empoisonner.

 

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JE L'AI PERDU DANS MON GRAND LIT,

MON DIEU QUEL HOMME QUEL PETIT HOMME !

(chanson pour enfants, qu'ils disent!)

 

J’ai dit « la première enceinte », parce qu’il va y en avoir une seconde, pour remédier aux faiblesses de l’autre, qui laisse échapper, paraît-il, des tas de choses pas bonnes pour la santé (150 m² sont à ciel ouvert). Pourtant, à voir de loin, ça a l’air d’être du sérieux, cette enceinte en métal et béton.

 

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SARKOPHAGE N° 1

 

Le cadavre est dans le placard, mais la porte ferme mal ? Il faut mettre le placard dans un placard plus grand, ça a l'air logique, comme ça. C’est ce qui se dessine. Les journaux appellent ça un « sarcophage géant ».

 

 

Un gadget fut en faveur, un temps, dans les cuisines : le « sac à sacs », vous savez, ces choses informes pendues à je ne sais quoi. Eh bien, à Tchernobyl, c’est la même chose, un « placard à placard », sauf les dimensions. Pour donner une idée : 400 pieux métalliques d’un mètre de diamètre. La construction pèsera 30.000 tonnes. Quatre fois la gringalette Tour Eiffel, il paraît.

 

 

 

TCHERNOBYL SARCOPH.jpg

 

L’épaisseur de la paroi extérieure ? Soixante centimètres (mais je lis ailleurs « une double peau de douze mètres d’épaisseur », il faudrait savoir). Elle a intérêt à être étanche, à ce prix-là. Le contrat garantit l’étanchéité pendant un siècle. Après ? Démerdez-vous !

 

 

Et, « l’as     AS DE PIQUE.jpg

 botte not’liste » (« pardon my english », comme dit GEORGE GERSHWIN dans sa pochade musicale, mais qui fait passer un très bon moment), l’ensemble aura une hauteur de 108 mètres. La Statue de la Liberté pourrait y tenir debout. Mais je demande : est-il raisonnable de déplacer la Statue de la Liberté dans une centrale nucléaire en ruine ?

 

 

Cela m’inspire une question : est-ce que l’homme était assez fort pour déclencher la puissance de l’atome ? Est-ce que l’homme a la dimension de l’atome ? Est-il raisonnable de se mettre dans l’obligation de soigner la maladie nucléaire fulgurante dont un géant est atteint, qui risque de contaminer tout le monde ?

 

 

 

Certains diront : c’est déjà fait. J’en conviens. Ben oui : c'est trop tard. On attendait GROUCHY, c'était BLÜCHER. On a appelé ça Waterloo. Côté Tchernobyl, et je ne parle pas de Fukushima, le Waterloo est encore devant nous. Et Waterloo, vu la longévité humaine, sera toujours devant nous. La défaite de Waterloo érigée en état permanent, l'homme n'en a pas rêvé, et Sony ne l'a pas fait. L'industrie nucléaire, si.

 

 

Car le problème, c’est que le cadavre de ce géant n’est pas mort, il bouge encore, et pour longtemps. Pas loin d’être éternel, même. Après tout, c’est ce que je me dis, c’est peut-être un dieu qui est étendu, là-bas, à Tchernobyl. Le dieu Atome en personne. C’est peut-être une cathédrale, qu’on lui construit. Mais une drôle de cathédrale, où il serait interdit à la foule de pénétrer pour déclamer des prières et chanter des cantiques en l’honneur du dieu Atome. Quelle époque étrange, quand même !

 

 

Pas moins de vingt-trois portes blindées de 8 mètres sur 8 sépareront la divinité du monde extérieur. Il n’est pas question de laisser les fidèles recevoir l’onction sainte : c’est comme dans l’Egypte ancienne, où seuls les prêtres ont le droit d’approcher la statue du dieu. Eux seuls auront le privilège d’être contaminés par le cœur brûlant de l’Etre Suprême (« Ave ROBESPIERRE, ceux qui vont mourir pour l'Atome te saluent »). Ils sont supposés en tirer une connaissance secrète, strictement réservée aux initiés.

 

 

Eh bien moi, je vais vous dire : cette connaissance secrète, je la leur laisse, aux prêtres, encore que, pour le démantèlement de la statue du dieu, il soit prévu d’utiliser au maximum des robots, vils êtres sans conscience, inaccessibles à la majesté de la métaphysique nucléaire et à la sublimité du culte qui entoure le dieu Atome depuis sept décennies. Non, décidément, l’homme n’est pas à la hauteur de la divinité, et ne mérite pas tous les bienfaits que celle-ci déverse sur sa tête avec l’abondance de sa générosité infinie.

 

 

Rendez-vous compte, rien que pour commencer à travailler, il a fallu décontaminer neuf hectares, couler 25.000 m³ de béton sur trente centimètres d’épaisseur, déblayer 55.000 m³ de matières contaminées et 135.000 m³ de matériaux « propres » sur quatre mètres de hauteur. Tiens, c’est vrai ça, l’histoire ne dit pas où on a mis tout le contaminé. J’espère qu’il n’ont pas fait comme le Sapeur Camember, du grand GEORGES COLOMB, alias CHRISTOPHE, qui doit creuser un trou pour y enfouir la terre du trou qu’il a creusé auparavant pour y mettre la terre du trou …

BD CAMEMBER 4.jpg 

Bref, tout ça ne semble guère raisonnable, de la part de personnes qui – prises individuellement – ont depuis longtemps passé l’âge de raison, mais qui collectivement s’encouragent à courir plus vite. Vers où ? Le Monsieur Prudhomme de HENRI MONNIER a déjà répondu (autour de 1850) : « On ne va jamais plus loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va ».

 

 

Il est vrai que les trouvailles de Monsieur Prudhomme sont nombreuses et réjouissantes : « Regarde, mon fils, la sagesse de la nature, qui a fait passer les rivières au milieu de nos villes » ou : « Si Napoléon était resté officier d’artillerie, il serait encore sur le trône ». Bon, ça n’a rien à voir avec Tchernobyl. Je sais. Et alors ?

 

 

De toute façon, rien ne vaudra jamais cette maxime qui permet à l'humanité de survivre en milieu hostile :

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Nous mourrons rassurés.