vendredi, 29 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (12)
GEORGES PERROS
On naît avec les hommes. On meurt
inconsolé parmi les dieux.
René Char
*
La préface est à l’intérieur.
*
UNE VIE ORDINAIRE
On m’a bien dit que j’étais né
mais de si drôle de façon
je me méfie des gens qui m’aiment
sans trop pouvoir faire autrement
bref j’attends confirmation
de cet événement suspect
rien ne m’ayant encor donné
l’enviable sensation
d’être tout à fait là sur terre
plutôt que dépendant d’un ciel
qui change souvent de chemise
bien plus que moi.
N’importe allons
Je suis pour le discours humain
Je suis pour la moitié de pain
Le désespoir c’est de se taire
Et si mon langage vous pèse
quoique si léger si fuyant
rien de plus facile à votre aise
que de jeter ce livre au vent.
De cet étonné d’être là
il avait sept mois et demi
(Ah ce mois et demi me manque
Je suis l’homme d’un courant d’air
qui aurait trouvé sa fenêtre
un peu trop vite se lâchant
dans la nature sans avoir
pris nécessaire rendez-vous
Ne cherchez donc pas trop ailleurs
ce qui mutile ma parole
elle est dans le vent et ne tire
qu’un pauvre diable par la queue)
qui se noyait dans la cuvette
il pesait moins de trois kilos
il était condamné à mort
au reste l’est-il pas toujours
comme mort son frère jumeau
avant même d’avoir vécu
(mais c’est plutôt sœur que j’aurais
aimé sentir en même temps
que moi vivant sur cette terre
et j’en aurais été jaloux
supportant mal qu’elle préfère
me faire cadeau d’un beau-frère)
il m’étonne encor d’éprouver
le taciturne goût de vivre
Je l’entends qui se parle en moi
comme dans un habit trop grand
se débattent la chair et l’os
d’un qui aurait poussé trop vite.
*
GEORGES PERROS
Une vie ordinaire.
(C'est le tout début de ce délectable "roman poème".)
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jeudi, 28 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (11)
GUILLAUME APOLLINAIRE
*
FÊTE
A André Rouveyre.
Feu d’artifice en acier
Qu’il est charmant cet éclairage
Artifice d’artificier
Mêler quelque grâce au courage
Deux fusants
Rose éclatement
Comme deux seins que l’on dégrafe
Tendent leurs bouts insolemment
IL SUT AIMER
quelle épitaphe
Un poète dans la forêt
Regarde avec indifférence
Son revolver au cran d’arrêt
Des roses mourir d’espérance
Il songe aux roses de Saadi
Et soudain sa tête se penche
Car une rose lui redit
La molle courbe d’nue hanche
L’air est plein d’un terrible alcool
Filtré des étoiles mi-closes
Les obus caressent le mol
Parfum nocturne où tu reposes
Mortification des roses
*
GUILLAUME APOLLINAIRE
Calligrammes.
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mercredi, 27 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (10)
TRISTAN TZARA
*
Homme approximatif comme moi comme toi lecteur et comme les autres
Amas de chairs bruyantes et d’échos de conscience
Complet dans le seul morceau de volonté ton nom
Transportable et assimilable poli par les dociles inflexions des femmes
Divers incompris te mouvant dans les à-peu-près du destin
Avec un cœur comme valise et une valse en guise de tête
Buée sur la froide glace tu t’empêches toi-même de te voir
Grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage
Cependant les hommes chantent en rond sous les ponts
Du froid la bouche bleue contractée plus loin que le rien
Homme approximatif ou magnifique ou misérable
Dans le brouillard des chastes âges
Habitation à bon marché les yeux ambassadeurs de feu
Que chacun interroge et soigne dans la fourrure de caresses de ses idées
Yeux qui rajeunissent les violences des dieux souples
Bondissant aux déclenchements des ressorts dentaires du rire
Homme approximatif comme moi comme toi lecteur
Tu tiens entre tes mains comme pour jeter une boule
Chiffre lumineux ta tête pleine de poésie
*
TRISTAN TZARA
L’Homme approximatif.
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mardi, 26 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (9)
JOË BOUSQUET
MON FRÈRE L’OMBRE
*
Avec ses souliers de pierre
Qu’il tenait à chaque main
Le portier du cimetière
A fait danser le chemin
Avec ses sabots de cendre
Sur les lèvres d’un amant
Le sonneur est venu prendre
Ce qu’il disait en dormant
L’absence aux souliers de feuilles
Donne son cœur pour toujours
Au seul galant qui la veuille
Le vent qui change les jours
La vieille aux souliers de paille
Hisse un fagot sur ses reins
Et dans une ombre à sa taille
Porte la lune à la main
La nuit tous les pas se mêlent
Ce qui nous mène est perdu
L’air est bleu de tourterelles
Le ciel le vent se sont tus
Et pareil à la colombe
Qui meurt sans toucher le sol
Entre l’absence et la tombe
L’oubli referme son vol
Mais il survit du murmure
Où tout se berce en mourant
L’amour des choses qui dure
Au cœur d’un mort qui m’attend
*
JOË BOUSQUET
La Connaissance du soir.
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lundi, 25 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (8)
ARMAND ROBIN
*
LA NUIT
J’ai rejeté le Temps bien loin de mes épaules,
Vos songes, mes humains, sont mon plus vrai manteau ;
Mes genoux, faits d’espace et de collines molles,
Semblables au destin cheminent sans un mot.
Je passe, brune et lente, en la brume des fleuves,
Je n’y laisse flotter que mon indifférence
Mais les eaux, malgré moi, le dos courbé, s’abreuvent
Comme des bœufs, tous noirs, à ma fraîcheur immense.
Les talus, quand j’y dors, semblent guéris des ronces ;
Les arbres que je prends, je ne sens rien pour eux,
En eux je n’ai jamais tenu que mon silence
Et voilà qu’on m’apprend que je les rends heureux !
Hélas ! ne pas savoir pourquoi je suis si douce !
Me direz-vous comment je puis tant vous aimer ?
Mes propres pas me sont plus muets que la mousse !
Par moi sauvés de tout, vous m’avez tous blessée.
*
ARMAND ROBIN
Ma Vie sans moi.
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dimanche, 24 janvier 2021
LA VÉRITÉ SUR L'HYDROXYCHLOROQUINE
Où l'on voit le professeur Didier Raoult s'apprêter à injecter avec sa grosse seringue une dose massive d'hydroxychloroquine à un malade du Covid-19 en phase terminale.
Attention, c'est une seringue à barillet : on voit les doses !
Note : merci, pour l'illustration, à l'inoubliable Jean Giraud.
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samedi, 23 janvier 2021
"LE MONDE" SE DÉBALLONNE
Je serais à la place de Jérôme Fenoglio, je rentrerais sous terre pour me cacher. Le journal Le Monde, qu'il dirige, à présenté ses excuses à tous ceux qui pourraient se sentir blessés par le dessin de Xavier Gorce paru auparavant. Des excuses ! J'aurais tellement honte que je refuserais l'invitation de France Inter à venir expliquer l'attitude de mon journal. Mais non ! Le pire, dans l'affaire de Xavier Gorce — ce remarquable dessinateur de presse qui y plaçait ses "Indégivrables", des sortes de pingouins se contentant de quelques traits pour délivrer des points de vue très souvent marrants sur le monde tel qu'il cloche —, c'est que Jérôme Fenoglio assume.
Droit dans ses bottes, il explique aux micros que les collègues s'empressent de lui tendre (pensez : le directeur du Monde en personne ! Les micros sont déférents avec les gens de pouvoir) : "Un journal est en droit de refuser de publier des propos ou un dessin qui ne sont pas conformes à son orientation" (je cite en substance et dans les grandes lignes).
Le pire, c'est que Le Monde l'a publié, le dessin qui fait polémique ! Et ce dessin, je ne suis pas le seul à le trouver excellent : le tiédasse Plantu lui-même, qui s'apprête à prendre sa retraite de la "une" du Monde, l'a déclaré sur France Culture.
Et vous savez pourquoi je le trouve excellent, ce dessin ? D'abord parce qu'il jette une lumière inattendue, donc marrante – que certains jugeront incongrue – sur une question qui agite toute la médiasphère jusqu'au tohu-bohu (c'est à Freud qu'on doit l'expression "tohu-bohu de l'inceste", ce n'est peut-être pas dans son célèbre livre Totem et tohu-bohu) ; ensuite parce j'ai immédiatement pensé à un autre dessin formidable, mais qui traitait simplement, il y a fort longtemps, d'un paradoxe temporel tout à fait science-fictionesque : un type remonte le temps, rencontre une femme qui se trouve être sa mère-mais-il-ne-le-sait-pas, l'épouse, et je vous passe les déductions embrouillées et jubilatoires que Gotlib en tirait (à moins que ce ne soit Goscinny : je ne me rappelle plus si c'était dans les Dingodossiers ou la Rubrique-à-brac).
Honte à vous, monsieur Fenoglio ! Honte au journal Le Monde ! Quelle infamie ! Quelle déchéance pour le soi-disant "journal-de-référence" ! Bon, les optimistes se diront que Le Monde n'a pas emboîté le pas au New York Times, qui est allé jusqu'à bannir de toutes ses pages toute intervention dessinée quelle qu'elle soit. Mais là on est dans les folles dérives de la pudibonde, puritaine, hypocrite Amérique.
J'en conclus que l'Amérique n'a pas fini d'exporter – et jusque dans des pays si fiers d'habitude pour prendre la défense de la liberté d'expression, et quelques journalistes d'exception l'ont payé de leur vie !!! – son exécrable "politiquement correct", où ce sont toutes les minorités qui dictent leur loi à la majorité et qui, au moindre chatouillis ressenti à la surface de leur "sensibilité", se débrouillent pour faire taire ceux qu'ils considèrent comme des agresseurs ! Dans le cas du dessin de Xavier Gorce, on peut voir qu'un journal comme Le Monde a une pétoche épouvantable. Tout ce qui risquerait de sonner à la porte du journal en se présentant sous les traits d'une victime d'inceste ou d'un individu "transgenre" est comme le diable en personne.
C'était donc ça, le "monde d'après" qu'on nous promettait ? Monsieur Fenoglio, je n'ai qu'une grosse chose à vous dire : "Merde" !!!
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal le monde, journalistes, jérôme fenoglio, xavier gorce, dessinateurs de presse, les indégivrables xavier gorce, new york times, amérique, gotlib, goscinny, les dingodossiers, rubrique-à-brac, france culture, france inter, plantu
vendredi, 22 janvier 2021
CHARLIE HEBDO EN 1545
C'était le bon temps des guerres de religions.
Regardez bien, cette tiare sacrée est un vulgaire pot de chambre aux yeux des luthériens. L'un est en pleine action d'excrétion des immondices du corps, l'autre se déculotte, attendant son tour. A propos de la tiare, qu'on a reconnue, j'espère : est-ce Paul VI qui en a abandonné le port dans les grandes occasions ? Jean XXIII ? Benoît XVI ? (C'est curieux, j'ai comme une vague impression d'en oublier en route.)
Les parfumeurs du pape : voyez les nuages odorants qui leur sortent par en bas.
Où l'on constate que la caricature luthérienne, c'était quand même beaucoup "Pipi-Caca".
« Le Seigneur m’a frappé de graves douleurs en mon derrière ; mes excréments sont si durs que je pousse pour les expulser avec tant de force que j’en transpire ; et plus j’attends pour ce faire, plus ils durcissent. […] Mon cul est devenu mauvais ».
Ces mots sont de Martin Luther en personne, dans une lettre citée malicieusement par John Eliot Gardiner dans son livre magistral : Musique au château du ciel.
***
Et ça faisait aussi des morts.
***
Note : j'observe que Charlie Hebdo s'en est particulièrement pris, parmi ses tumultes anti-religieux, à la figure du pape mais, aussi loin que je me souvienne (l'époque géniale de l'équipe Cavanna-Choron-Cabu-Reiser-Gébé-Wolinski-etc.), il ne s'en est que rarement pris — sauf erreur — nommément aux sectes protestantes. Le pape ? Alors là pardon, qu'est-ce qu'il lui ont mis ! Et ne parlons pas de Jésus ! Bon, c'est sûr que les protestants n'ont pas de pape, eux. Il n'empêche que leur emprise ne cesse de s'étendre, alors que le rapace catholique a pris un air tout à fait flapi, depuis un certain nombre d'années.
L'Eglise catholique est sur la défensive, alors qu'au Brésil, en Afrique, en Asie, les petites fourmis des sectes évangélistes, pentecôtistes ou autres travaillent infatigablement. Leur prosélytisme (c'est-à-dire leur fanatisme, fût-il non-violent) est stupéfiant. L'Eglise catholique de France elle-même, prise en étau entre les accusation de pédophilie, la grande offensive musulmane et le militantisme opiniâtre des sectes protestantes, est dans une situation piteuse. Que fait Charlie Hebdo ?
09:00 Publié dans RELIGIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charlie hebdo, caricatures, religions, guerres de religions, luthériens, calvinistes, paul vi, jean xxiii, benoît xvi, martin luther, john eliot gardiner, musique au château du ciel
jeudi, 21 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (7)
YVES MARTIN
Comment je vis ? Question trottinante
Comme un léger reproche.
Depuis mon opération, il ne m’était pas apparu.
Les roses, les œillets secs se sont enfuis
Sous la petite table de rotin.
Le pantalond de velours voyage peu.
Il fait froid.
Les merles s’approchent de ma fenêtre,
- tirer les marrons du feu –
Le vent ne compte plus ses larmes.
Sur la glace envie d’écrire
« Assassin » pour entendre derrière moi
Grommeler l’incorrigible inconnu.
Demain le désordre sera encore moins chaleureux.
Je tape ma porte. La haine de ma voisine
M’est indispensable. Dans l’escalier, comme chaque matin
Un cartable. Je l’ouvre. Je caresse un cahier, une plume,
Un marron. Puis je le transporte jusqu’à l’entrée de l’immeuble
Où dans quelques minutes viendra le reprendre
Une jeune fille que je ne connais pas
Dont je devine seulement que les cheveux
Sont aussi longs, dorés
Que le vermouth des océans.
YVES MARTIN
De la Rue elle crie.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, yves martin, de la rue elle crie
mercredi, 20 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (6)
CHRISTIAN DOTREMONT
A PAUL ÉLUARD
à Paul Éluard
le jeune homme qui est un vieil enfant
au visage incendié de timidité
a dans son cœur incendié dans sa tête incendiée de tempêtes
de quoi attacher toutes les frontières
de quoi jouer au bête puzzle du monde
le jeune homme incendié au cœur
de livres de cœur et de mois d’Octobre
a de quoi « acheter de mourir de faim »
de quoi ne pas avoir les papiers nécessaires
le vieil enfant muet a seulement un ticket de désobéissance
aux lois d’infamille aux lois de désobéissance à tous ses désirs
son chemin a la largeur du monde et manger lui est aventure
il supporte toute souffrance pourvu qu’elle soit imprévue
il n’a pas besoin qu’on lui montre…
il a dit les mêmes paroles celui dont les mains sont ouvertes comme les livres
comme ses livres chez un jeune homme à la seule voix d’encre
qui jamais ne traversera la vie aux passages cloutés
09:34 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, christian dotremont, paul éluard
vendredi, 15 janvier 2021
APRÈS L'ÈRE CHRÉTIENNE .........
........... L'ÈRE COVIDIENNE.
Vous avez aimé l'ère chrétienne ? Raffolé de l'ère pataphysique (rappelons que l'année pataphysique commence le 8 septembre, jour de la naissance d'Alfred Jarry et de la Vierge Marie — pas la même année — et que nous sommes en train d'en parcourir l'année 148) ? Apprêtons-nous, le 13 mars à minuit, à couronner dignement le réveillon de Nouvel An qui nous fera sauter dans la deuxième année de l'ère que le Sars-Cov-2 nous a fait inaugurer.
A nous le foie gras, le caviar, les huîtres !!! Que le champagne coule à flot !!! Que de gaies farandoles s'ébranlent autour des tables de nos festins, armées de langues de grand-mère, de confettis, de pétards et de feux d'artifice !!! Que les rescapés du virus arborent fièrement l'étoile de Covid dont leur poitrine aura été décorée par les autorités compétentes pour reconnaître leurs mérites !!! Que les mânes de Fabre d'Eglantine sortent de leur tombeau pour élaborer le nouveau calendrier !!!
Qu'on se le dise : le monde ancien vient de finir !!! En route vers le nouveau monde, un horizon étincelant fait de gel hydroalcoolique, de masques, de distanciation physique (certains préfèrent "distanciation sociale"), de couvre-feu, de confinement et de lits d'hôpital. Un avenir radieux est promis à l'humanité. Le bonheur est enfin à portée de main.
Pas trop tôt !!! Et youpie !!!
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : covid 19, sars-cov-2, coronavirus, crise sanitaire, couvre-feu, confinement, jean castex, premier ministre, distanciation sociale, ère pataphysique, calendrier fabre d'églantine, épidémie, pandémie, calendrier pataphysique
jeudi, 14 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (5)
PAUL CELAN
***
RETOUR
Chute de neige, de plus en plus dense,
Couleur colombe, comme hier,
Chute de neige, comme si tu dormais toujours.
Du blanc à perte de vue :
Dessus, à l’infini,
La trace de traîneau du perdu.
Dessous, à l’abri,
Se hausse
Ce qui fait si mal aux yeux,
De colline en colline,
Invisible.
Sur chacune,
Rapatrié dans son aujourd’hui,
Un Je échappé dans le mutisme :
De bois, un pieu.
Là-bas : un sentiment
Qu’entraîne ici le vent de glace.
Il arrime l’étoffe couleur
Colombe, neige, son drapeau.
PAUL CELAN
Grille de parole
(traduction Martine Broda)
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mercredi, 13 janvier 2021
UNE IMAGE DE LA FEMME ...
... PARMI D'AUTRES.
Isabel Marant (créatrice de mode) photographiée pour Le Monde (12 janvier) par Martin Colombet.
J'ose imaginer que certain aspect de la photo n'a pas été voulu, recherché, prémédité (affiché ? revendiqué ?).
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journalistes, journal le monde, martin colombet, isabel marant, créatrice de mode, photographie
mardi, 12 janvier 2021
PAR RAPPORT A LA NORMALE
Entendu hier sur une chaîne de radio publique dans un bulletin d'information (c'était une journaliste) :
« Pendant le dernier confinement, le nombre des plaintes pour violences conjugales enregistrées par les services compétents ont connu un boum par rapport à la normale ».
Un moment, j'ai cru que c'était un bulletin météo.
Note : ce n'est pas la citation exacte, mais l'expression soulignée ci-dessus est garantie textuelle.
10:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : violences conjugales, journalistes, bulletin météo, féminisme
dimanche, 10 janvier 2021
CABU ET DIEU
Parce que y a pas que Mahomet dans la vie.
Cabu, ou l'art de montrer sans montrer tout en montrant.
Pas mal, il y a de ça, je veux dire : pour ce qui est d'être drôle (image trouvée récemment sur fesse-bouc).
09:00 Publié dans RELIGIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabu, bande dessinée, hara kiri, charllie hebdo, jésus christ, mahomet, caricature, christianisme, humour
mercredi, 06 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (4)
EUGÈNE SAVITZKAYA
***
La montagne a bougé, la montagne est en morceaux. La maison, cassée. Sous terre sont les merisiers et leurs brindilles, le mélèze, le feuillage dispersé, le mouton, le mammouth musclé, la bonne mouture de froment, les ordures, les os, les machines sans roues, les quartiers de meule, les faisceaux de paille mouillée, les rayons de miel, le minerai si vif et le manganèse, il n'y a plus de musc, plus de chair molle, rien que de la matière morcelée et du morfil en quantité.
EUGÈNE SAVITZKAYA
Quatorze cataclysmes.
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mardi, 05 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (3)
GHÉRASIM LUCA
***
Son corps léger
est-il la fin du monde ?
c’est une erreur
c’est un délice glissant
entre mes lèvres
près de la glace
mais l’autre pensait :
ce n’est qu’une colombe qui respire
quoi qu’il en soit
là où je suis
il se passe quelque chose
dans une position délimitée par l’orage
***
Près de la glace c’est une erreur
là où je suis ce n’est qu’une colombe
mais l’autre pensait :
il se passe quelque chose
dans une position délimitée
glissant entre mes lèvres
est-ce la fin du monde ?
c’est un délice quoi qu’il en soit
son corps léger respire par l’orage
***
Dans une position délimitée
près de la glace qui respire
son corps léger glissant entre mes lèvres
est-ce la fin du monde ?
mais l’autre pensait : c’est un délice
il se passe quelque chose quoi qu’il en soit
par l’orage ce n’est qu’une colombe
là où je suis c’est une erreur
***
Est-ce la fin du monde qui respire ?
son corps léger ? mais l’autre pensait :
là où je suis près de la glace
c’est un délice dans une position délimitée
quoi qu’il en soit c’est une erreur
il se passe quelque chose par l’orage
ce n’est qu’une colombe
glissant entre mes lèvres
***
Ce n’est qu’une colombe
dans une position délimitée
là où je suis par l’orage
mais l’autre pensait :
qui respire près de la glace
est-ce la fin du monde ?
quoi qu’il en soit c’est un délice
il se passe quelque chose
c’est une erreur
glissant entre mes lèvres
son corps léger
GHÉRASIM LUCA
Paralipomènes, "Son corps léger".
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, ghérasim luca, paralipomènes
dimanche, 03 janvier 2021
DEVISE POUR 2021
IN GOOD WE TRUST !
L'odorat. - L'ouye. - Le goust. - La veue. - L'attouchement.
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samedi, 02 janvier 2021
LES POÈTES DE MA VIE (2)
PHILIPPE JACCOTTET
***
La nuit est une grande cité endormie
où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à
l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin.
Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis,
Le vent secoue le noisetier. Vient cet appel
qui se rapproche et se retire, on jurerait
une lueur fuyant à travers bois, ou bien
les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers.
(Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses
j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que
l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond
de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur
est celle de la pourriture au petit jour,
déjà sous notre peau si chaude perce l'os,
tandis que sombrent les étoiles au coin des rues.
PHILIPPE JACCOTTET
L'Effraie.
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vendredi, 01 janvier 2021
VIVE LE COUVRE-VŒUX !!!
OUI, VIVE LE COUVRE-VŒUX !!!
ET MERCI !!!
Oui, merci d'avance à tous ceux qui ne me souhaiteront pas mille bonheurs, dix mille joies et cent mille félicités à l'occasion de la nouvelle année ! Merci de ne pas m'ensevelir sous les montagnes d'espérances en des jours toujours meilleurs qui ne viennent jamais !
Rappelez-vous les tombereaux de bonnes intentions, bons sentiments et bonnes résolutions formulées tous azimuts au tout début de 2020 ! Rappelez-vous : « ... et la santé, surtout ! ».
On a vu ce qu'il en était : confinement, déconfinement, reconfinement, redéconfinement, et bientôt re-re-confinement, re-re-déconfinement, jusqu’à ce que des dents viennent aux poules. Les sentiments, les intentions, les résolutions, on voit depuis lurette à quel point c’est efficace pour combattre le Mal.
Merci d'avance à tous les sociologues, anthropologues, philosophes, historiens, économistes et autres spécialistes des sciences humaines qui fermeront enfin leur gueule après nous avoir tout au long de l'année laissé entrevoir combien mirifique pouvait être l'avenir futur si ........ et à condition que ………
Merci à eux de rayer de leur vocabulaire l'incantatoire et imbécile « IL FAUT », dont ils ont rebattu les oreilles des populations spectatrices, dont ils se sont gargarisés en prenant des airs avantageux de monsieur-qui-sait-tout, dont ils ont projeté sur l'écran encore vierge de l'horizon humain les images chimériques.
Merci à tous d'être enfin lucides et sincères : 2021 sera comme 2020. Souhaitons seulement qu'il ne soit pas pire. Ce ne sera déjà pas mal.
Comme disent (presque) les militaires après une bonne séance de tir :
HALTE AUX VŒUX !!!
09:45 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voeux, 2021, bonne année