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jeudi, 19 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

10

Chez un "antiquaire" de la presqu’île, du temps du franc français. 

Le gars a une mine patibulaire. Arrive un homme à la mine encore plus louche, portant un gramophone qui a l’air en bon état. On négocie : « Allez, j’te le fais cent cinquante, c’est un copain qui vient de me le filer ». Il dit ça en jetant un coup d’œil méfiant vers moi. Le brocanteur : « Bon, j’t’en donne cent ». Colère de l’autre, qui le menace d’une raclée. Suspens. Et puis le gars prend les cent francs. Le broc : « Et puis tiens, prends ça pour tes gosses ». C’est une vague poupée de chiffons. Vocifération de l’autre : « En plus tu t’fous de moi ! ». Mais il prend la poupée et s’en va en criant : « Fumier ! » avec un fort accent pied-noir.

 

mercredi, 18 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

9

Au café, quartier Perrache, vers 10h. du matin. 

Un petit gros rougeaud se tient debout devant son verre de blanc au bout du comptoir, en compagnie d’un grand maigre à moustache pauvre. Ils ne sont pas rasés. Le petit raconte une altercation avec sa femme : « "Elle me dit : t’as pas d’couilles au cul. – J’y dis : "Et toi, t’avais des couilles au cul quand t’as mis du whisky dans mon champagne ?". – Alors t’sais ce qu’elle me dit ? – "Ben ce soir, tu coucheras pas avec moi" ». Le grand maigre a éclusé pendant que l’autre parlait : « Bon, ben c’est pas tout ça, mais faut que j’rentre à la maison ». Il pose la monnaie. « Allez, salut ». Il sort, traverse la rue, et entre dans le café d’en face.

mardi, 17 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

8

Au boulot. 

Ce jour-là, ma collègue, genre "executive woman", la quarantaine victorieuse, toujours dans le contrôle et le flegme jusqu'au paradoxe, explose littéralement : « Oui, je reviens de loin ! J’étais au Bois d’Oingt [environ 25 kilomètres et routes chargées] ! Tu comprends, j’ai porté à mon mari les clés de rechange de sa voiture. Tu parles, en descendant de bagnole, il les a laissées tomber. Et tu sais quoi ? Il était juste au-dessus d’une bouche d’égout. Je lui dis : "Bon dieu, mais quelle idée tu as eue de t’arrêter précisément sur une bouche d’égout ? – Ecoute, c’est compliqué. Toute une histoire : le maire de la ville a perdu sa fille, qui est morte d’une crise cardiaque. Plus une place pour stationner. Il ne restait plus que la bouche d’égout".» Elle ajoute, en braquant son regard encore courroucé : « Tu te rends compte ?! » Je m’abstiens de toute réaction.

lundi, 16 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

7

A la maison, avenue du Châter, un matin d’hiver très rigoureux (dans les - 20°C). 

P. et moi regardons par la fenêtre notre voisine, Mme L. qui, la veille au soir, a couvert le pare-brise de sa Renault R6 blanche d’une couverture de laine en la passant sous les essuie-glaces et en coinçant le bas dans le capot qu’elle a claqué dessus. P. me dit : « Oh ça, c’est une chouette bonne idée. Tu devrais faire pareil ». Mme L. va pour ouvrir le capot. Rien à faire, le capot résiste, le verrou est sans doute trop tendu, et ça ne veut vraiment pas. Elle tire sur la couverture, sans succès. Elle prend la gamine dans ses bras, remonte chez elle, redescend avec la gamine et un outil pour faire levier. Toujours rien. Elle remonte avec la gamine qui pleure. Nouvel outil, nouvel échec. Elle remonte chez elle avec la gamine qui hurle. Enfin, nous la voyons redescendre avec la gamine dans les bras et partir en courant vers l'avenue, laissant la couverture en bataille sur le capot.

dimanche, 15 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

6

Rue de la Barre (quartier Bellecour). Il fait chaud. 

Marchant côté ombre, je croise une fille aux yeux écarquillés, immobile au bord du trottoir, l’air effaré. Elle serre quelque chose que je ne vois pas, les deux mains crispées sur sa poitrine. Elle semble attendre pour traverser la rue. Je poursuis ma route. Soudain, un hurlement de pneus, un choc mat un peu mou, des cris de femmes. Je me retourne : c’est elle qui est par terre, au milieu de la rue. Il y a du sang. Le conducteur a jailli de sa voiture en criant : « Elle s’est jetée ! Elle s’est jetée ! ». Une chaussure a atterri non loin de moi. Je la ramasse pour la lui rapporter. Son tibia fait un angle bizarre. Elle a du sang sur la figure, une blessure à la tête. Je la regarde. Elle est consciente, mais semble totalement absente. Quelques badauds se sont arrêtés. Elle me regarde. On dirait qu’elle me supplie. Elle dit d’une voix faible : « Non … non … non … ».

samedi, 14 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

5

Un petit restaurant pas cher, rue des Marronniers (quartier Bellecour). 

Beaucoup de tables, impression d'être serré en s'asseyant. Je viens de finir l’entrée. Un gars assez épais s’installe en face, à deux tables (la première est vide). Ma première impression, c’est qu’il est ivre. Mais à la réflexion, peut-être est-il plutôt sous neuroleptiques. Pas un mot pour commander : il pose un index mou sur le menu. Ce sera poulet rôti, haricots verts. Il prononce quelques mots pâteux en me regardant. Le personnel est efficace : le monsieur est servi promptement. Alors il regarde son assiette, va pour la prendre, la saisit à deux mains, en verse le contenu entier sur la nappe en papier, puis pose l’assiette tranquillement dessus en levant des yeux vides vers moi. Le patron, les yeux écarquillés, le regarde patouiller avec son assiette, le poulet et les haricots. Personne ne semble faire attention. Il essaie alors de manger avec les doigts, mais abandonne rapidement. Tout d’un coup, de la main côté couloir, il saisit son assiette par le bord, entre le pouce et l’index, la laisse pendre, puis lui donne un mouvement de balancier. Son œil est morne, la paupière basse. Enfin, d’un geste plus énergique, il projette l’assiette vers l'avant en la faisant tourner. Elle tombe sur le carrelage et se brise. Les gens présents regardent à peine. Puis le gars se renverse contre le dossier, ventre en avant, tête en arrière, s’apprêtant visiblement à dormir. Le patron arrive, le secoue et lui crie dans les oreilles de partir sans payer : « Ça fait rien ! C’est pour la maison ! ». L’homme s’ébroue, se lève, s’avance en hésitant vers la porte et s’en va. Il n'a finalement rien mangé. Le patron : « Ah là là ! Quelle époque ! ». Un garçon vient nettoyer la table et le sol.

         Il ne s’est pas passé cinq minutes que s’installe à la même place une femme portant des lunettes très épaisses d'un verdâtre fort teinté. J'arrive à la fin de mon repas. Sans m'adresser un mot ni me regarder, elle se penche pour prendre le sel qui est devant moi, puis saisit ma bouteille d’eau minérale, s’en verse une rasade, boit, puis prend ma carafe de vin rouge, dont elle verse le fond dans son verre. Elle repose la carafe devant elle. Elle ne m'a pas vu.

         Je paie. Je sors.

vendredi, 13 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

4

Place Bellecour, un matin, devant la vitrine de la librairie Flammarion. 

Un clochard est écroulé, tant bien que mal adossé de biais à la vitrine. Sa sébile est renversée, il se bave dessus, il a vomi un peu de son vin, il est dans le cirage. Un autre clochard arrive près de lui. Il est à jeun, lui, et il pique une grosse colère. Il se met à secouer son camarade : « T’as pas honte ? ». Pas de réaction. « T’as vu comment t’es ? T’as pas honte ? ». Il le bourre de coups de poing dans une épaule. « Dis, t’as pas honte de saloper le métier comme ça ? T’appelles ça faire la manche ? T’appelles ça faire la manche ? ».

Note : Il y a belle lurette qu'il n'y a plus de librairie Flammarion place Bellecour : je vous parle d'un temps ... Il n'y avait pas encore de SDF, il n'y avait alors que des clochards.

mercredi, 11 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

2

Une charcuterie place de la Croix-Rousse, un samedi matin. 

La petite grosse charcutière sert une vieille dame rabougrie, timide et ridée, tout en finissant de conter à la cliente précédente le détail des terribles ennuis de santé de son mari. Elle coupe, elle coupe, elle coupe le jambon à l’os, sans s’aviser de l’inquiétude qui grandit sur le visage de la vieille dame, qui murmure : « Euh, j’en veux trois, s’il vous plaît », mais pas assez fort pour être entendue. La patronne continue. Le corps de la toute vieille devient nerveux, se crispe, s’agite. Un peu plus fort : « Ça suffit, s’il vous plaît ». Pas de réaction : la charcutière débite les tranches en continuant de se plaindre. Alors, à plusieurs reprises et de plus en plus fort : « Eh, ça suffit ! ». On est à six bonnes tranches. La charcutière, interrompt enfin son geste, emballe la marchandise, encaisse, parlant toujours. La toute vieille dame paie, met le paquet dans son cabas, et puis elle se retourne vers une aussi vieille, sans un mot, mais avec un regard et un sourire d’une gentillesse immense qui excuse l’étourderie de la charcutière qui a tellement de soucis.

mardi, 10 septembre 2019

DIX CONVERSATIONS A RETENIR

1

Un café, place Rivoire, au chevet de Saint-Nizier. 

Le patron est imbibé, dodeline de la tête, sourit aux anges, mais n’a pas l’air ivre. Sa main ne tremble pas pour verser le énième canon à mon voisin de comptoir qui, lui, atteint l’épaisseur d’un blindage correct. Entre un petit homme, visage bouffi et nettement couperosé, la casquette en arrière, mains enfoncées dans les poches, le journal bien serré sous l’aisselle droite. Pas un mot en s’approchant du comptoir. « Bonsoir, M. Marius ! », lance le patron. Il sort un verre à pied, le pose devant le client, le remplit de rouge. M. Marius ne fait pas un geste. L’œil à mi-hauteur des alcools en face de lui, on dirait qu’il contemple. Puis son regard tombe sur le verre. Marius le saisit de la main gauche, le vide lentement en une seule lampée, la pomme d’Adam remontant plusieurs fois. Une fois le verre vide, il contorsionne son bras droit pour extraire la monnaie de sa poche sans lâcher le journal, dépose la somme en silence, remet la main en poche, se retourne avec difficulté, franchit la porte en s’efforçant de contrôler. « A demain, M. Marius ! », lance le patron.

lundi, 09 septembre 2019

PAS PHOTOGRAPHE, MAIS

Il n'y a pas que la lumière dans la vie : il y a aussi l'aspect des choses.

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J'ai pris la photo ci-dessus lors d'une visite de chantier naval, quelque part dans le centre de la France. On voit l'état d'une coque métallique de bateau qui aurait bien besoin d'un kärcher.

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Ce qui m'a plu ici, c'est l'aspect de lavis vaguement aquarellé de l'édifice, dans une famille de gris entre sépia et noir et blanc.

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Le verre à vin d'Alsace. Là, on comprend tout de suite : c'est le jeu des complémentaires.

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Là, c'est un très beau dessin au trait, que peuvent piétiner impunément tous les passants de l'avenue Adolphe Max.

mercredi, 04 septembre 2019

TRIOMPHE DE L'ECOLOGIE MARCHANDE

Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. (Chirac)

L'Amazonie est sur tous les écrans : pas la peine d'insister.

Ci-dessous, le triomphe de l'écologie marchande : un choc !

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Ce paysage d'hallucination figure sur une photo parue dans Le Monde daté 3 septembre 2019 : on aperçoit encore le village de Calahonda (Andalousie), mais « encerclé par des centaines de serres, allouées notamment à la culture de tomates » (c'est la légende de l'image).

Dans la province d'Almeria, ce sont 3.300 hectares de terres qui sont ainsi couverts par les bâches des serres où sont produites les "tomates bio" qu'on trouve toute l'année chez « Carrefour, Auchan, Leclerc, Lidl, Monoprix, Franprix » (je cite). Mais il faut dire que la surface en "bio" ne fait que 10% de la surface bâchée totale : imaginez, pour le coup, un vrai océan de plastique, et plus un seul mètre-carré de vraie terre à l'air libre.

Ce sont 108.566 tonnes de "bio" qui sont sorties des serres d'Almeria en 2018. Et je ne parle pas des conditions de travail des esclaves généralement noirs ou le plus souvent marocains qui œuvrent dans ces lieux inhospitaliers. Le journaliste (Stéphane Mandard) n'a pas pu en savoir plus sur ce point. Et je ne parle pas des caravanes de camions qu'il faut pour acheminer cette production vers l'Europe friande de légumes espagnols. Vive le bilan carbone ! Vive le commerce ! Vive la nature ! Vive l'écologie ! Vive le "bio" !

Ci-dessous, par contraste violent, l'écologie citoyenne, croix-roussienne et totalement imaginaire : les gars qui font ça doivent rêver d'une ZAD encore plus intraitable que Notre-Dame-des-Landes. Ils ont inventé la "révolte en pot de fleur". Certains appellent ça "manifester". Leur slogan : « On-vaa-gaa-gner ! On-vaa-gaa-gner ! ».

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Photo prise le 3 septembre 2019, rue de Cuire : la dérision à l'état le plus pur.

La photo du haut nous confirme que, quand les mots s'affranchissent de toute réalité (c'est en bas), la réalité cavale déjà, loin devant et à toute blinde, inarrêtable. Même Gilles Boeuf, dans ses prêches inspirés, ne cesse de répéter "il faut, il faut, il faut".

La vraie, la seule question est :

COMMENT ON FAIT ?

Qui peut encore y croire ?

lundi, 02 septembre 2019

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

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"Ficelle" de Fourvière, 2003.

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

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On voit deux fois le photographe.

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

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Le photographe est dédoublé.

Tour métallique et "Fourvière-basilique" (inversées) en toile de fond.

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

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Là, on reconnaît la "Fac de Droit" (en ancien français).

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

photographie,lyon,hôtel-dieu

L'Hôtel-Dieu vu depuis une vitrine de la rue de la Barre.

Le photographe, on le voit, n'a pas sa casquette.

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

photographie,lyon

Un quai du Rhône.

OÙ EST LE PHOTOGRAPHE ?

Ubiquité

photographie,lyon,fourvière,abri du pèlerin

Esplanade de Fourvière, 2003, l'abri du pèlerin.

Le photographe est au premier plan et tout au fond.

samedi, 31 août 2019

VACANCES SANS TITRE 30 (FIN)

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jeudi, 29 août 2019

VACANCES SANS TITRE 28

photographie,lyon,tête de mort

jeudi, 22 août 2019

VACANCES SANS TITRE 21

 

photographie

Le 30 août 2010, place de la Croix-Rousse,

j'ai vu et entendu le malheur passer (à toute allure).

lundi, 12 août 2019

VACANCES SANS TITRE 11

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Place Bellecour, 2003.

mercredi, 07 août 2019

VACANCES SANS TITRE 6

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Le vrai Guignol lyonnais.

samedi, 03 août 2019

VACANCES SANS TITRE 2

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Rue Chariot d'or.

mardi, 30 juillet 2019

ADIEU, « FIL A FIL » !

Quand j'apprends, dans Le Progrès du 29 juillet 2019 que Danielle Mazoyer ferme sa boutique, ça ne me fait ni chaud ni froid, parce que, après tout, je ne connais pas cette dame. Mais quand j'apprends que la boutique où elle officiait depuis un nombre respectable d'années n'est autre que « Fil à fil », alors là, je réagis. Car Fil à fil était un magasin où l'on achetait des chemises de qualité, de conception classique et d'un prix somme toute modéré. Il était situé place des Jacobins.

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Mais surtout, si l'article du Progrès a retenu mon attention, c'est qu'il m'a rappelé le temps où, errant dans les rues de Lyon de jour et de nuit, armé de mon appareil photo (basique, un Olympus), je "shootais" à tout instant sur tout ce qui bouge ou ne bouge pas. C'était l'époque de la pellicule argentique, et l'aventure aurait pu me ruiner, si je n'avais pas trouvé le truc pour profiter des largesses de la FNAC.

Car c'était une époque de vaches grasses, à coup sûr (années 2002-2003), où la Fnac, en souverain régnant et généreux, faisait le cadeau royal à ses clients de ne pas facturer les clichés que l’œil du laboratoire jugeait "ratés", mais de les tirer quand même, en déposant sur ces photos un "sticker" noir marqué en blanc (qu'il suffisait de décoller) : "photo non facturée". J'avoue que j'ai usé et abusé de cette clause pour en rajouter dans le genre "cliché incompréhensible". C'était mon époque "reflets", et j'avais acquis une certaine maîtrise de cette méthode de "brouillage optique" (je me rappelle en particulier une pellicule où vingt-huit photos sur trente-six étaient revêtues du sticker).

La photo que je montre aujourd'hui a été facturée. Et elle a quelque chose à voir avec la fermeture du magasin "Fil à fil", puisqu'elle en montre la devanture. Qu'on en juge ci-dessous : on voit même la marque dans le col des chemises. Ce chien a un nom, même s'il n'est plus de ce monde, comme c'est probable. Il devait trouver bien de la douceur dans la posture adoptée. J'imagine qu'il ne bavait pas sur les chemises de madame Mazoyer.

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