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mercredi, 15 avril 2015

ENNEMIS PUBLICS 2 (MH et BH)

2/4 

2008 ENNEMIS PUBLICS.jpgAttention, la lecture d’Ennemis publics n’a pas bouleversé mes hiérarchies : corriger des images et nuancer les couleurs ne saurait modifier une silhouette autrement qu’à la marge. Je considère toujours BHL comme une tête de nœud envahie par l’image qu’il s’est faite de son moi, un bonimenteur toujours prêt à cameloter sa marchandise en plein vent derrière un étal de produits miracles, genre épluche-légumes ou liquide-vaisselle surpuissant. Mais seulement quand l'objectif d'un photographe est là pour enregistrer.

De même, je considère toujours Houellebecq comme un esprit d’une lucidité éminente sur le monde et lui-même. Un des rares à porter un regard neutre sur le merdier dans lequel plonge la civilisation. Une lucidité augmentée d’une franchise étonnante, parfois à la limite de l'impudeur, comme s'il n'en avait rien à foutre. Mais Houellebecq semble guidé de l'intérieur par une nécessité personnelle qui va bien au-delà de sa personne. Le livre esquisse deux façons d’être et de se représenter : ce n’est pas demain la veille qu’un humain se montrera objectif devant son miroir. Le duo/tandem/duel, ici, reste "costume d'époque" (BH) contre (partiellement) "déshabillé" (MH).

La grande différence entre les deux hommes, j’ai en effet l’impression de pouvoir la situer, précisément, dans leur rapport avec le miroir dans lequel ils se regardent et se dépeignent. BHL est peut-être bien plus intelligent que Houellebecq, je ne sais pas, c’est possible. Et ça m'est égal.

Ce qui est sûr, c’est que cet homme est littéralement bouffé par son intelligence, ou plutôt par l’image qu’il s’en est faite. Intellectuellement brillant, c’est incontestable, BHL porte apparemment à bout de bras – si ce n’est aux nues – l'infirmité du fantasme de sa propre intelligence. La preuve, c’est qu’il se prend pour un philosophe. Peut-être pour un penseur. 

De même, Bernard-Henri Lévy n’est pas écrasé seulement par le massif cerveau en plâtre qui met fin à ses jours dans l’histoire dessinée par Castaza (cf. hier), mais aussi, littéralement, par la masse des lectures qu’il a faites, par l’énormité de la culture qu’il a accumulée. Je ne cite pas les auteurs auxquels il se réfère : ça n’arrête pas, c’est comme un robinet qu’on a oublié de fermer avant de partir en vacances. BHL est en quelque sorte un dégât des eaux. 

Sous la plume de BHL, le Nom Propre prolifère comme le champignon de Champignac dans Z comme Zorglub et L’Ombre du Z. Le même délire onomastique que Yannick Haenel dans Je Cherche l’Italie (cf. mes billets des 14-15 mars), ou Philippe Sollers, très régulièrement à l’oral (pour l’écrit, je n’en sais foutrement rien, parce que devinez).

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Le cerveau de BHL doit être bien infirme de quelque part pour éprouver ce besoin maladif de marcher avec autant de béquilles. Personne ne lui a dit qu’il était assez grand pour penser par lui-même ? S’il n’a plus toutes ses références, il a peut-être peur de s’écrouler. Il a besoin du dictionnaire des philosophes et du Who’s who pour mettre un pied devant l’autre. « Le pauvre homme », s’apitoyait Orgon dans (et à propos de) Tartuffe. 

Même délire onomastique en ce qui concerne les lieux où l’homme a posé les semelles, du genre : « Je suis de retour à New York, cher Michel, ... » (p. 185), « Je vous écris de Calcutta », « J’étais alors à Bahia », ... Afin que nul n'en ignore : la planète n’a pas de secret pour le philosophe. Délire identique encore pour énumérer les régions où l’intellectuel d’action s’est posé en hélicoptère et en chevalier ardent : Bosnie, Darfour, Tchétchénie, … (notez le zeugma, mais je ne garantis pas l'hélicoptère, c'est « just for fun »).

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BHL dans ses rêves, Volsungs le barde en est ébloui. 

Les Noms Propres ? Comme si la vie de Bernard-Henri Lévy ressemblait en fin de compte à une transposition de la litanie des saints. Il est infoutu de laisser son personnage au vestiaire : il l’emmène partout, un peu comme faisait Alfred Jarry avec son Père Ubu, dont il avait adopté quand il était en société le parler saccadé détachant chaque syllabe (voir le personnage dans Les Faux-monnayeurs, d'André Gide).

Mais Jarry s’affichait, sciemment et tout entier, comme un pur artifice. Il n'y avait pas tromperie sur la marchandise : c'est sans doute de ça qu'il est mort. BHL, lui, quand il sort dans le monde hostile (forcément), dégaine la marionnette qui lui sert à ventriloquer : il est sa propre marionnette. Ça protège.

Alors, le point commun de toutes ces références nominales ? Ce sont des « Grands » ou des « Noms qui frappent », voire des « Autorités », parce que tout le monde les a entendus dans les médias, je veux dire des flashes, des étendards, des pancartes, parfois des banderoles. C’est juste fait pour noyer l'adversaire, pour impressionner : qui oserait ouvrir sa gueule devant ce chapelet ? 

Les hooligans, au foot, sont plus souvent dans l’intimidation que dans la violence (mais ça leur arrive). BHL est constamment dans l’intimidation (mais n’hésite pas à menacer un journaliste de lui casser la figure). On finit par se demander : « Mais bon sang, qu’est-ce qui lui manque, pour qu’il éprouve ce besoin de montrer ses muscles ? ». Ce qui ressort aussi de ce salmigondis de noms propres dont BHL soûle son correspondant et le lecteur, c’est, je crois, qu’il se prend pour Malraux. Ou alors Sartre. Peut-être les deux. 

Tiens, puisque j'évoque Sartre, j'ajouterai que le "bocal" de BHL est "agité" (coucou, Céline) de deux grands fantasmes : penser le monde aussi superbement (!) que Sartre, agir sur le monde avec autant de « panache » (!) que Malraux (« Ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un », André Breton). J’ai l’impression à certains moments qu’il se prend pour ses modèles, comme s’il y était aliéné. Rêve-t-il d’être à lui tout seul une synthèse accomplie de l’expérience humaine ? Si possible sous le coup de l’urgence (dernièrement les chrétiens d’orient) ? Il a besoin de causes pour exister. Et il doit se dire qu'on n’existe jamais autant que dans le regard des autres. D'où les "causes". Quelles que soient les conséquences.

Être sur tous les fronts, ne renoncer à rien. C’est lui qui l’écrit (p. 287) : « Ne pas choisir, voilà la règle », avant d’embrayer sur les bienfaits de l’opportunisme et de la piraterie. Ne pas choisir : c'était donc ça ! Peut-être le seul véritable aveu qu'il nous livre ici. Le problème, c’est que vouloir être partout, c’est risquer de n’être bon, voire de n’exister nulle part. Du coup, j’en viens à me dire qu’après tout, il est bien possible que BHL n’existe pas, tout simplement. 

Voilà ce que je dis, moi. 

samedi, 06 décembre 2014

L’ART CON AU MUSÉE

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Forcément catalogués parmi les fossiles les plus archaïques des âges paléo-anthropiques, où les artistes et autres inventeurs de nos paysages se souciaient d’en fabriquer les éléments pour l’agrément, le bonheur et le plaisir des hommes qui vivaient là, mes pauvres yeux préhistoriques demeurent étrangement, quoique violemment, incrédules devant les extravagances qui surgissent en rangs toujours plus serrés des cerveaux d’individus royalement rémunérés par ce qui se fait de plus riche sur la planète.

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L'ex-courtier en matières premières à Wall Street, Jeff Koons et son patron, le richissime François Pinault, autour du buste intitulé "Jeff et Ilona" (Ilona est le vrai prénom de l'actrice porno "Cicciolina"). Photo peut-être prise au Palazzo Grassi à Venise, propriété de monsieur Pinault.

Il paraît qu’il convient de les appeler - quand même - « artistes ». Cela me laisse sur le cul, mais admettons que ce soit « l’époque qui veut ça ». Une époque qui ne cesse de donner des raisons de la haïr. Dernièrement, la dite époque nous a offert « l’affaire Paul McCarthy », du nom de « l’artiste » qui avait planté une chose verte en pleine place Vendôme, et dont il avait emprunté le dessin aux fournisseurs d’ustensiles des amateurs de sodomie. 

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Une "Très Grosse Commission" de Paul McCarthy (que les gens viennent quand même photographier).

Un éditorialiste du Monde était allé jusqu’à traiter de « crétins » les diplodocus et ptérodactyles qui avaient osé apporter la preuve, en rendant au « monument » la platitude qu'il n'aurait jamais dû quitter, que bien des « œuvres » de « l’art contemporain » ne sont, comme la baudruche, que de la gonflette, tout juste dignes de ces salles où des corps d’hommes (et de femmes) se gavent de clenbutérol, stanozolol et autres joyeusetés moléculaires anabolisantes, dans le but de faire mieux que Schwarzenegger, dans leur miroir qui n’a pas mérité ça. Il faut choisir : c’est ça ou le compresseur d’air.

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Mesdames, avouez : ça vous fait envie ?

Nous qui savons que tout époque produit les œuvres d'art qu'elle mérite, avons-nous besoin de ces « artistes » pour comprendre que l’époque présente est, dans ses grandes lignes et dans bien des détails, à vomir, à déféquer, à expulser comme les urates de n’importe quel docteur Faustroll qui s’ignore, même si, contrairement à l'original, la plupart des gens ne le font pas dans un « as » (chapitre "Du bateau du Docteur, qui est un crible", c'est dans la bible de la 'Pataphysique) ? Si c’est là le « message » de Paul McCarthy, je me permets de le trouver tout à fait niaiseux. Quoi ? Tout ça pour "ça" ?

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Un "Balloon Dog", façon Jeff Koons, mais de Paul McCarthy, et bien arrimé au sol, de peur qu'il rejoigne la stratoshère.

Dommage, d'ailleurs.

De graves « critiques d’art », de dignes « intellectuels » auront beau me prouver par a + b que je n’ai rien compris et que c'est moi qui suis affligé du même QI que le pétoncle, je persisterai dans mon aveuglement : que peut bien procurer au spectateur sa représentation de Blanche-Neige (ou qui que ce soit) en train de faire caca devant les animaux de la forêt ?

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C'est qui, déjà, qui avait détourné une couverture de livre pour enfants ?

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C’est sans doute moi qui suis irrémédiablement bouché. Je me rassure en me disant que des « œuvres » qui ont besoin de tout un volume imprimé sur papier bible pour expliquer et justifier leur nécessité doivent être décidément bien minces d’intérêt pour être remplacées par de si savantes logorrhées, plus conceptuelles qu'argumentatives.

 

Au moins, Jeff Koons, anticipant sans doute les agressions inqualifiables qui ont anéanti la chose verte de McCarthy, a conçu des œuvres « en dur ». A ceux qui se méprendraient, je dirai de se méfier : ne faites pas comme Prunelle, quand il veut essayer le « fauteuil de cuir fin » imaginé par Gaston Lagaffe pour la Fédération de boxe et qui se fracasse le crâne sur le prototype en plâtre armé. 

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Une histoire qui fait pendant à celle (vraie) de cette femme de ménage consciencieuse employée dans un musée allemand qui, croyant faire son boulot, a détruit une « œuvre d'art » en nettoyant un canapé sali exprès par l'artiste. Vous avez sûrement entendu parler. Après vérification, c'est une femme de ménage qui a détruit une œuvre (fait disparaître la patine) de Martin Kippenberger en récurant le récipient en caoutchouc, baptisé "Quand des gouttes d'eau commencent à tomber du plafond", qu'il exposait à Dortmund. L'œuvre était assurée pour 800.000 euros.

 

Quoi qu'il en soit, je me dis qu'après tout, ça existe peut-être, la "justice immanente".

 

Car Jeff Koons, lui, a conçu ses « Balloons » en acier, que ce soient des fleurs, des lapins ou des chiens, et pour parfaire l’illusion, il a exigé un « poli miroir » qui suscite l’admiration. Ça nous change de l’exhibition pas si lointaine (1991-1992) de ses galipettes sexuelles avec Ilona Staller, alias « la Cicciolina », l’actrice porno qu’il avait épousée. Jeff Koons, ou la pornographie érigée en œuvre d'art. Mieux : la pornographie élevée à la dignité de concept (vous connaissez sûrement, "nommé", "promu", "élevé à la dignité de" : on appelle ça la "Légion d'Honneur").

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Peut-être avait-il invité, en plus des amis, quelques caméras pour immortaliser leur nuit de noces, et quelques micros pour enregistrer les sons de leurs orgasmes.  S’agissant de sexe, certains n’hésiteraient pas à parler de « perfomance », bien que le terme, s’agissant d’art, prête aujourd’hui à confusion (contamination de l’anglais « to perform »).

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Ce qui s'appelle "faire argent de tout". Et surtout de n'importe quoi. Vérifiant l'adage qui dit que "l'argent n'a pas d'odeur". Ici, ça vaut mieux.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

lundi, 06 janvier 2014

DESSINER DU TAC AU TAC

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Puisque j’ai évoqué hier la vieille émission de télé de Jean Frapat, Tac au tac, j’ai eu envie d’en dire un mot. La raison en est que l’éditeur Balland avait publié en son temps un volume, sobrement intitulé Tac au tac, consacré aux traces laissées par les cinquante (tout de même) rencontres de dessinateurs de BD sur un plateau de télévision, aux fins d’en découdre à la façon des jazzmen « faisant le bœuf » entre eux, une fois le turbin en club expédié. Je trouve que le terme de « jam session » conviendrait assez bien à ces confrontations.

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"PROPOSITION" DE PEYO

Le principe est d’une simplicité angélique, même s’il peut être soumis à des variations dues aux circonstances, à la disponibilité des gens et à la concordance des agendas.

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"PIEGES" TENDUS PAR ROBA, FRANQUIN ET MORRIS

L’un des invités est désigné volontaire pour amorcer le débat, je veux dire pour proposer un dessin simple qui servira de support et de base de lancement à la fusée des imaginations. Par exemple, le producteur propose un motif : trois points alignés horizontalement.

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LES "PARADES" TROUVEES PAR PEYO

Alexis imagine une tête humaine à trois yeux, trois bouches et six oreilles ; Gébé voit un vampire à trois dents qui vient de les planter dans le cou d’une fille ; pour Fred les trois points sont autant de bouts de cigarettes à allumer à un chandelier à trois branches, et Gotlib se prend pour Lucky Luke : une main tenant un pistolet fumant a laissé dans la palissade du fond trois trous inquiétants. Seul le manque de place motive ici l’absence d’illustration.

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LE POINT DE DEPART, C'EST MORRIS

On peut commencer par regarder (voir plus haut) le schtroumpf proposé par Peyo au trio formé de Roba (Boule et Bill), Franquin (Gaston) et Morris (Lucky Luke), chargés de tendre un piège au gnome bleu.

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REPLIQUE DE ROBA

Et l’on jettera un œil amusé sur les parades trouvées dans l’instant par Peyo pour sauver sa trouvaille, les schtroumpfs, apparue, je le rappelle, dans La Flûte à six schtroumpfs.

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LÀ, C'EST FRANQUIN

Je passerai sur le duo formé par Gébé (L’An 01) et Claire Bretécher (Cellulite, Les Frustrés), qui n’est pas inintéressant, mais … Je m’intéresserai à une drôle d’aventure appelée « escalade ». Elle consiste en une série de seize interventions successives de quatre compères : les mêmes Morris, Peyo, Franquin et Roba.

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ETAT INTERMEDIAIRE

Je laisse de côté quelques épisodes de ce match merveilleux : seize images, ça ferait vraiment beaucoup. Je me contente de la séquence initiale, d’un état intermédiaire et du résultat final. Au lecteur sourcilleux de reconstituer en partant de la fin la totalité des phases de cette compétition amicale.

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RESULTAT FINAL APRES QUINZE PASSES DU BALLON

Je me permets encore de trouver merveilleuse l’idée de Jean Frapat de confronter entre eux des virtuoses du crayon, et de persister dans l’idée qu’elle a quelque chose à voir avec tout ce que je préfère dans le jazz : l’interaction « en temps réel » (comme on dit aujourd’hui) entre les idées des musiciens (les trios de Keith Jarrett, Ahmad Jamal ou Brad Mehldau), de préférence aux grosses machines (Count Basie, Duke Ellington), où toute la musique est écrite par un arrangeur, et que les musiciens n'ont plus qu'à exécuter.

C’est l’idée formidable d’un bonhomme, Jean Frapat, désireux de voir se produire un événement sous ses yeux, par la grâce de la rencontre de quatre dessinateurs talentueux. Quatre jazzmen virtuoses du crayon qui ont du plaisir à s’amuser ensemble, dans des jam sessions détendues et stimulantes.

Toute une époque !

Voilà ce que je dis, moi. 

 

 

mercredi, 08 mai 2013

VIVE MONSIEUR LE MAIRE ! (1/2)

 

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DU RÉEL À LA FICTION, OU L'INVERSE ?

 

***

 

Qu'on ne s'y trompe pas et qu'on se rassure sur le titre de ce billet, où il ne sera aucunement question de notre « grand-maire» de Lyon : je m'en voudrais de consacrer à Monsieur Gérard Collomb autre chose que la fourberie d'insinuations passagères, l'acidité d'allusions fugaces et la sournoiserie d'incidentes moqueuses.

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HOMMAGE A UN AUTRE "MICHEL AUDIARD" DE LA BD : ANDRÉ FRANQUIN

Mais je m’en voudrais aussi de revenir à des sujets plus « sérieux » que la BD (si ça me prenait, on ne sait jamais, le pire n’est pas toujours sûr, mais au fond du fond, qu’est-ce qui est vraiment « sérieux » dans la vie ?) sans aller m’incliner devant un monument du genre, où se conjuguent allégrement l’expressivité virtuose du trait, la typicité compacte et repérable de loin du personnage et l’invention verbale la plus débridée. Je veux parler de Sa Majesté : ANDRÉ FRANQUIN (Gaston, Spirou, Idées Noires, Trombone, Slowburn, …).

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Je veux, aussi et avant tout, parler du maire de Champignac : le seul homme politique que je connaisse qui n’ait sa langue ni en bois ni dans sa poche ; le seul homme politique qui fasse passer dans la noblesse de son verbe la hauteur de ses vues et de ses ambitions. 

Mais avant d’en venir au plat de résistance, il est nécessaire de dresser un bref historique de l’éloquence oratoire, qu’elle soit municipale ou judiciaire. Le paradis terrestre de l’éloquence oratoire ne date pas de Périclès, encore moins de Cicéron. 

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Il remonte à « Christophe », le facétieux Georges Colomb qui dessina et écrivit « pour se désennuyer un peu » (citation de qui, dites voir un peu ? Allez, je vous aide, c’est quelqu’un qui parle de quelqu'un qui « joue à bousculer les roses ») les aventures du preux « Sapeur Camember », prénommé François-Baptiste-Ephraïm, né à Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure) un des vingt-cinq 29 février du 19èmesiècle, en 1844.

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MAÎTRE BAFOUILLET, DANS SES OEUVRES

Le derrière du major Mauve a été heurté malencontreusement par le pied de Camember, qui passe en Conseil de guerre pour outrage à supérieur. Inutile de dire que ça date d'une époque où les hiérarchies étaient respectées. L’avocat s’appelle Bafouillet, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne bafouille pas (pardon !).

 

Après les fleurs de rhétorique de Maître Bafouillet, il convient de ne pas oublier le talent déployé par l’officier municipal – malheureusement anonyme – d’une petite commune du centre de la France, lors des épousailles de deux de ses administrés. Observons que lui aussi sait travailler le bois de la langue dans la dégauchisseuse d’un style aux accents de terroir que la télévision parisienne a définitivement éradiqué. Voici la chose (c'est une petit extrait).

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IL FAUDRAIT DIRE A CE MAIRE EPOUVANTABLEMENT REACTIONNAIRE QUE LES INSTITUTIONS (MARIAGE, ...) EVOLUENT,

ET QUE ÇA S'APPELLE LE PROGRÈS, NOM DE DIEU ! DEPUIS QUAND LE MARIAGE SE REDUIT-IL A L'UNION D'UN HOMME ET D'UNE FEMME ?

Moi qui ai gardé dans l’oreille les intonations de Léon C., bande dessinée,tintin,christophe,sapeur camember,georges colomb,peine de mort,chine,décapitation,franquin,spirou et fantasio,gérard collomb,art oratoiredésormais disparu, quand il parlait son patois du Dauphiné avec ses amis du village, je me permets de regretter amèrement de ne plus pouvoir entendre pareille musique. J’entends encore tout ce qu’on y a perdu.

 

Enfin, ces discours de bandes dessinées hauts en couleur, je trouve que ce n'est pas mauvais, comme mise en bouche.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 02 mai 2013

THE BEATLES AT WORK

Eh bien, je réponds : « Les deux, mon général ». Mais quelle était la question, au fait ? Ah oui : « Êtes-vous plutôt Beatles ou plutôt Rolling Stones ? ». Ah bon ? Encore ces vieilles lunes ? Je croyais que c’était dépassé depuis lurette. Encore une fois, il faut de tout pour faire un monde.

 

Vous voulez la belle tradition du blues, du blues bien gras, bien « roots » ? Avec le son électrique sale et les idées dégénérées de la génération « moderne » ? Mais vous ne voulez pas perdre de vue le génie des bricolages sonores qui ont révolutionné la musique populaire des quarante dernières années du 20ème siècle ? Vous voyez bien que vous êtes obligé de répondre : « Les deux, mon général ».

 

Aujourd’hui, on se contentera des Beatles. Et l’on ne peut pas laisser colporter la légende tenace selon laquelle les Beatles ont tué Brian Wilson, l’âme des Beach Boys. C’est injuste : ils l’ont juste envoyé à l’asile de fous. C'est authentique : quand Wilson a entendu Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, il a fallu l’hospitaliser pendant vingt ans. Remarquez qu’il avait absorbé assez de substances fortes pour virer barjo sans l’aide de personne.

 


 

Une indication qu’il était bien « barré », c’est que les musiciens de l’orchestre symphonique, qu’il avait embauchés pour enregistrer une partie de la future « apothéose » musicale (Smile), furent sommés de se coiffer de casques de pompiers. Ceci pour l’anecdote. Brian Wilson n’aura jamais fait mieux que Good vibrations. Ce qui, après tout, n’est pas si mal.

 

Je préfère quant à moi le vocalement sublime et superbement ciselé Heroes and villains, que je trouve supérieur, à cause de l'invincible goût de revenez-y que procure cette chanson sans aucune redite, et qui joue les volutes de fumée dans un air dont on voudrait bien saisir le parfum exact, mais fuyant. Une perfection dans le précaire : ça avance sans arrêt alors que l'auditeur voudrait bien s'attarder, lui. Un chef d'oeuvre méconnu de Brian Wilson.

 

Il reste que les Beatles ont tué la pop music de la fin du 20èmesiècle. Personne ne s’en est remis. C’en est au point que les recettes qu’ils ont concoctées, chanson après chanson, se retrouvent encore aujourd’hui dans les airs à succès. C’est dire que les Beatles ont façonné les oreilles de pas mal de gens. Et ce n’est pas fini. Et ce ne sont pas les tripatouillages électroniques, guitares saturées, métaux hurlants, vocoders (où es-tu, Savage Rose ?) et autres machines qui doivent faire illusion. Les Beatles ont tout simplement épuisé en quelques années, et pour très longtemps, l’intégralité de l’imaginaire musical de l’univers « pop ».

 

Et tout ça sans bien connaître la musique : ils avaient dans la tête ce qu’ils voulaient entendre, le communiquaient comme ils pouvaient à George Martin qui, étant musicien, s’efforçait de bricoler ce qu’il fallait pour arriver au résultat souhaité.

 

Il faut préciser que jusqu’à Rubber Soul, à mon goût, les Beatles sont un bon groupe de rock qui, à l’occasion, sait inventer des mélodies renversantes. Pas plus. Et puis arrive Revolver et, dans la foulée, Sgt Pepper’s, et alors là, je le dis sans emphase et en toute simplicité : le monde a changé. C’est aussi raide que ça. Les autres peuvent avoir du talent, c’est sûr, ils peuvent quand même aller se rhabiller.

 

Car il y a une différence entre produire A Whiter shade of pale (que Lennon avait sur sa table de chevet) et, sur un seul album (Revolver), ne produire que des tubes. Sans parler de Sgt Pepper's Lonely Hearts Club band.

 

A partir de Revolver, et jusqu'à leur disparition, les Beatles n'ont apporté à nos oreilles que de l'innovant. Chaque chanson nouvelle était nouvelle : ce n'est pas courant ! Enfin j'exagère. Il se trouve (pas par hasard) que là, c'était vraiment du nouveau. A ce moment-là, si tu voulais de l'innovation, tu achetais Revolver ! 

 

Que restait-il aux minots qui arrivaient dans le métier, après ça ? 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

PS : Smile, voulu et composé par Brian Wilson, est sorti en 2011 et, pour être franc, c'est du Beach Boys, bien reconnaissable, avec la signature maison pour l'univers sonore et quelques trouvailles, sauf que, musicalement, il est fait de pièces et de morceaux qui partent un peu dans tous les sens. Pas de quoi se relever la nuit pour avaler cette conserve de soupe assez fade.