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mercredi, 29 avril 2015

L'ETAT FOUT LE CAMP ...

... MAIS LE POLICIER PROSPÈRE.

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Parlant des outils que certains (comme Alain Bauer, « criminologue », grand copain en maçonnerie de Manuel Valls (avec Stéphane Fouks), "ami" de Nicolas Sarkozy, accessoirement franc-maçon haut placé et propriétaire d’une société privée (tiens donc !) de conseil en sécurité) tentent de mettre en place, l'au-dessus de tout soupçon juriste Mireille Delmas-Marty écrit en effet : « Baptisées "sciences criminologiques", ces analyses de risque, soutenues par une industrie de la surveillance en pleine expansion où des cadres issus des écoles de commerce côtoient des retraités des armées et des services de police et de renseignement, permettraient de prédire le risque de récidive » (p. 47). Je retiens surtout que l’ "industrie de la surveillance" est "en pleine expansion" et que les commerciaux copinent sans problème avec policiers et militaires. 

Cette expansion est un signe des temps et éclaire d’un jour curieux le débat autour de la « loi renseignement », je trouve. Légaliser l’intrusion policière dans les vies privées par des instances étatiques, ça revient finalement à calquer « ce qui reste de l’Etat » sur la façon dont n’importe quelle entreprise commerciale (mettons Google ou Facebook) est organisée en vue d’une efficacité parfaite dans le ciblage du client potentiel.

Je vais même vous dire : ce n'est rien d'autre qu'un énorme sondage d'opinions généralisé, permanent et en temps réel. Un sondage d'opinion un peu spécial : on ne vous demande pas si vous voulez répondre à des questions. On a votre réponse avant que quiconque vous ait posé la question. C'est même vous qui l'avez fait spontanément.

Je sais, vous allez dire : « Tant que je n'ai rien à me reprocher ». Eh oui, je sais, vous avez déjà intériorisé l'Etat policier. Vous anticipez : vous concevez vos idées en fonction de ce qui risque de vous être reproché. Et tout ça démocratiquement. Bravo, nous construisons l'avenir radieux.

Je vais vous dire : les nouvelles méthodes commerciales et policières d'intrusion, de pistage et de traçage des trajectoires individuelles constituent l'absolu du marketing publicitaire appliqué à la gestion sécuritaire de la société. L’Etat-puissance-publique aligne son fonctionnement sur le management « à l’américaine » des entreprises privées : se retrouver « aux affaires », c’est être amené à se conformer à la « politique managériale » la plus efficace possible. 

Et les gestionnaires actuels de l’Etat français sont tout bonnement en train d’appliquer à la puissance publique ce qui se pratique dans les entreprises privées : les principes du « lean management », dont le but est de débarrasser l’entreprise de toute la graisse qui entrave et ralentit le processus productif, y compris les stations devant la machine à café (« lean » veut dire « maigre », cf. la RGPP, non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, si chère à Sarkozy). T'échanges trois mots avec ton collègue du service voisin : tu fais perdre du fric à ton entreprise ! Simple comme bonjour. Soumettre l'Etat au plus sévère régime d'amaigrissement possible, tout en accroissant son efficacité policière. Fallait y penser.

Car le renseignement n’est qu’un aspect de la question. J’ai en effet tendance à mettre bout à bout plusieurs annonces récentes du même tonneau où l’anodin le dispute au correctionnel. Sur le modèle de la Belgique et du Luxembourg, on parle d’instaurer en France le vote obligatoire, en prenant soin de préciser qu’au grand-duché, l’infraction coûte 1.000 €. Vous serez citoyens, ou vous ne serez pas. On vous forcera à être des électeurs libres et responsables. C’est pas fini. 

Sur le modèle de la Suède, cette fois, on parle de faire une loi anti-fessée. On vous forcera à être des parents « immer korrect » (c’est-à-dire, comme ça se passe en Suède, sans cesse en train de négocier avec le gamin pour le persuader de se laisser éduquer parce que c'est pour son bien), sous peine de vous voir déchus de vos droits. 

Pour la loi prochainement destinée à criminaliser les paroles (déjà que) de ceux qu’on traite d’antisémites, d'islamophobes ou d'homophobes, on ne fera pas une loi « sur le modèle de », parce que le lobby est assez puissant en France pour agir en amont de toute déclaration d’allégeance à un modèle quelconque.

En France, le lobby anti-antisémite, antisexiste, anti-islamophobe, anti-homophobe est devenu une composante du pouvoir. Par exemple, studieux et obéissant, le président de la République Française défère à l'injonction, comminatoire et annuelle, d'avoir à se présenter, en tant qu'ultime élu de la dite République, au congrès du CRIJF ou dans une synagogue, si possible en couvrant son crâne d'une kippa (après les attentats de janvier) ! Je renonce à comprendre.

Notez que le vocabulaire se prête volontiers à tous les trafics : le mot « racisme » a une portée beaucoup plus générale qu’« antisémitisme ». C'est sans doute pour ça qu'il a été ajouté a posteriori pour donner l'acronyme LICRA, ligue qui, si je ne me trompe, a été fondée par un juif, et qui, au départ, ciblait exclusivement l’antisémitisme. Le R de "racisme" a permis d’embellir le présentoir dans la vitrine et d'élargir la clientèle, pour mieux vendre une idée déjà instrumentalisée. 

C’est sûr, Philippe Muray était dans le vrai, quand il dénonçait l’ « envie de pénal ». Tous les prétextes sont bons aux yeux des modéliseurs et spécialistes du formatage de l’humain, habités par l’obsession de fabriquer par décret une humanité exempte de tout Mal originel. De toute impureté biologique. De toute idéologie déviante. 

Il faut empêcher une fois pour toutes le Mal de nuire. Il suffit de décréter que le Mal est définitivement banni de notre « Empire du Bien » (Philippe Muray, bien sûr) pour éliminer les infâmes nuisibles qui osent voir dans ce « Bien » même le germe d’un nouveau Mal : tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette vision irénique et policière des choses, tous les méchants qu’on a rassemblés dans ce centre de rétention d’un nouveau genre qu’est l’étiquette « Nouveaux Réactionnaires ». Notez bien "irénique et policière". 

Le "Nouveau Réactionnaire", voilà l'ennemi, voilà le nuisible à éliminer du champ de vision. Je suis toujours étonné du nombre de gens qui se portent volontaires pour faire la police sur la voie publique de la pensée et des opinions. Toujours prêts à porter l'affaire devant la justice pour "incitation à la haine". Il faut faire taire les "Nouveaux Réactionnaires".

En commençant par les empêcher de s’exprimer. C’est la vision néo-conservatrice fanatique et fondamentaliste à la George W. Bush qu’on importe ainsi en France. A une grande différence près : privée de la complète liberté d’expression en vigueur aux USA. Appelons ça la double peine. Fait pas bon passer pour un réactionnaire, de nos jours. Alors que l' "incitation à la haine", elle ne vient pas de là où l'on pense.

Je signale que le mot "réactionnaire" désignait au départ tous ceux qui, après la Révolution, militaient pour rétablir la monarchie absolue, à l'exemple de Joseph de Maistre. Aujourd'hui, il désigne sous forme d'insulte tous ceux qui ne sont pas béats d'admiration devant le processus en cours, dont la seule ambition est d'instaurer un nouvel ordre moral.

« Ce qui reste de l'Etat » sera policier ou ne sera pas.

Voilà ce que je dis, moi. 

jeudi, 10 mai 2012

BOGDANOFFONNERIE 1

Vous avez aimé les violentes fantaisies climato-sceptiques (en plus d’être douteuses) de CLAUDE ALLÈGRE, dont Le Canard enchaîné avait plaisamment rapporté et brocardé les bourdes scientifiques proférées quand il était ministre (et même après) ? Vous allez adorer les frères BOGDANOFF. 

 

Les téléspectateurs connaissent forcément IGOR ET GRICHKA BOGDANOFF, les célèbres « jumeaux sur plateaux » (de télévision), qui essaient laborieusement de se faire passer pour des scientifiques. Mais moi qui n’ai pas la télévision, j’en ai juste eu vent (mot très juste) par la rumeur publique. 

 

Je crois que c’est RICHARD BOHRINGER qui disait aimablement, en parlant de BÉATRICE DALLE : « Elle se laisse pousser la bouche ». Là on dirait que ces messieurs ont mis en culture leurs pommettes, leurs lèvres et leurs mentons, pour les faire croître et embellir. Ce qui rend leur abord infiniment plus avenant et présentable, et leurs personnes infiniment plus esthétiques, vous ne trouvez pas ? 

 

Avant, ils avaient des visages certes particuliers (disons « typés »), mais intéressants, intelligents, certains diraient peut-être harmonieux. A présent, leur physique (tiens, justement, ils se disent physiciens !) se rapproche de la beauté classique et intemporelle des suidés génétiquement modifiés qui font « grouïïïk ! » quand on leur apporte à manger. Mais enfin, personne ne les a forcés. 

 

Il est d’ailleurs intéressant de noter à ce propos que leur dernier « opus » s’intitule Le Visage de Dieu (Dieu et la science était le titre d’un précédent ; on voit bien le sillon qu’ils creusent et le champ qu’ils ensemencent). A quels visages ce titre renvoie-t-il ? On se demande bien. 

 

Ce qui plaît, dans leur démarche, c’est la remarquable intransigeance morale qu’ils observent scrupuleusement. ALAIN RIAZUELO, qui travaille pour le CNRS à l’Institut d’Astrophysique de Paris, a osé publier sur internet, sans autorisation, la version préliminaire d’une « thèse » d’un des deux frères (je reviendrai à ALAIN RIAZUELO après avoir déblayé le terrain). Parce qu’il faut le savoir, les BOGDANOFF ont soutenu des thèses, à l’université de Bourgogne. 

 

A propos de thèse et d’université, on se souvient de celle de Madame ELISABETH TEISSIER (son vrai nom est GERMAINE ELISABETH HANSELMANN), n’est-ce pas. La célèbre astrologue devait être une excellente copine du sociologue en pointe télévisuelle à l’époque, MICHEL MAFFESOLI, grand spécialiste et prophète enthousiaste de la « tribalisation » de la société. Entre prophètes, on se comprend.

 

Et celui-ci avait réussi (sans trop de mal) à propulser celle-là en 2001 jusque dans le saint des saints du temple du savoir universitaire et sérieux de la Sorbonne, pour soutenir devant un « jury » une « thèse » de « sociologie » loufoque sur sa spécialité commerciale : l’astrologie, au grand dam des vrais scientifiques, dont quelques-uns claquèrent violemment la porte de la salle de soutenance. Une « farce », aux dires de certains.   

 

Le plus curieux, dans ces circonstances, c’est qu’il se trouve des universitaires, pourtant réputés, pour cautionner des démarches qui ont plus à voir avec la notoriété procurée par une habile exploitation de la télévision qu’avec la recherche scientifique. Comment Monsieur SERGE MOSCOVICI (père de PIERRE), jusque-là très honorablement connu, s’est-il laissé embringuer dans une telle turlupinade, jusqu’à consentir à présider le « jury » qui a « authentifié » le « sérieux » des « travaux » de Madame TEISSIER ? Mystère. On n’ose imaginer qu’il le fit pour renvoyer on ne sait quel ascenseur. 

 

Bon, dans le même genre, on a aussi eu, grâce à NICOLAS SARKOZY, la création au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) d’une chaire de criminologie appliquée, exprès pour le franc-maçon ALAIN BAUER, alors même qu’il n’y avait pas droit, n’ayant pas de doctorat, mais aussi, que tous les criminologues dûment référencés contestent la validité de ses thèses en la matière. Seulement, il faut savoir qu'ALAIN BAUER a eu le privilège d’être souvent consulté par les ministres de l’Intérieur, parmi lesquels un certain NICOLAS SARKOZY. CQFD. J’imagine que les cas ne sont pas si rares qu’on croit. 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

Ce n'est pas fini. Le meilleur est à venir.