xTaBhN

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 23 mars 2013

DE L'EXPERIMENTAL DANS LES ARTS

 

CHINOIS 2.jpg

GABRIEL GARCIA MARQUEZ L'A IMAGINÉ (à la fin de 100 ans de solitude) ; LES CHINOIS L'ONT FAIT : MAIS QUE FAIT SONY ?

 

***

Question qui découle du billet précédent : étant donné un individu qui fait des expériences, sans être un enfant ni un scientifique, à qui peut-on bien avoir à faire ? 

 

Oui, nous voici devant un fameux problème : un individu qui a quitté (parfois malgré lui, il faut bien le dire) les bienheureuses brumes de l’enfance insouciante sans être pour autant partie prenante dans un programme de recherches pour le compte de l’UMR 5615 du CNRS (Laboratoire des Multimatériaux et Interfaces), ou de l’UMR 5023 (Ecologie des Hydrosystèmes Fluviaux, vous pouvez vérifier), mais qui fait des expériences, qu’est-ce que c’est ? On est en droit de se le demander. Mais ne cherchez plus, ne vous posez plus la question, j’y réponds ici même, incontinent, illico et séance tenante :

 

c’est un ARTISTE.

 

Rentrez-vous ça une bonne fois dans le ciboulot. Vous allez dire : « Ah bon ? Mais quel genre d’artiste ? ». Je vois que vous êtes au fait des grandes controverses actuelles sur les sujets à la mode dans les rédactions et sur les plateaux, ainsi que chez les sociologues et les féministes acquis aux problématiques « genristes » et « genrées » (ça fait fureur), mais je vous rassure : « Un artiste simplement "contemporain" ».

 

Je sens que vous allez insister : « Mais pouvez-vous définir ce "contemporain" avec un peu de précision ? ». C’est une bonne question, et je vous remercie de l’avoir posée : l’artiste "contemporain" est celui qui se revendique très haut et très fort « à la pointe de la modernité ». « Ce qui veut dire ? ». On peut dire que vous êtes impitoyable, mais j’avais prévu la question.

 

On dit qu’un artiste est à la pointe de la modernité quand il se comporte ni plus ni moins que comme un enfant en train de grandir, en même temps que comme un scientifique qui chante un "Eurêka" triomphal dans sa baignoire : il a fait quelque chose qui n'a jamais été fait avant lui. Comme eux, il obéit à ce seul, unique et dantonien mot d'ordre : « De l'audace ! Encore de l'audace ! Toujours de l'audace ! ».

 

Cela signifie que, comme eux, il fait des « expériences ». La seule différence qui l’en sépare, c’est que, étant parti en vulgaire galapiat qui voudrait bien savoir ce que ça fait quand on arrache les ailes d’une mouche, en merdeux qui remplace par de l'eau le cognac de grand-mère dont il s'est servi pour saoûler les poules à coups de mie de pain imbibée, il voudrait bien arriver dans le costume nobélisé de Pierre-Gilles de Gennes, l'éclaicisseur définitif de tous les mystères de la saponification, permettant une avancée décisive qu’il convient d’appeler, depuis le 20 juillet 1969 : « un pas de géant pour l’humanité ».

 

L’artiste contemporain est donc un cumulard en puissance : il voudrait bien être à la fois dans la gratuité de l’authenticité enfantine et dans les retombées sonnantes de la découverte scientifique, sauf qu’il n’est plus un enfant et qu’il n’a pas exactement la compétence de l’homme de laboratoire. Qu'importe, se dit-il, l'ubiquité ne me fait pas peur. Janus, après tout n'avait que deux visages. Je dois pouvoir faire mieux.

 

C’est dire si son statut manque de netteté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ses trouvailles sont le plus souvent des objets de controverses infinies. Dame, c’est compréhensible : apparues selon la logique du caprice enfantin, elles n'ont pas davantage été validées dans quelque revue scientifique « à comité de lecture », sourcilleuse quant à la rigueur des protocoles observés.

 

La raison ? Oh, elle est bien simple : celui qui se revendique « artiste contemporain », s’il veut être reconnu à l’égal d’un chercheur sur la voie d’une découverte bouleversante pour l’avenir de l’humanité tout entière, il ne s’autorise, pour y parvenir, que du seul bon plaisir de sa propre majesté, comme l’enfant en train de jouer dans le sable, qui ne cesse de donner consistance à sa propre folie des grandeurs. Sauf que le château, lui, dure seulement jusqu'à la prochaine marée.

 

C’est ce qui fait le charme de toute la création artistique d’aujourd’hui. C’est aussi, disons-le, ce qui fait la perplexité des amateurs de peinture, de musique, d’art poétique, de littérature, que sais-je encore. Ce qui fait la violence de certaines polémiques, par exemple entre Jean Clair et Philippe Dagen, suivant qu'on est partisan de l'émancipation précoce des enfants, ou au contraire, qu'on insiste sur la durée nécessaire à un bon apprentissage, et sur la difficulté inhérente.

 

Ce qui fait, enfin, les étranges fluctuations des « cotes » des « artistes » sur le « marché de l'art », assez analogues aux flambées spéculatives du sucre ou du riz à la bourse de Chicago, invariablement suivies de l' « éclatement de la bulle ».

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

jeudi, 10 mai 2012

BOGDANOFFONNERIE 1

Vous avez aimé les violentes fantaisies climato-sceptiques (en plus d’être douteuses) de CLAUDE ALLÈGRE, dont Le Canard enchaîné avait plaisamment rapporté et brocardé les bourdes scientifiques proférées quand il était ministre (et même après) ? Vous allez adorer les frères BOGDANOFF. 

 

Les téléspectateurs connaissent forcément IGOR ET GRICHKA BOGDANOFF, les célèbres « jumeaux sur plateaux » (de télévision), qui essaient laborieusement de se faire passer pour des scientifiques. Mais moi qui n’ai pas la télévision, j’en ai juste eu vent (mot très juste) par la rumeur publique. 

 

Je crois que c’est RICHARD BOHRINGER qui disait aimablement, en parlant de BÉATRICE DALLE : « Elle se laisse pousser la bouche ». Là on dirait que ces messieurs ont mis en culture leurs pommettes, leurs lèvres et leurs mentons, pour les faire croître et embellir. Ce qui rend leur abord infiniment plus avenant et présentable, et leurs personnes infiniment plus esthétiques, vous ne trouvez pas ? 

 

Avant, ils avaient des visages certes particuliers (disons « typés »), mais intéressants, intelligents, certains diraient peut-être harmonieux. A présent, leur physique (tiens, justement, ils se disent physiciens !) se rapproche de la beauté classique et intemporelle des suidés génétiquement modifiés qui font « grouïïïk ! » quand on leur apporte à manger. Mais enfin, personne ne les a forcés. 

 

Il est d’ailleurs intéressant de noter à ce propos que leur dernier « opus » s’intitule Le Visage de Dieu (Dieu et la science était le titre d’un précédent ; on voit bien le sillon qu’ils creusent et le champ qu’ils ensemencent). A quels visages ce titre renvoie-t-il ? On se demande bien. 

 

Ce qui plaît, dans leur démarche, c’est la remarquable intransigeance morale qu’ils observent scrupuleusement. ALAIN RIAZUELO, qui travaille pour le CNRS à l’Institut d’Astrophysique de Paris, a osé publier sur internet, sans autorisation, la version préliminaire d’une « thèse » d’un des deux frères (je reviendrai à ALAIN RIAZUELO après avoir déblayé le terrain). Parce qu’il faut le savoir, les BOGDANOFF ont soutenu des thèses, à l’université de Bourgogne. 

 

A propos de thèse et d’université, on se souvient de celle de Madame ELISABETH TEISSIER (son vrai nom est GERMAINE ELISABETH HANSELMANN), n’est-ce pas. La célèbre astrologue devait être une excellente copine du sociologue en pointe télévisuelle à l’époque, MICHEL MAFFESOLI, grand spécialiste et prophète enthousiaste de la « tribalisation » de la société. Entre prophètes, on se comprend.

 

Et celui-ci avait réussi (sans trop de mal) à propulser celle-là en 2001 jusque dans le saint des saints du temple du savoir universitaire et sérieux de la Sorbonne, pour soutenir devant un « jury » une « thèse » de « sociologie » loufoque sur sa spécialité commerciale : l’astrologie, au grand dam des vrais scientifiques, dont quelques-uns claquèrent violemment la porte de la salle de soutenance. Une « farce », aux dires de certains.   

 

Le plus curieux, dans ces circonstances, c’est qu’il se trouve des universitaires, pourtant réputés, pour cautionner des démarches qui ont plus à voir avec la notoriété procurée par une habile exploitation de la télévision qu’avec la recherche scientifique. Comment Monsieur SERGE MOSCOVICI (père de PIERRE), jusque-là très honorablement connu, s’est-il laissé embringuer dans une telle turlupinade, jusqu’à consentir à présider le « jury » qui a « authentifié » le « sérieux » des « travaux » de Madame TEISSIER ? Mystère. On n’ose imaginer qu’il le fit pour renvoyer on ne sait quel ascenseur. 

 

Bon, dans le même genre, on a aussi eu, grâce à NICOLAS SARKOZY, la création au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) d’une chaire de criminologie appliquée, exprès pour le franc-maçon ALAIN BAUER, alors même qu’il n’y avait pas droit, n’ayant pas de doctorat, mais aussi, que tous les criminologues dûment référencés contestent la validité de ses thèses en la matière. Seulement, il faut savoir qu'ALAIN BAUER a eu le privilège d’être souvent consulté par les ministres de l’Intérieur, parmi lesquels un certain NICOLAS SARKOZY. CQFD. J’imagine que les cas ne sont pas si rares qu’on croit. 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

Ce n'est pas fini. Le meilleur est à venir.