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dimanche, 26 mai 2013

VOUS AVEZ DIT PRESSE DE GAUCHE ?

 

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Avertissement liminaire : comme le Petit Poucet du conte semait des cailloux blancs sur son chemin, je sème, dans mes billets d'aujourd'hui et de demain, des photos de titres prélevés dans le journal Libération. L'explication de la chose sera donnée demain.

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L’un des signes qui ne trompent pas sur le fait qu’il n’y a plus de gauche en France, c’est la presse. Quand je dis « plus de gauche », ça veut dire qu’il n’existe plus de force politique s’attaquant de front à la structure même de la société marchande, et non pas les tentatives plus ou moins velléitaires à aménager sur les marges des conditions un peu moins injustes pour les populations. 

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Disons, pour parler clair, que la gauche révolutionnaire a définitivement disparu : le capitalisme a gagné. Il ne s’agit même pas de le reconnaître : les faits sont là. Et c’est radical et définitif. Jusqu’à sa disparition, l’URSS a donné l’illusion (à ceux qui fermaient les yeux sur le sordide de la réalité alors produite, et sur l'absence totale de communisme "vrai" dans la patrie même du communisme, régie en réalité par un féroce capitalisme d'Etat) qu’il pouvait en être autrement, mais depuis la chute du mur, « tout est consommé », comme a dit un homme plus célèbre que connu (initiales JC).

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« Exeunt » les luttes ouvrières, quoi que puissent en dire quelques groupuscules d’extrême gauche (PC, LO, LCR, …). Ce qui a désormais pris la place des forces politiques qui voulaient autrefois mettre à bas le système capitaliste (« appropriation privée des moyens de productions », pour parler le Marx dans le texte), c’est ce que j’appellerai la « gauche de gouvernement », ou « gauche responsable ». 

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Ben oui, dès lors que la gauche accepte de gérer le système tel qu’il est, elle est obligée d’en accepter les règles et les structures, et de se contenter d’en modifier quelques aspects marginaux, comme l’a amplement démontré en son temps François Mitterrand en baissant brusquement pavillon en 1983 (le « tournant de la rigueur »).

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La presse a suivi. Le Monde, le navire amiral, le journal « de référence », à travers la neutralité, aussi affichée que professionnelle, de sa « ligne éditoriale », laisse voir en filigrane une corde faisant vibrer davantage d’harmoniques à bâbord qu’à tribord (si c’est pas bien dit, ça ! Ça vaut presque le maire de Champignac, pas vrai ?). 

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Certains diront que l’esquif « de référence » a progressivement dérivé, en laissant d’abord apparaître, dans ses colonnes, les cours de la bourse, puis en accordant un peu de place à la photo, puis à la publicité, et puis de plus en plus, allant parfois jusqu'à faire croire que les articles servent de support et de commentaires aux photos et aux publicités. Moralité : il faut bien vivre.

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Les journaux essaient (de plus en plus désespérément), de suivre les « goûts » de leur lectorat. Pour survivre, Le Monde s’est donc laissé grignoter. Il en est même arrivé à vendre (en date du samedi 24 mai 2013) les pleines pages 4, 5, 6 et 7 à Samsung pour promouvoir son nouveau « Galaxy S4 » (« Quoi ? Y a un nouveau Galaxy ? », voix suraiguë de Coluche, évidemment). La quantité d’information, je veux dire la vraie, dans Le Monde a donc beaucoup maigri ; elle n’a pas disparu.

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POUR COMPRENDRE CELUI-LÀ, IL FAUT SAVOIR QUI ETAIT LE "MIME MARCEAU"

Le Monde est encore un journal. Frustrant, décevant, exaspérant par rapport à ce que ça pourrait, mais un journal. Pas comme Libération, dont sont tirés les titres ici présents.

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 29 novembre 2012

UNE SORTE DE MAFIA SOCIALISTE

Pensée du jour :

« C'est ainsi qu'à la suite de traités "culturels", ou commerciaux, avec la Chine, nous allons recevoir des morts. On ne peut guère offrir que ce qu'on a. Il ne faut pas attendre de Pékin du chevreton ou de la fourme à points bleus. En revanche, nous aurons des "pièces anatomiques". (...) Nous aurons donc des cadavres chinois. Malheureusement, nourris exclusivement de riz, ils ont les os extrêmement frêles. C'est une constatation que tous les médecins ont faite depuis la guerre russo-japonaise : le mangeur de riz a l'os cassant. On l'enverra en "colis fragile". Les petits cadeaux entretiennent l'amitié ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

C’est vrai, je le reconnais, je l’avoue, depuis quelque temps, j’ai tendance à délaisser ici ce qui se passe autour de nous, à commencer par les feuilletons en cours en Syrie, en Israël-Palestine, ailleurs sûrement. Tiens, au fait, ça fait très longtemps qu’on n’a pas entendu parler de monsieur ROBERT MUGABE.

 

 

Peut-être qu’il ne s’y passe rien, au Zimbabwe, depuis qu’il a lancé la chasse aux blancs, enfin, la chasse aux terres cultivées par les blancs, au motif que c’était de l’accaparement hérité des colonies, et depuis que ces terres, après le départ de leurs « propriétaires » (on n’ose plus dire ça), sont tombées en friches et devenues improductives, obligeant constamment le pays à demander l’aide internationale d’urgence. Plus simplement, c’est sans doute qu’aucun organe de presse n’estime intéressant d’envoyer un journaliste à Harare.

 

 

Autrefois, les informations, ça s’appelait « les actualités ». Et c’était déjà de la propagande. Aujourd’hui que la hiérarchie des valeurs a été passée à la moulinette télévisuelle, et à la rubrique des « étranges lucarnes » (dans Le Canard enchaîné), le pire côtoie sans pudeur le meilleur, avec néanmoins une préférence marquée pour le premier des deux. Mais je ne vais pas faire mon Don Quichotte et me lancer dans une énième (et vaine) offensive contre la « machine à mouliner du vent » qu’est la télévision.

 

 

Devenue un véritable mode de vie, la télévision constitue une sorte de pilier, qui structure l’existence d’une part non négligeable de la population humaine de la planète, y compris dans les pays musulmans, où elle a été admise comme sixième pilier de l’Islam, avec Al Jazira. Je ne vais pas me faire que des amis, mais c’est vrai ça : je ne vois pas pourquoi quelques milliards de musulmans n’auraient pas droit au déluge de propagande qui s’abat sur l’humanité souffrante par le biais de ce que beaucoup de naïfs persistent à considérer (et tous les pouvoirs à présenter) comme un « merveilleux outil d’éducation et d’information ».

 

 

L’actualité aujourd’hui ? C’est cette envoyée spéciale qui passe toute une journée devant la porte d’un juge bordelais en train d’auditionner un certain NICOLAS SARKOZY et qui, n’ayant rien à dire, puisqu’il ne se passe rien, se contente d’avoir froid devant la caméra. C’est aussi La Course du rat (excellente BD de LAUZIER), où JEAN-FRANÇOIS COUILLON et FRANÇOIS FRAPPÉ veulent s’asseoir à la place du calife, en vue de devenir le Sultan (rien de moins) en 2017. Je me dis que le fromage doit avoir un goût délectable.

 

 

L’actualité aujourd’hui ? On en apprend, du joli, sur la mafia politique qui nous gouverne en lisant un excellent article sur une des plus vieilles amitiés politiques qui soude trois lascars (dans l'ordre, MANUEL VALLS, ALAIN BAUER, STEPHANE FOUKS), dont l’un est assis dans le fauteuil de ministre de l’Intérieur, dont l’autre, longtemps plus en retrait, s’est fait bombarder (par son alors récent copain NICOLAS SARKOZY, et, évidemment dirons-nous, au mépris des procédures habituelles et au grand dam des universitaires, ça vous étonne ?) professeur à une chaire de criminologie après avoir présidé aux destinées du Grand Orient de France, et dont le troisième, à la surface de notoriété médiatique encore moins vaste (coprésident de Havas quand même !), s’est dès longtemps spécialisé dans la « communication politique ».

 

Le premier fait parler de lui presque tous les jours dans les cercles qui le croyaient « de gauche », et qui découvrent sans cesse que plus il agit en tant que ministre, moins il l’est, « de gauche ». C’est évidemment MANUEL VALLS. Monsieur ALAIN BAUER a très tôt formé le projet de devenir Grand-Maître du Grand Orient, le top de ce qui se fait en matière de mafia franc-mac. Quant à STEPHANE FOUKS, il ferait presque pâle figure, sauf qu’en matière de com’, il s’y connaît, et l’on peut dire qu’il se sent là, tout de suite, comme un poisson dans l’eau : responsable étudiant, il savait comme personne remplir une salle. C’est peut-être un talent, après tout.

 

 

Tout de suite, ils se partagent le marché politique, comme savent le faire des « parrains » qui jugent la paix préférable pour la prospérité des affaires. Tout de suite comme des vieux routiers. Ont-ils vingt ans, quand ils se retrouvent à la cafétéria de Tolbiac ? « Moi, je rêve un jour d’être grand maître ». « Moi je ne veux pas forcément faire de la politique mon métier ; j’aime la communication ». « Moi, j’aime la France, j’aimerais bien devenir président de la République ». Vous les avez reconnus ? C’est un certain JULIEN DRAY qui témoigne, vous savez, celui qui a récemment fâché SEGOLENE ROYAL en invitant DOMINIQUE STRAUSS-KAHN à son anniversaire.

 

 

JEAN-CHRISTOPHE CAMBADELIS y va aussi de son témoignage : « Chacun des trois avait déjà un morphotype : communicant, agitateur politique et, au choix, flic ou homme de réseaux. (…) Aux Jeunesses Socialistes, ils ont chacun une tâche : Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d’appareil ; Stéphane la communication ». Ces messieurs sont convenus de ne pas se marcher sur les pieds.

 

 

Ces trois-là viennent de fêter leurs 150 ans (sic ! Ils sont nés en 1962, sauf FOUKS ?) en « privatisant » les deux étages du restaurant Drouant (celui du Goncourt), et en invitant une bonne centaine de personnes : « Des patrons, des pontes du renseignement, des politiques, autant de cercles qui s’emmêlent tandis que sur les tablées le bon vin abolit les frontières ». « On offre des livres rares, des alcools forts millésimés ». Dans le trio qui invite, la personnalité la plus « intéressante » est peut-être celle d’ALAIN BAUER.

 

 

Le site wikipédia le présente comme un « consultant en sécurité » (on n'est pas plus pudique). Né en 1962, il est socialiste à 15 ans. Trente ans plus tard, il devient conseiller de SARKOZY. Sa spécialité ? La police. Plus précisément, les relations dans la police. Devenu vice-président de Paris-I-Tolbiac (en 1982, tiens, tiens), il suscite ce commentaire admiratif : « Quand on a vu Bauer arriver à la fac avec sa voiture et son chauffeur, on s’est dit que, là, il avait des réseaux qu’on n’aurait jamais, même à 50 ans ». En 1982, il avait 20 ans. Entre parenthèses, ça en dit long sur le Parti Socialiste de FRANÇOIS MITTERRAND, et bien avant sa victoire de 1981.

 

 

Le plus « intéressant » dans cette carrière « intéressante » me semble être le fait que monsieur ALAIN BAUER illustre à merveille une notion très à la mode : le RÉSEAU. Avec ALAIN BAUER, si vous additionnez le réseau FRANC-MAÇON, le réseau JUIF, le réseau POLICIER et le réseau SOCIALISTE, vous obtenez un « carnet d’adresses » épais comme un Bottin de Paris dans les années 1950 (minimum 15 cm sur papier fin). ALAIN BAUER est à lui seul une incarnation du concept de RÉSEAU. Sa personne est un LOBBY. C'est très fort.

Cet homme est à lui seul une agence d’influence. Et je vais vous dire : les idées politiques, franchement, il n’en a rien à cirer. Et je vais vous dire mieux, il ne faut pas chercher ailleurs les "idées" (si par hasard ce sont des idées, et non de simples moyens de gouvernement) que MANUEL VALLS met en application maintenant qu’il est ministre : ALAIN BAUER, son vieil ami, enseigne à l’EOGN (officiers de gendarmerie) et à l’ENSP (cadres de la police). J’avoue que je n’ai pas lu les ouvrages de monsieur ALAIN BAUER. Honnêtement, quand ils ont paru, je faisais autre chose, j’étais en plongée sous-marine, sans doute.

Merci à ARIANE CHEMIN, pour la qualité de son article du Monde. Alors ça, oui, c'est ce que j'appelle du journalisme !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 02 juillet 2012

DES (MAUVAISES) NOUVELLES DE LA FRANCE

J’espère que vous n’avez pas mis trop de temps à vous rendre compte que, sous HOLLANDE, ça n’a pas duré pour qu’il en aille tout autrement que sous SARKOZY, c’est-à-dire, évidemment, que tout est comme avant et que rien n’a changé.

 

 

Une seule chose a disparu du paysage, et c’est déjà un drôle de soulagement : le plaisir de sale gosse de NICOLAS SARKOZY qui consistait, patiemment, jour après jour, à dénicher une nouvelle fourmilière pour y foutre un grand coup de tatane, à seule fin de jouir en ricanant méchamment du spectacle du grouillement innombrable et affolé des insectes. La fourmilière pouvait s'appeler "carte judiciaire", "RGPP", "Hôpital public", "Ecole", "Police", peu importait. Reste à voir comment HOLLANDE va réparer tout ça.

 

 

C’est vrai que SARKOZY avait érigé en méthode de gouvernement l’ébahissement permanent des foules : « Oh non, quand même, ça, il n’osera pas ! – Ben si, qu’est-ce que vous croyez ? ». C’en était très curieux, d’ailleurs, de voir SARKOZY dans son déguisement de président, trop grand pour lui. C’était ça le plus sidérant : le voir déguisé en président, avide de voir les visages des Français sidérés, ahuris, jour après jour, de voir une fourmilière après l’autre démolie à coups de bottes par le sale gosse caractériel.

 

 

Dans le fond, SARKOZY, pendant cinq ans, a fait diversion. Il a inventé le quinquennat de la diversion : pendant qu’il s’agitait au premier plan, les bottes cloutées de ses cabinets ministériels attaquaient une nouvelle fourmilière, en prévoyant déjà leur cible suivante, et en se demandant s’ils allaient l’attaquer de la pointe ou du talon. On va pouvoir quitter des yeux l’écran et sortir de la salle pour aller se soulager la vessie. Est-ce que ce sera reposant pour autant ? Pas sûr, Arthur.

 

 

Ah si, quand même, avec la présidence HOLLANDE, ce sera plus reposant pour les journalistes. Les rédacteurs en chef ont déjà cessé d’éditorialiser à tout va au moindre battement de cil de l’époux de CARLA, que j’avais presque envie (dans mes temps morts) d’appeler « monsieur BRUNI ». Et ils ont cessé d'envoyer leurs journalistes en rafales de grappes d'escadrilles aux trousses de l'agité de la focale. C’est sûr, FRANÇOIS HOLLANDE souffre moins pathologiquement de n’être pas constamment au centre des conversations.

 

 

Mais franchement, vous croyez qu’il va faire mieux que le sidérateur professionnel qui l’a précédé ? Les finances, l’activité industrielle, le « pouvoir d’achat des Françaises-et-des-Français », vous croyez que ça va s’arranger ? Personnellement, je dis que non, et que le pire est à venir.

 

 

Pour une bonne raison (qui est très mauvaise en soi), c’est que la logique du spéculateur est une logique proprement USURAIRE. Ceux que les « journalistes » économiques (si on peut nommer cette engeance) appellent mensongèrement des « investisseurs », ne sont rien d’autre que des usuriers, de la même espèce que l’affreux Gobseck inventé (et observé) par BALZAC. Avec les dettes souveraines, ils ont trouvé un prodigieux gisement à se faire du gras.

 

 

 

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Je signale à ceux qui ne se tiendraient pas au courant que le taux maximum possible (défini par l'Etat, au-delà c'est de l'usure), pratiqué par les banques, en France, pour un emprunt de 1524 euros (c’est précis), est de 20,65 %, soit 1,72 % par mois. Et que ça passe à 19,5 %, jusqu’à 3000 €, pour les crédits renouvelables (vous savez, les "revolvings"). Donc ça reste juteux (pour qui ?). Le Figaro.fr du 9 mai 2012 indique que la Grèce pourrait emprunter « sur les marchés » au joli taux (à dix ans) de 22 %. CQFD.

 

 

Les prétendus « investisseurs » des « journalistes » sont bel et bien des USURIERS à qui toutes les autorités politiques du monde ont décidé de laisser impunément la bride sur le cou. Et qu’on se le dise, depuis que l’Etat français n’a plus le droit d’emprunter à 0 % auprès de sa banque centrale, depuis la scandaleuse loi de GISCARD et POMPIDOU (1973), l’Etat français a été obligé de se tourner vers les USURIERS pour financer les salaires et les retraites des fonctionnaires, mais aussi les cadeaux fiscaux faits à droite et à gauche.

 

 

Sans que ça l'empêche de brader les bijoux de famille de l'Etat lui-même (patrimoine immobilier, autoroutes, privatisation des grands services publics, mis au rencart au nom de la très européenne "concurrence libre et non faussée", etc.).

 

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CE CROCHU-LÀ EST PEINT PAR QUENTIN METSYS

 

Je note que ni MITTERRAND ni JOSPIN n’ont touché à cette loi scélérate. Gauche et droite sont un seul et même bateau. Cette loi a passé autour du cou de tous les dirigeants politiques, quelles que fussent leurs couleurs et leurs paroles, un nœud coulant, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’il est passé autour du cou de tous les contribuables.

 

 

Tout ça pour dire que, avec HOLLANDE ou SARKOZY à la barre, c’est kif-kif bourricot et du pareil au même. Et qu’ils obéissent au doigt et à l’œil, sous peine d’étranglement, à la sacro-sainte « loi du marché », qu’on peut tout bonnement appeler la LOI DE LA JUNGLE. L’un comme l’autre, ils sont au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon, en attendant les verdicts éminemment « rationnels » (!!!!!) de Wall Street et des entreprises qui gagnent leur vie en vendant des opinions (on les appelle couramment des « agences de notation »).

 

 

Non, je ne suis pas optimiste. « Tu vas pas mourir de rire, Et c’est pas rien de le dire » (Mickey 3 D).

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

dimanche, 05 février 2012

LA CONJURATION DU VERBE BRUIRE

Avant de commencer, qu'on me permette de rendre hommage à la corporation tout entière des journalistes, pour une phrase entendue hier de la bouche de l'un d'eux, dont tout le monde et chacun goûtera le terrible sel ironique : « Hier, deux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer sont mortes de froid ». Voilà. 

 

 

 

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HERR PROFESSOR DOCTOR ALOIS ALZHEIMER

 

 

 

C'est dimanche, on a fait la grasse matinée, on est détendu, il fait froid dehors. C'est donc le moment de redresser les moeurs, de hisser la bannière, de sucrer les fraises, de pousser les feux, de foutre le camp, d'arroser les fleurs, de faire chauffer la colle, de ne pas rater le temps au moment où il passe, de bouter l'Anglois hors de France. En un mot comme en cent, de corriger les fautes. Occupons-nous d'un galapiat incorrigible du lexique français, dont le comportement est de plus en plus déréglé.

 

 

Pour cela, rien de mieux qu'une bonne PROSOPOPÉE dans les gencives pour se mettre en jambes, même si elle se présente incomplète, atténuée, rognée, restreinte, voire concassée.

 

 

C’est un sale gosse, le verbe BRUIRE. Un sauvageon. Pas retourné à l’état barbare, mais pas loin. Au moins une racaille, une jeune pousse qui jette sa gourme à tous les vents, qui pète au nez du savoir-vivre le plus affirmé. Ce n’est plus de la conjugaison, c’est de la conjuration. Nous y voilà : c’est un complot. Le mot est lâché. J’aurais dû m’en douter.

 

 

On ne parle pas assez des journalistes, de leur noble métier - non, leur noble tâche. Allez, ne soyons pas chien, et parlons franchement de leur mission sacrée. Je le sentais venir, déjà, depuis quelque temps, je l’entendais, aux « nouvelles » colportées dans les chaînes audibles et visibles par, précisément, des journalistes.

 

 

Un jour, c’est : « Toute la ville bruisse (??) de la rumeur ». Le lendemain, c’est d’une autre bouche que sort : « La classe politique bruisse (???) des mésaventures de DOMINIQUE STRAUSS-KAHN ». Il me semble bien qu'on peut remplacer ce nom par celui de FRANÇOIS HOLLANDE ou de NICOLAS SARKOZY, ça fait le même effet.

 

 

Je vous l’avais dit, que le verbe bruire, il fait vraiment n’importe quoi, il n’a plus de forme, il ne ressemble plus à rien, c’est une patate à la place du nez, une patate au milieu de la figure. Tiens, dernièrement, comment elle s’appelle, cette journaliste qui a impunément – et impudemment – lancé : « On les entend bruisser (????) », à propos de je ne sais plus quoi ? C'est "bruisser" qu'on apprend, dans les écoles de journalistes ?

 

 

 

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EN MISSION SACREE SUR LE TERRAIN 

 

Oh mais je vais le ramener dans le droit chemin, le gaillard, et plus vite que ça. Vingt coups de garcette sur la plante des pieds à chaque dérapage, ça sera vite vu. Faute de garcette, si l'on est en terre ferme, on se rabattra sur une nagaïka de bonne fabrication. En dernière extrémité, on pratiquera l'« enfoncement du petit bout de bois dans les oneilles » (Ubu roi, III, 8). Et j’ajoute : « Je [le] passerai dans la trappe, [il tombera] dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous, où on [le] décervèlera » (III,2).

 

 

Alors moi je dis que, si le verbe bruire n’est même plus capable de se faire conjuguer avec rectitude et régularité par les « spécialistes » stipendiés de la diffusion d’informations (alias les « journalistes »), il devrait prendre à l’unanimité de sa voix la décision de disparaître. Un beau suicide lexical, et en direct. Et je ne connais pas de meilleur suicide, depuis quelque temps, que l'immolation par le feu et en public.

 

 

Si possible en présence de NICOLAS SARKOZY, ou à la rigueur de FRANÇOIS HOLLANDE. En effet, pour peu que l'un ou l'autre disparaisse dans les flammes, et comme les caméras ne sont jamais loin dans les deux cas, l'effet médiatique serait comparable à un tsunami se jetant de toute la force de ses bras sur une centrale nucléaire en état de marche.

 

 

 

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LEQUEL DES DEUX BRÛLE AVEC LE VERBE BRUIRE ?

 

Ça ferait peut-être pas aussi fort que MOHAMED BOUAZIZI, sur une place de Sidi Bouzid. Mais il suffirait qu’il prévînt les bons « journalistes », les bons médias, les bonnes chaînes, en disant : « Tel jour, à telle heure, tenez-vous bien, moi, le verbe bruire, je m’immole par le feu ». Un bonze qui brûle, ça date de longtemps ; un Tibétain, c'est tous les jours sans affoler TF1 ; un Tunisien pauvre dans une région déshéritée, ça commence à faire ; un verbe défectif, ça serait nouveau. C’est bon, ça, coco, réserve-moi un pavé en « une », pourquoi pas un « ventre », comme dit le maquettiste ?

 

 

Le dit verbe ajouterait : « Et dites bien que je ne renoncerai à ce geste fatal qu’à une condition : que tous les « journalistes » de langue française apprennent ma conjugaison par cœur. Pas difficile : comme je suis un défectif, je n'ai que huit formes conjuguées, et encore, selon le Bescherelle, en comptant l'adjectif "bruyant", c'est vous dire. Il faut qu'ils jurent de dire que la ville bruit d’une rumeur, qu’elle bruissait d’une rumeur, ou qu'on l'a entendu bruire d’une rumeur. Dans tout autre cas, je me suicide, est-ce assez clair ? Plus personne ne pourra me prendre comme souffre-douleur ».

 

 

Si les « journalistes » de langue française ne renoncent pas à « bruisser », que le MOHAMED BOUAZIZI de la grammaire, j’ai nommé le noble verbe BRUIRE, passe immédiatement à l’acte, et se passe incontinent par le feu, après avoir chanté, comme Jeanne d’Arc au bûcher, d’ARTHUR HONEGGER et PAUL CLAUDEL : « Loué soit notre frère le feu qui est pur, vivant, acéré, pénétrant, invincible, irrésistible, qui est puissant à rendre l’esprit à l’esprit, et ce qui est cendre à la cendre ».

 

 

Et si tel est l’événement final, vous verrez que : « A partir de maintenant, il s’en parlera un peu » (Pastorale des santons de Provence), du verbe bruire. On aura remarqué que j’aime à diversifier mes sources documentaires selon le plus large éventail possible.

 

 

J’ajoute aussitôt que cette disparition serait une perte, et cette perte une disparition, parce que, il n’y a pas si longtemps (qu'est-ce que c'est, 110 ans ?), l’Académie Française admettait tout uniment des formes comme « bruyait » ou « bruyaient ». On voit par là qu’un peu de science éloigne de l’absolu, mais que beaucoup de science en rapproche.

 

 

Et puisque le CSA me laisse un peu de temps, en ces temps de campagne présidentielle, qu'il me soit permis d'offrir ce petit poème.

 

 

 

ODE A L'INACCESSIBLE ETOILE DU VERBE BRUIRE

 

Don Quichotte, ô héros, ô le preux paladin,

Toi qui eus pour bagage un rêve inépuisable,

Toi qui as chevauché contre quatre moulins

A vent, qui t’ont réduit en état misérable,

Toi qui as poursuivi l’image dulcinée,

Cette sainte crottée, contrefaçon de fée,

Reviens dans nos contrées, viens m’aider à lutter.

Toi qui cavalcadais sur des chemins austères ;

Toi qui fis face au lion, combattis le barbier,

Pour te coiffer d’un heaume aux vertus militaires ;

Toi qui, du biscaïen, en combat singulier,

Fis une ample omelette et triste compotée ;

Toi, le jouet d’un duc, en son château infâme,

Qui se divertissait aux dépens de ton âme ;

Qui, de foule servil(e), t’offris à la risée ;

Toi seul es en mesur(e), Toi seul as le pouvoir,

Toi seul as l’onction sainte et le sens du devoir.

Accours à mon secours, oui, accours sans détour,

Bats le rappel de troupe et rends son lustre aux tours

De langue qui voulaient d’usage revenir,

Et, le verbe assoiffé, rendre à sa source « bruire ».

 

 

 

Merci d'avance aux 12 électeurs et demi et au raton laveur qui me rendront justice dans les urnes.

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

NOTE A BENNE : ça n'a strictement aucun rapport, mais vous avez sûrement remarqué, sur la scène météorologique, en ces temps de frimas pré-polaire, l'irruption d'un vocable radicalement neuf. Vous avez sûrement entendu la foule emboîter le pas des ingénieurs météo, des animateurs météo et des clowns météo, et dire, à leur exemple : « Il fait moins douze RESSENTIS ». Notez que je ne juge pas, hein, je constate juste, et je me permets, en sourdine, de me gausser. Une des plus belles répliques de COLUCHE n'est-elle pas : « Jusqu'où s'arrêteront-ils ? ».

 

 

 

 

 

 

lundi, 05 décembre 2011

LA JOURNALISTE FARCIE, C'EST DELICIEUX

C’est dit : aujourd’hui, je me farcis une journaliste.

 

 

La recette ? Prenez une journaliste de niveau CSP+ (moyen supérieur dans la hiérarchie). Pas besoin de l’ouvrir : on garde tout, la peau, les seins, les fesses, les cuisses, le sexe, enfin tout ce qui peut servir, les yeux à la rigueur, pour compléter tout ce qui fait le « sex appeal », comme on ne dit plus. Mettez-la en présence. En présence de qui, blogueur étourdi ?

 

 

Mais en présence de qui vous voudrez, pourvu que ce soit dans le « panel » que nous vous présentons. Un « panel » d’hommes politiques judicieusement choisis, pour être précis. Vous introduisez l’homme politique dans la journaliste, et le tour est joué. Même pas la peine de passer au four : c’est déjà cuit. Servez. C’est toujours chaud. Chaud bouillant, même.

 

 

Je me suis déjà payé la profession journalistique, dans ce blog. Je n’ai pas dit trop de mal des personnes (sauf d’ALAIN DUHAMEL, il ne faut pas demander l’impossible). J’ai dit pis que pendre de cette profession journalistique  structurée comme une mafia et, tiens, c’est bizarre, exactement comme le sont nos personnels politiques des hautes couches de l’atmosphère.

 

 

C’est bizarre, il y avait dans un journal récent un article sur les éditorialistes cumulards, qui courent de presse écrite en plateaux de télévision, et de télé en radio. « Or c’est un usage bien établi », c’est GEORGES BRASSENS qui le dit (« L’Hécatombe »), la politique française se fait sur la base du cumul des mandats. Drôle d’homothétie, vous ne trouvez pas ? C’est peut-être pour ça que l’homme politique est aisément empilable sur la journaliste politique.

 

 

Cumulards de mandats en politique et éditorialistes multicartes dans les médias : j’ajoute les renvois d’ascenseurs couramment pratiqués dans les conseils d’administration des grandes entreprises, qui font que monsieur untel touche quatre ou cinq « jetons de présence » en espèces sonnantes non négligeables, tout ça pour ne pas se donner la peine de siéger aux assemblées des sociétés auxquelles il a été convié par un « ami ».

 

Ainsi, moi qui ne suis pas dans le secret des dieux, loin de là, mais qui lis correctement la presse, je me dis que dans les couches supérieures de ces trois secteurs, règne une logique de mafia. Les « familles » se partagent le gâteau. « Je lui ai dit, à ma femme : à partir d’aujourd’hui, tout le fumier ça sera pour toi ! » (FERNAND RAYNAUD, « J’suis qu’un pauv’paysan »).

 

 

La POLITIQUE, les MEDIAS, les GRANDES ENTREPRISES. Autrement dit : la LOI, la PROPAGANDE, l’ARGENT. Faire la loi pour être juridiquement inattaquable. Bourrer les crânes pour se faire réélire. Racketter les entreprises pour atteindre les deux premiers objectifs. Pour le coup, « racketter » est abusif : les grands patrons se précipitent pour cracher au bassinet. En attendant le retour sur investissement.

 

 

Regardez bien comment tout ça est organisé. Rappelez-vous le référendum de 2005 sur l’Europe : c’était le tir de barrage, venant du triumvirat régnant. L’ordre règne, même si ces gens furent désavoués dans cette occasion. Rassurons-les : en temps ordinaire, les hautes sphères sont fermement « tenues ».

 

 

Evidemment, on me dira que je schématise, que je caricature, que je suis injuste, que je généralise abusivement, que je fais le jeu des extrêmes, et je ne sais trop quoi d’autre. Certes, j’exagère. Mais ne trouvez-vous pas, néanmoins et nonobstant la simplification outrancière,  que ça dessine assez bien les lignes de forces générales du paysage ? Je maintiens que c’est non seulement vraisemblable, voire probable, mais aussi que, dans les grandes lignes, c’est comme ça que ça se passe, dans la réalité.  

 

 

Ce n’est pas la première fois que je concentre mon tir sur la connivence qui règne en général (je parle toujours des hautes couches de l’atmosphère) entre les personnels politiques et les journalistes. Qui sont « à tu et à toi » dans la vie. J’ai failli oublier de préciser que c’est seulement quand les micros et les caméras sont fermés.

 

 

Car, qu’on se le dise : il ne faut pas que ça se sache. Les francs-maçons non plus, ne disent jamais qu’ils « en sont ». Je crois même que ça leur est interdit. Cela n’empêche pas quatre « frères » d’être mis en examen dans l’affaire du Carlton de Lille. C'est le Grand Maître de l'Ordre lui-même qui le dit. De même en Sicile, personne ne porte un écriteau marqué : « homme d’honneur », comme ils se nomment. Le mot d’ordre est simple : secret et solidarité. Gare à qui l’enfreint. Les deux cartouches seront chargées « a lupara » (renseignez-vous).

 

 

Je signale que, dans l’affaire du Carlton de Lille, on retrouve une grande entreprise de travaux publics (Eiffage), des hommes politiques (autour de DSK), des putes et, fait nouveau, des flics. Un article récent (27/28 novembre) du Monde, très documenté, exposait assez bien ce grenouillage, dans un article de EMELINE CAZI et ARIANE CHEMIN, intitulé « DSK et sa circonscription secrète ».

 

 

Je me fiche de savoir s’il est vrai qu’Eiffage, ou FABRICE PASZKOWSKI, a fourni des putes et payé le voyage au cercle de DSK pour des « parties fines », dont certaines ont eu lieu dans le bureau même du directeur général du FMI. Je me borne à relever le fait, exposé en détail dans le journal.

 

 

Je répète que ce n’est pas tel ou tel individu qui est à distinguer ou à vilipender. Ce qui fait hurler, c’est ce qui fait système. C’est comme ça que c’est organisé, structuré. Pour entrer, aucun autre moyen que d’être « adoubé », comme on disait au moyen âge. L’usage assez courant de ce mot en dit d’ailleurs long sur le caractère FEODAL des allégeances mutuelles. Il y a les suzerains, les vassaux, les « vavasseurs » (si si, ça existe).

 

 

Et c’est d’ailleurs drôle : figurez-vous que les journalistes, quand ils rendent compte d’une réunion organisée par ARNAUD MONTEBOURG dans sa circonscription, parlent facilement de son « fief » de Frangy-en-Bresse. Ce que, tous partis confondus, les politiciens dans leur ensemble appellent en chœur « l’ancrage local » pour empêcher quelques utopistes de nuire au sacro-saint cumul des mandats.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre … les femmes journalistes qui se font « farcir ».


 

lundi, 07 novembre 2011

LE "JOURNALISTE", LANGUE ÉTRANGÈRE ...

... ou : APPRENEZ LE « JOURNALISTE » EN UNE SEULE LEÇON

 

Ah que c’est beau, le métier de journaliste ! Ah que c’est beau, la presse quotidienne ! Je ne chanterai jamais assez bruyamment la noblesse de ces hommes et de ces femmes, dont le dur métier est de faire parvenir jusqu’à nous la quintessence de ce qui se passe dans le monde en général, et dans notre hexagone en particulier.

 

On ne dira jamais assez les difficultés (et les mérites qui vont avec) de ce métier. A commencer par la langue. Ben oui, quoi : un journaliste n’est rien d’autre, quoi qu’il arrive,  qu’un traducteur, qui doit transposer en mots les faits, événements, situations, circonstances, tableaux et autres aventures individuelles et collectives qui sont le lot de l’humanité chaque jour que Dieu fait. C’est dans ce vivier en continuel chambardement que la presse va à la pêche à chaque minute qui passe.

 

A partir de là, le journaliste se métamorphose en dictionnaire bilingue. Quoi, je débloque ?  Mais regarde plutôt, lecteur sceptique : le quidam qui assiste au spectacle du monde, avec son grouillement de vermine en folie, avec les rebondissements et les soubresauts, avec les démissions, les rémissions et les compromissions, avec les morts, les naissances et les résurrections, enfin tout ce qui fait vingt-quatre heures de la vie d’un individu, qu’il soit ordinaire ou extraordinaire, multiplié par plusieurs milliards, qu’est-ce que tu veux qu’il y comprenne ? Je vais te dire, lecteur défiant : il n’y entrave que pouic, pour parler comme le parfait et raffiné académicien Jean d'Ormesson.

 

Du moins si personne ne lui prête la main. Heureusement, le journaliste est là, brave interface toujours disponible, prêt à donner la main à cette tâche éminemment louable : rendre intelligible la succession des moments du monde. Autrement dit, traduire.

 

Le journaliste est un dictionnaire charabia-français (si vous n’aimez pas  « charabia », remplacez à volonté par « galimatias, patagon, amphigouri, sabir, baragouin ou volapük », vu ce qu’il me reste de fourrure sur la cafetière, ça ne défrisera pas ma perruque en peau de fesse.

 

Alors le journaliste, en tant que dictionnaire bilingue, quand il attaque une telle traduction, il n’a plus qu’à se feuilleter lui-même. Et là, de deux choses l’une, soit il tombe juste, soit il tombe à côté. Supposons, dans un préjugé favorable, qu’il tombe très souvent juste. Moi, c’est l’autre cas qui m’intéresse. Enfin, ce n’est pas vraiment qu’il tombe à côté. Il faudrait dire que, plutôt que de se feuilleter, ce qui prend du travail et du temps, il cède à la tentation de la facilité.

 

Il faut dire qu’au journal, les prédécesseurs, confrontés à divers problèmes de traduction, ont adopté au fil du temps des solutions diverses, des formules toutes faites, patiemment accumulées, collectionnées, mises de côté par la rédaction dans les tiroirs du vieux cartonnier du bureau, qu’on appelle le « grenier » dans le jargon du métier. Le journaliste, pour ne pas manquer la sieste, est parfois tenté de « monter au grenier ».

 

Vous avez certainement remarqué, en feuilletant la presse, les innombrables débats qui, jour après jour, sont « relancés ». C'est fous ce qu'on relance comme débats, en France. Je donne un exemple. Supposons, au hasard, que la « communauté homosexuelle » continue son offensive pour faire admettre l’homosexualité comme une norme normale, et se sert du mot « genre » pour arriver à ses fins, le journaliste en général, celui du Monde en particulier, sait aussitôt quel tiroir il peut ouvrir.

 

Notre pisseur de copie plonge donc la main, jette un œil et saisit une feuille qui lui semble convenir. Il a trouvé son titre : « Deux manuels scolaires évoquant le « genre » relancent le débat ». Nous y sommes, tout est dans ce : « relancent le débat ». Il est vrai que Le Monde offre diverses variantes, selon le moment, l’humeur et la vitesse du vent.

 

Mais la structure de la formule d’arrivée est invariable, même si  « relancer » peut être avantageusement remplacé par « avive » ou « exacerbe », de même que « débat » peut laisser la place à « tension » ou « polémique ». Une fois choisi l’angle d’attaque, il ne reste plus qu’à ajuster la mécanique.

 

Ce qui est drôle, dans cette affaire, c’est ce qui est sous-entendu. « Relancer », ça veut dire qu’il y avait déjà débat, que ça roulait tranquillou dans les ornières connues des habitudes, sans faire de bruit particulier. En somme, ça ronronnait. On était dans la routine douillette du « débat démocratique ». C'est vrai, un débat identifié de longue date, un débat, en quelque sorte, entré dans les moeurs, on n'y prête quasiment plus attention.

 

Aussi longtemps que le niveau d’une maladie reste endémique, ça demeure acceptable. La dengue et le choléra, c’est tous les jours qu’on relève des cas, du côté du lac Kivu. Soudain, quelque chose  « relance », c’est un signal d’alarme. D’endémique, la maladie devient épidémique. C’est grave, docteur ?

 

Un titre contenant ce verbe, « relance », est donc de ceux qui « interpellent ». Il y a sans doute urgence. A propos d’urgence, vous avez entendu parler, ces derniers jours, de la famine en Somalie ? Selon vous, le lecteur était-il ou non, dans cette affaire, considéré comme un crétin des Alpes ?

 

Notons qu’on peut, à l’occasion, isoler un terme, par exemple « polémique ». C’est ainsi qu’on trouvera : « Vive polémique autour de l’incendie qui ravage l’île de la Réunion », mais ailleurs : « Turquie : début de polémique sur la gestion par Ankara du séisme de Van ». Ces titres sont évidemment authentiques.

 

Ce qui est bien, avec « polémique », en dehors de son cortège de qualificatifs, c’est que le journaliste se trouve, à chaque fois, au milieu. Ben oui, puisqu’il a entendu les arguments des deux partis opposés. On a ici un des grands secrets de la profession. Ecoute bien, lecteur.

 

Dans le fond, c’est comme si c’était lui qui plaçait les adversaires sur le court de tennis, et qu’il revêtait l’uniforme de l’arbitre. Cette position d’arbitre est chaudement recommandée au débutant. Cela donne, au moment d’entrer dans le métier, ces drôles d’articles où le journaliste renonce presque à écrire lui-même, se contentant de transcrire, et s’effaçant devant les interlocuteurs. Vous voyez alors foisonner les guillemets. Quand ils ne s’ouvrent pas, ils se ferment, et réciproquement.

 

J’imagine bien le journaleux arbitrant son match : ses yeux vont de gauche à droite, puis de droite à gauche, et ça recommence, comme quand il pleut et qu'on est en voiture : on actionne l'essuie-glace. Il regarde la balle aller et venir. Il compte les points. Il n’intervient surtout pas : là, on ne dit pas qu’il est objectif, mais impartial. Le drôle d’article finit en article drôle, où la tête du lecteur, à son tour, pivote alternativement vers la droite et vers la gauche. Encore l'essuie-glace. Le travail d’écriture, ici, se borne à quelques chevilles à trouver pour lier les répliques des intervenants.

 

J’appelle ce genre de journalisme un « journalisme essuie-glace ». Une sorte de « degré zéro ». C’est confortable et sans risque.

 

Prenez maintenant cette autre expression : « Débloquer des fonds ». Très curieuse expression, si on y réfléchit. Celui qui débloque est peut-être le F. M. I., le gouvernement, Nicolas Sarkozy, l’O. N. U. ou la municipalité. Quoi qu’il en soit, si quelqu’un « débloque des fonds », c’est d’une part que quelqu’un les possède, et d’autre part que quelqu’un les bloquait jusqu'à présent. Personnellement, j'aime énormément apprendre que le F. M. I. ou Nicolas Sarkozy ont "débloqué".

 

Cette idée me plonge dans des abîmes de réflexion. Pourquoi n’a-t-on pas débloqué avant, et de quel droit ? Est-ce que le quelqu’un qui bloque est le même que le quelqu’un qui possède ? Quel événement a poussé le quelqu’un qui possède à débloquer ? Où étaient stockés les fonds soudain débloqués ? Vous voyez, rien que des questions de bons sens, qui éclairent brusquement le côté suspect du verbe « débloquer ».

 

Alors je m’adresse à toi, camarade rédacteur en chef, puisqu’il paraît que c’est toi l’auteur des titres : pourquoi est-ce que, tout d’un coup, ça « débloque » ?

 

C’est la même demande d’explication que je t’adresse, camarade rédacteur en chef, au sujet, cette fois, de l’expression « La France est en retard ». C’est fou, quand on lit la presse, le nombre de domaines dans lesquels « la France est en retard ». Comment ? La cinquième puissance de la planète ?

 

Mais comment fait-elle, la France, avec tous ces « retards » qui pullulent ? Qu’il s’agisse de recherche sur les cellules souches,  d’accessibilité des bâtiments aux infirmes, de l’état sanitaire des prisons, de la prise en charge des enfants autistes, de l’automatisation des protocoles thérapeutiques à l’usage des bègues, de la souffrance au travail, du comptage électronique des pets de vaches laitières, du tri sélectif des déchets, et d’autres, je pose la question : jusqu’où la France s’arrêtera-t-elle ?

 

Oui, comment diable fait-elle pour avoir gardé sa place devant le Malawi, les îles Kiribati et le Belize ? Pourtant, ceux-là, j’en raffole, surtout du Belize. J’en reste tout ébaubi. Et je suis sincère. Presque.

 

C’est vrai qu’il est possible que tous ces retards abyssaux soient compensés par quelques domaines où la France montre à tout le monde ce dont elle est capable, nom de d’là ! Après tout, il s’agit de statistiques, donc de moyennes scientifiquement établies, n’est-ce pas ?

 

Ma bonne foi et ma bonne volonté légendaires (c’est-à-dire, en clair, « qui ont tous les caractères de la légende ») m’obligent à le reconnaître.  Effectivement, il existe un domaine où la France a distancé de nombreux concurrents, et c'est l’entente cordiale qui règne entre les grands industriels, les grands journalistes et les grands politiciens. Je ne parle évidemment pas de la piétaille.

 

C’est à qui rendra un service signalé à l’autre, qui lui a précédemment rendu un signalé service, et ainsi de suite. Je n’exagère naturellement que dans l’exacte mesure des besoins de netteté de la démonstration.

 

Cette entente est un point décisif, qui nous établit définitivement dans la certitude que notre presse est carrément EN DESSOUS de tout soupçon. Camarade rédacteur en chef, je lève cependant, en toute condoléance, mon verre de Cairanne, Domaine Martin 2007, à ta santé. C’est un vin remarquable.

 

Nous avons donc pu voir qu’il est difficile (est-ce même souhaitable ?) de débuter dans le métier de journaliste, à cause des obstacles linguistiques posés par les recettes professionnelles, les clichés du gagne-pain, les stéréotypes de l’emploi et les lunettes à focale spéciale de la fonction.

 

Bien que nous n’y ayons pas insisté suffisamment, compatissons  cependant aux dures tribulations du métier de journaliste, dans lequel il est aussi difficile de finir sa carrière vierge de tout reproche, pour cause de connivences diverses qui infléchissent la rectitude de la trajectoire déontologique.

 

Conclusion logique : le métier de journaliste, il vaut mieux ne jamais y être entré et ne jamais en être sorti. Alors je pose la question : qu'est-ce que c'est, un métier sans début ni fin ? De deux choses l'une : soit ça se passe en enfer, soit il n'existe pas.

 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 03 août 2011

DECLARATION D'EXTRÊME OPINION

Jean-Marie Le Pen vient de faire parler de lui en évoquant la « naïveté » du gouvernement norvégien, après la tuerie d’Utheia, sous les coups de feu de Anders Behring Breivik. Cette « naïveté » est, selon le papa de mademoiselle Le Pen, plus grave que la tuerie, qu’il considère comme un « accident ».

 

Voulez-vous que je vous dise ce que j’en pense ? – Eh bien, je vais vous le dire quand même. Monsieur Pascal Perrineau (c’est un « politologue », donc c’est grave, docteur) juge qu’il s’agit d’un « retour du refoulé ». Mais contrairement à ce monsieur, je crois que, d’une part, c’est politiquement nul, et que, pour le simple bon sens d’autre part, c’est tout simplement une belle connerie. Monsieur Le Pen a tout simplement du mal à renoncer à faire parler de lui. Et pour ça, le meilleur moyen, c’est la provocation. Et ça marche.

 

Car c’est un commentaire qu’il destinait à ce que Raymond Barre appelait du très joli nom de « marigot », ce petit milieu parisien, aussi médiatique que politicien. Effet garanti, évidemment. Tous les chiens du quartier se sont jetés sur l’os qu’il a daigné leur jeter, tous rongent à qui mieux-mieux, grognent en retroussant les babines et en montrant les dents.

 

Et c’est à qui grognera le plus fort pour …, pour quoi, au fait ? Tout simplement pour se faire décerner le plus beau brevet possible de « vertu républicaine » par l’ « opinion publique ». Alors que le simple bon sens dicte, dans ces cas-là, de laisser dire. Malheureusement, il y a toujours des fouinards de journaleux qui traînent dans les parages, dans l’espoir de se faire un peu de gras. Ces gens n’ont pas encore bien compris à quoi ils servent.

 

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948, affirme le principe de la liberté d’opinion (article 19). En gros, n’importe quel individu peut penser ce qu’il veut, même si c’est totalement contraire à ce que pense la majorité. Par voie de conséquence, n’importe quel individu peut exprimer ses opinions, en quelque lieu que ce soit et quelles que soient les circonstances. Supposons maintenant que Monsieur Le Pen était sincère (on peut cependant en douter) lorsqu’il a parlé de Anders Behring Breivik. Eh bien, quoi qu’il pense et quoi qu’il déclare, Jean-Marie Le Pen a le droit de le penser et de le déclarer. Bien sûr, tout le monde a le droit de ne pas être d’accord avec ce qu’il pense et déclare, et de le faire savoir.

 

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » Voltaire

 

Je ne suis pas voltairien, mais cette phrase constitue une assez bonne définition de la démocratie, meilleure en tout cas que « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres » (Winston Churchill). Le mot central de la citation, c’est le verbe "dire". « Je me battrai », ça signifie « avec des mots », bien sûr. D’ailleurs Voltaire n’aurait pas satisfait aux critères physiques pour se faire admettre dans quelque armée que ce soit pour commettre des actes guerriers. Il était bien plus dangereux avec sa plume.

 

Voilà, je le déclare solennellement : je suis d’extrême opinion. Chacun d’entre nous détient le droit de penser et de dire ce qu’il veut. Même si ce qu’il pense et dit est le pire imaginable. Aussi longtemps que cela reste de l’opinion et de la parole. A cet égard, je trouve hallucinant le consensus pseudo-républicain qui a jailli comme un geyser après la déclaration de Le Pen. Et comment s’appelle-t-il, ce membre que le Front National, qui n’est pas un parti interdit, je le signale, vient d’exclure pour la même raison ?

 

Et je trouve encore plus hallucinant que la loi française crée des délits de parole. Cela veut dire qu’il existerait chez nous des délits d'opinion ? Donc des délits de pensée ? Et ça se passe au pays dans lequel a été adoptée la Déclaration de 1948. Et qui l’a signée. Il est donc interdit de contester, par exemple, même à l’encontre des preuves les plus irréfutables et des témoignages les plus incontestables, l’existence des chambres à gaz ? C’est vrai qu’il y a les preuves et les témoignages, mais justement, pourquoi interdire une telle aberration, puisqu’on sait que c’est faux ? Au nom de quel tabou d'opinion ?

mardi, 17 mai 2011

ON L'APPELLERAIT UNE MAFIA

Mazarine Pingeot, vous vous souvenez ? La fifille à papa Mitterrand. Est-ce  que celui-ci la gardait « sous le coude », pour la « sortir », comme certains l’ont affirmé, quand des malintentionnés ont voulu lui jeter dans les pattes son amitié compromettante avec René Bousquet, celui qui signa des « bons de déportation » vers les camps ? Ce serait pour éteindre l’incendie avant qu’il ait vraiment pris, magie-magie, qu’il aurait projeté sa fille en pleine lumière ? Bon, c’est vrai, les dates ne coïncident pas vraiment. Ce qui reste sûr, en tout cas, c’est ce dévoilement brusque d’un morceau de la vie en coulisse d’un homme politique très important : la fille secrète, la fille cachée.

  

« Secrète » ? « Cachée » ? Pas pour tout le monde. C’est sûr que le « bon peuple », sous-entendu les cons, n’était pas au courant. Pourquoi ? Parce que le « bon peuple », c’est le spectateur, c’est celui qui avale les salades que journaux, radios et télévisions débitent du haut de leur étal des quatre saisons, selon la règle : « Une salade chasse l’autre ». Mais mis à part le « bon peuple », c’est-à-dire la quasi-totalité de la population, c’est-à-dire tous ceux qui, au sens propre, ne comptent pas, mis à part les gogos, donc, tout le monde était au courant. « Tout le monde » ? Tu exagères, camarade blogueur. A peine : "tout le monde", ici, ça veut dire tous ceux dont le métier est de savoir, des diverses polices jusqu’aux hommes politiques (adversaires compris, notez bien !), en passant par les « passeurs » de l’information, c'est-à-dire l’ensemble de la profession journalistique.

 

Quelles pressions a subies Jean-Edern Hallier, quand il a décidé, déguisé en bourgeois de Calais avec la corde au cou, de brûler, sur un trottoir, un manuscrit dans lequel, probablement, il éventait le secret de François Mitterrand ? On n’en sait rien. Depuis, il est mort en faisant du vélo. Toujours est-il que l’affaire était connue dans toutes les rédactions. Mais jamais imprimée. Voilà l’exemple cru de ce qu’on appelle la connivence (synonyme de complicité) entre la « profession politique » et la « profession journalistique » (les guillemets ne signifient pas tout à fait la même chose dans les deux cas, parce que la politique n'est pas un métier, ou ne devrait pas être considérée comme tel par ceux qui s'y lancent, non plus que par le peuple, et que le simple (et vrai) métier de journaliste interdit théoriquement toute connivence).

 

Tous ces gens (je parle des chefs, grands ou moins grands, les petits étant appelés du doux nom de porte-flingue) fonctionnent selon le principe de la bande. Vous vous rappelez ce cycliste, dont j’ai oublié le nom (était-ce Christophe Bassons ?) qui a cafté, après le Tour de France 1998 (affaire Festina, Willy Voet, etc .) ? Vous vous rappelez Jacques Glassmann, dans l’affaire OM-VA, en 1993 ? Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Vous ne connaissez peut-être pas François Rufin (Les Petits soldats du journalisme, Ed. Les Arènes) : son livre était courageux, il a donc été « ostracisé ». A cause d’eux, ce qui se passait dans les cuisines du cyclisme, du football et de la presse était soudain mis sur la place publique. Comme si, au restaurant, un marmiton venait dire aux clients que le chef vénéré crachait dans sa sauce grand veneur pour lui donner la bonne consistance. Suivant le camp dans lequel on se trouve, ça s’appelle « dénonciation » ou « délation », bien que la limite soit floue.

 

Eh bien en politique, c’est exactement pareil, tout au moins en France où, dans les hautes sphères de la politique, de l’économie, du spectacle et des médias, ça se tutoie, ça passe ses vacances ensemble (Sarkozy-Clavier n’est qu’un minuscule exemple), ça dîne en ville, ça se pique les femmes, enfin j’en passe, et des meilleurs (comme disait Victor Hugo). Entre puissants, on se respecte. Et le refrain chanté jadis par Guy Béart est toujours d’actualité : « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ». Et personne, qu’il soit dans la chiourme ou dans la valetaille médiatique, ne souhaite, d’une part se fermer le robinet à infos parce qu’il a « trahi la famille », d’autre part se suicider, c’est-à-dire être liquidé professionnellement (Alain Genestar, qui a dû se recaser, doit quand même se souvenir de ce qu’il a perdu dans l’affaire de la une de Match, avec la photo de Cécilia Sarkozy en compagnie de son amant). C’est de l’ordre de « je te tiens, tu me tiens ». Bref : tu respectes l’omerta, ou tu es mort (symboliquement, quoique…). En Sicile, cela porte le doux nom de mafia : entre « hommes d’honneur » (c’est comme ça qu’ils s’appellent), il y a des choses qui ne se font pas. Cela s'appelle un système : ça doit être entièrement cohérent. Cela veut dire que l'étanchéité entre l'intérieur et l'extérieur doit être parfaite. C'est tout ou rien, comme dans une secte. Les Américains ont une formule pour ça : "Love it or leave it !" Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous.

 

Tout ça pour arriver à Dominique Strauss-Kahn, c’est un peu long, n’est-ce pas ? Mais cette petite mise en perspective par le contexte et quelques éléments historiques était utile. Pour ce qui concerne Dominique Strauss-Kahn, il y a bien quelques bulles qui sont remontées du fond vaseux vers la surface, mais somme toute, la surface est restée lisse, même après l’affaire "Piroska Nagy" au F. M. I. Pour vous en faire une idée, je vous conseille la lecture de trois articles de presse, qui montrent que, si ça se met à parler, c’est bien que, jusque-là, ils la bouclaient. Il respectaient la règle.

 

Le premier, intitulé « L’étrange omerta des médias sur le cas DSK », est signé dans Le Monde (daté du 17 mai) par Christophe Deloire, auteur de Sexus politicus en 2006, où il consacre un chapitre à DSK, et qui eut, paraît-il, du succès, mais où les témoins restent anonymes. Le deuxième, intitulé « DSK et les femmes : un secret de Polichinelle », est signé Jean Quatremer dans Libération du 17 mai : il raconte avoir en 2007 publié sur son blog quelques lignes où il évoque le problème de Dominique Strauss-Kahn avec les femmes. Aussitôt, il reçoit un coup de fil de Ramzi Khiroun (vous savez, le « communicant de DSK », l’homme à la Porsche Panamera), qui lui demande de retirer son billet, sur le thème : "Tu ne vas pas nous faire ça !" (Il le tutoie alors qu'ils ne se sont jamais rencontrés). Refus. Il accepte à la rigueur de publier quelque chose pour expliquer le sens de sa démarche. Mais si l’internet reprend son blog, chez les collègues médiatiques : rien. Le troisième article passe dans Le Monde daté du 18 mai : Raphaëlle Bacqué remonte dans le passé pour montrer « Les Deux visages de DSK ». Compte-rendu honnête et somme toute bien écrit.

 

Avec ça, on a une idée un peu précise du personnage. Pour être franc, Dominique Strauss-Kahn, je me rappelais ses tribulations judiciaires (MNEF, Alfred Sirven, la cassette Méry), et je ne voyais pas bien ce qui pourrait différencier un tel homme de Sarkozy à la présidence (est-il possible d’être en même temps un homme d’argent (la suite d'hôtel à 3000 euros la nuit, voir Le Monde du 17 mai) et un homme de gauche ?). Mais il y a aussi, dans le numéro de Libération (17), en face du texte de Jean Quatremer, l’article que Patricia Tourancheau consacre à Tristane Banon, qui raconte aujourd’hui que DSK l’avait agressée en 2002 (elle avait 23 ans). Elle n’a pas déposé plainte. Cet article paraît aujourd’hui. Elle était jeune journaliste, justement, et interviewait DSK. Elle ne voulait pas se suicider professionnellement. C’est sûr que l’autre face de Dominique Strauss-Kahn, je n’en avais aucune idée. Et pour cause : personne ne m’en a parlé. Les organes de presse ont, dans leur ensemble et avec une belle unanimité, fait silence. C'est pour ça que, quand j'apprends la nouvelle de l'arrestation, j'en tombe sur le cul, sidéré, comme la presse du monde entier. Cela veut dire que l'omerta a fonctionné à merveille : la "famille" est très soudée. Les "hommes d'honneur" font corps.

 

Alors ils sont trois, jusqu’ici, à cracher le morceau, à « passer à table ». Mais d’abord, c’est bien tard, parce que ça prouve que tous adhèrent au système, tant qu’il n’y a pas d’ « accident », c'est-à-dire en temps normal, c’est-à-dire tout le temps. C’est aussi pour ça que ça fait événement. C’est pour le « bon peuple » qu’il y a un « coup de tonnerre ». Ensuite, tous ces braves gens qui, à l’occasion, se gargarisent en rigolant des diverses « théories du complot », est-ce que, pendant toutes ces années, ce n’est pas eux qui en ont fomenté un, de complot ? Est-ce que l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn ne fonctionnerait pas comme ce qu'on appelle le réel en psychanalyse ?

 

Cela me donne seulement envie de dire un gros "merde" à tous ces bonimenteurs indignes.

 

Ça, des journalistes ? Laissez-moi rire !