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dimanche, 26 mars 2017

FRAPADINGUE ET VEGAN ...

... SONT DES MOTS QUI VONT TRÈS BIEN ENSEMBLE.

(Pardon aux Beatles).

TAGS VEGAN.jpg

« Lait = viol », « Stop souffrance »,

« Lait = meurtre », « Stop, go vegan ».

Toutes ces belles inscriptions sont signées ALF. Il paraît que le sigle signifie (en anglais) Animal Liberation Front. En français : Front de Libération des Animaux. La fromagerie ainsi décorée se trouve à Lyon, dans le quartier Saint-Georges. Trois autres fromageries (on disait "crèmeries" - ou crémeries - dans les autrefois) lyonnaises ont subi le même sort, autour du 19 mars. On trouve l'information en divers lieux, entre autres dans Le Progrès du 24 mars.

Je ne m'attarderai pas outre-mesure à commenter la chose. Je me dis quand même que la santé mentale fait rage, et que, parallèlement à la montée du Front National, d'autres pathologies progressent jour après jour, aussi irrésistiblement, quoiqu'avec une moindre publicité. Ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas près de consommer le fromage (rien à voir avec notre « cervelle de canut » lyonnaise : fromage blanc, crème, échalote, oignon, persil, ciboulette, ail, huile d'olive) qui tient lieu de cerveau à des zozos qui, comme tout djihadiste qui se respecte, érigent leur monomanie en vérité universelle, en dogme absolu, en doctrine obligatoire, sous peine de. Leur objectif est celui des djihadistes : convertir l'humanité entière à leur religion. Car ils savent de source sûre ce qui est bon pour les autres, dont ils ont décidé de prendre le destin en main et d'assurer le salut, y compris dans l'au-delà. Et y compris contre leur gré (cf. les anti-corridas). Du genre "démoulé à chaud", comme on ne dit peut-être plus.

J'ai un peu honte de poster un tel billet le jour même du cent-quatre-vingt-dixième anniversaire de la mort du grand Ludwig van. Puissent ses mânes avoir la mansuétude de me le pardonner. En pénitence et en guise de prière, je me réciterai à genoux tout l'adagio de l'opus 106 (Hammerklavier, 1819), avec son miraculeux "la-do" initial ajouté in extremis, au grand dam de l'éditeur, qui a fini par trouver ça génial (noires pointées, la croche à 92), et ses prodigieuses et récurrentes remontées vers la lumière, depuis le fond des catacombes du piano (à la main gauche, évidemment). Puissé-je être encore vivant quand on sonnera le bicentenaire ! Qu'est-ce, après tout, que dix ans ?

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vendredi, 06 janvier 2017

LA NIAISERIE VÉGÉTALOPHILE

J'entends régulièrement des énormités, y compris (et pourquoi pas ?) sur France Culture. Hier matin, ce fut le tour d'une madame Pelluchon, qui se présente comme philosophe (et pourquoi pas ?), d'entonner le refrain des droits des animaux, et de déplorer les traitements que les hommes leur font subir. Qu'ils soient animaux de laboratoire ou d'élevage, ils souffrent, ce dont plus personne de raisonnable ne doute. Mais bon, est-ce une raison pour déraisonner ?

Là où je vois la niaiserie bêtassonne nimber le cerveau et les paroles de madame Pelluchon de l'auréole de la douce béatitude, c'est quand elle dit qu'il faudrait (ah, qu'ils sont délicieux, ces vœux pieux, ces doux rêves !) que les éleveurs reviennent à l'élevage extensif, plus traditionnel et plus humain (ben voyons, il suffit sans doute de leur demander gentiment pour qu'ils obtempèrent !), et qu'on fasse disparaître ces odieux camps de concentration et d'extermination de plus en plus démesurés que l'industrie de la viande construit dans toutes les campagnes, où porcs, bovins ou volailles, réduits à l'état de "minerai" (sic), s'entassent les uns sur les autres sans savoir ce qu'est un brin d'herbe, et sans jamais voir la lumière du jour, jusqu'à l'instant fatal où ils monteront à l'échafaud.

Protester contre ça est assez juste, mais franchement, autant expulser ses urates dans un violon (c'est Faustroll qui se permet de faire ça, mais ce n'est pas dans un violon, c'est parce que le fond de son as est un crible, cf. I,6 : « Du bateau du docteur, qui est un crible »). Car c'est ignorer (ou le feindre) le principe de réalité, c'est ignorer qu'un système, surtout aussi solidement organisé et durablement implanté que la "filière viande", ne se change pas à coups de "il faudrait". C'est une simple déclaration de bonnes intentions, qui a l'avantage de donner de ceux qui la font l'image pieuse et valorisante des âmes immaculées, celles face auxquelles les gens ordinaires se sentent spontanément coupables.

Si les caméras cachées introduites dans plusieurs abattoirs par l'association végane L214 ont fait scandale, c'est bien parce cette réalité apparaît scandaleuse à une partie importante de la population. Là où les végétariens (madame Pelluchon l'est depuis 15 ans, s'est-elle vantée), végétaliens et autres véganes se mettent le doigt dans l’œil jusqu'à l'anus, c'est quand ils placent le problème sur le terrain moral et tirent de leur constat la seule conclusion qui vaille à leurs yeux : convertissez-vous au végétal, cessez de manger de la viande. Je dis pourquoi pas, mais pourquoi cette soudaine exclusivité ? A-t-on demandé l'avis des végétaux ? Qui se portera au secours de cette autre grande cause ? Qui dira la souffrance de la feuille de laitue réduite à l'impuissance, écrasée sous le marteau-pilon de molaires converties à l'abstinence carnée ? Plus crucial et plus général : que mangeront les hommes ?

Je réponds à ces gens sûrement très moraux, déontologiques, éthiques et tout et tout qu'une entrecôte bien saignante, avec ou sans sauce poivre vert, me fait un effet bœuf ; qu'un steak tartare (attention : non haché mais coupé au couteau) me paraît tout le contraire d'un coup vache ; qu'un morceau de veau pris dans le bas de carré, longuement mijoté avec un bout de gras, deux ou trois tomates pelées et une pincée de fleur de sel, me tire des soupirs de contentement ; qu'un poulet soigneusement rôti éveille chez mes papilles une concupiscence irrésistible, à laquelle précisément je ne vois pas de motif sérieux de résister. J'ajoute que je ne convie pas n'importe quelles viandes dans mon assiette, et que je ne me les procure pas n'importe où.

Quoi qu'il en soit, ces végétalophiles, madame Pelluchon en tête, ont tout faux. Tout simplement parce qu'ils s'en prennent au seul effet, en se gardant bien de remonter à la cause. La conclusion qu'ils en tirent est forcément erronée, puisqu'ils font d'une solution et d'un choix purement individuels une loi générale. Leur réaction, en plus d'être stupidement policière et morale, s'en prend par erreur à une cible qui n'est pas la bonne : s'ils la bombardaient, on parlerait de "dommages collatéraux". Il n'en serait pas de même s'ils consentaient, dans leur dénonciation de l'élevage industriel, à porter leur attention plutôt sur "industriel" que sur "élevage". Ils verraient que le fléau n'est pas dans la viande, mais dans la viande de masse.

Et ça leur permettrait d'englober dans leur refus tout un système fondé sur le productivisme effréné et l'industrialisation à outrance de toute la filière agricole, culture et élevage confondus, à commencer par l'usage déraisonnable qui y est fait des pesticides, des OGM (eh, Pelluchon, ton tofu, il est au soja biologique, tu es sûre ?) et autres antibiotiques, autant de substances que nous absorbons les yeux grands fermés. Cela leur permettrait de s'en prendre à tout un système, et non, bien en vain, à un seul de ses aspects.

Peut-être, après tout, le système productiviste leur convient-il dans son organisation et ses orientations cardinales. Peut-être aussi n'ont-ils pas aperçu le monstre Léviathan derrière le chiffon rouge de la "souffrance animale", ce rideau de fumée choquant et douloureux, mais avant tout affectif et sentimental. Il y a de la bêtise pusillanime dans leur façon de présenter les choses, car ils n'ont pas compris que le scandale qu'ils dénoncent à juste titre est un corollaire on ne peut plus logique et nécessaire du système qui l'a produit.

Un gars de la Confédération paysanne déclarait, toujours hier matin sur France Cu, à propos de l'épidémie de grippe aviaire dans le Gers (qui va voir plus d'un million de canards abattus), que les industriels du secteur se frottent les mains en se disant qu'une fois disparu le dernier élevage fermier dans la région, ils détiendront le monopole sur la filière, et pourront remplir à leurs conditions les rayons des grandes surfaces de leur daube de bas étage.

L'industrialisation de l'agriculture (l'industrie agro-alimentaire est une réalité, en même temps qu'elle est un système complet, qui conditionne et organise l'existence des éléments qui le composent) est mauvaise en soi. C'est le système industriel de production de nourriture qui est à changer en totalité, et non telle ou telle de ses modalités. La cause animale est une noble cause, je suis d'accord, mais en fait de réforme, madame Pelluchon et ses coreligionnaires, en prêchant le végétarisme, en se contentant de s'exprimer dans l'espoir de "changer les mentalités" (la belle blague !), proposent un réformette, même pas cosmétique, d'un système qui est mortifère dans son entier.

Et en même temps que j'écoute le sermon de ces curés moralisateurs, j'entends le ricanement satisfait des industriels, qui ne sont pas près de se laisser convaincre de revenir à l'élevage extensif traditionnel, et qui sont en train de se payer leur fiole en murmurant : « Cause toujours ». Le perroquet Laverdure (Zazie) dirait approximativement la même chose :

« Tu causes, tu causes, c'est tout c'que tu sais faire ».

mardi, 21 juillet 2015

LE MARTYRE DE LA CAROTTE

Ils sont bien gentils, les adeptes du véganisme. Pleins de bonnes intentions, ils sont hypersensibles à la souffrance animale. C’est leur droit. Le mien est d’en penser ce que j’en pense. Libération fait une double page (vendredi 17 juillet) pour nous faire part de tous les tracas auxquels sont en butte les membres de la secte. De pauvres malheureux, capables de s’infliger de lourds sacrifices. Il faut être un peu masochiste pour se soumettre à la dure discipline du véganisme.

Un brin obsessionnels, ayant jeté un interdit absolu sur tout ce qui vient de l’animal (au nom des supplices qu’il endure), ils s’abstiennent non seulement de manger tout ce qui comporte une parcelle ressemblant à de la viande, mais ils étendent l’abstention à tous les sous-produits animaux, comme le cuir par exemple. Et ça leur complique singulièrement la vie. 

Pensez, les industriels de l’agro-alimentaire poussent le vice jusqu’à mettre du jus de viande dans leurs conserves de légumes. Ils sont donc obligés de suivre une formation approfondie pour apprendre à déchiffrer les étiquettes sur les bocaux et les boîtes. Au supermarché, au restaurant, leur vie est vraiment un enfer. 

Avec les proches, c’est souvent pire : ils sont confrontés à l’intolérance, à l’agressivité, à l’incompréhension. Mais ils ont la foi. La simple perspective d’avoir au bout de la fourchette un petit morceau d’animal mort les remplit tellement d’horreur que ça les conforte dans leur choix radical : « Le jour où on a vu les choses en face, on ne peut que lutter contre », dit Olkan Elijah, le président du mouvement végan Fuda. Ce sont des combattants. Ils défendent une cause. Et ils ne comprennent pas que tout le monde ne s'incline pas devant cette nouvelle vérité révélée (une de plus). 

A dire vrai, tout cela me semble très curieux, pour ne pas dire fumeux. D’abord parce qu’on pourrait rétorquer à ces gens que se nourrir exclusivement de végétaux est peut-être d’une cruauté plus grande encore : que savent-ils des sentiments de la carotte, du chou, au moment où on les arrache du sol, quand on les coupe en morceaux, quand on les plonge dans l’eau bouillante ou qu’on leur brûle la chair dans une poêle ? Que ressent la patate quand on la fait sauter ?

Le masochisme dont je parlais plus haut ressemble furieusement à un sadisme de la plus belle eau : en effet, s’interrogent-ils seulement sur la souffrance des légumes ? Leur haine de la viande vaut bien leur mépris pour "le cri de la carotte" (titre d'un livre de l'acteur Michel Serrault, ou peut-être Daniel Gélin). Est-ce parce que nous ne comprenons pas leur langage que nous devons leur faire subir tant de traitements aussi cruels qu'inhumains ? 

Cette bande de sadiques mériterait d'être dénoncée auprès de Carolyn Christov-Bakargiev, ancienne directrice que la Documenta Kassel 2012 (une allumée frénétique de l'art contemporain, photo ci-dessous), qui militait très fort pour la signature solennelle par tous les pays du monde d’une « Déclaration Universelle des Droits des Végétaux » ! Et qu’en pensent les associations de défense des fruits et légumes ? CHRYSTOV BAKARGIEV CAROLYN.jpg

Ensuite, on pourrait leur dire, plus sérieusement, qu’ils se contentent, à tort, de s’en prendre à l’effet, et qu'ils se gardent bien de toucher à la cause. Car enfin, il ne faut pas regarder très loin pour se rendre compte que si le sort fait aux animaux est lamentable et mérite donc d’être contesté, ce n'est pas pour des raisons sentimentales dictées par un anthropomorphisme assez vulgaire.

Ce n’est pour aucune autre raison que l’industrialisation de l’agriculture tout entière. Que la population soit assez étourdie pour confier le soin de la nourrir à un système intégré de machines, voilà l'énigme. L'industrialisation de la nature, voilà l'ennemi principal. Mais les adeptes du véganisme adhèrent à la civilisation : Olkan Elijah, le président, est infographiste. Il ne faudrait pas qu'il perde son boulot.

Industrialiser la nature, voilà bien l'idée de dingue. Pas besoin je pense pour s’en convaincre de rappeler la catastrophe : élevages géants de porcs en Bretagne, « ferme des mille vaches » dans la Somme, hangars un peu partout où caquettent des volailles par dizaines de milliers. D'où la souffrance animale, pour l'essentiel. Et ne parlons pas des masses de lisier à répandre, des camions d'antibiotiques (rendus nécessaires par la masse des animaux confinés, mais induisant des résistances de plus en plus visibles dans les organismes humains), et autres joyeusetés sanitaires. 

Voilà : la religion du véganisme est juste une ânerie, une niaiserie qui montre avant tout la sottise de ceux qui regardent le doigt du sage quand celui-ci montre la lune. Ils ne se rendent pas compte que la véritable cause de la souffrance animale n’est pas dans le fait que de plus en plus de gens sur la planète mangent de la bidoche (au grand dam de la dite planète), mais dans le système industriel de production de nourriture. Eh oui, voilà qu’on retombe sur ce damné « système ». 

La lubie véganiste n’est pas dangereuse, heureusement. Seulement, ils n’ont pas compris qu’au lieu d’avoir l’œil braqué sur un point de détail, il leur faudrait élargir singulièrement leur champ de vision, en même temps qu’enrichir et approfondir l’analyse qu’ils se font du monde pour prendre la vraie mesure du désastre. Ils verraient peut-être les graves défauts d’organisation dont souffre notre civilisation. Il leur manque un poil de marxisme pour en vouloir au système. 

Mais ça, comme des vers dans le fruit qui les nourrit, ils n’oseront pas le remettre en question. La maladie dont ils souffrent serait à ajouter à la très longue liste des « phobies » de la modernité. 

Je propose de la baptiser « carnophobie ». L'  « alimentophobie», c'est pour bientôt. A quand l'humanité anorexique ? Il paraît que ce n'est pas parti pour.

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 14 juin 2012

LE DROIT DE VOTE AUX LEGUMES !

Résumé : alors on ne sait plus si un livre qualifié de "roman" est un roman, mais on ne sait plus non plus si l'homme, c’est du petit homme ou du grand singe.

 

 

Comme je suis revenu sur la question animale, et comme j'ai l'esprit de justice,  je m’en voudrais de ne pas revenir sur la question végétale. Car il faut savoir que la question végétale se pose. Tiens, pas plus tard que le 31 mai, c’est Madame CAROLYN CHRISTOV-BAKARGIEV qui l’a soulevée, dans une interview vibrante. Il faut dire que la dame n’est pas n’importe qui : c’est elle qui dirige la célèbre exposition « Documenta » de Kassel, le fin du fin en matière d’art contemporain. Je vous jure, voilà une magnifique (et double) illustration (quasiment une caricature) pour ma « thèse » sur la POROSITÉ !

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PORTRAIT DE LA TERREUR POREUSE

(les gens n'ont plus l'air de ce qu'ils sont, mon bon monsieur)

 

Et il faut dire aussi qu’en matière de sérieux pondéré, de rationalité éclairée et de « bon sens près de chez vous », les artistes contemporains en connaissent un sacré rayon, c’est un très vieil ami, presque un spécialiste des Beaux arts et des Laids arts qui vous le dit.

 

 

Qu’est-ce qu’elle dit donc, Madame CAROLYN CHRISTOV-BAKARGIEV ? D’abord, elle dénonce l’anthropocentrisme, c'est bien le moins. Jusque-là, rien d’épastrouillant (comme dit MARCEL PROUST en personne, j'ai les preuves), beaucoup de gens l’on précédée dans cette voie. Mais enfin, c’est déjà ça, elle milite pour rabattre le caquet de l’homme, cette espèce puante de prétention. Elle ne s’arrête cependant pas en si bon chemin.

 

 

Voici ce qu’elle déclare à la Süddeutsche Zeitung, accrochez-vous aux poignées et aux barres : « La question n’est pas de savoir si nous devons accorder le droit de vote aux chiens ou aux fraises, mais comment une fraise peut faire part de son intention politique ». Vous avez bien lu : l'intention politique de la fraise. Non, non, qu’allez-vous penser ? Il paraît qu’elle était à jeun, et qu’elle est en général considérée, sinon comme parfaitement saine d’esprit, du moins comme inoffensive.

 

 

Elle ne veut pas seulement « protéger » animaux et plantes, elle réclame très haut et très fort leur pleine EMANCIPATION en tant que citoyens à part entière, en comparant leur situation à celle des femmes d’avant le droit de vote : « Pourquoi les chiens doivent-ils pouvoir voter comme les femmes ? – Pourquoi pas ? Le monde appartient-il moins aux chiens qu’aux femmes ? ». L’argumentation semble très travaillée, vous en conviendrez. On a bien compris qu'il s'agit d'élever le boeuf, l'âne et la tomate au rang de CITOYENS.

 

 

Et ce n’est pas fini : « Il n’y a aucune différence fondamentale entre les femmes et les chiens, ni entre les hommes et les chiens. Il n’y en a pas non plus entre les chiens et les atomes qui constituent mon bracelet. Je pense que tout a sa culture. La production culturelle d’un plant de tomate est la tomate ». J'adore, moi aussi, en général, la production culturelle des plants de tomate. Car la distance n’est pas grande de la Culture à l’agriculture, chère madame. Tout le monde a relevé l’expression « aucune différence », n'est-ce pas.

 

 

Attendez, le meilleur est à venir, car c'est dans le domaine de l’art que Madame CAROLYN CHRISTOV-BAKARGIEV fait le moins de différence (évidemment) entre l’art humain et des produits créés par les animaux. On comprend aussitôt pourquoi c'est elle qui a été nommée directrice de la « Documenta » de Kassel : « Construire une ruche a aussi un sens supérieur ». GILBERT BECAUD chanterait aujourd'hui : « L'important, c'est la ruche l'important, c'est la ruche l'important, c'est la ruche, crois-moi » (message à transmettre aux adeptes « socialistes » de la rose.

 

 

Notez bien que j'admire aussi grandement les abeilles, depuis que j'ai accompagné le bossu et charmant Monsieur GUIGON pour prélever les cadres de deux ou trois ruches blotties dans la Garenne, et que je l'ai vu manier la centrifugeuse pour extraire le miel, après la désoperculation. Mais l'idée que les abeilles sont des artistes ne m'aurait pas effleuré si la dame machin n'avait pas parlé à la Süddeutsche Zeitung.

 

 

Je signale en passant qu'on trouve, dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Animal (Unesco, 1978), une phrase qui m'a plongé dans des abîmes de réflexion : « Le massacre des animaux sauvages, la pollution et la destruction des biotopes sont des génocides » (article 8). Vous avez bien lu : GENOCIDES. Ça, c'est pour ceux qui douteraient encore de la toute-puissance des forces de la POROSITÉ. Mais qu'est-ce qu'elle attend, Madame CHRISTOV-BAKARGIEV, pour interpeller la Cour Pénale Internationale ?

 

 

Question du journaliste : « N’y aurait-il rien de spécifique à l’art humain ? – Rien. Rien ou tout [alors là, franchement, il faudrait savoir !]. Vous dites qu’il y a un lien entre une peinture rupestre et un Mondrian parce que vous venez de l’histoire de l’art et non de la physique quantique. Mais quand vous regardez pourquoi les hommes des cavernes peignaient [ah, elle est donc au courant, elle en sait donc beaucoup plus qu'ANDRÉ LEROI-GOURHAN, l'immense patriarche de la paléontologie moderne, qui avouait ne pas très bien savoir], cela ne se différencie pas fondamentalement de la raison pour laquelle l’araignée tisse sa toile ». Mais comment donc !

 

 

Voilà le travail, messieurs-dames ! Vous avez repéré que ce qui m’intéresse ici, c’est « ne se différencie pas ». La prochaine Déclaration à l'ONU proclamera fièrement : « Tous les hommes, tous les chiens, toutes les tomates naissent libres et égaux en droits ». Voici venir la grande équivalence de tout dans tout. Je reconnais que c’est plus facile en présence d’un cas aussi aigu d’EXTRÉMISME POREUX, de FANATISME du PERMEABLE. Et cette dame exerce des responsabilités, heureusement non politiques. Vous imaginez l’Allemagne avec elle, en lieu et place de MERKEL ? C’est sûr que ça serait plus croustillant et folklorique.

 

 

Détail qui ne manquera pas d'intéresser nombre des lecteurs de ce blog, j'imagine que la dame dont je viens de parler appartient à un MOUVEMENT, bien implanté, apparemment, en Allemagne, et basé en France dans la belle ville d'Orléans : le VEGANISME. Non seulement ils sont végétaLiens (sic), mais ils dénoncent TOUS les usages que les humains font des animaux (vêtements, etc.).

 

 

Attention, ça ne rigole pas, chez les « vegans » (ça veut sans doute dire veg-étal + an-imal) : il ne faut pas confondre végétaRien et végétaLien. Ce dernier s'interdit, en plus des oeufs et du lait, le miel (tiens, on parlait pas des ruches, tout à l'heure ?). Oui, le miel. Vous savez, le miel, cette substance vaguement répugnante produite par des pauvres petites bêtes qui volent et qui vont dans les fleurs se charger les pattes d'excréments sexuels (sont on ignore le plus souvent « l'orientation »).

 

 

Pour résumer et conclure cette série de billets consacrée à la SUBVERSION constante de l’ordre établi par la société du NOUVEAU, et à la POROSITÉ de tout par rapport à tout, je récapitule les exemples proposés : porosité du temps (habits du dimanche, lolitas), porosité de l’espace (gadgets numériques procurant un semblant d’ubiquité), porosité du sexe (l’un est l’autre), porosité de la patrie (les frontières), porosité des droits (homme, enfant, animal, plantes), porosité du roman (en est-ce un, oui ou non ?), porosité des barrières d’espèces (homme / animal, homme / plantes) et, pour finir, porosité de l’Art (est-ce de l’art ou de la réalité, du lard ou du cochon, de la chèvre ou du chou ?). Pour parler franchement, je trouve que ce n’est déjà pas mal, comme faisceau de présomptions, comme on dit chez le juge d’instruction.

 

 

Bon, c’est vrai, j’ai opté pour la POROSITÉ. J’aurais pu prendre l’idée de hiérarchie des valeurs, chère à ALAIN FINKIELKRAUT, de son abolition, du nivellement de tout, du relativisme généralisé, mais elle n’était pas libre, elle était invitée partout, à droite et à gauche, et n’avait plus aucune place pour moi dans son agenda. J’ai bien été obligé de me rabattre sur une image moins rebattue. Après tout, ce qui est vertical dans la hiérarchie est horizontal dans la porosité. Ce qui finit par revenir au même. Enfin, à mon idée.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Cette fois, c'est la fin du feuilleton. So long, pals ! Et portez-vous bien. Et soyez forts.