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mardi, 21 mai 2019

A PROPOS DE VINCENT LAMBERT

Un cas de pornographie médiatique.

Je ne connais pas Vincent Lambert, je ne l'ai jamais rencontré avant l'événement qui lui a ôté la conscience et je n'ai donc pas eu le temps ou la possibilité de lier une relation avec lui. Je ne pense strictement rien de toutes les éventualités qui se présentent : faut-il le maintenir en vie ? Faut-il arrêter les traitements (car ce sont des traitements) ? Je n'en sais rien et je me permets de ne pas me sentir concerné, ni directement, ni indirectement. Et je n'ai aucune opinion sur l'éventuelle mise en place d'une procédure d'euthanasie en France.

Si je voudrais aujourd'hui dire ce que je pense de la question posée par le cas de Vincent Lambert, c'est pour en souligner un aspect qui me semble crucial. Car avant toute chose, je trouve tout à fait extraordinaire que le cas de cet homme ait pu être transformé en feuilleton médiatique à résonance nationale et en spectacle à rebondissement. Même France Culture vient de consacrer sa "Matinale" à Vincent Lambert. Ras le bol !

C'est aussi pour souligner, en particulier, le fait qu'à l'origine de cette fantastique présence médiatique, il n'y a rien d'autre qu'une guerre familiale. S'il y a scandale, il est ici : les parents de Vincent Lambert ont trouvé, par je ne sais quelle influence particulière, des canaux d'expression, des micros, des caméras pour faire du cas de leur fils un problème de société. Ils ont saisi je ne sais quelle opportunité pour faire d'une guerre intestine un champ de bataille imposé au public qui n'en peut mais. Et rien que ça me semble être une prouesse rarissime. Une opération de prestidigitation organisée par des magiciens de grand talent. 

Qu'une guerre familiale soit avec cette ampleur portée sur la place publique tient sans doute au fait que les parents de Vincent Lambert sont de fervents catholiques, car ce détail explique sans doute pourquoi ils ont trouvé des soutiens, peut-être des réseaux, en tout cas des ouvertures spectaculaires dans l'espace médiatique. Ils ont même trouvé assez de manifestants convaincus pour aller chanter des prières devant les murs de l'hôpital. Visiblement, ce sont des fanatiques religieux.

A cela s'ajoute l'acharnement juridique des parents et de leurs soutiens, et je me dis que pour mener ce combat à coups de textes de loi, de conventions internationales, etc., ils disposent de ressources financières insoupçonnées. Tous les avocats qui sont de la partie doivent se frotter les mains d'avoir trouvé ce marché juteux. L'un des défenseurs des parents de Vincent Lambert n'a pas eu honte, hier soir, de recourir à une métaphore footballistique en parlant de "remontada" après la décision de la cour d'appel de faire reprendre les soins. Si j'avais un avis personnel à émettre ici, ce serait de dire que l'attitude des parents de Vincent Lambert est, purement et simplement, obscène. Ils ont rendu le monde témoin de leur souffrance indicible de parents, et le pire, c'est que la mayonnaise a pris, ce qui pour moi réclame encore une explication.

Accessoirement et en même temps, je trouve stupéfiante la publicité offerte gratuitement (?) au parents Lambert, dont on peut encore voir dans Le Progrès d'aujourd'hui des photos complaisantes. Mais quelle mouche a piqué dans cette affaire la horde journalistique ?

Que les parents éprouvent une peine immense à la perspective de la mort de leur enfant, je le comprends. Mais que la machine médiatique mise en route par je ne sais quel sortilège donne une telle audience à un cas finalement particulier (appartenant entièrement à la sphère privée), je vois là un fait profondément impudique et outrancier, pour ne pas dire pornographique. 

Et un spectacle terrible qui commence à me soûler.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : je suis d'accord, le cas de Vincent Lambert pose un problème essentiel : qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce que la mort ? Oui, la société moderne a énormément de mal avec le vieillissement, l'infirmité (on dit maintenant "personne en situation de handicap", c'est tout de suite plus supportable et présentable) et la mort. Et alors ?

vendredi, 29 mars 2013

L'ENFANCE DE L'ART AU POUVOIR

 

 

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CECI EST UN BROWNING CALIBRE 7,65 DE LA MANUFACTURE DE HERSTAL, BELGIQUE

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Ce billet s'adresse à ceux qui savent ce que c'est qu'une partition de musique :

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UNE PARTITION DE MUSIQUE, VOILÀ CE QUE C'EST

CECI EST LE BWV 849 : JE NE FERAI A PERSONNE L'INJURE DE PRÉCISER DAVANTAGE

 

 

Tout le monde est d’accord, n’est-ce pas ? Les arts ont subi au 20èmesiècle une révolution décisive. Un coup d’Etat permanent, d’ailleurs. La  Transgression majuscule et perpétuelle, Philippe Muray le déplorait déjà, est devenue un mode de vie. Tout ce qui peut être transgressé doit l’être.

 

Et tout ça du seul fait d’une marmaille déchaînée, de toutes les petites classes lancées contre tous leurs profs, toutes leurs écoles, tous les principes hérités de papa-maman, et même de pépé-mémé, et cela du seul fait qu'ils sont hérités. L'héritage, voilà l'ennemi. Les morpions qui ne cessent de débarquer sur la planète, ce qu'ils veulent, c'est être des pères et des mères sans avoir été d'abord fils et filles de quelqu'un. Il veulent être l'origine. Le morveux d'aujourd'hui se proclame ancêtre. Fondateur. De quoi ? Mais de soi-même, bien sûr ! Ne rien devoir à personne.

 

La sagesse voudrait que tout un chacun se convainque que, désormais, représenter le monde, les hommes, les choses est tout à fait impossible. Et pourtant, un petit village gaulois ne se résigne pas.

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Comme chantaient les Olivensteins en 1979 : « Euthanasie papy ! Euthanasie mamy ! Vot’calvaire est fini ! Fini !», variante punk nihiliste du plus connu, organisé, chenu et prolétarien : « Du passé faisons table rase ! ». Début de la grande vague des boutonneux qui déboulent dans le champ visuel des vieux éberlués, tétanisés, bientôt ratatinés. Que dis-je, une vague : un raz de marée, un tremblement de terre, un tsunami. L'engloutissement de l'Atlantide !!!

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CECI EST UNE PARTITION ECRITE PAR LE PETIT GEORGES APERGHIS (11 ANS)

En musique, ce fut d’abord un sale gosse du nom de Wagner, avec sa mélodie et sa progression harmonique continues, bientôt suivi par la cohorte des merdeux : les petits Debussy, Zemlinsky, Satie, Scriabine, sans oublier le dernier vieux bébé Liszt, qui se font un plaisir de désarticuler les codes, sans toutefois que ça soit inécoutable. 

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CECI EST UNE PARTITION ECRITE PAR LE PETIT KARLHEINZ STOCKHAUSEN (8 ANS)

(sur un air de : "Il était un petit navire !")

Mais ils furent bientôt suivis par le trio infernal des loupiots iconoclastes de Vienne (les garnements Schönberg, Berg et Webern, ce dernier bien puni, le 15 septembre 1945, par Raymond Norwood Bell, soldat américain qui avait pour mission de faire respecter le couvre-feu, et qui lui a donc tiré dessus sans sommation : a-t-on idée, à huit ans, de fumer le cigare, de nuit, juste pour épastrouiller les copains ? Et surtout en présence de Raymond Norwood Bell ?). 

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BRAVO AU PETIT HORACIO VAGGIONE (6 ANS) POUR SES INNOVATIONS DANS L'ECRITURE DE LA MUSIQUE (ici, L'Art de la mémoire n° 2)

Les mêmes mauvais coeurs qui se sont réjouis de la brutale disparition de ce fanatique atonal, sériel et dodécaphonique qu'était Anton von Webern, et à qui l'on ne saurait d'ailleurs donner complètement tort, ont proposé à Pierre Boulez de fumer un cigare, un soir de couvre-feu, après un concert dans les ruines de Sarajevo, mais ça n'a pas marché : Raymond Norwood Bell était à la retraite. De quoi nourrir quelques regrets.

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CECI EST UNE PARTITION ECRITE PAR LE PETIT EDGAR VARÈSE (7 ANS)

Je passe sur Stravinsky, Boulez, Stockhausen, pour arriver à Pierre Schaeffer qui, après-guerre, décréta que tous les sons, onomatopées, clapotis, rugissements, borborygmes, gargouillements, bref, que tous les bruits, naturels ou fabriqués étaient une musique aussi authentique que tous les autres sons. Plus fort encore que Schönberg, l’égalitarisme absolu de tout ce qui s’entend. C’est bien connu : « Passé les bornes, y a plus de limites ! ». 

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CECI EST UNE PARTITION ECRITE PAR LE PETIT IANNIS XENAKIS (5 ANS)

Toutes sortes de vaisselles ont été mises à contribution, toutes sortes de tortures infligées aux instruments connus, toutes sortes d’objets déposés sur les cordes des pianos de concert, toutes sortes de matériels électroniques ont été inventés pour déformer les sons, mais aussi les masquer, produire, amplifier, pulvériser, réduire, couper, recoller, rabouter, et Dieu sait quoi encore. Grâce à l’électricité, l’électronique, l’informatique, tout est devenu possible.

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CECI EST UNE PARTITION DU PETIT GIACINTO SCELSI (10 ANS)

Tout est donc possible. C'est un certain Nicolas Sarkozy qui doit être content : c'était son slogan en 2007 (« Ensemble, tout devient possible ! »).

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

NB : Ceux qui verraient une corrélation entre l'illustration introductive et le propos ici tenu ne montreraient que deux choses : qu'ils ont du mal à dissimuler la noirceur de leurs intentions, et que celles-ci ne sont pas infondées.