mercredi, 31 décembre 2014
LE DERNIER MODIANO
Préambule destiné à illustrer l'altitude à laquelle se situe le débat politique en France : Nicolas Sarkozy installe donc l'état-major qui sera chargé de gouverner l'UMP en vue des « batailles politiques » qu'il envisage de livrer prochainement, tous gens de grande envergure et de haute vue, comme de juste. La preuve : Laurent Wauquiez a fait prendre les mesures de son bureau au centimètre près, pour être sûr que celui de Nathalie Kociusko-Morizet n'est pas de plus grandes dimensions.
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Franchement, je ne pensais pas que ce serait si difficile de parler d’un livre de Patrick Modiano. De trouver assez de mots précis pour habiller les impressions reçues d'un livre qui vous échappe quand vous tentez de le saisir. Je n’avais jamais essayé d’écrire quoi que ce soit à leur sujet, et pourtant, en ai-je-t-y lu, des « romans de Modiano » ! A chaque parution, ou presque, j’allais en librairie verser mon obole à un écrivain à l’œuvre fascinante. Je n’ai jamais su expliquer cette fascination.
Essayez donc de résumer un seul de ses romans ! Malgré l'évanescence de l'intrigue, le flou des traits des personnages, la ténuité de l'action, l'auteur, sans avoir l’air de vous forcer, vous y entraîne aussi aisément que dans les évidences enfantines. Ensuite, les mains de votre mémoire se referment sur des fumerolles : c’est tout ce qui restera de votre lecture.
Si, quand même, vous avez les titres qui ont, mieux que les autres, marqué leur passage. Pour mon compte, ce sont Villa triste, Rue des boutiques obscures, Dora Bruder, Un Pedigree, quelques autres. Pourquoi ceux-ci plutôt que d’autres ? Mystère. Il me reste tout au plus quelques vagues ambiances où dominent les errances de lieu en lieu, de ville en ville, d’époque en époque, de nom en nom, souvent à la recherche de je ne sais plus quoi. C'est dans lequel, au fait, que le personnage se livre à un drôle de manège autour de livres anciens ?
C’est vrai que j’en ai lu beaucoup, des Modiano. Pas tous, forcément. Je n’ai pas procédé systématiquement, comme j'avais fait pour Henri Bosco, mais j’ai une excuse : Modiano est bien vivant, il continue à produire. Cela ne fait rien : allez voir dans la rubrique « Du même auteur », au début, mais aussi à la fin de chaque volume. Interminable, la liste. Une petite trentaine de romans. Sans compter le reste. Il a même fait un scénario de film (Lacombe Lucien). Il a même écrit une chanson pour Françoise Hardy (« Etonnez-moi, Benoît »). D’autres choses que je ne connais pas, peut-être.
Donc, pas facile de poser des mots sur la lecture qu’on vient de faire d’un livre de Patrick Modiano. D’ailleurs, à la réflexion, je ne devrais pas dire « le dernier Modiano », parce qu’il est probable qu’il ne va pas s’arrêter d’écrire des livres. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Et que le lecteur se souhaite par la même occasion.
Parce que ce « dernier Modiano » est un livre littérairement magistral, et quand il referme Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, le lecteur se dit qu’il s’est passé, quelque part au fond des méandres et des sables mouvants de son être, quelque chose de pas ordinaire. Et qu’il aimerait bien que ça lui fasse la même chose une prochaine fois, même s’il ne sait pas bien quoi. Pour peu qu’il soit entré dans le jeu, il en sort chapeau bas devant le maître du jeu : du grand art !
A se demander si Modiano n'est pas un lointain descendant d'un maître du bouddhisme zen : écrire sur rien. L'esthétique du vide. Quasiment un haïku romanesque, comparé aux pavés que les Américains lancent sur la gueule de nos libraires, même que c'est à cause de ça qu'ils sont de moins en moins nombreux : trop de risques ! Je galèje.
Oui, on peut dire qu'avec Pour que tu ne te perdes ..., quelque chose y a remué, là-bas dans le fond. Mais quelque chose de vague, impalpable pour ainsi dire. Aussi insaisissable que celui qui dit « Je » tout au long du roman. Car le narrateur lui-même semble exister à peine tant il livre peu d’éléments qui permettraient au lecteur de l’identifier, d’en esquisser au moins un portrait auquel il pourrait s’identifier, comme cela se passe dans les romans traditionnels.
Mais comme l’auteur se débrouille pour que le lecteur, comme dans le cinéma filmé caméra à l’épaule, voie le film se dérouler comme s’il en était lui-même le protagoniste, l’identification se produit malgré tout, et le lecteur se trouve alors comme aspiré dans un vortex d’une étrange inconsistance, pris dans le réseau immatériel des fils d’un passé en quête duquel le personnage est contraint de se lancer pour une raison indépendante de sa volonté.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, politique, nicolas sarkozy, laurent wauquiez, nathalie kosciusko-morizet, nkm, le canard enchaîné, littérature, littérature française, patrick modiano, prix nobel, pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, villa triste, dora bruder
vendredi, 24 mai 2013
QU'EST-CE QU'UN SOCIALISTE ?
COUP D'OEIL SUR LE PARADIS D'UNE VRAIE SOCIÉTÉ SANS CLASSE
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La justice vient donc de condamner Madame Sylvie Andrieux à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Si elle a le culot de faire appel (nous sommes, paraît-il, dans un Etat de droit, donc …), elle n’ira pas en taule, au moins pour le moment.
LE PROGRES DU 23 MAI
(notez que "3 ans dont 2 avec sursis" et "1 an ferme", ça ne sonne pas du tout pareil)
Elle appartient à une formation qui fut il y a bien longtemps pressentie pour « porter » les aspirations d’une foule de croyants de gauche espérant l'avènement d'un monde meilleur (s'il vous plaît, on veut quelques miettes du gâteau), qui ont persisté dans leur aveuglement en élisant François Hollande, et qui ont attendu stupidement, après l’avoir élu, que des instituts de sondage leur tendent le micro pour dire tout le mal qu’ils pensent désormais de celui-ci et qu’on ne les y reprendra plus. Trop tard ! Ils n'avaient qu'à pas !
La formation à laquelle appartient Sylvie Andrieux ? Mais c’est le Parti « Socialiste », voyons ! Cela vous dit quelque chose, PARTI SOCIALISTE ? Celui-là même de Jérôme Cahuzac (le Chevalier blanc, la Terreur des fraudeurs). Celui de Jean-Noël Guérini, de Dominique Strauss-Kahn, de Jean-Pierre Kucheida (condamné à 30.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux), de Julien Dray, collectionneur de montres, de Jean-Michel Boucheron, ancien maire d’Angoulême, de Joseph Delcroix (affaire Urba Gracco), de … etc.
Voilà l’état de cette « gauche », passée maîtresse dans la pratique de la distorsion qui oppose les mots et les choses, les mots ayant fini par « s’incliner devant le principe de réalité ». Pour dire la même chose, en clair et en bon français, elle a fait comme le Général Dumouriez le 5 avril 1793 quand il passa à l’ennemi avec armes et bagages. On peut résumer le Parti « Socialiste » au comportement de Dumouriez sous la Révolution.
Traduit en réalité politique d’aujourd’hui, ça veut juste dire que le Parti « Socialiste » s’est converti comme un seul homme à l’économie de marché. Il appelle cette opération « changer de logiciel », pour faire moderne et branché. Pour appeler un chat un chat, disons qu’il a trahi, et puis c’est tout. Ben oui, j’ai voté François Mitterrand en 1981, je ne me le suis jamais pardonné, et mes doigts portent encore les plaies que je m'y suis infligées pour les avoir longtemps mordus.
Quand certains osent aujourd’hui sans rire soutenir qu’il y a en France une « gauche » et une « droite », de deux choses l’une, ils sont soit des cons, soit des salauds. Aveugles ou menteurs, choisissez.
UMP et PS ne sont plus des partis politiques, ce sont des entreprises qui se disputent un marché, et qui règnent tour à tour sur un peu plus ou un peu moins de la moitié de la population, que celle-ci ait voté ou non. La différence entre ces deux entreprises, c'est la place des virgules dans le programme. Et les noms des patrons.
Il n’y a donc plus de gauche en France, malgré les rodomontades et l’esbroufe d’un Jean-Luc Mélenchon. La scène « politique » en France est dominée par deux « partis » de droite, l’un pas trop loin du Front National, l’autre plus près d’un « centre-droit » genre « chrétien-social ».
La preuve que le Parti « Socialiste » est désormais carrément de droite, c’est que l’UMP s’est « extrême-droitisé », comme le montre la « Droite forte » de messieurs Buisson, Peltier et consort, qui attaque NKM parce qu’elle s’est juste abstenue dans le vote de la loi instaurant le mariage homosexuel. Plus le PS ressemble à l'UMP, plus l'UMP, pour se différencier, est obligée de ressembler au Front National. C'est donc la faute des socialistes.
A moins que ce ne soit la faute de la population française en personne. Car s’il n’y a plus de « gauche » en France, c’est peut-être, tout simplement parce que la population elle-même a progressivement glissé à droite, après tout : qui ne rêve d’être propriétaire de son logement ? Or on ne saurait être communiste et propriétaire de son logement, contrairement à ce que me soutenaient « les yeux dans les yeux » (c'est à la mode) DB et JLM, qui avaient le culot indécent de se déclarer communistes.
Habitant un bel immeuble du quartier le plus bourgeois et le plus chic de Lyon (tout près du Boulevard des Belges et du Parc de la Tête d'Or), « Je suis en lutte », m'avait-elle dit un jour avec une sorte de jubilation, et dans son tailleur très classieux et très cher qu'elle arborait, avec son accent des Pyrénées, ne comprenant pas pourquoi je lui avais éclaté de rire au nez. Voilà : des bourgeois, ni plus ni moins. Il y a des chances que ce soit le rêve d’une majorité de la population française qui n’a pas encore accédé. Qu’est-ce qu’elle veut la population ?
Rien que du normal : un peu de confort, un peu de sécurité, un peu de moyens financiers, pouvoir consommer – oh, rien d’excessif. Pouvoir changer la voiture, la télé, le smartphone (il faut rester à la page). Refaire la cuisine. Rien d’excessif, une vie de petits bourgeois.
Comment une telle population voterait-elle encore à gauche ? Certains osent encore se proclamer communistes ? M'enfin, ce n'est pas sérieux ! C'est pour ça que les partis « de gouvernement » sont obligés de suivre le mouvement sur les courbes des sondages et de « changer de logiciel ». Ben oui, c'est humain : il faut penser aux élections. C'est ça, la démocratie ?
Pour l’essentiel, la société a viré à droite. Ceux qui persistent contre toute vraisemblance à se proclamer « de gauche » se sont lâchement rabattus sur des « causes » non plus politiques ou sociales, mais sociétales : la défense des sans-papiers, des sans-logement, des immigrés, l’enthousiasme pour le mariage homosexuel (j'attends qu'on m'explique pour de bon ce qu'il y a de gauche dans cette revendication), contre le machisme, l'islamophobie, l'homophobie, pour la création de RESF pour empêcher l’expulsion des enfants d’immigrants illégaux. Tout ça que les journalistes appellent « les associations ».
Des « causes » non plus réelles, mais réduites à leurs discours obsessionnels. Des « causes » qui ne font plus courir aucun risque à personne, à commencer par ceux qui les défendent. Des « causes » qui causent, pérorent, dégoisent et jaspinent, faites pour intimider et impressionner l'adversaire. Mais des « causes » inoffensives, qui ne sauraient porter à conséquence dans la réalité des choses. L'univers omniprésent du bla-bla démocratique, républicain. Définitivement insignifiant.
En gros, cette « gauche » tient le raisonnement suivant : « Puisque nous avons renoncé à changer les choses et le monde, changeons le sens des mots, et appelons « de gauche » tout ce qui se rapporte aux « Droits de l’homme », à l’ « égalité des droits », et tout un tas de paroles purement verbales qui ne font de mal à personne, tout en anesthésiant les consciences ». Bande d'hypocrites ! Au point que quand un Chinois (ci-dessous) ou une autre « belle âme » accuse la France, c’est toujours au nom des « droits » en général et des « Droits de l’homme » en particulier. Tout cela ressemble évidemment à de la gauche comme le Canada Dry à de l’alcool.
Ce que je ne comprends pas, c’est la raison pour laquelle le Parti « Socialiste » persiste à vouloir par-dessus tout être catalogué « à gauche ».
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, france, parti socialiste, ump, ps, françois hollande, nicolas sarkozy, sylvie andrieux, marseille, socialistes, jérôme cahuzac, jean-noël guérini, dominique strauss-kahn, jean-pierre kucheida, julien dray, jean-michel boucheron, dumouriez, révolution française, françois mitterrand, jean-luc mélenchon, nkm, nathalie kociusko-morizet, front national, mariage homosexuel, droits de l'homme