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lundi, 15 avril 2013

WILHELM MEISTER DE GOETHE 2/3

 

2 COEUR INFARCTUS.jpg

ON EST PEU DE CHOSE

(et se faire traiter de "vieil infarctus", palpez l'insulte !)

 

***

Nous parlions donc du dernier roman d'un homme très à la mode autour de 1830 : Wilhelm Meister. L'homme en question n'est autre que le très majestueux et très chic Wolgang Goethe.

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En réalité, dans ce « roman », il n’y a aucun personnage. Je veux dire : qui soit de chair et de sang, dont le caractère dirige les actions. La meilleure preuve, c’est que tous, sans aucune exception, donnent l’impression de glisser les uns sur les autres sans se modifier les uns les autres.  A proprement parler, il n’y a aucune interaction entre les personnages. Ils sont là, définitivement extérieurs les uns aux autres. Ils ne sont pas là pour eux-mêmes, c’est pour ça qu’ils n’ont ni chair, ni sang, ni caractère.

 

Même le personnage de Mignon (qu'on se demande comment Ambroise Thomas en a tiré l'argument et la substance de tout un opéra), que Wilhelm, pour dire le vrai, achète au saltimbanque qui la maltraite, n’a d’existence que théorique. On sent bien que son amour pour Wilhelm est une décision du romancier, mais pas un élan de cette fille déguisée en garçon. Et quand elle meurt (on ne sais pas de quoi précisément), c’est comme si on regardait faire, de loin, avec des jumelles, dans l'eau d'un aquarium. Goethe a inventé la « littérature à grande distance ».

 

Mais il est vrai, tout bien pesé, que Mignon est le personnage qui se détache sur le fond d'inexistence de tous les autres. Un personnage qui, me semble-t-il, a quelque chose à voir avec le Bartleby de Herman Melville, qui finit par se laisser mourir, tout simplement parce qu'il a un seul credo : « I would prefer not to ». Elle, elle meurt après avoir (enfin !) revêtu des vêtements de fille - on n'ose pas dire parce qu'elle les a revêtus.

 

Mignon est attachante, parce qu'elle a voué sa vie à ce Wilhelm qui est loin de la valoir, qui est incapable d'envisager l'énormité du don qu'elle lui fait (elle lui fait don de toute sa personne, sans attendre rien en retour, le genre de don dont il est impossible qu'un homme ordinaire se remette jamais), et qui, quand il contemple son agonie et sa mort, est dans l'incapacité d'éprouver ce qu'on appelle un sentiment humain. Wilhelm est un bloc de gélatine. Une molle pâte à modeler. A peine se demandera-t-il quel corps féminin lui a tenu compagnie dans une auberge, une nuit après boire : est-ce Philine ? Ne serait-ce pas plutôt Mignon ?

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Wilhelm, soi-disant dans sa période d’apprentissage, qui dure tout de même quasiment 600 pages, traverse les situations, les personnages, les événements, à peu près en ligne droite, et sans en être effleuré. A aucun moment il n’est modifié par ce qui lui arrive ! Et pourtant, à l'arrivée, il est digne d'entrer dans la secte des "Renonçants". Par quel prodige ?

 

A la réflexion, le prodige est peut-être simplement la numérotation des événements censés animer le roman, dans l'ordre chronologique. Goethe a dressé la liste de tout ce qui devait se passer autour de son Wilhelm, et en bon comptable, il coche chaque case une fois qu'il l'a remplie.

 

Pour comparer, prenez Julien Sorel, Eugène de Rastignac ou Lucien de Rubempré : une fois le livre refermé, aucun n’est semblable à ce qu’il était au début. La vie que son auteur lui a fait vivre a bouleversé ses points de repère et, entre l'incipit et l'excipit, le monde lui-même a changé. Eh bien pas Wilhelm ! Comme Tintin sous la plume d’Hergé, ma parole, la houppe toujours aussi droite à la fin qu'au début !

 

Au point que je me demande vraiment ce qu’il a pu apprendre. Si, bien sûr ! Goethe ne se prive pas de dire qu’il apprend. Ah ça, il ne nous épargne pas beaucoup de conversations, de comptes rendus d’observation, et tout et tout. Mais à aucun moment le lecteur ne voit ce qu’il apprend en train d’entrer en lui. Aucun effort, aucune contention de l’esprit.

 

On ne le voit jamais travailler pour apprendre : Wilhelm Meister, braves gens, se contente de passer. Comme Johnny Halliday dans L’Idole des jeunes, Wilhelm Meister, qu’on se le dise, pourrait chanter : « Je cherche celle qui serait mienne, Mais comment faire pour la trouver ? Le temps s’en va, le temps m’entraîne, Je ne fais que passer ». C’est ça, son apprentissage. 

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D’accord, il écoute, il regarde, mais il ne fait pas grand-chose. Plus grave : il ne ressent rien. Un comble, dans un livre où le maître-mot, entre autres, est « activité ». La clé de cette bizarrerie est dans le statut social auquel se destine Wilhelm : il le porte d’ailleurs dans son nom. Il ne sera jamais un ouvrier ou un artisan. Ce ne sera pas un manuel. Il sera chef. Wilhelm se forme pour devenir Meister (Maître). Mais quand il sentira sa véritable vocation de chirurgien monter en lui, il le sentira en véritable abruti.

 

Puisque j’en suis aux mots-clés, j’ai déjà mentionné « activité ». Il y a aussi « sérieux », « morale ». Il s’agit dans l’ensemble de se rendre « utile » à la population en lui procurant une « activité » « sérieuse », dans laquelle, avec modestie et application, elle trouvera son équilibre. Le ton de tout le livre, au fond, est professoral d’un bout à l’autre. Goethe veut faire le bonheur de l’humanité en lui enseignant les moyens concrets les plus propres à lui permettre de l’atteindre.

 

A cette fin, il intercale dans son récit des épisodes qui l’interrompent, mais aussi le nourrissent. Ainsi, tout le Livre VI des Années d’apprentissage est constitué par la « confession d’une belle âme », épouvantable et éprouvant journal tenu par une jeune femme soucieuse d’élever son âme vers des altitudes éthérées et vertueuses ; laborieux et besogneux journal édifiant d’une abstraction humaine, sorte d’idéal désincarné ou d’ectoplasme vague proposé comme modèle à toute femme qui tiendrait à se respecter. La femme supposée avoir tenu ce journal s’appelle Macarie (si j’ai bien compris). Or Macarie vient en droite ligne de μακαριος, qui, en grec, signifie « bienheureux ». Mais elle n’existe pas : elle vaticine.

 

Un mot des quelques chapitres intitulés « L’homme de cinquante ans ». Cette histoire intercalée se veut évidemment aussi édifiante que le reste. Un capitaine ou un major, je ne sais plus, a une sœur qui est mère d’une jeune fille. Celle-ci est promise au fils du major, qui se trouve éloigné, j’ai oublié pourquoi. Elle s’amourache du père, qui a entrepris, sous l’influence d’un homme qui travaille dans le théâtre, une cure de rajeunissement au moyen de toutes sortes d’artifices.

 

Le fils, de son côté, se voit circonvenu par les manœuvres séduisantes d’une jeune veuve, très courtisée, et se verrait fort bien l’épouser. Le père est embêté, mais finit par se faire à l’idée d’épouser une jeunesse, et s’y voit conforté après une entrevue « à cœur ouvert » avec son fils. Mais qu’on se rassure : les promis s’épouseront malgré tout, et le père se fera une raison en épousant lui-même la jeune veuve.

 

Le point cuculminant de la cucuterie est atteint au début des 400 et quelques pages des Années de voyage, quand Goethe fait rencontrer à Wilhelm ni plus ni moins que Saint Joseph, et la Vierge Marie, dans une forêt des montagnes, en train de refaire le coup de « la fuite en Egypte » (titre du 1er chapitre, le 2ème étant intitulé « Saint Joseph II »). L’auteur n’a même pas oublié l’âne et le petit Jésus. Et il nous fait visiter la crèche. Mais on ne va pas jusqu'à la croix, il ne faut pas exagérer.

 

C'est tellement gravement niais que cela en devient attendrissant.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

lundi, 18 mars 2013

LE PETIT ZACHEE 2/2

 

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MRS VIOLET, DONT UNE DES DEUX MOITIÉS FUT MONTÉE A L'ENVERS

 

***

Je finissais la note précédente sur le portrait, par Hoffmann, de Zachée, surnommé Cinabre, le monstre indescriptible inventé par son génie. Notez que le personnage inimaginable imaginé par Hoffmann est le commentaire qu'il fallait pour commenter en quelque sorte la série de photos que je publie en en-tête de mes billets, depuis le 27 février, et qui a débuté avec l'extraordinaire et bien nommée extratête du Mexicain Pascual Pinon. Revenons à Zachée-Cinabre.

 

Le malheur qui explique cette conjonction catastrophique et caricaturale (hideur + méchanceté + vanité crevant de concert le plafond de l'imaginable) veut que la fée Rosabelverde (chanoinesse Rosenschön) soit passée sur la route où la vieille et pauvre Lise se lamentait sur son sort et la malédiction qui lui avait valu de donner le jour à un monstre. 

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UNE DES PREMIERES EDITIONS DE "KLEIN ZACHES"

(à droite, on voit les ailes de la fée et le peigne dont elle coiffe l'horrible créature)

La fée prend pitié et, pendant que la mère pique un opportun roupillon, cajole l’être invraisemblable en lui caressant la tête, le dotant soudain d’une magnifique chevelure blonde et bouclée. Le malheur, ensuite, veut évidemment que Zachée arrive dans la ville de Kerepes, où vivent tous les gens déjà cités.

 

Et c’est là qu’intervient le génie de Hoffmann, une idée proprement extraordinaire. L’amoureux Balthasar, invité à une soirée chez le maître Mosch Terpin, lit son poème qui « chantait les amours du Rossignol pour la Rose purpurine », transparent pour qui connaît ses sentiments pour Candida. Mais quelle n’est pas sa stupéfaction quand, à la fin de la lecture, toute l’assemblée se précipite autour du « jeune seigneur Cinabre » (qui n’est autre que le monstre Zachée) pour le féliciter et le remercier pour la beauté du poème et de sa prestation, au-delà de tout éloge.

 

Voici l'explication : Zachée, surnommé Cinabre, a reçu de sa fée protectrice le don de détourner sur sa personne et à son seul profit toute l’admiration et les louanges dont un autre individu s’est rendu digne, en quelque circonstance que ce soit. Littérairement, l'idée de Hoffmann ne souffre aucune concurrence, dépassant de très loin toutes les trouvailles des écrivains qui n'ont que du savoir-faire. 

 

Hoffmann a inventé un personnage infiniment "plastique" en même temps qu'il lui permet d'attaquer bille en tête le grotesque et l'arbitraire des "valeurs" socialement reconnues, qu'il s'agisse de littérature, d'art, de politique, etc. Au surplus, Zachée détourne sur d'autres tous les actes ou gestes qui devraient normalement le rendre insupportable. Ainsi, quand Cinabre se vautre sur le sol en poussant des grognements ridicules, c’est Balthasar qu’on accuse de se livrer à une pantomime indigne et indécente.

 

Ayant fui dans la forêt voisine, de dépit et de colère, Balthasar voit passer son professeur de violon Vincenzo Sbiocca, qui lui déclare son écœurement : les habitants de Kerepes sont tous cinglés. Il vient de jouer le périlleux et difficile concerto de Viotti (compositeur bien réel, estimé de Hoffmann) devant une assemblée qui, dès son achèvement, a entouré le nain Cinabre pour porter aux nues son talent, son divin génie : « Quel jeu !... quelle tenue !... quelle expression !... quelle virtuosité !... ». Un charme puissant attire les applaudissements sur le gnome Cinabre pour mieux en dépouiller ceux qui les méritent.

 

C’est aussi ce qui arrive au référendaire Pulcher qui, sous le coup de la honte, fait le geste de se brûler la cervelle. Balthasar l’en empêche. L’autre lui raconte alors que, postulant à l’emploi de « secrétaire intime auprès du Ministre des Affaires étrangères », il se voit coiffé au poteau par l’infernal Cinabre qui, une fois de plus, reçoit impudemment toutes les louanges que méritait le bon Pulcher, qui, de son côté, est brutalement et définitivement congédié.

 

L’ascension politique et sociale de Cinabre est également brutale et fulgurante : il se retrouve promptement conseiller, puis ministre, mais aussi décoré du « grand cordon de l’ordre du Tigre moucheté de vert à vingt boutons », quasiment tout-puissant. Les « vingt boutons » ont été inventés par le tailleur royal pour faire tenir la décoration sur le corps horriblement compliqué du bonhomme (pour dire si Hoffmann a de la considération pour les décorations et les gens décorés). Bref, Cinabre est à son apogée.

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LA FEE ROSABELVERDE COIFFANT SON PETIT "RADIS FENDU EN DEUX"

(quoique je trouve ce dernier presque trop présentable)

Heureusement, le puissant magicien Prosper Alpanus veille, et révèle à Balthasar le « talon d’Achille » de Cinabre : il suffira d’arracher au monstre les trois cheveux rouges qu’il dissimule au sommet de sa chevelure et de les jeter aussitôt dans le feu, pour que tous les sortilèges protecteurs soient dans l’instant abolis.

 

C’est exactement ce qui se produit :

 

« Mais, sans se soucier le moins du monde de ces cris, Balthasar tira de sa poche la lentille du docteur et à travers elle braque son regard sur la tête de Cinabre. (…)

         – Main forte ! Main forte ! crie Balthasar.

         A ce signal, Fabian et Pulcher saisissent le petit monstre et paralysent ses mouvements ; Balthasar saisit alors avec adresse et précaution les cheveux rouges, les arrache d’un seul coup, bondit vers la cheminée et les jette au feu où ils se consument en pétillant. Puis un coup assourdissant se fait entendre et tout le monde paraît sortir d’un rêve… ».

 

Aussitôt, la foule, à l’égard de Cinabre, retourne sa vénération en abomination, conspuant le « ministre » quand il se montre à sa fenêtre, et brûlant sans remords ce qu’elle adorait l’instant d’avant.

 

Son valet de chambre le cherche en vain, jusqu’au moment où il aperçoit ses maigres jambes émerger, inertes, du pot de chambre : le ministre, saisi par la terreur d’être lynché par la foule en délire, s’est précipité dans son propre vase d’aisance, pour mourir (Hoffmann ne le dit pas) étouffé dans ses propres excréments. Dûment lavé de toute souillure, il fait l’objet de quelques apitoiements officiels, puis est discrètement enseveli.

 

Sa mère, la vieille Lise, se voit attribuer l’exclusivité du commerce des oignons au palais princier. Balthasar épousera Candida. Tout est bien qui finit bien.

 

Klein Zaches genannt Zinnober (le titre allemand) assume sans complexe son statut de conte de fées, mais on aurait tort d’ignorer son côté terriblement ironique, voire caustique à l’égard de toutes les autorités politiques, administratives et scientifiques qui se parent de tout le lustre du sérieux et de la componction indispensables au respect que tous doivent à des fonctions socialement sacrées. Hoffmann n’aime pas les pontifiants.

 

En 1819, quand le conte est imprimé, Goethe est le grand notable des Lettres allemandes, et c’est peu de dire que Hoffmann ne le porte pas dans son cœur. Il faut imaginer la joie éprouvée par le conteur à égratigner la statue du grand homme, imbu de sa propre importance et prêchant dans ses œuvres la vertu, la Raison et la retenue.

 

Il faut imaginer la malignité qu’il met, pour contrer rationalisme et scientisme, à déployer diverses fantasmagories, tel l’attelage incroyable dans lequel se déplace Prosper Alpanus : il en rajoute à plaisir. Le char est une coquille ouverte de cristal,  un grand scarabée agite ses ailes pour rafraîchir le mage, dont le pommeau de la canne a des pouvoirs étranges. Deux licornes blanches conduisent le véhicule. Bref, Goethe n’aime pas le merveilleux ? Eh bien on va lui en donner.

 

Il existe peu de littérature à ce point jouissive et jubilatoire, que ce soit au premier ou au 678 ème degré (selon l'échelle scientifique établie par Marcel Gotlib dans la Rubrique-à-brac, ici p. 53).

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ON EST ICI, MÊME SI ÇA NE SE VOIT GUERE, DANS LE GAG DU GARS QUI SCIE LA BRANCHE SUR LAQUELLE IL EST ASSIS.

 

Une lecture réjouissante, donc, à quelque degré qu'on la situe.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 08 mars 2013

LES "AFFINITES ELECTIVES" DE GOETHE

 

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L'HOMME-TRONC, JOHN ECKARDT, DIT JOHNNY ECK

 

***

L’autre irruption remarquable au château est celle de Lucienne, la propre fille de Charlotte. Sa caractéristique « chimique » principale est de mettre partout un bazar invraisemblable par le nombre et l’immédiateté de ses exigences et de ses caprices.

 

Toute la partie consacrée à son passage dévastateur regorge de dépenses, de cavalcades, d’animations : Lucienne est une tornade, qui va, par « générosité », tenter de guérir une jeune fille de sa mélancolie en la plongeant brutalement dans le bain d’une fête exubérante, qui manque de la rendre définitivement folle. Mais cet épisode est comme une parenthèse insérée dans l’action principale, Lucienne et son fiancé quittant tout aussi brutalement le château, suivis de toute leur troupe pour s’abattre comme un nuage de sauterelles sur le domaine d’un étourdi qui en a fait la proposition.

 

Un autre personnage est à mentionner : Courtier. A ce sujet, il faut préciser que les noms allemands ont été traduits en français, à tort ou à raison. Il ne me gênerait pas qu’Odile reste Ottilie, de même que Courtier pourrait sans mal garder son nom de Mittler. Le traducteur s’en explique : Mittler veut dire : « Qui est au milieu », dans le sens d’intermédiaire. Pourquoi n’avoir pas gardé « Mittler », en l’expliquant simplement en note ? Passons.

 

Courtier est donc présenté comme celui qui fait le lien entre les personnages, tour à tour messager et solutionneur de problèmes relationnels. On ne voit guère la nécessité de ce personnage, qui intervient assez régulièrement quand certaines relations se gâtent, mais qui ne résout pas grand-chose, en fin de compte.

 

Ça y est : Edouard veut divorcer pour épouser Odile et propose que Charlotte épouse le capitaine. Mais pour Charlotte, le mariage est sacré. Elle maîtrise la passion qui l’anime pour le capitaine qui, de son côté, semble enfouir la sienne sans trop de problèmes. Tous deux sont des "réalistes sociaux". D’autant que le comte, celui de la cour, trouve à l'officier un emploi bien plus en rapport avec ses compétences et aptitudes, avec avancement et émoluments en conséquence.

 

Le capitaine quitte donc l’éprouvette à peu près en même temps qu’Edouard qui, pour son compte, espère trouver la mort au combat, dans une des guerres (non nommée) qui se livrent alors. Il s’était auparavant retiré dans un petit domaine où il vivait seul, ayant promis d’enlever Odile si elle s’aventurait hors du château.

 

Mais Charlotte est enceinte. Elle met donc au monde un garçon qu'elle appelle Othon (prénom de son mari et de son "amant"), et dont Odile s’occupe fidèlement, comme une seconde mère. Edouard est revenu vivant de la guerre, couvert de gloire, et installé de nouveau dans son petit domaine, où Courtier lui rend visite. Il n’a pas perdu l’espoir de refaire sa vie avec Odile.

 

Les choses se précipitent lorsqu’il envoie Courtier en ambassade auprès de Charlotte. Lui-même attend son signal. Mais Charlotte est absente, et Odile se promène avec le petit Othon, avec un livre qui la passionne : au pied d’un arbre, elle oublie le temps qui passe. Edouard se trouve bientôt là : les amants s’étreignent. Mais le soir tombe, il est temps de ramener le bébé au château. Quand elle voit la distance, Odile se dit qu’elle gagnera du temps en traversant l’étang en barque. Une fausse manœuvre, l’enfant tombe à l’eau. Le temps de le récupérer, il ne respire plus, malgré tous les soins qui lui sont bientôt prodigués.

 

L’enfant du « double péché » une fois dans son cercueil, le quatuor du début se reconstitue, comme si l’on pouvait tout effacer des événements. Mais c’est évidemment impossible. Personne ne semble remarquer qu’Odile a cessé de s’alimenter. Quand sa servante vient prévenir qu’elle est au plus mal, il est trop tard. On l’enterre dans un cercueil à couvercle de verre, selon la volonté d’Edouard qui, de son côté, se consume de chagrin et ne tarde pas à la rejoindre.

 

Dans son introduction au roman, Bernard Groethuysen relève que Goethe a écrit son roman, contrairement au précédent (Werther), selon un schéma longuement composé et mûrement réfléchi, et que dans sa correspondance, le mot « schéma » ne cesse de revenir.

 

C’est ce qui me fait dire, contrairement à la note du Dictionnaire des œuvres, que ce roman n’est pas « triste ». Certes, il ne respire pas la joie de vivre, mais il prétend trop rendre compte de mécanismes « chimiques », s’agissant des interactions des sentiments humains, pour toucher vraiment le lecteur, je veux dire pour que celui-ci prenne part aux tourments des personnages.

 

Le parti pris qui consiste à rendre compte d’une expérience de laboratoire (narration détachée du « sentimental », mais dialogues tout aussi maîtrisés, dictés par les natures « chimiques » respectives des corps en présence), met le lecteur curieusement à distance. Il y a quelque chose d’abstrait et de théorique dans ce livre.

 

Mais tout aussi bizarrement, ce n’est pas suffisant pour dégoûter ou repousser le lecteur. C’est là qu’on pourrait parler d’une sorte d’alchimie étrange, qui fait que, sans s’identifier aux personnages, on est malgré tout très intéressé par cette histoire, au fur et à mesure qu’elle se construit.

 

Il y a là un paradoxe, mais que je n’ai pas très envie d’analyser pour en mettre au jour les ressorts secrets. Je laisse ça à des universitaires patentés, qui s’enorgueillissent de l’estampille « intellectuel authentique » que l’institution leur a imprimée au fer rouge sur la fesse gauche, estampille dont j'assure que ma propre fesse gauche est par bonheur exempte et vierge, malgré les racontars.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 07 mars 2013

LES "AFFINITES ELECTIVES" DE GOETHE

 

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JAMES ELROY, MANCHOT PEUT-ÊTRE, MAIS PAS A LA TROMPETTE

 

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Dans la foulée de Werther, j’ai lu le roman qui vient après, dans le volume Pléiade. Les Affinités électives. C’est toujours de Goethe. Un curieux livre, à vrai dire, comme scindé en deux parties (deux « méthodes » plutôt) qui alternent avec assez de régularité.

 

D’un côté, les dialogues entre les principaux personnages, comme des propos de personnes guidées par la déesse Raison qui n’émettraient que des paroles dictées par leur nature profonde, jamais en colère ou en extase ; de l’autre, le récit d’un narrateur qui se serait mis dans la position de l’observateur neutre qui, dans un laboratoire, décrit minutieusement la façon dont des corps chimiques réagissent en présence des uns ou des autres.

 

On se rend compte, dès le 4ème chapitre de la 1ère partie, que tout ça est parfaitement concerté et volontaire de la part de Goethe. C’est le capitaine (dont il sera question plus loin) qui parle :

 

« Figurez-vous un certain A intimement uni avec un certain B, et qui n’en saurait être séparé par beaucoup de moyens, beaucoup d’efforts ; figurez-vous un C qui se comporte de même envers D ; mettez maintenant les deux couples en contact : A se jettera sur D et C sur B, sans qu’on puisse dire qui a quitté l’autre le premier, qui s’est réuni le premier à l’autre ».

 

Voilà le schéma de ce qu’on appelle en chimie les « affinités électives ». Voilà un roman relatant donc une sorte d’expérience de chimie, où les différentes réactions des corps chimiques entre eux sont transposées dans l’univers des relations humaines.

 

On a compris : les quatre personnages principaux du roman sont à considérer comme des corps chimiquement purs, que leur simple mise en présence d’autres corps fera réagir selon leur constitution propre – leur « nature » si l’on veut. Ce qui fait des Affinités électives un curieux roman, c’est qu’il se présente comme un roman "théorique". J’ajoute aussitôt que cela ne lui ôte rien de sa force.

 

Les deux personnages centraux du départ sont deux riches aristocrates, Edouard et Charlotte, qui ont enfin pu s’épouser après une première union malheureuse, mais qui les a laissés veufs tous les deux. Edouard a l’idée de faire venir au château son ami le capitaine, dont il n’a qu’à se louer, parce qu’il n’a pas d’emploi pour ses grandes qualités. Charlotte refuse cette irruption (à cause de sa crainte d'une réaction chimique intempestive, et c'est à raison, on le verra).

 

 

Mais elle a une nièce malheureuse, qui survit tant bien que mal dans une pension où elle a placé sa propre fille (du premier mariage). Le sort du capitaine et celui d’Odile (Ottilie) ne tardent pas à être mis en parallèle, d’où la tirade ci-dessus citée. Edouard est celui qui traduit la théorie chimique en termes de relations humaines :

 

« Tu es A, ma Charlotte, et je suis ton B ; car je ne dépends que de toi seule et je te suis comme B suit l’A. Le C est évidemment le capitaine qui, cette fois, me soustrait quelque peu à toi. Or il est juste que, si tu ne veux pas te dissoudre dans le vague, on te trouve un D, et c’est, sans aucun doute, la gente demoiselle Odile, à la venu de laquelle tu ne dois pas t’opposer plus longtemps ».

 

La symétrie veut que la venue de l’ami d’Edouard appelle celle d’une amie pour Charlotte. Rien là que de très naturel, n’est-ce pas, même si les A, B, etc. ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Odile est donc invitée à venir vivre au château.

 

L’étonnant est que les activités des uns et des autres ne cessent d’être conduites avec le plus grand naturel : aussi surprenant que cela paraisse, ceci n’est nullement un roman où les personnages agissent selon leurs « sentiments », mais en vertu de l'essence qui les constitue : c'est un roman « scientifique ». Pas de débats intérieurs, pas de tourments psychologiques, pas d'hésitations douloureuses sur la marche à suivre. 

 

Au capitaine est dévolue l’architecturation du parc et des jardins, qui étaient le domaine de Charlotte. Quant à Odile, elle ne tarde pas à se comporter en maîtresse de maison vigilante et avisée.

 

Et ce ne sont donc pas les sentiments qui vont progressivement pousser Charlotte vers le capitaine et Edouard vers Odile, qu’on se le dise, ce sont les affinités, en quelque sorte, qui les constituent par nature. Comme si la volonté ou le désir de chacun des personnages n’était pour rien dans l’affaire, mais que l’activité à laquelle ils se destinaient spontanément jouait de l’extérieur le rôle des sentiments, en vue du rapprochement ou de l’éloignement. Une sorte de « destin », quoi.

 

Le château est donc comparable à une gigantesque éprouvette de chimiste. Cette idée bizarre n’empêche pas le livre de tenir solidement debout. Chaque fois qu’une personne arrive de l’extérieur, l’équilibre des corps dans l’éprouvette s’en trouve modifié. Ainsi par exemple avec « le comte et la baronne », qui viennent de la cour, mais dont le statut est bancal : ils ne sont divorcés ni l’un ni l’autre, et cette situation bâtarde va introduire un ferment centrifuge de désordre, voire de désagrégation, dans le château.

 

Car la passion est déclarée entre Edouard et Odile, comme entre Charlotte et le capitaine. Elle a « couvé » longtemps, sans que les acteurs en prennent conscience, comme une force installée en eux, mais en dehors de leur volonté. Un soir, le comte demande à Edouard qu’il le conduise à la chambre de la baronne, ce qu’il fait bien volontiers. Arrivé dans l’aile des femmes, puis seul dans le corridor, il a l’idée de rejoindre sa femme. Ils passent la nuit ensemble, mais en pensant, dans l’obscurité, lui à Odile, elle au capitaine.

 

C’est l’idée spectaculaire du livre, l’idée du « double adultère », qui fit scandale à l’époque. En faisant l’amour ensemble ce soir-là, le mari comme la femme « trompe » l’autre avec l’objet de sa passion. Il en naîtra comme de juste un enfant à la « double ressemblance », qui aura nettement les yeux particuliers d’Odile et la « conformation » du capitaine. Et le prénom qui lui sera donné – Othon – est comme par hasard celui d’Edouard, en même temps que celui du capitaine.

 

Cette idée de « double adultère », peut-être théorique et simpliste, est d’une force extraordinaire. J'ai pensé à ce film (lequel ?) où Michel Simon, marié à une très jolie femme dont il est très amoureux, parcourt avec elle églises et musées italiens pour qu'elle se perde en contemplation devant les Madones de Filippo Lippi, Giovanni Bellini et Botticcelli, avec la ferme croyance qu'au moins, l'enfant qu'elle porte ne lui ressemblera pas, à lui.

 

Oui, l'idée est simpliste et fausse, mais c'est une idée éminemment "littéraire".

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

mercredi, 06 mars 2013

LE WERTHER DE GOETHE

 

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GRACE MAC DANIEL ET SON FILS

 

***

Une légende tenace veut qu’après la parution des Souffrances du jeune Werther, œuvre célébrissime de Wolfgang Goethe, l’Allemagne ait connu une vague de suicides par amour de jeunes gens ou jeunes filles qui s’identifiaient par trop au malheur du héros. J’avoue que je n’ai pas cherché à savoir si la légende est fondée en réalité. Quoi qu’il en soit, je n’avais jamais lu l’œuvre. Je la connaissais par Massenet interposé (« Pourquoi me réveiller au souffle du printemps ? »). Je ne l’avais pas lue. J’ai réparé cet oubli.

 

Eh bien je vais vous dire : pas de quoi se réveiller la nuit. Enfin, je devrais plutôt dire : pas de quoi s’identifier à Werther aujourd’hui. Question d’époque, forcément. L’ouvrage est d’une grande brièveté (120 pages "Pléiade"), l’histoire est angéliquement simple, et pour une raison elle-même très simple : le livre a été écrit d’un seul jet, en quatre semaines. C’est Goethe qui le dit.

 

Il dira aussi, beaucoup plus tard dans sa vie, qu'il ne comprend pas comment il a pu l'écrire : il ne le reconnaît plus pour sien.Une sorte de « lâcher de barrage », un « péché de jeunesse », quoi, si j’ose le dire ainsi. Comme s'il avait ôté la bonde (vous savez : « Et plus j'lâche la bonde à mon émoi, Et plus les copains s'amusent de moi », Le Fossoyeur, de Tonton Georges).

 

De quoi s'agit-il ? Un jeune homme brillant et cultivé, issu d’une famille bourgeoise, promis à une belle carrière dans la diplomatie, « prend des vacances » (il y va avec la ferme intention de ne rien faire de concret, mais de se laisser vivre, je veux dire qu'il s'est mis disponible, ce qui veut dire « dans l'attente de donner une direction à sa vie », c'est moi qui le dis) dans un coin d’une campagne charmante. Le livre commence sur des louanges à la bienheureuse et bienfaisante Nature. On se croirait, pour un peu, chez Jean-Jacques Rousseau, dans les Rêveries du promeneur solitaire. On n'est pas contre.

 

Il fait la connaissance de la jeune Charlotte, fille du « Bailli », orpheline de mère, aînée et donc responsable d’une imposante fratrie. Il sent bientôt qu’une mystérieuse harmonie met leurs âmes en correspondance. Hélas, elle est promise à Albert, et comme il a un tant soit peu de sens de l’honneur, il ne pense à aucun moment à remettre cette promesse en question.

 

Et puis, quand Albert revient au village, qu’il est clairement établi que Charlotte n’est pas pour lui et qu’elle-même adhère au projet de mariage, la vie ne tarde pas à devenir pour lui pénible à supporter. Il tente bien de s’éloigner et se fait nommer assistant d’un ambassadeur.

 

Mais très vite, il se rend compte qu’il n’est pas fait pour les convenances sociales et la bienséance hiérarchique qui consisterait pour lui à ne pas mélanger sa roture à la noblesse aristocratique (il est, qu’on se le dise, sans préjugés de classe). De plus, il est en très mauvais termes avec l’ambassadeur. Il démissionne donc et retourne au village, où il retrouve Charlotte et Albert mariés.

 

Ayant tiré un trait sur l’amour qu’il éprouve pour Charlotte, ayant jugé que la « carrière » diplomatique et sociale était pour lui une impasse, dès lors qu’il se refusait à entrer dans le jeu des impostures, il se retrouve devant un mur existentiel. Ce qui le soutient encore, c’est l’espoir que lui laissent entrevoir certains flux d’empathie (d’amour ?) qui lui parviennent de Charlotte.

 

Un dernier tête-à-tête avec Charlotte, intense et désespéré, le décide à en finir. Comme il entre inopinément chez elle, affolée, elle voudrait convoquer de la compagnie, des témoins, mais se retrouve finalement seule avec Werther. Cette scène est étrange : elle lui demande de lire ce qu'il a traduit des poésies d'Ossian, le célébrissime (à l'époque) mais fictif barde écossais (c'est en fait Mac Pherson, le prétendu traducteur, l'auteur des poésies).

 

Il s'exécute. Ossian, fils de Fingal (cf. La Grotte de Fingal, de Mendelssohn), est donc censé avoir écrit au IIIème siècle ces chants de guerre et d'amour d'un pays de brume et de rochers. Le texte résonne profondément dans le coeur des deux jeunes gens, Charlotte pleure, puis le prie de continuer :

 

             « Pourquoi m'éveilles-tu, souffle du printemps ? Tu me caresses   et dis : "Versant des gouttes célestes, j'apporte la rosée" ; mais le temps de ma flétrissure est proche ; proche est l'orage qui abattra mes feuilles. Demain viendra le voyageur, viendra celui qui m'a vu dans ma beauté ; son oeil me cherchera tout autour dans les champs, il me cherchera, et ne me trouvera point ».

 

Les dernières paroles sont évidemment lourdes de sens. Emue au plus profond d'elle-même, elle se laisse aller entre ses bras, puis se ressaisit : « Et puis, jetant sur le malheureux un regard plein d'amour, elle courut dans la chambre voisine, et s'y enferma ». Il s'éloigne. Il a emprunté à Albert ses pistolets, en vue du « voyage » annoncé. Quand elle apprend la mort de Werther, Charlotte s’évanouit aux pieds d’Albert. C’est un aveu ?

 

Le plus étonnant de l’histoire, c’est l’impression d’évidence qui s’en dégage. Je parlais de « lâcher de barrage ». L’image est sans doute très impropre, peu pertinente. Mais je n’arrive pas à traduire autrement cette impression d’évidence. Pour dire la même chose autrement, je parlerais volontiers de « pureté de la ligne » qui conduit le récit.

 

Il y a de ça : certes, il y a un trio (Werther-Charlotte-Albert), mais il se ramène à Werther seul, face à son amour impossible pour Charlotte, du fait de l’existence d’Albert. Car il n'y a pas de trio : il ne faut pas oublier que le récit passe principalement par les lettres que Werther adresse à Wilhelm. Le « je » du narrateur occupe toute la place, et le monde est vu à travers lui.

 

Le livre se répartit en deux « livres » de taille inégale, car le deuxième s’interrompt pour laisser parler « l’éditeur », dès que les « renseignements écrits de sa propre main » par Werther ne suffisent plus, et qu’il est obligé de les suppléer (v. trans.) par des « récits ».

 

Je parle de « pureté de la ligne », je pourrais dire que le récit suit carrément une trajectoire rectiligne, et que Werther (excepté la parenthèse mondaine à l’ambassade) passe, selon un mouvement presque rectiligne, du bonheur le plus parfait dans la nature et parmi les gens simples de la campagne, au sentiment de l’amour, puis à la perception de son impossibilité, puis à la certitude que sans cet amour, il ne peut plus envisager d'avenir pour son existence, ce qui le conduit à en tirer la conclusion logique. La gradation est permanente et régulière.

 

Je ne dis pas que le livre ne touche pas le lecteur. Au contraire, par la magie du « je », celui-ci voit le monde, ressent les choses, leur succession, les péripéties par les yeux et les sens mêmes du narrateur. Je ne saurais dire à quel moment cette identification cesse de fonctionner. Est-ce quand il perçoit comme idiote la soumission de Werther à l’idée que Charlotte doit épouser Albert ? Ne pourrait-il pas enfreindre, se dirait-on, aujourd’hui où l’infraction est quotidienne et banale ? C’est peut-être l’impureté de ce sentiment interdit de Werther pour une fille déjà pr(om)ise qui constitue cette infraction qui le condamne. Allez, c’est parti pour l’exégèse, l’herméneutique et l’interprétation. Il est temps que je m’arrête.

 

Je ne suis pas mécontent d’avoir fait cette lecture. Sans doute une référence, certainement pas un phare littéraire universel. Je suis désolé.

 

Voilà ce que je dis, moi.