lundi, 12 août 2024
DES GROS MOTS ... 2/4
... « SPÉCIAL JEUNESSE »
(loi du 16 juillet 1949).
C'est évidemment dans les aventures, tribulations, splendeurs et misères de Gaston Lagaffe, le seul, l'unique, l'inégalé, que Franquin va donner toute la mesure de son talent de visionnaire. Gaston, le gentil, mais follement imaginatif et créatif garçon de bureau chez l'éditeur Dupuis.
Oui, le vrai monsieur Dupuis qui, un jour, surprend le très sérieux M. Boulier, le comptable, en train de faire des ronds de fumée avec la machine que Gaston vient de fabriquer. Le même monsieur Dupuis dont on aperçoit un autre jour la jambe traverser le plancher juste au-dessus du bureau de la rédaction.
Certes, Gaston est en soi une pure merveille, mais il est également remarquable par les effets, suites et conséquences de ses actions (comme de son inaction) sur tous les êtres vivant dans son entourage professionnel, y compris les voisins entrepreneurs en travaux publics Ducran et Lapoigne, dont il met régulièrement à nu les bureaux par divers moyens percussifs. Ces effets, suites et conséquences sont magnifiquement mis en images dans le trait de Franquin. On voit ci-dessous apparaître quelques motifs assez surprenants.
On perçoit ici toute la force dévastatrice des sentiments que les trouvailles, découvertes et illuminations de l'irremplaçable Gaston Lagaffe inspirent à Fantasio, Prunelle ou Lebrac quand ils sont confrontés aux résultats d'un bouillonnement cérébral contre lequel ils doivent régulièrement avouer leur impuissance. On admirera ci-dessous la richesse atteinte dans ces sortes de points culminants, qui fleurent bon l'animalité, voire la bestialité.
Et ce n'est pas fini !!!! Car il arrive à Prunelle de ne plus pouvoir se contrôler quand le point apical de la crise est atteint ou dépassé. Jusqu'à crever avec de vrais mots écrits le plafond du consensus iconique édicté par la commission de censure.
Là, on sent que Prunelle a "pété les plombs".
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, humour, andré franquin, gaston lagaffe, éditions dupuis, fantasio, prunelle, lebrac
mardi, 17 mai 2022
TOUCHE PAS A MON GASTON !!!
J'entends sur les ondes qu'il se passe une bataille judiciaire, au motif que des margoulins ont, une fois de plus, flairé la bonne affaire. Après le nouvel Astérix (avec l'aval d'Uderzo), après le nouveau Lucky Luke, après les nouveaux Blake et Mortimer, après les nouveaux Spirou et Fantasio (Fournier et tous les suivants, mais le personnage du groom appartient dè l'origine à la revue Spirou) et quelques autres coups de vice, voilà qu'on nous prépare un nouvel attentat, et cette fois contre un impérissable, contre un indestructible, contre un immarcescible héros de nos jours et de de nos nuits, j'ai nommé GASTON LAGAFFE. Et moi je dis : touche pas à mon Gaston.
L'éditeur (Dupuis) a convaincu l'ayant-droit (François Moyersoen) de passer à l'attaque et de demander à Delaf (Marc Delafontaine), citoyen québécois doté d'un assez joli trait de plume, de prendre en main le destin de notre inclassable favori, qui n'était présenté à ses débuts que comme une sorte de Bartleby en BD (bien que Gaston n'ait jamais prononcé le fatidique : « I would prefer not to »), et que le génie de Franquin a métamorphosé en figure absolument centrale de la littérature dessinée à destination de la jeunesse. Et une figure dont je constate l'increvable durée de vie dans les principaux centres d'intérêt de la dernière génération de mon entourage immédiat (je traduis en français : mes petits-enfants en raffolent).
Voulant en avoir le cœur net avant le jugement judiciaire "sur le fond" — puisque l'éditeur a repoussé la parution de l'album controversé à 2023, après le dit jugement "sur le fond" —, j'ai demandé au principal intéressé ce qu'il pensait de cette opération commerciale qui s'opère en fin de compte à ses dépens. Voici sa réponse, en exclusivité, saisie au moment même où il apprend la nouvelle.
Prunelle, tout miel, fait le maximum pour rassurer le futur dessinateur de la série. Il ne se doute pas de la menace qui pèse sur le projet. On n'a jamais vu Gaston dans cet état.
Et vlan ! C'est dans le numéro 850 des aventures de Gaston qu'on trouve ces deux images ahurissantes. Franquin a dessiné entre 900 et 1000 pages "Gaston Lagaffe". On est donc dans les derniers temps : Franquin lâche la bride à son héros.
Sérieusement, si c'est possible, pour trouver une page où l'on trouve un Gaston Lagaffe vraiment en colère, il a fallu que je révise l'intégralité de ma collection des albums. Car si Gaston manifeste quelques mouvements d'humeur au cours de ses aventures (ci-dessous), il faut noter que c'est aux gens qui l'entourent (Fantasio, Prunelle, Lebrac, l'agent Longtarin, M. de Mesmaeker, et même l'austère et placide M. Boulier et quelques autres) que la moutarde monte au nez. J'ai déjà évoqué ces moments d'explosion provoqués par les étourderies, les dégâts ou les idées malencontreuses de notre héros. Gaston, lui, ne se met jamais dans une véritable colère : il est par essence de bonne composition.
Notez que l'onomatopée est la même qu'au 606ème gag suivant (850-244).
Car Gaston est le prototype même de l'être équanime, doux, pacifique et heureux de vivre, pourvu qu'on ne l'empêche pas de dormir, ou d'inventer le gaffophone, ou encore de préparer un délectable plat de morue aux fraises. Les deux vignettes montrant Gaston rouge de colère figurent dans le n°13. Il faut que ce gros balourd de M. de Mesmaeker, débarque dans l'île et dans le rêve pour y faire régner la terreur au moment même où Gaston est en train de vivre un idylle parfait, sensuel et exotique avec 'Moiselle Jeanne (ci-dessous), pour qu'il perde tout contrôle et montre enfin sa façon de penser à l'intrus.
Où et avec qui était Gaston dans son rêve : c'est-y pas gentil ? On comprend le coup de sang contre M. de Mesmaeker, non ?
De toute façon et quoi qu'il en soit, voici, en exclusivité, le traitement que fait subir le fantôme d'André Franquin à l'album de M. Delaf, quand je lui spirito-télépathe que l' "ami" auquel il a vendu les droits de son personnage, peut-être dans un moment de gêne ou de dépression, s'est décidé à en confier la continuation à ce jeune-dessinateur-plein-de-talent.
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SANS AMBIGUÏTÉ : C'EST NON !!!
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, gaston lagaffe, andré franquin, astérix, uderzo, lucky luke, e.p.jacobs, blake et mortimer, spirou, fantasio, éditions dupuis, françois moyersoen, delaf dessinateur, bartleby, b.d., iwould prefer not to, m. de mesmaeker, agent longtarin, prunelle, lebrac