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mardi, 12 avril 2016

YVES MICHAUD ET LA BIENVEILLANCE 4

MICHAUD YVES.jpgRésumé des épisodes précédents : la France est malade. Et même la démocratie, c’est vous dire. Yves Michaud pose sur le mal un diagnostic intellectuel, et accessoirement moral. C’est plus grave qu’on pensait : la démocratie à l’américaine prend une bien vilaine tournure. 

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Yves Michaud intitule avec force le quatrième et dernier chapitre de Contre la Bienveillance « Contre la vision morale du monde, contre la bienveillance en politique ». Il débute par un résumé de tout ce qui précède : « Toutes les idées qu’il a fallu remettre en cause dans les chapitres précédents tiennent d’abord à une volonté d’aveuglement face à la réalité, en se berçant d’illusions : qu’il peut y avoir un islam modéré, tolérant et démocratique, que le populisme est un spectre à exorciser sans plus d’explications, qu’une politique conforme à la morale doit guider l’action internationale » (p.127). Je retiens qu’il ne voit qu’illusion dans la notion d’ « islam modéré » que certains malfaiteurs essaient de nous vendre. Il a raison.

Il ajoute aussitôt : « … : on veut croire en un monde où toutes les idées sont respectables, où toutes les différences enrichissent, où les conflits ne sont jamais irréductibles, où les bonnes volontés finissent toujours par s’entendre » (ibid.). Le meilleur des mondes possibles, vraiment ? Si la doxa était un chien, ça s’appellerait caresser à rebrousse-poil : la doxa n’aimerait pas. C’est dire le nombre des gens bien intentionnés qui l’attendent au tournant pour lui caresser les mollets avec leurs crocs. A rebrousse-poil, évidemment. 

L’auteur dénonce le moralisme et le sentimentalisme qui envahissent les médias et les réseaux sociaux, tantôt pour s’apitoyer avec compassion sur les gens au sort misérables, tantôt pour manifester une adoration des idoles qui, parfois, se donnent même le luxe de prendre la défense des mêmes opprimés : au fait, quelle vedette s’est fait grassement payer pour parrainer le Téléthon ? Apparemment, les gens n’en ont pas encore marre de se faire racketter. Un racket présenté sous le masque de la "solidarité". 

« Cette vue compassionnelle du monde et des êtres n’empêche nullement un égoïsme tout aussi bienveillant ». Vous avez dit contradiction ? Michaud est ici un peu injuste : il ne dit pas un mot de l’effarante et infernale mode du bénévolat suscitée par la compassion et le sentiment, et qui a envahi l’espace public et ne manque pas de se manifester à la moindre occasion caritative qui se présente. 

Il fait un petit détour par Hegel pour constater qu’il dit de « la vision morale du monde » qu’elle est pleine d’ambiguïtés : « Ce que Hegel décrit comme conscience morale plaintive, nous le voyons effectivement se réaliser aujourd’hui comme pleurnicherie … » (p.131). « L’homme de notre temps ne pleure pas, il pleurniche. » Cette conscience morale se laisse emporter par ses émotions (« ces très curieuses manifestations qu’on appelle des "marches blanches" »). 

Là, on sent que l’auteur pense de nouveau à BHL (« … partons libérer les Libyens de leur tyran ! ») : finalement, l’effet du rôle joué par le clown s’avère beaucoup plus pernicieux qu’on l’imaginait. Car c’est un mal apparemment contagieux qui est ici pointé, puisqu’il semble avoir gagné la planète (au moins l’occidentale) et les plus hautes sphères, où le responsable se doit de se montrer en empathie avec les victimes, et exhiber toute la compassion qu’il éprouve au fond de son cœur meurtri. 

Yves Michaud évoque ensuite la façon dont a été conceptualisée l’éthique de la bienveillance, qui se trouve être d’origine anglo-américaine. Je me suis demandé s’il n’était pas un tantinet sexiste : il ne cesse de parler, en effet, des « théoriciennes du soin » (le "care"). A l’appui, il cite Carol Gilligan, Nel Noddings, Sara Ruddick, Fabienne Brugère, Joan Tronto, … L’éthique du « care » est-elle une invention féminine ? Merci les femmes ! Déjà qu’on doit les « gender studies » (« études de "genre" ») à Judith Butler. La question se pose. Je me garderai d’y répondre. Par prudence. 

Si j’ai bien compris, l’éthique du soin et de la bienveillance cherche à éliminer le Mal de la surface de la Terre : « … il faudrait que le monde fût sans drame, sans mort, sans destruction … » (p.141). Ou plutôt, on fait comme s'il n'y en avait pas : du rousseauisme devenu fou, car Rousseau, s'il disait : « L'homme est né bon », ajoutait aussitôt : « La société l'a perverti ». On ne sait vraiment plus quoi faire avec le Mal, on n'arrive pas à se dire : "il faut faire avec". Or pour faire avec, il faut le regarder en face, et puis trouver les moyens d'organiser les hommes pour canaliser. En même temps que, par cette vision irénique et idyllique des choses, on ouvre toute grande la porte à la censure des mots et des pensées, au motif que « ce n’est pas bien ! », c’est une énorme dénégation de la réalité. 

Grâce à ce subterfuge, on élimine par principe toute perspective sur le tragique fondamental de l’existence humaine et sur « le côté obscur de la Force » qui mène les hommes. Avec l’éthique du soin, on est prié de nager dans le sirop, dans le sucré, dans la confiture. Eh bien non merci. 

Il faut abattre les frontières, nous dit-on, entre morale et politique, entre relations interpersonnelles et organisation sociale, entre « sphère publique et sphère privée ». Autrement dit, tout est dans tout et réciproquement. Dans cette optique, il faudrait établir un « principe de responsabilité sociale comme quoi chacun devrait être pris en considération selon son besoin de soin et sa capacité à en dispenser » (p.147). Je vois dans cette façon de formuler des devoirs mutuels (mais attention : mutuels à sens unique) un excellent moyen de faire du sentiment de culpabilité un moteur politique. Vous l’imaginez vivable, cette société ?

Ce serait « une société où toutes les particularités ont voix égale » : c’est-à-dire une société entièrement parcellisée, fragmentée en communautés multiples luttant chacune pour son propre intérêt. Une société où chacun aurait le droit d’interdire à tout le monde ce qui le blesse, d’après lui. Une société où chacun serait censeur de tous les autres. Une société collectionnant les interdits édictés par chaque groupe au nom de ses allergies personnelles. Le contraire d’une société, quoi.  En réalité, la notion de contrat social sert à « constituer une communauté solide à partir de citoyens, de faire une société qui tienne, une société robuste » (p.148). 

Bon, je vais arrêter là, je me suis suffisamment étendu. J’imagine qu’Yves Michaud se doutait bien qu’en écrivant ce livre, il faisait tout ce qu’il faut pour se faire accueillir, aux yeux de toutes les belles âmes et les bonnes consciences morales, dans les rangs des « réactionnaires » répertoriés par le justicier Daniel Lindenberg (cf. Le Rappel à l’ordre : essais sur les nouveaux réactionnaires, Seuil, 2002), et des « islamophobes ».   

Contre la bienveillance n'est pas un Traité, c'est un petit livre d’intervention, salutaire et stimulant. 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 21 janvier 2016

NÉO-RÉAC ET FIER DE L’ÊTRE

Double page « Débats » dans Le Monde daté 19 janvier : « Les néoréacs ont-ils gagné ? ». Ah, que l’intention est belle et noble ! Nicolas Truong, journaliste, fait précéder son article de présentation du « chapeau » suivant : « Le succès d’audience politique et l’hégémonie médiatique des antimodernes ou des néoconservateurs est-il le signe d’une dérive droitière en France ou provient-il de leur capacité à nommer le mal qui ronge nos sociétés ? ». L’alternative proposée a un air d’honnêteté à première vue. A ceci près que je m’étonne de l’expression "audience politique" : je ne savais pas que Finkielkraut, Onfray ou Zemmour (portraiturés en la compagnie bizarre de Patrick Buisson) avaient été nommés conseillers de nos plus hauts responsables politiques, dont ils ne pensent en général pas beaucoup de bien. 

Quant à "hégémonie médiatique", je suis très mal placé pour en juger, dépourvu que je suis de cet appareil qu’on appelle « télévision », pour un motif que je persiste à estimer crucial, déterminant, vital, prépondérant, bref : capital. Comme Günther Anders et Guy Debord, je pense en effet qu’avec le poste de télévision installé en bonne place au salon, est juridiquement constitué le délit d’atteinte à la liberté individuelle. Je ne suis donc pas en mesure d’évaluer la force de l’emprise des « néoréacs » sur les plateaux. Contrairement à Philippe Sollers, qui osait dénier à Louis Althusser la qualité de "penseur" du seul fait qu'il n'avait pas la télévision, je crois qu'il est plus facile de continuer à penser quand on n'est pas encombré de cet objet intrusif. Je préfère m'en remettre au concept de "spectacle", élaboré par Guy Debord (voir mon billet du 18 janvier).

A voir l'armée des boucliers qui se lèvent dès qu’un de ces individus suspects ouvre la bouche, j'ai plutôt l'impression que le mot d’ordre est très généralement de faire taire les "néoréacs" sous le déluge des réactions scandalisées. On peut faire confiance au chœur des flics de la pensée pour veiller comme des vestales vigilantes sur le consensus moral, moralisant et moralisateur, dans lequel ils s’efforcent de bétonner toute l’époque, à coups de glapissements. Voir par exemple la façon dont Michel Onfray, qui a été récemment vomi par les cent bouches de la déesse dont parle Georges Brassens dans "Trompettes de la renommée" (« Pour faire parler un peu la déesse aux cent bouches, Faut-il qu'une femme célèbre, une étoile, une star, Vienne prendre entre mes bras la place de ma guitare »), s'est senti obligé de fermer sa page fesse-bouc et son « fil twitter ». 

La haine de ces sentinelles de la "Nouvelle Vertu" pour ceux qui commettent des infractions à l’ordre qu’ils veulent faire régner a quelque chose de stupéfiant, et pour tout dire d’incompréhensible. Dans ses pages « Débats », Le Monde se garde bien entendu de trancher, et Nicolas Truong veille soigneusement à ne pas déroger à la sacro-sainte règle de neutralité, qui maintient la ligne du journal dans un juste-milieu de bon aloi, équidistant des extrêmes. Inattaquable.

Enfin, quand je dis "soigneusement", j’exagère. Certes, Nicolas Truong donne la parole à Alain Finkielkraut, et son interview peut donner une impression d’impartialité. Mais il ouvre dans le même temps les colonnes du journal à deux guerriers de la "Nouvelle Vertu" : l’historien Daniel Lindenberg et la sociologue Gisèle Sapiro, qui font jaillir, du haut des chaires universitaires où ils vaticinent, le venin capable de renvoyer l’ennemi déclaré dans le néant dont il n’aurait jamais dû sortir. Comptez : un neutre, un pour, deux contre. Le combat était inégal avant même la publication.

Le point commun, dans l’argumentation de ces deux mercenaires, c’est de ranger les intellectuels « néoréacs » parmi les responsables de la montée de l’extrême-droite : Sapiro fait référence au mouvement allemand « Pegida », Lindenberg à l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson. Lindenberg accuse même les « néoréacs » de véhiculer « une authentique rhétorique d’extrême-droite », quand Sapiro fait mine de s'alarmer de leur succès médiatique « alors que le FN est en pleine ascension ».  L’intention, au moins, est claire : disqualifier l’adversaire en le faisant complice de supposés fascistes. Finkielkraut faisant le jeu de Marine Le Pen, l'hypothèse est tellement courge que je ne la discute même pas.

Ce qui apparaît de façon lumineuse, en tout cas, c’est la dissymétrie entre les argumentaires des uns et de l’autre. Alain Finkielkraut porte un regard sur l'ensemble de l'époque : « Je cherche seulement à penser le présent selon ses propres termes. Je le dépouille ainsi des oripeaux dont le revêt la prétendue vigilance et je suis traité de néoréac parce que je dis : "Le roi est nu" ». Finkielkraut mène une analyse du monde tel qu’il va. Il se contente de dire, à la suite de Guy Debord et de Philippe Muray, que le monde et l'humanité vont très mal. Il a quitté les rangs des choristes de l’Empire du Bien, c’est ce que ceux-ci ne lui pardonnent pas. 

Car la dissymétrie est là : autant Finkielkraut parle du monde, autant Sapiro et Lindenberg parlent de Finkielkraut. Je veux dire que, si l'un parle du monde, les autres parlent de la personne qui a parlé. Quand celle-ci développe une argumentation « ad rem », ceux-là se déchaînent « ad personam ». Le coup classique : quand un argument t'embarrasse, il suffit d'attaquer la personne qui l'a proféré. Dans la plupart des cas, ça marche, devant les badauds.

Daniel Schneidermann avait utilisé la même ficelle, en son temps, dans Le Monde diplomatique (mai 1996) contre Pierre Bourdieu (que je n'aime pourtant guère), en réponse à l’article où celui-ci tirait les conclusions de son passage dans son émission Arrêt sur images, article intitulé « Peut-on critiquer la télévision à la télévision ? ». Schneidermann, dont j’estime le travail par ailleurs, n’avait pas aimé du tout, et s’en était pris à son invité en l’accusant, entre autres, en jouant sur son nom, de se prendre pour Dieu, si je me souviens bien. J'avais trouvé ça assez bas.

En gros, les « néoréacs » posent un diagnostic sévère sur l’état actuel du monde, alors que leurs accusateurs insultent les personnes qui osent un tel diagnostic. Coup classique, certes, mais infâme. Nicolas Truong pose d’ailleurs la question : « … et si ces néoconservateurs avaient raison ? ». Passons sur les qualifications d' "antimodernes" et de "néoconservateurs", bien qu'il y eût eu à dire. Eh oui, pendant que le sale gosse Alain Finkielkraut est le seul à dire que le roi est nu, alors que la foule des courtisans fait semblant de s’extasier sur la somptuosité de ses vêtements transparents, Daniel Lindenberg et Gisèle Sapiro intiment l’ordre au sale gosse de se taire : il ne faudrait pas, en disant la vérité, désespérer le peuple, on ne sait pas ce dont il serait capable. Cela pourrait créer du désordre.

Cela n’empêche pas Gisèle Sapiro d’avouer sa niaiserie profonde. Devinez comment elle conclut sa diatribe imbécile. Tout simplement en posant la question qu’elle n’aurait jamais dû oser poser. Car après avoir déversé son venin, voici ce qu’elle écrit : « Ils "passent" bien à la télévision ou à la radio. Cela contribue-t-il à expliquer ce qui n’en demeure pas moins un mystère, à savoir, pourquoi ils suscitent un tel intérêt auprès du public ? ». C'est un aveu de défaite, en même temps que d'incompétence fielleuse. Traduction : si le gars a du succès, la teneur de ses propos n'y est pour rien, c'est juste parce qu'il est télégénique.

Traduction bis : pourquoi les gens en redemandent, de ces salauds de « néoréacs », au lieu de nous écouter religieusement, nous qui savons ("de toilette", réplique Boby Lapointe) dire les mots qu'il faut pour rassurer ? Daniel Lindenberg et Gisèle Sapiro ne sont pas des menteurs professionnels. Ils haïssent seulement les porteurs de vérités désagréables. Et le "public" représente à leurs yeux un insondable mystère. J’imagine que leur gagne-pain est lié à la conviction qu’ils affichent dans l’entreprise systémique de dénégation du réel. Sapiro n'est pas près de se faire écouter du peuple. Non, je ne crois pas, contrairement à ce que nous serinent les sondages, que les gens "ont peur", "sont angoissés", et tout ça. J'ai plutôt l'impression que les gens se disent, jour après jour : quel sale monde que le monde qui s'annonce ! Et tous ces guignols qui font semblant de le trouver radieux !

Car Sapiro avoue ici, ingénument, son ignorance de l’essentiel, à savoir ce qu’attendent les gens. Ce qu’ils attendent ? Que ceux qui causent dans le poste leur disent enfin la vérité sur le monde réel. Oui, monsieur Truong, ils attendent des responsables un peu de courage, celui qu’il faut pour « nommer le mal qui ronge nos sociétés », comme vous écrivez. "Nommer le mal" ! Et je peux vous dire que ce mal s’appelle le Mensonge. Et les gens n’en peuvent plus : si on ne leur donne pas la vérité, c’est normal qu’ils préfèrent mettre la tête sous l’aile et s’abstenir aux élections. Leur taux d’abstention est proportionnel au mensonge que les pouvoirs leur servent jusqu'à la nausée. Qui ose aujourd'hui "nommer le mal" ? Je ne vois que les « néoréacs ».

Car la vérité du monde aujourd’hui n’est pas belle à voir. Economie ? Le travail manuel remplacé par des robots, le travail intellectuel remplacé par des logiciels et des algorithmes : c'est promettre la fin du travail et le chômage de masse à perpétuité. Finances ? Soixante-deux bonshommes possèdent autant à eux seuls que la moitié de l’humanité. Politique ? Extinction des idées et des projets, omniprésence de la soif quasi-mafieuse de pouvoir. Ecologie ? Sale temps pour la planète. Et je laisse de côté les migrants, l’islam, Daech, la violence, les guerres en cours, les guerres à venir, …. Franchement, il est dans quel état, le monde ? Ceux qui causent dans le poste ne sont visiblement pas de ce monde-là. Ils doivent péter de trouille en envisageant le jour où les yeux des foules s'ouvriront.

Car il faut rester optimiste, se cramponner au "tout va bien, nous avons les choses bien en main". Alors exterminons les oiseaux de mauvais augure. Mettons à mort le messager porteur de mauvaise nouvelle. A la lanterne, les lanceurs d’alerte. On peut compter sur Daniel Lindenberg et Gisèle Sapiro pour leur passer le nœud coulant. 

Je ne remercie pas Le Monde d'avoir donné la parole à deux faussaires, tout en faisant mine d'apporter sa contribution à un grand "débat de société". Qui peut encore croire que c'est le discours des « néoréacs » qui domine toute la scène intellectuelle ? Le Monde apporte ici la preuve du contraire.

La réponse à la question du début, c'est : les « néoréacs » ont perdu. Et ce n'est pas une bonne nouvelle.

Voilà ce que je dis, moi.

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