vendredi, 05 novembre 2021
JULES SYLVESTRE, PHOTOGRAPHE ET LYONNAIS
En farfouillant dans le riche "Fonds Sylvestre" de la Bibliothèque Municipale de Lyon, j'ai fini par me faire des réflexions, évidemment, sur la façon des faire des photos, sur la manière de choisir un sujet, un angle, une lumière, une distance, etc. Mais j'ai aussi et surtout découvert une collection de photos difficilement surpassable pour qui veut se faire une idée des transformations que la ville a connues — et bien souvent subies à son corps défendant — au cours de la seconde moitié du XIX° siècle et de la première du XX°.
J'ai vite appris que faire le distinguo entre les photos dont Sylvestre était l'auteur et celles qu'il avait rachetées pour faire partie de son fonds n'est pas toujours facile. Car les fiches de la BML sont parfois surprenantes, qui présentent Sylvestre comme l'auteur de photos prises circa [= ca] 1860, alors qu'il est né en 1859. Le photographe au berceau, quoi !!!
Un exemple de notice de la BML, livré sans autre modification que la police de caractère.
Soit il y a erreur sur l'attribution, soit (pourquoi pas ?) Sylvestre a pris, plus tard, un cliché du verre positif (c'est comme ça, à tort ou à raison, que je comprends "d'après calotype"). Il faut savoir que Jules Sylvestre, quand il a été solidement établi, a collectionné un grand nombre de photographies de ses contemporains et prédécesseurs, et que la BML ne fait pas toujours la distinction entre les clichés pris par Sylvestre en personne et ceux qu'il a achetés au cours de son existence. Le tout est fondu dans le « Fonds Sylvestre ». Bon, mieux vaut le prendre à la rigolade, le problème est modérément regrettable et il ne faut pas trop chinoiser. Je suis quand même heureux, par exemple, que les photos de Louis Froissart (j'en ai déniché une cinquantaine dignes d'intérêt) apparaissent sous le nom de celui-ci, quoiqu'appartenant au "Fonds Sylvestre".
Le photographe a installé son magasin, son laboratoire, peut-être son domicile et semble-t-il une salle de projection non loin de la préfecture, à l'angle de la rue de Bonnel et du quai Augagneur. L'édifice ne manque pas d'originalité, comme on peut le voir ici. La photo est de 1962, nous disent les Archives Municipales de Lyon. On peut voir dans le fond un bout du toit de la préfecture.
En 1962, venant du quai Lassagne, je passais dans le coin une fois par semaine pour faire un peu de sport rue de l'Epée après avoir fait une halte indispensable au 39 cours de la Liberté, et je dois avouer que je n'ai jamais fait attention au curieux décor ... qui n'allait pas tarder à disparaître. Car l'îlot défini par les rues Pravaz et Bonnel (N/S) et par le quai et le cours de la Liberté (E/O) devait laisser place à un jardin auquel on donna le nom du brillant et fameux Résistant Charles Delestraint, mort en déportation.
Au cours de mes déambulations photographiques dans le fonds Sylvestre, je n'ai quasiment pas trouvé de photo signée de sa main en direct sur le verre. Une exception remarquable : les funérailles de Sadi Carnot, assassiné à Lyon en 1894. Cela fait un peu photo officielle, car le cliché était sans doute destiné à une large diffusion, quand on observe la calligraphie soignée : « Les funérailles de Carnot — Sylvestre ».
C'est d'ailleurs l'occasion de redire tout le mal que je pense des tirages de Guy Borgé, qui dans tout son travail donne la priorité absolue à l'impression de fondu sur la précision du trait. Regardez plutôt.
Je pourrais souligner mon point de vue en comparant quelques détails après grossissement, mais je préfère conclure avec deux beaux tirages. Le premier, qui est de 1887, montre ce qui était alors l'Ecole de Médecine. Ce n'était plus la Médecine, mais les Lettres qu'on y enseignait quand j'ai commencé à fréquenter ce bel établissement quelque quatre-vingts ans plus tard (faites le calcul et tirez-en les conclusions que vous voulez). Je trouve géniale l'idée de placer l'appareil très bas pour saisir toute la largeur pavée du quai Claude Bernard, et j'apprécie en particulier le piqué précis de l'image.
Le second représente ce qui deviendra plus tard la place Benoît-Crépu, après démolition de quelques bâtisses. Auparavant, l'endroit s'appelait Port-Sablé, ne me demandez pas pourquoi. L'image me paraît belle par l'équilibre des lumières et des ombres. Et puis je dois dire que les étais visibles et la façade couverte d'affiches ne sont pas pour rien dans l'affection que je porte à cette photographie présentée comme l'œuvre de Jules Sylvestre.
21:29 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, jules sylvestre, bibliothèque municipale de lyon, numelyo, sadi carnot
mardi, 02 novembre 2021
CHEZ LES OPTIMISTES
Splendide ! Allons, tout n'est peut-être pas perdu. Merci les enfants !
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie
mercredi, 27 octobre 2021
MON PASSAGE MERMET
Pendant qu'Emmanuel Macron n'en finit pas de manquer à sa parole, s'agissant du sort qu'il réserve à l'hôpital public (voir le journal Le Monde daté 26 octobre et l'article sur le massacre de l'hôpital Pitié-Salpêtrière), jetons un œil sur un petit coin de Croix-Rousse.
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Parmi les rampes que je préférais quand j'étais minot : valait mieux pas se planter, c'est raide.
1 - Photo de Didier Nicole, 1999.
2 - Dessin de Berlion pour un épisode de Sales Mioches, une chouette BD sur scénario de Corbeyran, qui parcourt la Croix-Rousse dans tous les sens.
3 - Photo de F.C. prise au cours d'une bambane en 2018 : comme un gouffre noir.
4 - Dessin de Kraehn pour un épisode de Gil Saint-André, où le passage Mermet s'éclaircit soudain, peut-être pour mettre en évidence la mini-jupe de la dame qui monte qui monte..
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Le passage Mermet n'a pas la renommée de son voisin, le passage Thiaffait, situé de l'autre côté de l'église Saint-Polycarpe. D'abord, il est nettement plus étroit et sombre, se terminant sous une voûte basse à son arrivée rue René-Leynaud.
Et puis son escalier a quelque chose de monolithique : quelques volées de marches coupées en ligne droite par une rampe métallique étroite, vernissée à force de glissades des pantalons des garnements du quartier. Alors que pour accéder à la grande cour de Thiaffait, la rue Burdeau offre des solutions variées comportant des diverticules fermés ou non par des grilles, donnant parfois accès à des habitations. Il y en a même une, obstinément close, qui semble conduire dans je ne sais quels tréfonds secrets de l'église. Quelle église ? Mais Saint-Polycarpe, bien sûr !
09:00 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, bande dessinée, lyon, croix-rousse, croix-rousse les pentes, passage mermet, lyon 1er arrondissement
mardi, 26 octobre 2021
UNE PHOTO A MON GOÛT
Des lieux peu ragoûtants, c'est sûr, mais une photo digne d'intérêt, selon moi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Sans doute un cadrage plus savant qu'il n'en a l'air. Peut-être l'étrangeté de l'ambiance générale. Peut-être aussi la symphonie des gris offerte par le cadre et l'effet esthétique qui s'en dégage : j'ai toujours été sensible aux surfaces impures, aux murs décrépis, aux affiches déchirées, superposées, confuses. Comme quoi, dans le monde des images, le sujet est une chose, la façon dont il est traité en est une autre. Ici, dans le fond, peu importe la localisation exacte.
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Photo prise par l'excellente Marcelle Vallet, née en 1907, décédée en 2000. Ci-dessous, son portrait en 1991 par Claude Essertel.
09:00 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, marcelle vallet, lyon
lundi, 25 octobre 2021
J'ETAIS DANS LA SALLE
C'était lors d'un concert donné par l'ami Khaled Ben Yahia, virtuose du oud. Je suis caché dans la foule. Ohé ami, sauras-tu me reconnaître ?
10:30 Publié dans MUSIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : salle molière, concert, musique, khaled ben yahia, musique arabe, musique arabo andalouse, oud, photographie
dimanche, 24 octobre 2021
UNE PHOTO PARFAITE
Photo trouvée sur le site de la Bibliothèque Municipale de Lyon, sous le titre :
« Escalier menant au bas-port du Rhône ».
Une plaque de verre de format 13 x 18 cm. appartenant au fonds "Jules Sylvestre" de la BML. Pas d'autre information.
Rien sur l'auteur de l'image. Rien sur l'époque ou la date du cliché, à part un pauvre [19..?]. Rien sur l'emplacement exact de ce chef d'œuvre architectural digne des jardins d'un château de la Loire. Un chef d'œuvre photographique aussi, non seulement par le cadrage, mais aussi par le choix du moment, avec sa luminosité savamment diffuse.
Une question. Où est-on ? Spontanément, je dirais volontiers : en dessous de la place Tolozan. Rien de sûr, évidemment. Autre question : quel urbaniste criminel a établi les plans d'un projet qui incluait la destruction d'une telle merveille ?
Contrairement à ce que prétend une publicité imbécile entendue sur les ondes hertziennes, le BEAU n'a pas toujours raison.
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Note : après quelques vérifications, il semble impossible de situer cette architecture au niveau de la place Tolozan. Le mystère reste entier.
19:39 Publié dans FAÇON DE REGARDER, LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, le rhône, bibliothèque municipale de lyon, b.m.l., jules sylvestre
mercredi, 20 octobre 2021
LA FESSE CACHÉE DU "GRAND LYON"
Les "Communautés Urbaines", "Communautés d'Agglomération", "Communautés de Communes" et autres regroupements d'exécutifs municipaux ont fleuri sur le territoire national depuis une quarantaine d'années (évaluation au pifomètre, au doigt mouillé ou à tout autre critère de mesure scientifique). S'agissant de la première de ces appellations administrative, les crânes de poule qui ont pondu cet œuf-là n'avaient pas tenu compte d'un détail : l'acronyme résultant de la création de la Communauté Urbaine de Lyon. Car dans le cas de notre cité bien aimée, cela donnait un sigle (à lire verticalement ci-dessous) qui pouvait prêter à rire dans les rangs des gens mal intentionnés, comme le montre le petit bidouillage auquel je me suis livré sur une photo prise par Pierre Clavel.
Bien entendu, les édiles sont tous tombés d'accord pour que la Capitale des Gaules ne devienne jamais la risée de qui que ce soit, et ont astucieusement tourné la difficulté, la deuxième lettre de chacun des mots rendant toute confusion impossible (Co.Ur.Ly.), tout en rendant hommage à un volatile qu'on peut observer en Dombes, j'ai nommé le courlis.
Mais les mêmes édiles, constatant la persistance des esprits caustiques à se gausser de la transparence du masque ainsi posé sur l'académie (« Voir votre académie, Madame, et puis mourir ! » chante Tonton Georges), ont voulu aller plus loin et ont tout bonnement proposé l'expression "Grand Lyon", au risque de défriser toutes sortes de susceptibilités dans les localités périphériques. Pour mettre tout le monde d'accord et en finir avec les querelles clochemerlesques, il a fallu attendre la création des "Métropoles" au plan national. Avouez qu'en prononçant "Métropole de Lyon" avec l'intonation et la conviction adéquates, on en a tout de suite plein la bouche et la formule donne à celui qui l'articule des potentialités d'emblée plus majestueuses.
Je garde cependant une grande affection à l'énoncé d'origine (C.U.L.), ne serait-ce que parce qu'il rappelle avec force un sport spécifiquement lyonnais, je veux parler des boules. Attention, pas n'importe lesquelles. Il s'agit ici de "La Lyonnaise", autrement appelée "La Longue". Car ce jeu traditionnel comporte une clause à mes yeux réjouissante : quand une équipe ne marque aucun point dans une partie, elle se fait un devoir d'aller "baiser le cul de la Fanny".
Sculpture de Geneviève Böhmer pour les défunts terrains de boules du Clos-Jouve. Photo de Claude Essertel.
Le pudique Nizier du Puitspelu ignore la Fanny, et ne retient ("parlant par respect") que l'expression « baise le ... fond de la vieille ». Il prend un malin plaisir ensuite à justifier longuement le non-emploi du mot auquel tout le monde pense, et se demande avec un sourire en coin si la "bonne religieuse" euphémisait : « Je raccommode la fonlotte de M. le Fonré ». Cent vingt et quelques années après son irremplaçable Littré de la Grand-Côte, et en pleine tempête touchant l'Eglise catholique, cette phrase innocente passerait sans doute pour suspecte. Heureusement, il n'y a plus beaucoup de "M. le Fonré".
Voilà ce que je dis, moi.
11:07 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, lyon, communauté urbaine de lyon, courly, cul, photographie, pierre clavel photographe, courlis, capitale des gaules, grand lyon, métropole de lyon, boulistes, la boule lyonnaise, boules la fanny, baiser le cul de la vieille, geneviève böhmer sculptrice, nizier du puitspelu, littré de la grand-côte, croix-rousse, croix-rousse clos jouve, église catholique
dimanche, 17 octobre 2021
RENÉ LANAUD, PHOTOGRAPHE
Cette photo a été prise rue Saint-Jean le 10 novembre 1991. Quand je suis tombé dessus sur le site de la B.M.L., j'ai eu la surprise de reconnaître l'une des personnes présentes à l'image. Car on est au 29, rue Saint-Jean (maison Le Viste), là où un nommé Avon a fondé la librairie Diogène en 1974. C'est justement lui qu'on voit, dix-sept ans plus tard, installé dans son fauteuil dans son attitude favorite, devant le magasin à profiter du soleil de novembre. Je doute (je peux me tromper) que René Lanaud ait su exactement quelle figure de la librairie lyonnaise d'ancien il immortalisait ainsi : il faut avoir connu Avon.
Avon avait une conception tranquillement épicurienne de l'existence. En affaires, il était direct et redoutable : « Je suis ardéchois », avouait-il en guise d'explication. Sa barbe dense et proliférante devait être pour quelque chose dans l'"explication". Cela ne m'a pas empêché [j'ai eu cette chance], juste à l'ouverture de son échoppe (ce n'est que plus tard que c'est devenu une "entreprise"), de lui acheter pour une somme outrageusement modique les Œuvres Complètes d'Alfred Jarry.
C'était l'édition 1948 de René Massat (Fasquelle et Kaeser), et en tirage de tête s'il vous plaît (N°F22 sur "grand vélin filigrané Renage"). Une belle édition toujours méprisée par le cercle des Vestales du Collège de 'Pataphysique, qui veillent hargneusement sur les mânes du père du Père Ubu, et qui persistent à coller des guillemets à "complètes" au prétexte l'inventaire des œuvres et l'établissement des textes manquent de sérieux. Même si ces cerbères n'ont pas entièrement tort, et qu'il faut leur reconnaître une grande rigueur, leur susceptibilité au sujet de tout ce qui concerne Alfred Jarry montre tous les symptômes de la maladie sectaire.
En 1974, M. Avon débutait à peine, il n'était sans doute pas au courant des prix du marché et il essayait de mettre un peu d'ordre dans la masse de livres qu'il avait achetés pour inaugurer son commerce. A sa décharge, il faut ajouter que quatre des huit volumes avaient subi une très vilaine reliure d'amateur, dotée de quatre "faux nerfs", viles boursouflures comme des cicatrices mal soignées, du plus mauvais effet. M. Moura, le relieur de la rue Sala à qui j'avais confié la tâche de réparer les dégâts, avait fait une mine apitoyée.
La maison s'est bien rattrapée ensuite : il m'est arrivé d'assister à une vente aux enchères où le successeur d'Avon, un barbu plus falot mais aux puissants moyens, devenu une sorte de terreur sur la place de Lyon, a gardé d'un bout à l'autre de la vente la main levée, au point de rafler l'intégralité des lots (ou presque : le commissaire priseur a dû lui en vouloir, car plus personne n'osait enchérir contre lui).
Rue Saint-Jean, en face de "Diogène", sévissait J.P.C., un moustachu caractériel qui vendait d'occasion, aux clients dont la tête lui revenait, des disques de jazz (c'était l'époque des vinyles), en particulier des exemplaires du service de presse, reconnaissables à l'encoche que l'éditeur y découpait dans un des angles supérieurs. Je n'ai jamais su sur quels indices il s'appuyait pour refuser mordicus de vous délivrer quelque petit trésor dissimulé sur les rayons du bas.
Aux dernières nouvelles, je me suis laissé dire que la librairie Diogène a des soucis avec le propriétaire des murs : il semblerait que le loyer exigé soit soumis à la même scandaleuse logique spéculative que celle qui, après avoir failli détruire le Café de la Cloche (rue de la Charité), a jeté dehors la pizzeria Carlino (rue de l'Arbre-Sec), au grand dam de Carlino lui-même, de ses amis et de la foule des amateurs qui fréquentaient le lieu. J'aime à penser que, si Avon était encore aux manettes, on aurait droit à un beau spectacle bien "musclé" entre le propriétaire et son locataire.
Je me dis qu'il est loin, à Lyon, le temps où un père de famille nombreuse au revenu somme toute modeste avait malgré tout les moyens de loger sa smala entière dans les 300m² d'un superbe appartement du quai Lassagne où il pouvait se donner des airs de grand bourgeois, sur le parquet "Versailles" et sous un plafond à 4,2 mètres, où le thermomètre en hiver avait du mal à dépasser le seuil des 14°C à hauteur d'homme.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, rené lanaud, lyon, vieux lyon, quartier saint-jean, rue saint-jean, librairie diogène, avon libraire, moura relieur, alfred jarry, bibliothèque municipale de lyon, numelyo, photographes en rhône-alpes, jarry oeuvres complètes rené massat, oeuvres complètes éditions fasquelle kaeser, café de la cloche rue de la charité, pizzeria carlino rue de l'arbre-sec, collège de pataphysique, père ubu
samedi, 16 octobre 2021
RENÉ LANAUD, PHOTOGRAPHE
René Lanaud, 1921-2007.
Ektachrome fait des merveilles, mais le regard du bonhomme n'est pas mauvais non plus, ainsi que les circonstances. Vu le dessin assez particulier de l'arête montagneuse, je pense qu'il n'y a pas besoin de préciser le lieu de prise de vue.
09:00 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, rené lanaud, lac du bourget, aix les bains, dent du chat, kodak ektachrome
mercredi, 06 octobre 2021
PARLONS PHOTOGRAPHIE
Fouiner dans le patrimoine photographique déposé à la Bibliothèque Municipale de Lyon, c'est diablement intéressant. Principalement parce qu'on ne cesse d'apprendre toutes sortes de choses sur la ville de Lyon (et parfois lieux circumvoisins). Mais aussi parce qu'on découvre dans ces archives la façon dont toutes sortes de gens armés d'un appareil photographique portent leur regard sur leur cité. Et puis il arrive, dans un détour du défilement des images, que certaines anomalies apparaissent, à peine dissimulées dans un recoin inaperçu. Ainsi, en parcourant les richesses du "Fonds Sylvestre" (Jules Sylvestre, 1859-1936), je suis tombé sur un cliché qui a piqué ma curiosité : une automobile Hotchkiss conduite par un chauffeur coiffé d'un béret, sur fond de bâtiments en construction, circa 1930.
Là, on me dira ce qu'on voudra, mais c'est trop sombre.
La première curiosité se trouve dans la légende accompagnant la photo. Aucun doute sur la marque de l'auto et les bâtiments en construction : il s'agit bel et bien d'une Hotchkiss et de l'Hôpital de Grange-Blanche autour de l'année 1930. Toutes les occurrences sont d'accord. Là où un certain flou introduit une certaine incertitude, c'est que dans un cas on nous dit que c'est le véhicule officiel de la mairie de Lyon, que l'opérateur a immortalisé lors d'une visite d'Edouard Herriot sur le chantier, accompagné de l'architecte du projet, Tony Garnier ; et que dans un autre, on (j'ignore qui) fait de l'automobile la propriété de Tony Garnier.
Ici, un léger mieux : il y a une éclaircie.
La deuxième curiosité se situe dans le travail de laboratoire, d'où est sortie l'épreuve papier que le spectateur a aujourd'hui sous les yeux. Il se trouve qu'un certain Guy Borgé (1925-2013) est l'auteur d'une foule des tirages aujourd'hui en possession de la B.M.L. Je laisse au visiteur le soin d'apprécier ou non les choix effectués par le nommé Guy Borgé, aviateur et photographe, quelqu'un qui est censé avoir de bons yeux. Je me permets seulement de regretter que l'institution lyonnaise détienne trop peu d'originaux sortis directement du laboratoire de Jules Sylvestre en personne, tant la façon dont le tireur a conduit sa tâche me donne l'impression d'un ratage (j'ose le mot). Certes, on peut être esthétiquement séduit par le choix du sépia et l'effet ainsi produit par la diffusion de la lumière.
Alors là je dirai juste : y a pas photo !
Je regrette quant à moi que cet apparent avantage s'obtienne au détriment de la netteté et du "piqué". C'en est au point que lorsque je tombe sur une photo sépia, j'ai maintenant la tentation spontanée de l'attribuer à Guy Borgé, ce que confirme bien souvent la rubrique B.M.L. "Note à l'exemplaire". Ce n'est pas que les photos tirées par Borgé soient laides, bien entendu, mais j'ai fini par me demander si ce dernier ne souffrait pas de myopie, pour que dans leur immense majorité, ses tirages soient flous, jusqu'à rendre inidentifiables les traits des personnes photographiées. Haro sur Guy Borgé !
Et je me souviens de mes travaux photos confiés à M. Mortier, photographe unijambiste qui exerçait dans son magasin du centre de Sainte-Foy-lès-Lyon, surtout vers la fin de son activité, et que le sujet des photos qu'il me rendait avait tendance à s'estomper dans une sorte de "sfumato" qui n'avait rien de pictural.
09:00 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, jules sylvestre, bibliothèque municipale de lyon, hôpital grange blanche, tony garnier architecte, fonds sylvestre bml, automobile hotchkiss, guy borgé, tirage guy borgé, m. mortier photographe, sainte-foy-lès-lyon
jeudi, 30 septembre 2021
TRIBULATIONS D'UN PORTAIL CROIX-ROUSSIEN
1 - Propriété d'une sans doute noble famille (Mazuyer).
2 - Ecole Normale d'Institutrices (c'est fièrement inscrit sur le fronton).
3 - Collège moderne (photo ©Largo43) : c'est aujourd'hui.
4 - L'usage change, le portail reste, avec le blason d'origine (blason impossible à lire faute d'indications gravées des émaux et métaux revêtant le champ et les meubles de l'écu).
On trouve ça au N°80 du boulevard de la Croix-Rousse.
Une petite recherche m'apprend la véritable figure du blason Mazuyer, que "SanglierT" (je n'y peux rien : c'est l'auteur) décrit ainsi : « D'azur au chevron d'or accompagné de deux étoiles d'argent en chef et d'un croissant de même en pointe ». C'est peut-être vrai, je n'en sais rien.
Quoi qu'il en soit, si je voulais chipoter, je reformulerais ainsi : « D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles à cinq rais d'argent et en pointe d'un croissant ["montant" est facultatif] du même ». Le casque juché sur le chef de l'écu est peut-être d'un baron. Avec de bons yeux, on distinguera un pélican qui s'ouvre le flanc pour nourrir ses petits. Avec une loupe à fort grossissement, on lira la devise : « NON MIHI SUM NATUS » ("Je ne suis pas né pour moi-même"). On admettra que ça change tout, n'est-ce pas.
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Un peu d'histoire pour les amateurs (merci à Mme Catherine Guillot, Conservatrice du Patrimoine, auteur du texte qui suit).
Le Portail de la Tourette à Lyon : un témoignage des demeures champêtres de la Croix-Rousse. Intégré en 1888 à l’école normale d’institutrices, devenue successivement institut de formation des maîtres puis collège, le portail de la Tourette demeure un des ultimes témoignages des clos champêtres situés à la Croix-Rousse.
Ses origines
Les possesseurs successifs du tènement de la Tourette ont été identifiés par Irénée Morel de Voleine, dont la documentation a été enrichie par René Mazuyer dans les années 1930 et donnée aux archives départementales du Rhône en 1947. L’origine de la propriété, située sur le territoire de Maljulin, remonte au XIVe siècle ; celle du portail au 2e quart du XVIIe siècle à la suite de la vente en 1627 par Marguerite Dallier, veuve de Jacques Teste, de la propriété à Jehan Mazuyer. Outre la présence d’une demeure, le terrain est alors essentiellement couvert de vignes.
Arborant les armes des Mazuyer, le portail a dû être édifié peu de temps après son acquisition par cette famille. En effet, en 1628, Jehan Mazuyer a obligation de clore sa propriété de la Tourette, située près des remparts, et c’est sans doute à cette occasion que le portail est érigé. Contrairement à sa situation actuelle, l’édicule était placé entre deux corps de bâtiments. Le terrain demeure propriété de la famille (sous le nom de Parfait, puis de Favier) jusqu’en 1793 au moins, avant sa division en plusieurs lots.
Un motif pour les artistes de la fin du XIXe siècle
En 1878, le portail attire l’attention d’un artiste soucieux du patrimoine lyonnais ancien, Charles Tournier, qui en réalise un dessin, puis une eau-forte en avril 1878, éditée par Mademoiselle Giraud à Lyon. Une annotation portée sur le dessin localise le portail au 1 rue de la Tourette. En 1883, cette gravure vient illustrer un article consacré au portail dans Lyon Revue du 30 septembre, signé J.J. Grisard. En 1885, Claude-Louis-Bon Morel de Voleine réalise des photographies du portail. Huit ans plus tard, Tournier reprend l’eau-forte dans la première livraison du Recueil d’archéologie lyonnaise, dessiné d’après nature, publié par série de cinq gravures à partir de 1891 ; l’imprimeur Wulliam édite également l’estampe séparément.
Le dessinateur diffuse ainsi une vision du portail antérieure à la construction de l’école normale d’institutrices (1884-1888) et en varie les éléments pittoresques : jeune femme et enfant, couple assis sur un banc sur le dessin, vide de tout personnage, ou, substitut du spectateur, couple de dos au seuil des lieux, sur les différents états de l’eau-forte. Dans ses représentations, il supprime la grille qui fermait le portail et invite à découvrir la propriété, sentiment frustrant pour le spectateur d’aujourd’hui puisqu’il n’existe pas de représentation précise figurée des jardins et de la demeure.
La photographie s’empare également du motif du portail avant son démantèlement : le fonds Sylvestre de la bibliothèque municipale et les fonds de photographies des archives municipales et départementales en témoignent. La végétation qui se multiplie sur les parties hautes confère une note romantique : le portail commence à disparaître sous la glycine.
D’une disparition probable à une recréation
En 1852, la Croix-Rousse est rattachée à Lyon et les fortifications démantelées en 1865. A leur emplacement est aménagé le boulevard de la Croix-Rousse ; des édifices publics sont projetés afin de lui assurer un aspect monumental. En 1879, la formation des futures institutrices est assurée dans les locaux du clos de la Tourette. Dès 1880 est lancé le concours de l’école normale d’institutrices, concours remporté par l’architecte Philibert, dit Philippe, Geneste (1846-1938). L’école doit prendre place sur le même site, entraînant la démolition des bâtiments antérieurs.
Malgré la diffusion de l’image du portail, sa préservation, ainsi que celle d’autres vestiges de la demeure, ne semblent pas être prioritaires. Cependant, grâce à l’intervention de Morel de Voleine et de Félix Desvernay, le portail fait néanmoins l’objet de l’attention du Conseil général, qui décide finalement de le sauvegarder.
D’après Desvernay, le portail est en effet replacé en 1888 par Geneste comme portail de la nouvelle école, en y incluant au revers des vestiges provenant de la propriété, retrouvés en avril 1888 dans le jardin, sans doute à la suite des démolitions, par Desvernay lui-même. Des éléments, dont les plus anciens remonteraient au XVe siècle, sont ainsi intégrés au monument, créant une œuvre en partie nouvelle. La comparaison entre les photographies réalisées avant la démolition et après la reconstruction atteste de la fidélité de cette reconstitution quant à l’élévation antérieure du portail.
Après la « réinstallation » du portail boulevard de la Croix-Rousse, ses représentations continuent à se diffuser, que ce soit par la photographie ou la presse : en particulier, Le Progrès illustré du dimanche 7 avril 1901 montre, dans sa rubrique « Les rues de Lyon », trois images du portail (en élévation, les armoiries et l’assemblage du revers) par le dessinateur H. Girrane.
La reconnaissance patrimoniale du portail trouve son aboutissement en 1910, date à laquelle il est classé au titre des monuments historiques (arrêté du 22 janvier 1910). Sa représentation se répand alors sous la forme d’édition de cartes postales, notamment par la société S. Farges (S.F.) en 1913, et dans l’entre-deux-guerres.Le remontage du portail et la composition élaborée au revers par Devernay et Geneste en font une des rares reconstitutions-créations au sein du patrimoine lyonnais, dans l’esprit des antiquaires de la Renaissance et de l’Age baroque. Désormais implanté le long du boulevard de la Croix-Rousse, le portail demeure l’une des ultimes traces des clos champêtres de la Croix-Rousse non religieux et évoque les anciennes familles lyonnaises par les armoiries qu’il porte ; il est également révélateur d’une vision pittoresque du patrimoine, de l’action de sauvegarde des érudits lyonnais de la seconde moitié du XIXe siècle et d’un esprit de recréation, associant des éléments disparates provenant de l’ancienne demeure, tout en s’intégrant à la composition réalisée par Geneste pour l’école normale d’institutrices.
Le chantier de reconversion de l’institut de formation des maîtres en collège en cours depuis 2010 va permettre la restauration du portail, grâce aux échanges entre le Conseil général du Rhône et le service territorial de l’architecture et du patrimoine (STAP).
Catherine Guillot – conservatrice du patrimoine à l’Inventaire général du patrimoine culturel, Région Rhône-Alpes.
09:47 Publié dans A LA CROIX-ROUSSE, LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, croix-rousse, collège de la tourette, école normale d'institutrices, armoiries, blason, photographie, boulevard de la croix-rousse, histoire de lyon, catherine guillot, inventaire général du patrimoine culturel région rhône-alpes
jeudi, 23 septembre 2021
QUE C'EST BEAU, LA STRUCTURE !
09:00 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, villeurbanne
samedi, 18 septembre 2021
MANGER A L'HÔPITAL
De la cuisine au centre de restauration.
Cela s'appelait une cuisine. Jusque-là rien à dire. A la rigueur, on disait "les cuisines", quand la taille des lieux, des fourneaux, des gamelles et le nombre du personnel le réclamait. Mais pas toujours. Ci-dessous la cuisine de l'Hôpital de la Croix-Rousse il y a au moins un siècle et probablement davantage : l'éclairage au gaz, l'uniforme des cuisinières, aussi hygiénique voire prophylactique que l'entretien des lieux, la taille des casseroles, tout y est. Cette popote certainement concoctée avec amour (personne n'ose en douter : quand on est nonne, on ne laisse pas tomber son mégot ou son glaviot dans la marmite), on s'en lèche les babines.
Je ne sais pas si vous avez été hospitalisé, mais je peux vous dire par expérience que je n'ai jamais aussi mal mangé que dans les quelques occasions où cela m'est arrivé. Côté hygiène et sécurité alimentaire, il n'y a rien à dire : le contrôle est impitoyable. Côté chiffres nutritifs, le cahier des charges est impeccablement rempli : diététiciens et nutritionnistes sont intraitables. Côté prix de revient, le service comptabilité de l'hôpital est absolument ravi : comprimer par tous les moyens le prix de journée, c'est peut-être là que le bât blesse. Côté gustatif, côté palais, côté plaisir, c'est zéro plus zéro égale zéro : là, on est dans le révoltant. Sodexho ou Elior, c'est kif-kif bourricot. Au point que je préférais laisser le plateau en l'état ou pas loin. En confidence, je peux même avouer qu'il m'est arrivé de perdre six kilos en dix jours.
Rationnellement irréprochable, mais humainement dévitalisé. Une image du monde que certains voudraient bien nous fabriquer. Mais est-ce que les personnes hospitalisées n'iraient pas mieux si elles mangeaient mieux ?
09:04 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hôpital, manger à l'hôpital, sodexho, elior, nutrition, croix-rousse, hôpital croix-rousse, photographie
vendredi, 17 septembre 2021
EN BROCHETTE, C'EST TRÈS RARE...
...QUE CE SOIENT LES GÉNÉRAUX OU LES SOUS-MARINS.
Pendant que tout ce que la France compte de patriotes hurle de rage contre la volte-face de l'Australie dans le contrat de 56 milliards d'€ des sous-marins, l'armée française rend hommage à un de ces haut-gradés que le monde entier respecte et nous envie (l'anachronisme flagrant ne doit rien au hasard).
Photos prises par Marcos Quinones en mai 1990, lors des obsèques du général Yves Béchu, alors gouverneur de la V° région militaire (Lyon et Sud-Est), mort d'une crise cardiaque foudroyante. Avouez que de tels clichés ne sont pas courants, heureusement. L'observateur attentif soulignera qu'aucun de ces hauts dignitaires de l'Armée Française ne salue exactement de la même manière. De quoi les faire retourner à l'instruction faire leurs classes, marcher au pas et présenter les armes. Ça ferait une belle photo, non ?
Tout cela est bel et bon, mais il serait temps que les journalistes français, les médias français, les dirigeants français d'entreprises françaises, les responsables politiques français cessent de raconter des histoires au peuple français, et commencent à reconnaître — et même à avouer, même si c'est difficile à passer — que la France n'est plus la France telle que la racontaient les manuels d'Histoire de France depuis Michelet, Lavisse, Mallet et Isaac.
De toute façon, il y a belle lurette que les historiens les plus français n'enseignent plus une "Histoire de France" pour laquelle ils n'éprouvent que dédain et mépris. De toute façon, "la population française" n'est plus "le peuple français", mais une société nombriliste geignarde, une société des récriminations des uns contre les autres, une société de surveillance et de contrôle mutuels, une "Société de la Plainte" bourrée de tabous sociétaux intouchables, une société où quelques minorités influentes font régner sur les gens ordinaires et normaux une sorte de terreur. Une telle société a-t-elle quelque chose à dire au monde ?
Il serait temps de dire la VÉRITÉ à ce qu'il reste de peuple français : depuis 1945, la France est, dans tous les domaines et comme les autres pays européens échappant à la tutelle russe, la VASSALE des Etats-Unis. La France, depuis cette époque, n'a pas cessé d'importer les objets, les façons de se nourrir, les manières de penser, les débats qui appartenaient en propre aux Américains.
Au point que, sur bien des points, d'aimables fouteurs de gueule et autres détestables bonimenteurs viennent nous faire la leçon sur les "Retards" que la France accumule sur son SUZERAIN. On le savait depuis longtemps, et Régis Debray le disait en 2019 dans son livre Civilisation, sous-titré "Comment nous sommes devenus américains" (voir mon billet daté 4 juillet 2019).
Ici, en l'occurrence, les fabricants français de sous-marins français (des sous-marins d'attaque, si je me souviens bien) ont eu le culot de signer un énorme contrat avec un pays anglo-saxon, sans même demander l'autorisation au patron ! Le vassal a osé faire un pied de nez à son suzerain. Quand monsieur Le Drian, ministre des Affaires Etrangères, a prononcé l'expression "dans le dos", tout le monde a bien compris qu'il fallait comprendre (parlant par respect) "dans le bas du dos".
Je ne sais plus quel général (Lecointre ?) s'est mis à dos récemment pas mal de bonimenteurs en déclarant que la France était en état de régression avancée dans pas mal de domaines. La France a beau parader en bombant le plastron, elle n'est plus considérée dans le monde actuel que comme une puissance de deuxième ou troisième zone, qui agite ses quelques joujoux d'excellence pour faire croire qu'il n'en est rien.
L'affirmation est terrible, mais c'est la VÉRITÉ.
Voilà ce que je dis, moi.
09:09 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, humour, armée française, général yves béchu, gouverneur militaire de lyon, marcos quinones, sous-marins, contrat du siècle, histoire de france, michelet, lavisse, mallet isaac, américains, général lecointre, le drian, ministre des affaires étrangères
mercredi, 15 septembre 2021
NOUS SAVONS DÉTRUIRE CE QUI EST BEAU !
L'HOMMAGE D'UN INCONNU AU PLUS BEAU PONT DE LYON AVANT SA DESTRUCTION.
Chapeau l'artiste !
Photo de René Dejean prise en 1983.
On aperçoit quelques éléments des préparatifs de la démolition et, avec de bons yeux, des bribes du prochain pont Winston Churchill, une espèce de modernité banale, aride et fonctionnelle, destinée à remplacer le vétéran magnifique aux formes généreuses, et à servir dans l'axe la toute nouvelle "Montée de la Boucle", tranchée inhabitée, profonde, excessive et violente qui, pour les Croix-Roussiens, a fait de Caluire une ville étrangère (j'exagère, heureusement). J'ai sévèrement coupé la belle diapositive de René Dejean pour mettre en évidence la performance du monsieur perché. Ci-dessous la version complète.
Le monsieur ici perché a réalisé la promesse que se faisaient régulièrement une bande de lycéens d'autrefois ("Ouaaah ! t'es même pas cap. !") sans jamais oser la réaliser : franchir le pont sur les arches. La rouille qui a craquelé la peinture et rendu le métal croûteux — on n'allait plus faire des frais d'entretien pour un machin bientôt détruit ! — a sans doute rendu plus aisée la bravade de l'aventurier, il n'en reste pas moins que le geste est joli.
J'aime à penser que le livre ouvert par le monsieur qui fait semblant de le lire est au moins du genre de La Montée de l'insignifiance, de Cornélius Castoriadis (c'est un exemple). Même en faisant semblant, cela aurait eu de la gueule. Car on aura beau me traiter de passéiste nostalgique et me mettre sous le nez les nécessités de la circulation des automobiles (il faut voir l'actuelle montée de la Boucle aux heures de pointe !), rien ni personne ne pourra me convaincre que cette merveille de pont n'était pas le plus BEAU de Lyon. J'augure mal d'une civilisation qui tend avec obstination à réduire les hommes et les choses à leur misérable utilité, à leur pauvre fonction de rouages dans la Machine Société.
Voilà ce que je dis, moi.
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AU SUJET DU PHOTOGRAPHE RENÉ DEJEAN (1926-1999) : un article de Robert Luc.
René Dejean, graphiste, décorateur, enseignant, amoureux de Lyon, conteur de rues, auteur de Traboules de Lyon et de Balade à travers Lyon insolite fut aussi l'initiateur des randonnées pédestres citadines. Il a organisé - et collaboré - à de nombreuses expositions comme graphiste et affichiste.
Avant d'être un infatigable piéton de Lyon, René Dejean fut diplômé de l'École Nationale des Beaux Arts de Lyon et débuta sa carrière dans l'atelier de son père Marius, peintre et dessinateur en plein coeur de la Croix-Rousse. Très créatif, il multiplie les domaines de ses interventions.
Affiches, logos, plaquettes se succèdent. Grand sportif et voyageur, on le retrouve aussi bien sur les glaciers alpins que dans les dunes sahariennes. Mais, c'est un amoureux de Lyon, un amoureux exigeant. Un érudit des traboules qui publiera aux éditions Le Progrès" l'ouvrage qui deviendra la bible du promeneur "Traboules de Lyon". En 1978, il imagine un parcours à travers Lyon. Quatre heures trente de marche, dans le calme d'un dimanche matin à travers Lyon insolite au rythme d'une cinquantaine de rues, places, quais et ponts. Le parcours des "Cinquante" est né. Plus de 18000 personnes retrouvent le goût de la promenade citadine. Il vient d'ouvrir une voie qui est aujourd'hui poursuivie avec talent par des "gones" comme Jean-Luc Chavent.
En janvier 1999, René Dejean confie aux Éditions des Traboules un manuscrit achevé, ce Parcours des 50. Il désirait accompagner ce livre de dessins. Hélas, il disparut prématurément laissant les Lyonnais dans la peine. Son dernier livre sera sans aucun doute, comme celui des traboules, un ouvrage de référence. Clair, pratique, riche en anecdotes, brillamment illustré de photos de l'auteur, il permet seul ou à plusieurs de découvrir ou redécouvrir une ville merveilleuse.
"Et si l'on reparlait de René Dejean",, article de ROBERT LUC in Le Progrès, 5 novembre 2002.
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Il faudrait que j'ajoute une note en souvenir de Robert Luc (1943-2017), lui-même journaliste, infatigable Lyonnais, co-fondateur de la galerie "Vrais Rêves", rue Dumenge, organisateur et animateur de mémorables "bambanes" sur le plateau et les pentes de la Croix-Rousse.
09:00 Publié dans A LA CROIX-ROUSSE, LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, le rhône, pont de la boucle, pont winston churchill, photographie, photo rené dejean, caluire, croix-rousse, montée de la boucle, les ponts de lyon, cornélius castoriadis, la montée de l'insignifiance, robert luc, journal le progrès
mardi, 14 septembre 2021
C'EST OÙ, FOURVIÈRE ?
MAIS C'EST ICI, BIEN SÛR !
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fourvière, photographie
lundi, 13 septembre 2021
BOÎTES AUX LETTRES DU MONDE D'AVANT
BOÎTES DE VILLE ET BOÎTES DES CHAMPS.
A lire sur la boîte :
« La [1°] levée de [Jeudi] est faite. »
« Nombre de levées : [1]. »
La petite annonce :
« Rames à vendre ».
Tout ce qu'on sait, c'est que la personne habite à Villeurbanne.
Toutes photos ©D.R.
10:52 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, boîtes aux lettres
dimanche, 12 septembre 2021
LES MINGUETTES PITTORESQUES
Début vingtième siècle : « Le Pittoresque quartier des "Minguettes" ».
Années 1970. Ah ça, pour du "pittoresque", on est gâtés.
***
Non, je n'ai pas l'œil humide et attendri. Je ne cultive pas le souvenir à fleur de nostalgie. Je ne dirai jamais : « C'était mieux avant ! ».
Je poserai juste la question : « Qu'est-ce qui a FOIRÉ dans nos façons de faire pour que nous nous voyions dans l'obligation de détruire nos œuvres (Minguettes, Duchère et ailleurs) un demi-siècle après les avoir construites ? ».
Et puis cette autre : « Qu'avons-nous appris de nos erreurs ? » Je ramasse les copies dans deux minutes. C'est suffisant pour une réponse compendieuse et pertinente.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vénissieux, vénissieux minguettes, urbanisme, lyon, architecture, photographie
samedi, 11 septembre 2021
UN CHEVAL EN PLEIN TRAVAIL
HAUTERIVES (Drôme).
Il paraît que ces photos ont été prises autour de 1890. Rien que l'échafaudage aurait dû être conservé tel quel.
Je n'ai pas très envie de diluer ces clichés (dont j'ai découvert l'existence récemment) dans la soupe de mes commentaires qui, même s'ils étaient assaisonnés de remarques dignes de piquer la curiosité, seraient superflus et ennuyeux.
18:25 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, art, sculpture, facteur cheval, hauterives
mercredi, 08 septembre 2021
DES NOUVELLES DU MONDE D'APRÈS
Ai Wei Wei fait partie de l'avant-garde des artistes chinois. C'est sans doute pour ça qu'il est réfugié politique au Portugal. Je n'aurais pas grand-chose à dire de la chose si l'on ne venait pas d'apprendre que la banque qui détient les fonds de la fondation qu'il a créée, le Crédit Suisse, a gelé le compte d'Ai Wei Wei jusqu'à nouvel ordre. On apprend dans la foulée que le Crédit Suisse s'apprête à donner à sa présence en Chine une dimension sans commune mesure avec ce qu'elle était jusqu'à présent. Ah bon ? C'était donc ça ? Bon Dieu mais c'est bien sûr !
Le bras et le doigt d'Ai Wei Wei devant la place Tian An Men.
Ce n'est pas que je porte aux nues les œuvres (voir ci-dessus et ci-dessous) d'un artiste que je rangerais volontiers sous la bannière de l'ARCON [temporain], mais ça en dit long sur les biens et valeurs que les gens qui font des affaires sont prêts à brader quand ils espèrent gagner des "marchés" et multiplier leurs profits. Et ça en dit long sur la souplesse de l'échine de tous les gens qui s'apprêtent à faire des affaires fructueuses avec la Chine.
Comment montrer sa petite culotte devant la Cité Interdite.
A ce propos, tout le monde s'extasie, médias et journalistes en tête, sur la façon dont la Chine, avec et après Deng Xiaoping, est devenue un des premiers "dragons" de l'économie mondiale. Ce faisant, tout le monde oublie ou fait semblant d'oublier que la puissance actuelle de la Chine n'aurait jamais vu le jour sans la complicité active, ardente, avide des actionnaires de nos grandes entreprises, qui n'avaient qu'une idée en tête : maximiser les dividendes (12-15% par an étant devenu une norme) en diminuant drastiquement les coûts de production — sous-entendu les salaires des travailleurs. C'est à eux que l'on doit la désindustrialisation de la France (les "délocalisations"), le nombre des chômeurs et la stagnation des salaires. Au moins en grande partie.
Alors merci la veuve écossaise, merci les fonds de pension, merci les fonds spéculatifs, merci les "fonds vautours", merci la recherche des profits, merci l'économie de marché, merci le monde ultra-néo-libéral. Et merci au vrai maître du monde : l'Actionnaire, cette Abstraction aux effets tout à fait concrets.
Le "monde d'après" ressemble furieusement.
Voilà ce que je dis, moi.
08:58 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, arcon, art contemporain, ai wei wei, chine, artiste chinois, crédit suisse, photographie, banque
jeudi, 19 août 2021
LI BLANC LI BOULA-MATARI ...
... EN 1911 A LYON.
On admire au passage la case en paille, les casques coloniaux, les palmiers et même les « black faces ».
Un seul commentaire : WOUAH ! WOUAH !
09:39 Publié dans HUMOUR, LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon 1911, lyon carnaval, humour, colonisation, place bellecour, photographie
mercredi, 18 août 2021
DES NOUVELLES DE L'ARCON
Ce qu'on appelle, sans doute par pur esprit de dérision courtoise, "art contemporain" (vulgairement ARCON) n'a nul besoin de l'action volontaire et consciente de la la main humaine. Laissez faire les éléments et le temps, et puis contentez-vous de regarder ce qui advient, qui ne doit (presque) rien à personne. Ici, un petit air d'Antoni Tapies.
21:58 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, art, art contemporain, arcon, antoni tapies
lundi, 26 juillet 2021
L'INFORMATIQUE EST NOTRE AVENIR
22:17 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, pressoir, photographie
vendredi, 23 juillet 2021
LA FORMATION DES INSTITUTEURS
Nous voici au Clos-Jouve, à la Croix-Rousse de Lyon, juste devant l'Ecole Normale des Instituteurs de la rue Anselme. Les formateurs utilisent l'espace libre devant l'Ecole pour apprendre aux futurs instituteurs les gestes professionnels de base qui seront les leurs dans l'exercice de leur difficile métier.
Mille excuses : j'ai oublié de préciser que la photo appartient au fonds Sylvestre de la Bibliothèque Municipale de Lyon.
09:05 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, école normale des instituteurs, lyon rue anselme, humour, croix-rousse, clos-jouve, photographie
samedi, 10 juillet 2021
L'HOMME FACE A L'ANIMAL ...
... COMPAGNON, MAÎTRE ET TYRAN.
Le cirque était unanimement célébré comme un bienfait, à l'époque où une grande partie de l'intérêt des gens était, en dehors des clowns et des trapézistes, les prouesses auxquelles des "dompteurs" admirés étaient capables d'amener des animaux (la "culture" comme seigneur et maître de la "nature").
Aujourd'hui, il n'en est plus de même. "Dompteur" est devenu un métier vilipendé et condamné. Des groupes de pression se soucient du bien-être animal ; des associations L214 s'introduisent clandestinement dans des abattoirs pour dénoncer les immondes tortures que l'on y inflige aux animaux pour approvisionner le marché de la viande ; le véganisme a commencé à semer la pagaille et fait des ravages devant les commerces de boucherie en répandant du faux sang sur le trottoir ou en peignant sur celles des laitiers-fromagers des slogans aussi définitifs que « LAIT = MORT » (je l'ai vu), quand ce ne sont pas des entreprises qui brûlent une nuit ; il n'est pas jusqu'à la politique qui ne soit contaminée par le virus de la culpabilité et le retournement de situation, avec la création d'un "parti animaliste" (prière de ne pas rire). Tout ça existe et on est bien obligé de faire avec.
Il n'empêche qu'il se passait de fort belles choses au cirque du temps de Pépé, quoiqu'aussi d'autres assez laides ou affligeantes. Moi je dis : l'homme est ainsi fait. Et je dis qu'il reste les tours de force inscrits dans l'histoire du cirque par des dompteurs qui, pour obtenir de leurs animaux des exploits hors de leur nature, étaient forcément animés à leur égard d'un amour que beaucoup ont à présent du mal à imaginer. Regardez plutôt.
Cirque Rancy. L'instant décisif saisi par Georges Vermard. Le nom du dompteur, en tutu de gladiateur romain, n'est pas indiqué.
Cirque Jean Richard. L'éléphant qui se met debout, je trouve ça pas mal non plus. Photo Georges Vermard.
Cirque Gruss. Arlette Gruss, forte femme, en train de bercer sa panthère, qui se laisse faire gentiment. Photo Georges Vermard.
Cirque Gruss. Et admirez l'extraordinaire envol de ce cheval qui a accepté de se plier un moment à la volonté d'Alexis Gruss, lui-même dressé sur ses orteils. Magnifique geste et magnifique photo de Georges Vermard.
Cirque Zavatta. On peut sans doute être moins sensible au travail de Capellini, dont on se demande quand même comment il a pu convaincre ses chimpanzés de se laisser ainsi attifer (jusqu'aux chaussures de ville). Photo Georges Vermard.
La face cachée du spectacle, c'est évidemment la "ménagerie", autrement dit la cage, le plus souvent digne des prisons de Louis XI. Et il est vrai que j'ai vu des ménageries misérables et des animaux pelés ou tristes. Mais c'était dans des cirques qui survivaient à l'état végétatif.
Cirque Bouglione. Lui, c'est l'ours polaire, et voilà comment on lui fait sa "toilette" (titre de la photo) : ça fait de la peine. Photo de Marcelle Vallet.
Cirque Bouglione. Le grand fauve de la savane est-il à sa place ? Question légitime : ça fait de la peine. Photo Marcelle Vallet.
Cirque Bouglione. Quant à la girafe, sauf erreur d'optique, le box semble un peu bas de plafond : ça fait de la peine. Photo Marcelle Vallet.
Aujourd'hui, il ne reste que le zoo pour voir en direct les animaux dits "exotiques". Ou alors, carrément, le safari. Pan ! Pan ! Et des gens qui ne paient aucune agence de voyage ne se gênent pas pour aller faire des cartons en Afrique.