mardi, 19 mai 2020
QUE C’ÉTAIT CHOUETTE, ...
... LE CONFINEMENT, ....
... POUR LES PIGEONS.
Celui-ci paradait au beau milieu d'une rue passante, le 3 mai, entre 15h14' et 15h15'. C'était le bon temps. Que c'est beau, une société, quand elle s'arrête. Quelle éclatante démonstration de la prescience du grand écrivain Alexandre Vialatte, qui écrivait :
« On n'arrête pas le progrès : il s'arrête tout seul ».
Oui, mais voilà, ... on commence à entrevoir, une semaine après le déconfinement, que c'est Houellebecq qui avait raison : si la société s'arrête un peu trop, rien ne va plus, on sait que ce qui va arriver sera plus pire, beaucoup plus pire, très très pire, de plus en plus pire. Si ça reprend comme avant au bout d'un temps raisonnable, ce sera simplement la même chose,
« en un peu pire ».
Houellebecq a nécessairement raison. C'est ça, être réaliste. Contrairement à ceci :
Quand Gébé avait inventé son utopie de L'An 01, avec son slogan
« ON ARRÊTE TOUT. ON RÉFLÉCHIT. ET C'EST PAS TRISTE. »,
il n'avait pas prévu que ce jour arriverait effectivement. Il n'avait pas prévu non plus que ce serait dû à l'extrême malignité d'un virus. Il avait déjà moins prévu que les foules seraient loin d'adhérer à l'idée de renoncer à leurs objets et à leur train-train habituel. Ni qu'ils n'auraient rien de plus pressé, pour des raisons compréhensibles, que de reconstituer leur paysage familier d'avant le confinement.
Il aurait encore moins pu prévoir que tous les penseurs, tous les intellectuels, tous les spécialistes de sciences humaines appliqueraient avec enthousiasme la deuxième partie du slogan pendant toute la durée du confinement, au point de saturer l'air ambiant de toutes sortes de vapeurs imaginaires, d'ectoplasmes "prémonitoires" et de fragrances tout droit venues de l'île d'Utopia, l'incroyable Non-Lieu - sens précis - inventé par Thomas More. Ah ça, on peut dire que ça a phosphoré dans les boîtes crâniennes "autorisées". Avec un "succès" que l'on commence à mesurer.
09:02 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, covid-19, sars-cov-2, condinement, déconfinement, michel houellebecq, gébé, l'an 01, on arrête tout on réfléchit et c'est pas triste, alexandre vialatte, thomas more l'utopie, photographie, zoologie, pigeons
vendredi, 16 août 2013
LE MONDE SELON LE JOURNAL DES VOYAGES
Je m’en voudrais de refermer cette malle où le Journal des Voyages a renfermé tant de trésors, et où se déploient, en un entremêlement indémêlable, le vrai savoir d’explorateurs intrépides et l’imagination parfois débridée de narrateurs et de dessinateurs « inspirés », – je m’en voudrais, disais-je, si je ne proposais, dans quelques bouquets de fin de fête, quelques fleurs spécialement choisies.
Aujourd'hui, un petit tour chez les Grands Singes, puis une petite escapade chez les Grands Nords. Autrement dit : qu'est-ce que l'anthropomorphisme ?
"GORILLES SE CONSTRUISANT UN ABRI"
CELLE-LÀ, JE LA TROUVE DELICIEUSE : JE RAFFOLE DES GORILLES (SURTOUT LES GORILLES SOURIANTS) CONSTRUCTEURS D'ABRIS. ON EN APPREND TOUS LES JOURS, AVEC LE JOURNAL DES VOYAGES.
LA SUIVANTE N'EST PAS MAL NON PLUS
"LES GIBBONS : ILS SE METTENT A QUATRE POUR TRANSPORTER LEURS MORTS"
JE SUPPOSE QUE C'EST POUR LEUR DONNER UNE SEPULTURE DECENTE ? MAIS TOUT DE MÊME, QUEL MAGNIFIQUE ENTERREMENT ! QUATRE CROQUE-MORTS. IL NE MANQUE AUX GIBBONS QUE LE CORBILLARD ET LA FAMILLE EN DEUIL.
CELLE-CI, IL FAUT L'EXPLIQUER : LE SINGE RIEUR A POUR HABITUDE, QUAND IL EN RENCONTRE UN EXEMPLAIRE, DE SAISIR L'HUMAIN PAR SES AVANT-BRAS (c'est ce que dit le Journal des Voyages), L'IMMOBILISANT AVANT DE LE DECHIQUETER A BELLES DENTS. LE MEC EN FACE N'A D'AUTRE SOLUTION QUE DE VÊTIR SES BRAS DE "MANCHETTES" DE BAMBOU, PUIS DE RETIRER SA MAIN POUR SAISIR SON POIGNARD PENDANT QUE L'AUTRE SE MARRE. ELLE EST PAS BELLE, MON HISTOIRE ? ELLE EST DANS LE JOURNAL DES VOYAGES DU 2 DECEMBRE 1883.
IL FALLAIT LE SAVOIR : LE SINGE A TÊTE DE CHIEN (CYNOCEPHALE, SI J'AI BIEN COMPRIS) N'A RIEN DE PLUS PRESSÉ QUE DE CHEVAUCHER UN PANTHERE ET DE LUI JETER DES ORDRES D'UNE VOIX GUTTURALE.
LE JOURNAL DES VOYAGES, 12 DECEMBRE 1886
SOURIEZ, VOUS ÊTES BOUFFÉ !
Je quitte les Tropiques pour le Pôle Nord, pour assister, en compagnie de quelques marins médusés par le spectacle, au très improbable combat entre un ours blanc et un morse. La légende prend soin de préciser que c'est une femelle, quand le naturaliste un peu informé sait fort bien que chez les morses, c'est exclusivement monsieur qui a les crocs remarquables (les canines, pour être précis).
"UN COMBAT SUR LES GLAÇONS : ELLE ENFONCE SES PUISSANTES DEFENSES DANS LES CHAIRS DE L'OURS"
ON TROUVE CETTE PHOTO EXCLUSIVE DANS LE JOURNAL DES VOYAGES DU 3 JANVIER 1886
Le récit, pas piqué des hannetons, souligne que le morse femelle est la mère du petit que le plantigrade vient de boulotter, et que la tribu morse s'est liguée contre lui, rassemblée en demi-cercle, laissant toutefois l'honneur et le plaisir de la terrible vengeance à celle qui en avait le plus le droit légitime. La digne mère s'avance solennellement et lui règle son compte. Le règne animal est plein de surprises, comme disait plaisamment Claude Darget, à l'époque de La Vie des animaux.
Parmi les curiosités animales que le Journal des Voyages offre aux appétits imaginaires du Parisien bourgeois, et malgré cela cultivé, j’espère que vous avez apprécié mes quelques pépites : quelques instantanés pris de la vie animale "authentique", quand celle-ci ne se déroule pas sous les climats cléments de l’Europe tempérée et civilisée. Autrement dit, dans les contrées encore inhumaines.
"Transformer le monde", a dit Marx. Je me demande parfois s'il n'aurait pas mieux valu continuer à l'imaginer.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, zoologie, gorilles, grands singes, singe rieur, cynocéphale, animaux, gibbons, anthropomorphisme, pôle nord, morse, ours blanc, claude darget, la vie des animaux
dimanche, 25 novembre 2012
DIS-MOI COMMENT TON COQ CHANTE
Pensée du jour :
"IDEOGRAMME PIETON" N°49
« Le sassafras semble bien être, à première vue, comme le frangipanier ou même le chilognathe, quelque salsifis tropical plus ou moins dicotylédone, impropre à l'alimentation, mentionné quelque part par Bernardin de Saint-Pierre. Connu seulement des pharmaciens. Et fait pour être utilisé à la césure dans quelque poème de Baudelaire en raison de son feuillage palmé, ornemental et disposé en éventail autour d'un stipe ».
ALEXANDRE VIALATTE
Très tôt, j’ai été frappé par une bizarrerie : tous les coqs de la Terre se comportent de la même manière. Leur chant est identique, que l’on soit en Europe, en Amérique ou au Japon. Et pourtant, ils produisent des sons qui n’ont rien à voir entre eux. Apparemment. Du moins si l’on regarde leur traduction graphique. Et rien n’est plus curieux que la façon dont les oreilles, dans chaque langue, entendent ce qu’elles sont, dirait-on, seules à entendre de cette façon.
Des coqs, j’en ai entendu des tas, par exemple quand j’allais avec FRANÇOIS (on nous appelait "les Dupondt") chez le père PIC ou chez JOSEPH et MARIE. Chez ces derniers, c’était pour lancer sur les deux énormes cochons de l’enclos de pierre sèche les petits cailloux les plus aigus possibles, pour le seul plaisir d’entendre les bruits qu’ils faisaient alors : je le dis nettement, on ne peut pas appeler ça des chants.
Même chose, d’ailleurs, quand ils sentaient qu’on venait pour verser, de l’extérieur, dans leur auge (un évidement creux pratiqué dans l’épaisseur du mur) la marmite de soupe, soupe dans laquelle ils plongeaient les pattes les premières. Le cochon ne chante pas. Il paraît que c’est prouvé. C’est sans doute pour ça qu’on ne lui demande pas de réveiller la basse-cour au lever du soleil et qu’on n’en a jamais mis au sommet de nos clochers d’église, où il aurait pourtant, à coup sûr, fait merveille, n'en doutons pas. J'imagine le tableau, non sans un certain contentement.
La vache ne chantait pas non plus, le soir, quand on allait, FRANÇOIS et moi, boire le lait bourru, après la traite (c’est là que j’ai appris à traire la vache, soit dit en passant). Mais là, plus de coq, évidemment. Et s’il est vrai que certaines sopranos chantent pire que des vaches (il est indispensable d’avoir entendu au moins une fois dans sa vie FLORENCE FOSTER JENKINS), il n’a encore jamais été constaté que l’inverse soit vrai.
Je ne sais plus où ni quand j’ai nourri un désir de meurtre sur un coq capable de pousser la chansonnette autour de 2 heures du matin. C’était souvent, en tout cas. Je vous jure, on a beau dire que le coq est l’oiseau du matin, qu’il annonce le lever du soleil, j’affirme qu’il n’en est rien. Le coq est un animal imbécile, en général complètement déréglé, dont le chant avance ou retarde sur le lever de soleil d’une façon à rendre cinglé le plus humble des métronomes.
Il reste que, en ce qui concerne le chant du coq, les langues du monde constituent une belle preuve que la Tour de Babel n’est pas seulement le récit mythique d’un prophète biblique inspiré, mais une réalité tangible et irréfutable. Disons le mot : c’est la cacophonie. Pas un coq issu du peuple coq ne parle la même langue que ses confrères, s’ils ont eu le malheur de naître sous d’autres cieux que lui. C’est même à ça qu’elle sert, la Tour de Babel des gallinacés.
Soyons un instant sérieux : tout bruit est traduit, en parole ou en écriture, par ce qu’on appelle une « onomatopée ». C’est ce que l’ingénieux et pitoyable SERGE GAINSBOURG a tenté de faire dans sa chanson « Comic strip » : « Shebam », « Pow », « Blop », « Wizz ».
La Bande Dessinée s’en est donné à cœur joie, avec, par exemple, des « Smack » (= gifle, mais aussi gros baiser qui s’entend) en gros caractères pour souligner la force du coup de poing donné (« I will smack your face », dit le gros Sharkey au professeur Mortimer, dans je ne sais plus quel Blake et Mortimer, peut-être SOS Météores), et des « Sob » (= sanglot) pour exprimer la tristesse du personnage.
Notons qu’une fois importé dans la Bande Dessinée française, le « Smack » désigne drôlement le bruit du baiser tendrement échangé par les deux amoureux. Certains dessinateurs ont même fait proliférer l’onomatopée sur l’image jusqu’à en faire une marque de fabrique, comme JEAN GRATON dans sa série Michel Vaillant, où l’on ne compte plus les VROARR envahissants (voir ci-dessous).
Chaque langue s’ingénie donc à transcrire le chant de SON coq. Passons rapidement sur le « Co Co Co », proféré (peut-être : le sujet est controversé) par le coq chinois, qui ne mérite que d’être mentionné. Plantons un orteil en terre islandaise. Que chante le coq sur son fumier volcanique ? Rien d’autre que « Gaggalagaggalago » (sept syllabes !). Ses cousins scandinaves font des « kuckeliku » en Suède et des « kykkeliky » au Danemark.
Il est important de noter que, si les coqs hollandais et flamands chantent à coups de « kukeleku », le voisin wallon marmonne un drôle de « coutcouloudjou » : on voit par là que la mésentente qui risque de fracturer la Belgique se glisse jusque dans les détails triviaux de la volaille. Le Roumain nasillonne un drôle de « cucuriguuu », alors qu’en face, le voisin turc susurre ses « U-urru-U ».
Si l’on s’éloigne de nos parages en direction de l’est, on croisera d’abord le « coucarekou » des coqs russes avant de déboucher, au choix, sur le « kokekoko » des volatiles japonais ou sur l’extravagant « ake-e-ake-ake » des coqs thaïs. A-t-on idée ? Ou encore sur l’acceptable « kukuruyuk » qu’on entend dans la cour des fermes indonésiennes.
Mais pour clore cette petite revue linguistique des onomatopées gallinaciformes, j’ai gardé l’abracadabrant, le considérable, le déraisonnable chant du coq irlandais. Je le donne comme je l’ai trouvé : à la lettre près. Il consiste en la prononciation distincte d’un impossible : « Mac na hoighe slan ». C’est à n’y pas croire. J’attends qu’on me détrompe. On ne me fera pas croire que des coqs qui poussent à tue-tête des « Mac na hoighe slan » puissent être considérés comme européens.
Voilà ce que je dis, moi.
NB : après avoir un peu fureté sur internet, je constate qu'il s'avère qu'on ne peut faire confiance à personne, et que les transcriptions qu'on y trouve prennent systématiquement (en dehors de quelques classiques aussi constants qu'incontestables et irréfutables) la couleur, la résonance et la consistance de l'imagination de celui qui s'exprime.
J'en conclus, hélas, que nous en sommes réduits, pour cerner avec un minimum d'espoir d'exactitude le chant du coq, à des conjectures aussi incertaines que celles que font les logiciens qui cherchent, dans la rigueur logique des enchaînements de propositions, des preuves de l'existence de Dieu. JESUS ne dit-il pas : « Je te le dis en vérité : cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté, trois fois tu me renieras » ? Alors si JESUS lui-même en personne le dit ...
09:30 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, alexandre vialatte, humour, littérature, coq, zoologie, basse-cour, cocorico, campagne, poule, chant du coq, chant, musique, langues, florence foster jenkins, serge gainsbourg, chanson, comic strip, bande dessinée, blake et mortimer, edgard pierre jacobs, ep jacobs, jean graton, michel vaillant
samedi, 13 octobre 2012
NID DE GUÊPES
Pensée du jour : « Les personnes qui désirent n'avoir aucun renseignement sur tel ou tel sujet n'offrant pour elles aucun intérêt, peuvent continuer à ne rien nous demander, soit par lettre, soit par téléphone ».
ANDRÉ ISAAC, dit PIERRE DAC
Avant de poursuivre mon modeste propos sur un insecte incommodant, je tiens à dire que, parmi les films nuls qu'il m'a hélas été donné de voir dans ma vie, celui qui porte le titre Nid de guêpes, d'un certain FLORENT-EMILIO SIRI (2002), arrive dans les tout premiers. On y voit, en particulier, des centaines de bandits albanais (si !!! à croire que l'Albanie envahit la France !!!), surgis de nulle part et munis de lunettes de vision nocturne, attaquer un improbable entrepôt de la banlieue de Strasbourg, où un improbable parrain de la mafia albanaise est prisonnier d'improbables flics. L'improbable SAMY NACERI meurt à la fin, heureusement.
La guêpe est donc une personne désagréable. Son regard est aussi noir que les mèches de la chevelure qu’elle laisse tomber transversalement sur son dos, alternativement noir soutenu et blond canari, coiffure qui l’oblige tous les matins à une longue station devant son miroir. Mais, malgré un certain nombre de tares (dont nous reparlerons peut-être), l’observateur impartial est obligé de lui reconnaître quelques mérites, et cela dans des domaines divers.
Reconnaissons tout d’abord que c’est un animal fascinant. Y compris, la chose gagne à être connue, au sein du règne animal. Beaucoup de syrphes ressemblent en effet à des guêpes, sans doute pour se donner des airs. Pour pouvoir, le soir, le coude sur le zinc, en buvant le pastaga, se vanter de foutre la trouille à tout le monde. Mais c'est rien que du faux : ils n'ont ni dard, ni tarière. Prenez, tiens, au hasard, parasyrphus lineola, episyrphus balteatus, dasysyrphus venustus ou meliscaeva cinctella, je mets quiconque au défi de s’y reconnaître au premier coup d’œil. On dirait des vraies. Mensonge : on ne risque rien.
PARASYRPHUS LINEOLA
Car les syrphes ne sont pas des hyménoptères, mais des diptères, autant dire des mouches. Or, de même que les mousses tiquent, on sait que seules quelques mouches piquent, tel le taon, qui n’aime pas seulement les peaux mouillées quand on sort d'une piscine voisine d'un pré où paissent des vaches.
EPISYRPHUS BALTEATUS
Je ne veux pas ici la ramener et faire mon intéressant, mais l’hyménoptère, de deux choses l’une, est « porte-aiguillon » ou « térébrant ». Ce que ne saurait être la mouche, qui ne possède qu’une trompe, éventuellement aiguë, qui lui permet alors de vider un autre insecte de sa substance, voire de sucer le sang d’un vertébré.
A ce propos, pour qui connaît un peu la vraie vie de la campagne, c’est un spectacle instructif et pitoyable de voir tout d’un coup Blanchette, parmi les vaches qu’on est en train de surveiller, qui part en courant, furieuse, la queue crispée en l'air, parce qu’un taon s’est glissé dans ses parties tendres, et qu’il en profite honteusement et goulûment. C’est ce qu’on appelle, au sens propre, « prendre la mouche ». Je n'invente rien, évidemment. Mon expérience, comme on le voit, n’est pas seulement – ni même essentiellement – militaire (voir note précédente).
Revenons aux hyménoptères « porte-aiguillon » en général, et à la guêpe en particulier. Aux yeux de l’humain, le jaune et le noir qui alternent, quand ça se passe sur le dos d’un insecte volant, ça veut dire la guêpe, au moins dans l’esprit de celui qui risque de la subir. Bien à tort, pour qui a un peu d'oreille : comment peut-on confondre, je vous le demande, la noble tuyère de la guêpe avec le vulgaire pot d'échappement d'une simple mouche ?
Mais qui est vraiment à l’écoute des insectes, de nos jours, quand il est en train de savourer sa tartine à la confiture de mûre ? Déjà que, accroché au « tonal binaire amplifié boumboum » qui lui parvient de son cerveau désormais électronique MP3, qu’il porte à la ceinture, le piéton ordinaire a du mal à s’écouter lui-même …
Ajoutons que le vol des syrphes n’a pas grand-chose à voir avec celui des guêpes, avec cette aptitude quasi-gyroscopique de maintenir le corps orienté vers La Mecque, alors que les vespidés ne craignent pas l’acrobatie et n'hésitent pas à orienter leurs cinq prières quotidiennes vers les quatre points cardinaux.
Un insecte fascinant, donc, disais-je. Rien que pour construire ses maisons, l’homme lui-même pourrait en prendre de la graine. Les parois extérieures ? Essayez de produire, au moyen de vos mandibules, une espèce de carton rêche : je voudrais vous y voir. Vous en avez rêvé ? La guêpe l’a fait. Une sorte de papier fort de couleur grise, qui se présente en bandelettes qui s’enroulent autour d’un centre. Voilà, vous avez le mur extérieur.
1 - QUELQUES-UNES SE DEMANDENT CE QUI S'EST PASSÉ
Le centre, parlons-en : une galette d'à peine vingt centimètres de diamètre, bombée au milieu, aplatie sur les bords, un peu comme le disque à lancer. Sauf que là, l’épaisseur est occupée par des alvéoles hexagonales (comme chez leurs cousines abeilles), où sont engraissées les générations futures. Il peut y avoir plusieurs étages. Ici on en voit trois.
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Fascinant j’ai dit, fascinant je maintiens : chez la guêpe, on fait tout, le matériau de construction, l’architecture, l’urbanisme. Un insecte qui maîtrise et contrôle, pour ainsi dire, toute la chaîne verticale de production, y compris la finition. Impeccable, évidemment. Jamais une réclamation.
Le problème de la guêpe, avec son génie de la construction, c’est qu’elle est parfois saisie de la folie des grandeurs. Je vous explique. Elle suspend, en règle générale, le nid collectif à une sommité inaccessible au commun des mortels, mettons qu'il est accroché au toit du hangar de la « cour des osiers ». Aussi longtemps qu’elle n’est pas saisie par l’ « ubris » (la démesure, que redoutaient les anciens Grecs, ça a bien changé), la maison suspendue résiste à tout.
3 - ON VOIT LE TRACTEUR, LES OSIERS, LA FONTAINE. L'ESSENTIEL, QUOI.
Mais il arrive (défaut dans les moyens d’accrochage ? trop d’étages ?) que tout lâche, et que le nid se retrouve par terre, dans la poussière. Alors là, on peut le dire, c’est panique à bord. Il y a de la guêpe affolée partout, dans tous les sens, on ne sait pas sur qui ça va tomber. Et je peux vous dire qu'on n’hésite pas longtemps.
4 - IL Y A BIEN TROIS ETAGES
On va chercher un peu de mazout, on revient, on verse, on met le feu. Pas besoin d’appeler les pompiers. On s’occupe de tout. La sécurité avant tout, aurait dit SARKOZY en pareille situation. Il a sûrement prononcé cette phrase, n'en doutons pas : il a tout dit et tout fait. C'est pas une preuve ?
L’incendie n’est guère spectaculaire : c’est le résultat qui compte. Tout le monde contemple avidement la scène, soulagé. On a sûrement échappé à quelque chose de terrible. L’homme n’a pas seulement des idées. Quand il s’agit de détruire, il a les moyens de les mettre en œuvre. Avions-nous le choix ? Non : c’était les guêpes ou nous. Nous avons choisi. Je ne regrette rien. C’est une grande leçon de survie en milieu hostile.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre dac, humour, littérature, nid de guêpe, samy naceri, zoologie, entomologie