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jeudi, 17 décembre 2015

LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS 12/9

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LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS : 

ESSAI DE RECONSTITUTION D’UN ITINÉRAIRE PERSONNEL

(récapitulation songeuse et un peu raisonnée) 

POST-SCRIPTUM 

Combien de « Justes » à Sodome ? 

3 

BRITTEN 3.jpgJe garde Benjamin Britten pour son ample et magnifique WarBRITTEN 1 BENJAMIN.jpg requiem, à cause des poèmes que Wilfred Owen avait écrit dans les tranchées de 14-18, avant de mourir le 4 novembre 1918 (est-il permis de mourir le 4 novembre 1918 ?). Mais je garde aussi son Quatuor opus 4 (Simple Symphony), à cause de la splendide « Sentimental Saraband ». 

ZIMMERMANN 1 BERND ALOÏS.jpgLe War Requiem de Britten appelle aussitôt le très beau RequiemPENDERECKI 5.jpg für einen jungen Dichter, de Bernd Alois Zimmermann, ce suicidé de 1970 qui a composé de la musique sévère, parfois brutale et angoissée, mais d’une exigence formelle impeccable. Et qui touche, par sa force et sa sincérité. Toujours dans ce qui prend à la gorge, j’aime faire un tour du côté de Krzysztof Penderecki et de son Thrène pour les victimes d’Hiroshima. 

SCHÖNBERG 4.jpgD’Arnold Schönberg, dont j'ai eu raison de dire beaucoup de mal, je sauve malgré tout La Nuit transfigurée, mais dans la version originale pour sextuor à cordes proposée par leGLASS.jpg quatuor Talich (augmenté). Il faut dire que c’est son opus 4 : il n’avait pas encore eu sa crise de démence atonale. Et dans la foulée, je récupère le Quatuor n°4, REICH 5.jpgintitulé « Buczak », de Philip Glass, par le Kronos Quartet : aussi bizarre que ça puisse paraître, les arpèges et l’impression de répétition ont une superbe tenue de route. Ajoutez-y, dans le même mouvement et toujours par le Kronos, le Quatuor Different trains de Steve Reich. 

BRYARS GAVIN JESUS.jpgDe Gavin Bryars, si vous perdez patience à l’écoute de Jesus bloodBRYARS 1 GAVIN TITANIC.jpg never failed me yet (74’45"), avec la voix d’un authentique « tramp », et Tom Waits à la fin, rabattez-vous sur The Sinking of the Titanic, superbe et presque religieuse évocation du naufrage, que vous pourriez vous croire accompagner dans sa descente aux enfers. Ensuite, le petit Te Deum d’Arvo Pärt, pour se détendre : si ça ne casse pas trois pattes à un canard, ça ne fait pas de mal, c’est du contemporain consensuel. 

KURTAG 2.jpgPlus nerveux, plus viril pourraient dire certains, est Játékok de György Kurtág, que je retiens, entre autres, à cause de quelques transcriptions de Jean-Sébastien Bach, qui sonnent comme des hommages ou comme le paiement d’une dette. Kurtág est un homme à respecter. 

RAVIER 1 CHARLES.jpgJe voudrais clore ce palmarès personnel par quelques compositeurs français d’aujourd’hui qui ont marqué mon oreille au cours du temps. Charles Ravier a écrit une curieuse et passionnante Liturgie pour un Dieu mort, alias « formulaire pour une déambulation processionnelle de sons d’après des thèmes poétiques de Jean-Pierre Colas. Langage imaginaire de la cantillation réalisé et adapté par Sylvie Artel ». 

REBOTIER 1 JACQUES.jpgJacques Rebotier a écrit quant à lui un Requiem de haute qualité, qui se distingue par le texte très étonnant et très beau de Valère Novarina, une « Secrète » que le compositeur a insérée dans le Benedictus : « Entre un homme apportant son cadavre. (…) Cadavre de moi ici présent en pensée, te voici face à Dieu, je te dis : je suis un homme qui vient apporter sa mort et son cadavre au Dieu vivant … ». Le mécréant que je suis reste ému et fasciné (vieille nostalgie ?) par la croyance des croyants, ainsi que par la force des formes esthétiques qu’elle est capable de produire quand elle est profonde et authentique. 

HERSANT 1 PHILIPPE.jpgPhilippe Hersant, entre autres œuvres (sa production est variée), a composé le remarquable Lebenslauf (« Six mélodies sur des poèmes de Hölderlin »), fait pour la voix de Sharon Cooper, accompagnée par l’ensemble Alternance d’Arturo Tamayo. 

Je manifesterai encore quelques tendresses pour les « Dix-huitFENELON 1 PHILIPPE.jpg madrigaux (1995-96) » de Philippe Fénelon, d’après les Elégies de Duino, de René-Maria Rilke. L’ensemble Les Jeunes solistes, dirigé par Rachid Safir (un ancien de A Sei voci, de l'énorme, du proéminent, du regretté Bernard Fabre-Garrus) fait merveille. Des PECOU 2.jpgmêmes interprètes, j’en profite pour mentionner le drôle de disque « L’Homme armé », placé sous la double égide « Dufay / Pécou », qui développe une impeccable « Messe "L’Homme armé" » de Guillaume Dufay, mais farcie de pertinentes "Interventions" de Thierry Pécou, et suivie d’une assez belle œuvre (L’Homme armé) de Thierry Pécou tout seul. 

Et puis je conclurai, mais en avouant l’incomplétude forcée de ce palmarès qui,POUSSEUR 1 HENRI.jpg sinon, aurait paru fastidieux à tout le monde, par le choix de deux œuvres contemporaines qui m’ont fait faire halte dans leur oasis. Je veux parler de Dichterliebesreigentraum, de Henri Pousseur, malgré le métal parfois cinglant de la voix de Marianne Pousseur. 

DUFOUR 2.jpgJe veux aussi parler de l’étonnante œuvre électro-acoustique de Denis Dufour : Notre Besoin de consolation est impossible à rassasier. Le texte, bref mais saisissant, est celui que l’écrivain Stig Dagerman a écrit peu de temps avant de rendre, très volontairement, son âme à l’univers (comme le bon roi Dagobert de la chanson de Charles Trenet). Je suis toujours incapable d’évaluer la validité des sons que l’auteur a posés sur ce texte magistral, mais je salue la dignité de la démarche de ce compositeur qui marche (du moins "marchait", quand je l'ai croisé) toujours pieds nus, dit-il, pour rester en toute circonstance en contact direct avec la VIBRATION DU MONDE. 

Voilà, pour ce qui est de la musique au 20ème siècle, quelques-uns parmi les « Justes » qui me semblent ne pas avoir cédé à la frénésie de l'innovation formelle à tout prix ; ne pas avoir tenté de détruire l'esthétique musicale par l'exploration dadaïste de ses contextes potentiels ; ne pas s'être contentés d'expérimenter tous les possibles offerts par l'évolution (je ne dis pas le "progrès") technologique du monde, juste pour voir quel "objet sonore" ça donne ; et ne jamais avoir oublié que ce n'est pas à l'oreille de s'adapter aux moindres caprices d'alchimistes des compositeurs, mais que c'est à la musique d'aller chercher l'oreille pour lui proposer l'écho de l'univers (quelle que soit cette entité) que l'artiste a pressenti au-dessus de lui et qu'il se donne pour tâche de transmettre. Je reste sur cette conviction : la personne du compositeur de la musique s’adresse-t-elle (ou non) à la personne de l’auditeur qui reçoit celle-ci, pour lui dire quelque chose dont il croit sincèrement que ça devrait l'intéresser ? 

C’est, définitivement, pour moi, la « Ligne de Partage des Eaux ».

Voilà ce que je dis, moi.

Note : les deux billets qui précèdent font assez « Tableau d'Honneur » pour me dissuader d'en faire autant pour les arts visuels. Pour ce qui est des peintres contemporains qui, à mes yeux, méritent de figurer parmi les « Justes », c'est-à-dire qui n'ont pas renoncé à la tâche de se colleter avec la pâte de couleur (je rappelle que le calamiteux Andy Warhol disait lui-même qu'il trouvait ça "trop difficile", d'où la dérive de la pratique de l'art du peintre en direction du concept, de l'idée, de l'abstraction, de l'intellect et, pour finir, de la marchandise et de toute la veulerie que ça implique), le lecteur peut consulter les billets que j'ai consacrés à quelques-uns entre fin mars et début avril 2014. Et puis ici ou là.

samedi, 22 octobre 2011

MUSIQUE, POESIE ET SALMIGONDIS

Chapitre avec quelques interrogations et plusieurs avis tranchés (ou : « Quelques modestes considérations sur la vie des arts dans le deuxième 20ème siècle »). Où je règle des comptes avec certains goûts que j’ai cru avoir et des engouements adventices que j’ai crus principaux, dans la musique contemporaine, dans la poésie contemporaine, dans l’art contemporain (non : là, il faut dire « arts plastiques »).

 

 

J’ai donc dit tout le mal que je pensais de certaines façons de faire de la musique aujourd’hui (et de la musique d’aujourd’hui, en plus). Cela ne m’a pas empêché de garder quelques dilections, voire prédilections, comme les « répétitifs » américains (PHILIP GLASS,  TERRY RILEY, STEVE REICH), quelques compositeurs français d’une génération plus jeune (GERARD GRISEY, OLIVIER GREIF, tous deux de ma génération, tous deux décédés, en 1998 et 2000).

 

 

Ce qui me frappe, c’est que, plus souvent que vers des auteurs, je me tourne vers des œuvres particulières, volontiers atypiques. Par exemple, connaît-on le Requiem de JACQUES REBOTIER, pièce augmentée d’un texte de VALÈRE NOVARINA intitulé « Secrète », et dit par un enfant ? Le tout est formidable. Puisque j’en suis au religieux, je citerai le poignant Requiem for a young poet, de BERND ALOIS ZIMMERMANN, le plus ancien, mais grandiose War requiem, de BENJAMIN BRITTEN, la Messe un jour ordinaire de BERNARD CAVANNA, la Liturgie pour un Dieu mort, de CHARLES RAVIER. Je n’en finirais pas, finalement, je m’en rends compte.

 

 

Donc, ceux qui suivent ce blog ont compris, après une demi-douzaine d’articles consacrés au sujet, que j’ai été un « adepte », un  cinglé de musique contemporaine, jusqu’au déraisonnable et jusqu’à l’absurde. Je ne le suis plus. Ce fanatisme m’a passé (mais avouez qu’il y a des fanatismes plus meurtriers). J’ai indiqué quelques-uns de ces engouements. J’en indiquerai quelques autres à l’occasion.

 

 

Si j’en suis revenu, c’est sûrement pour des raisons. Cette remarque me semble frappée au coin du bon sens, non ? La première qui me vient est la suivante : je me dis que j’aimais la musique contemporaine moins parce qu’elle était belle, que parce qu’elle était contemporaine. J’aimais ce qui se passait dans le présent parce que c’était mon présent. De la même manière, j’étais à l’affût de tout ce qui se présentait comme actuel devant moi, parce que ce qui était de mon temps, c’était un peu moi, j’imagine.

 

 

AU SUJET DE LA POESIE

 

 

Il en fut ainsi pour la poésie. J’exerçais quelque responsabilité dans le  comité de lecture d’une revue, cela m’offrait à lire toutes sortes de poèmes (et de « pauhèmes ! » aussi, il faut bien le dire) que des gens infiniment divers mettaient en forme sur des feuilles de papier blanc. Incroyable ce que ce genre d’activité donne l’impression de vivre dans l’ « actuel » (du nom d’une belle revue qui a marqué les années 1970). Ce qui est plaisant, c’est sans doute la vive impression d’être partie prenante dans un mouvement réel, dans un temps jalonné de vrais événements, et – pourquoi pas ? – dans un moment de l’histoire (une toute petite).

 

 

La revue dont je parle n’était pas tirée à des milliers d’exemplaires. La diffusion et les ambitions restaient modestes. Nous avons tout de même publié des poètes assez « renommés », tels GUILLEVIC, TAHAR BEN JELLOUN (mais lui s’est orienté ensuite vers le récit), MARCEL BEALU (celui de la librairie « Le Pont traversé », en lisière des jardins du Luxembourg), et même LEOPOLD SEDAR SENGHOR.

 

 

Oui, j’ai même mangé à  sa table, c’était chez BOURILLOT, quand il était place des Célestins, où j’ai entendu monsieur ANDRÉ MURE, alors adjoint à la Culture de l’autre COLLOMB (FRANCISQUE), parler de la culture des haricots au Sénégal avec l’ancien président du pays et académicien français. Nous avons publié d’autres poètes un peu plus confidentiels, mais d’une authenticité et d’une qualité le plus souvent irréprochables. Mais nous publiions aussi les copains.

 

 

Il faut quand même dire que certaines « productions » étaient difficiles à publier. De trois choses l’une : soit l’écriture était vraiment trop informe, soit elle était vraiment trop savante, soit ça consistait en élans lyriques mal maîtrisés (sur le plan de la forme). Et l’on rejoint le même problème que dans la musique : soit la tendance au larvaire, au retour aux éléments, à la matière, soit le grand prix de mathématiques en route vers l’inintelligible abstrait. Je schématise évidemment.

 

 

Mais que ce soit pour la musique ou pour la poésie, personne n’a l’air de se demander pourquoi les gens ordinaires ne vont plus spontanément vers les formes contemporaines d’expression. Les programmateurs de salles de concerts, pour avoir du monde, font des sandwiches du genre « une tranche de BERLIOZ, une tranche de GYÖRGY LIGETI, une tranche de BEETHOVEN », comme pour forcer les gens à se fourrer dans l’oreille des choses que, spontanément, ils fuiraient. Je le dis : ça a tout de l’autoritaire, du bourrage de crâne et du conditionnement.

 

 

La poésie expérimentale, c’est pire que la musique expérimentale, parce que l’adresse du laboratoire où elle se fabrique, où les amis se réunissent, est située dans une improbable rue Jules-Chausse, chez le bon PIERRE C., ou à la rigueur au bout d’une irréelle impasse de La Garde, chez le convivial JEAN P., voire dans une mystérieuse venelle de nos modernes centres urbains, et que pour trouver le labo, il faut au moins du volontarisme, voire de l’héroïsme. De toute façon, quand on ne sait pas où on va, ni la direction, ni la destination, c’est là que ça devient difficile.

 

 

Reste cette impression de « bouger », que PHILIPPE MURAY tourne en dérision en se moquant des slogans à la mode (« bouge ton quartier », bouge ta ville »). Ce n’est pas rien. C’est une voix très sonore qui se fait entendre. « Etre d’aujourd’hui », ça peut être un argument (« Mes œufs du jour, sortis ce matin du cul de la poule ! »).

 

 

Et ça peut même devenir une nécessité : après tout, on ne peut pas refaire sans cesse ce qui une fois a été fait. Répéter, redire, imiter, c’est plutôt mal vu de nos jours. Il faut, nous dit-on, « avancer ». Si on n’ « avance » pas, on recule, que dis-je : on régresse. Sifflet du policier : infraction à l’impératif de PROGRÈS, ça va vous coûter bon, mon gaillard. Qu’on se le dise, le monde étant lancé dans la guerre de tous les pays contre tous les pays qu’on appelle indécemment « compétition internationale », nul n’est censé échapper à la course, encore moins y faire obstacle.

 

 

Pour conclure sur la poésie, j’ai un peu honte de le dire, mais quand j’ouvre un des livres pour lesquels je me suis naguère décarcassé, je me demande le plus souvent ce qui m’a pris à l’époque. Et vous savez pourquoi ? J’ai l’impression aujourd’hui que la plupart de ces gens qui se croient obligés d’écrire des vers et de la poésie parce qu’ils se croient poètes, eh bien, ils se regardent écrire de la poésie, ils se regardent être poètes. Même s’ils sont sincères et de bonne foi, ils se regardent dans le miroir de l’idée qu’ils se font de la poésie. Cela donne beaucoup de mousse, de baudruche et de bulle de savon. Il fallait vraiment que j’aie le nez dans le guidon pour ne pas voir la réalité de ce paysage.

 

 

Ce qui est assez curieux (et drôle, si l’on veut bien) c’est d’observer la sécrétion de clichés auto-produits au sein de la (toute petite) communauté des amateurs de poésie. A quels ballets  n’assiste-t-on pas autour du mot « voix », du mot « souffle », et d’un certain nombre d’autres qui me sont sortis à présent de l’esprit ?

 

 

Y a-t-il seulement de ces poètes qui soient poussés par une vraie nécessité intérieure, quels que soient les discours dont ils enrobent leur démarche quand on les interroge ? Dans l’instant, j’en vois deux : l’un, roumain d’origine, est devenu un des plus grands poètes d’expression française. Il s’appelle GHERASIM LUCA. J’aime Paralipomènes, Héros-Limite, La Voici la voix silanxieuse. Et le reste. C’est un savant de langue qui se met à ma portée. Sa poésie est un vortex suave et mélodieux qui vous mène agréablement vers des gouffres insondables.

 

 

L’autre, qui fut d’ailleurs son ami, s’appelle PAUL CELAN, né à Czernovitz (Roumanie), dans une famille de langue allemande. Sa poésie à lui est beaucoup plus rêche, beaucoup plus directement âpre et caillouteuse. Le livre qui me l’a fait découvrir est le formidable La Rose de personne (Die niemandrose). Mais Grille de parole (Sprachgitter), Contrainte de lumière et Pavot et mémoire sont à lire. Sa poésie est un arbre à l’écorce couverte d’épines, une histoire lestée d’une tragédie lourde à porter et pour cela proche de l’indicible.

 

 

Je ne l’ai pas encore dit, mais ces deux amis étaient tous deux des juifs. Je n’y peux rien. Par-dessus le marché, ils ont tous deux décidé de leur propre mort, à vingt-quatre ans de distance. Et pour couronner le tout : ils se sont tous deux jetés dans la Seine. Cela ne veut évidemment pas dire que pour être poète en vérité, il faut se donner la mort. Cela veut au moins dire le terrible de l’enjeu des raisons pour lesquelles ils écrivirent.

 

 

En retenant seulement ces deux, je suis très sévère pour plusieurs autres qui ne méritent pas les foudres de Jupiter. Je pense à SERGE PEY, à FRANCK VENAILLE, etc. Combien de justes faut-il sauver dans Sodome ? Ce n’est pas moi le juge. Je me contente de faire mes petites observations, que je m’autorise du fait d’une certaine expérience dans le domaine.

 

 

Et parmi ces observations, plusieurs me conduisent à préférer une certaine manière de produire de la musique d’aujourd’hui, de la poésie d’aujourd’hui. Cette « manière », je ne vois pour la définir qu’une sorte de choix d’état moral. A quoi distingue-t-on, en musique ou en poésie, le truqueur de celui qui ne truque pas ?

 

 

A suivre, mais on fera de la « peinture », comme ils disent.