jeudi, 02 juillet 2015
CABU AVAIT TOUT COMPRIS
Je ne suis pourtant pas lecteur de cette revue (ci-dessus n° du 4 au 10 juin 2015), mais j'ai trouvé qu'en l'occurrence, cette couverture ne pouvait pas mieux tomber !
PARU DANS CHARLIE MENSUEL, EN SEPTEMBRE 1975.
Cabu avait tout prévu l'évolution policière de notre société.
C'est vrai, ça : il n'est plus permis de se moquer de personne.
Catherine a la santé. C'est le gaucho, ici, qui est malade.
Et facho.
Et c'est le barbu gauchiste de Cabu qui a fait le lit de notre société policière.
Je ne vois pas, ici, de désaccord entre Cabu et Michel Houellebecq, même s'ils ne s'aimaient pas beaucoup. Drôle de retournement, non ?
Quand Cabu écrivait, en 1975, "on ne doit pas se moquer de ...", il ne savait pas qu'il écrivait notre histoire, aujourd'hui quotidienne et muselée.
C'était déjà ça, la gauche. Aujourd'hui, on sait : c'est eux qui l'ont, le pouvoir.
"Cause toujours", ou "Ferme ta gueule", finalement, ça revient au même.
A signaler le régime liberticide qui est en train de s'installer en Espagne.
La vertu est au bout du fusil.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charlie mensuel, charlie hebdo, cabu, humoure, satire, débiles, handicapés, pédés, homosexuels, mlf, féministes, valeurs actuelles, bande dessinée, michel houellebecq, ferme ta gueule cause toujours
dimanche, 18 janvier 2015
POUR REISER, HOMME LIBRE
CABU, WOLINSKI, REISER ET LES AUTRES (2)
REISER, LE DROIT DE SE MOQUER DE TOUT
11 novembre 1976
Je crains que les mots « liberté d’expression » ou « laïcité » soient devenus de simples déguisements dans la bouche de ces hauts-parleurs médiatiques que sont les responsables politiques, en tête desquels on trouve deux présidents de la République, l’ancien et le nouveau-eau-eau : Nicolas Sarkozy et François Hollande.
27 janvier 1975
J’avoue que voir Balladur défiler pour Cabu à Paris le 11 janvier m’a fait un effet pathétique. Vraiment, le monsieur est d’une magnanimité, d’une générosité à couper le souffle. Effacer, pardonner ainsi les centaines de dessins où Cabu l’a croqué en Louis XV perruqué, au port de tête majestueux, à l’attitude toute de raideur et de dédain, voituré dans sa chaise à porteur par des larbins endimanchés. Votre Majesté est trop bonne, vraiment !
1976
C’est que, pour Charlie Hebdo, la pratique de la liberté d’expression reposait sur un socle unique : le droit de se moquer de tout et de tous. D’égratigner l’image de tous ceux qui se prennent au sérieux. Ou qui se sont rendus odieux. Pour ça, je crois que Reiser reste encore sans égal. Le plus féroce, c’était lui.
1974
Ce qui ne veut pas dire que Cabu hésitait à forcer le trait et à y aller de sa vacherie. Il avait un sens aigu de la dérision. Mais sa méchanceté ne franchissait jamais une ligne invisible. J’appellerais ça, volontiers, une forme de pudeur.
1975
Reiser, lui, fonçait. Pas de ligne invisible. Il dessinait des bites, des chattes, des trous du cul, au repos, en action, dans toutes sortes de positions. Des féministes ridicules, des hippies grotesques, des homosexuels, des musulmans, tout y passait. Là où Cabu semblait retenir son trait, reculait devant ce que tout le monde appelle la « vulgarité », Reiser lâchait la bride à sa monture. Il la laissait, comme on dit, « s’emballer », avec délectation. Reiser se permettait de se moquer de tout. Non sans une certaine tendresse parfois, mais se moquer. Et se moquer vraiment de tout.
1974
Maintenant, qu’est-ce qui différencie les deux compères de la génération suivante de Charlie, les Charb, Luz, Riss ? Du Charlie de Philippe Val, vous savez, l’arriviste qui, ayant goûté au pouvoir, s’est dit que oui, somme toute, le néo-ultra-libéralisme n’avait décidément pas que des mauvais côtés ?
1974
Et pourquoi ai-je un jour cessé d’acheter Charlie Hebdo ? Il me semble que c’est parce que les grands anciens (Gébé, Reiser, Cabu, Wolinski, Cavanna, Delfeil de Ton et même Siné), ne se contentaient pas de mordre et de s’opposer. Ils avaient, comment dire, le « trait existentiel ». Ils portaient une idée, celle de la société dans laquelle ils auraient aimé vivre.
La « pensée » de leurs dessins émanait d’une analyse et d’un regard sur le monde qui avaient une profondeur. Ils véhiculaient une utopie, si vous voulez (« stop-crève » pour ceux qui se rappellent Cavanna, pour Reiser l’énergie solaire dans une société plus ou moins libertaire, l'an 01 pour Gébé, etc.). Je me demande si ce n’est pas ça précisément qui manquait au dernier Charlie Hebdo : le souffle et la profondeur d'une pensée véritable. Et l’équipe, même avec Bernard Maris, en restait un peu trop au constat. Et puis franchement, je ne peux m’empêcher de trouver les dessins d’une assez grande médiocrité. Je suis désolé d’oser le dire : Reiser et Cabu, eux, ils avaient du style.
1974
Que voulez-vous, je n’aime certes pas le Front National, mais dessiner sur la double page centrale un étron gigantesque censé représenter Marine Le Pen, je trouve que c’est une analyse pour le moins sommaire, schématique, rudimentaire. C'est finalement très bête. Aussi bête qu'une justice expéditive. On n’évacue pas un problème réel et complexe simplement en tirant la chasse d’eau. Virtuelle, la chasse d'eau, évidemment.
Pareil avec l’Islam. Au fait, j’ai un aveu à faire : je ne comprends pas la couverture du n°1178, vous savez, le dernier, celui à propos duquel on trouve partout des affichettes portant « Désolé, plus de Charlie ». Je ne comprends pas que tout le monde brandisse comme un trophée un dessin d’une aussi terrible ambiguïté. « Tout est pardonné », je veux bien, mais qui pardonne ? A qui ? Et le barbu enturbanné qui y va d’une petite larme, qui est-ce ? Mahomet, vraiment ? Bon, on va me dire que je cherche la petite bête.
Reiser, lui, avait la grossièreté subtile et percutante. Pourquoi a-t-il eu cette idée idiote de mourir de maladie ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabu, wolinski, reiser, charlie hebdo, liberté d'expression, laïcité, nicolas sarkozy, françois hollande, président de la république, palais de l'élysée, pédés, balladur, caricature, humour, dessin satirique, dessin de presse, racisme, sale nègre, prix nobel de la paix, religion, catholicisme, charb, luz, riss, philippe val, cavanna, gébé, delfeil de ton, siné, marine le pen, front national, féminisme, avortement, contraception, islam, mahomet, stop-crève