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jeudi, 12 avril 2018

CONTRE LA VÉRITÉ, LA CONTROVERSE

5 novembre 2011

 

Ou : « Comment fausser un débat scientifique ». 

 

Petit 1 – On sait désormais, depuis qu’a éclaté l’affaire Servier, que l’industrie pharmaceutique dans son ensemble prétend œuvrer au bénéfice de la santé des populations, alors que le premier bénéfice visé est d’ordre actionnarial : ce n’est pas l’efficacité sanitaire qu’on cherche, mais la rentabilité, le rendement par action, la profitabilité, les bénéfices, bref, les picaillons, la fraîche, le flouze, le pèze, la brocaille, et tout ce qui est convertible en or. 

 

Remarquez, on le savait déjà depuis, par exemple, le travail de Philippe Pignarre (Le Grand secret de l’industrie pharmaceutique). On sait d’ailleurs que cette industrie est de plus en plus incapable de découvrir ou d’inventer de nouvelles molécules efficaces, comme si, pendant que le rendement des investissements en Recherche et Développement tend vers zéro, les profits, eux, tendaient vers l’infini. 

 

Le Monde diplomatique, dans un numéro déjà ancien, avait publié un article génialement intitulé : "Pour vendre des médicaments, inventons des maladies". La logique de l'industrie pharmaceutique est prioritairement la logique de l'actionnaire. C'en est au point que la production de certains médicaments ou "génériques" dégage des marges tellement faibles qu'elle est purement et simplement abandonnée.

 

Petit 2 – On sait maintenant, au sujet d’entreprises comme Monsanto,  Syngenta (Novartis), Pioneer Hi-Bred, Bayer CropScience, que les industries biotechnologiques, qui prétendent avoir pour objectif la suffisance alimentaire de l’humanité en 2050, visent essentiellement à s’assurer ad vitam aeternam une rente viagère monstrueuse, une fois qu’elles auront breveté toutes les semences génétiquement modifiées par leurs soins, autrement dit une fois qu’elles se seront approprié tout le vivant. 

 

Quelle que soit la validité des études scientifiques qui promeuvent ce genre de semences, validité dont il est légitime a priori de douter, la principale objection à faire à l’usage généralisé des O.G.M. est d’ordre économique et moral et en bout de course, politique. Qui oserait s’arroger le droit de privatiser toute la nature, tout le vivant et, pourquoi pas tant qu’on y est, toute l’humanité ? 

 

Que ceux qui contestent une telle assertion regardent ce qui se passe à Bruxelles et mettent le nez dans la façon dont les réglementations européennes sur les semences se mettent en place (voyez pour cela ma note du 11 juin). 

 

3 – On sait enfin (« Attendez-vous à savoir », disait la renommée Geneviève Tabouis) qu’il en sera de même très bientôt pour l’industrie chimique, à cause du Bisphénol A. Monsieur André Cicolella, de Réseau Environnement Santé, a beaucoup contribué à faire connaître le Bisphénol A. 

 

J’ai évoqué ici même le 4 octobre le cas du Bisphénol A, pour faire écho à la remise en question de la certitude héritée de Galien, l’ancêtre de la pharmacie, qui a légué à tous ses successeurs le dogme suivant : « La dose fait le poison », encore largement en vigueur dans les « milieux autorisés ». 

 

C’est sur la base de ce dogme que toutes les autorités sanitaires, depuis qu’elles existent, ont défini ce qu’on appelle un « seuil », ou « D.J.A. » (Dose Journalière Admise), au-delà duquel la santé humaine risquerait d’être affectée par un produit déterminé. Il semble qu'on s'achemine de plus en plus vers une formule plus proche de la vérité, du genre : « le poison fait le poison », quelle que soit la dose.

 

4 - Je ne cite que pour mémoire le négationnisme des industriels du tabac luttant par tous les moyens pour qu'aucune législation ne vienne limiter ou entraver leur commerce fructueux. Avec l'amiante, on a encore un autre exemple des efforts des industriels pour influer de tout leur poids sur les décisions politiques dans un sens favorable à leur activité.

 

Bilan d'étape, sans rire :

 

Ces trois branches industrielles, qui veulent continuer à prospérer financièrement, font tout pour empêcher que soient rendues publiques les nuisances éventuelles des innovations qu’elles vendent au prix fort. Elles redoutent que se fasse jour dans l’opinion publique, puis, plus gravement, chez les décideurs, la méfiance sur l’innocuité de ce qu’elles présentent comme des progrès indéniables. S’agissant de ces industries, ne serait-on pas fondé à parler d’organisations criminelles (qui mettent en circulation, sciemment et impunément, des poisons) ? 

 

Elles ont donc adopté systématiquement une unique stratégie pour peser de tout leur poids sur la puissance publique et retarder la fermeture du robinet à fric. Cette stratégie porte un nom. 

LA CONTROVERSE.

 

La trouvaille est géniale. Rien de plus démocratique et rationnel en apparence que l’arme de la controverse. Rien de plus malhonnête et pervers que cette arme entre les mains des avocats de ces industries. Car il faut distinguer le scientifique, en gros, un ahuri qui regarde surtout dans son microscope et dans son tube à essai, et le décideur (administratif ou politique), qui occupe une position comparable à celle d’un verrou : c’est lui qui a le pouvoir d’ouvrir ou de fermer le verrou. 

 

Le scientifique n’avance rien dont il ne soit sûr. Ça tombe bien, le décideur ne décide (dans la théorie bleu ciel, on suppose qu’il est honnête) qu’en toute certitude. Un seul cas est susceptible de retenir sa main d’agir sur le verrou. Vous avez deviné : c’est la controverse. Car si l’industriel réussit à planter dans le paysage de la certitude scientifique quelque chose qui ressemble à un doute crédible, la main du décideur, qui allait fermer le verrou sur le Bisphénol A, s’arrête en pleine action. Le décideur attendra la fin de la controverse. Dans dix ans ou plus. 

 

Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans la subtilité des raisonnements scientifiques et des arguments répliqués par les industriels. Je ne tiens pas à vous chasser par l’ennui chers lecteurs (on m’a dit de flatter pour attirer du monde). Pour rester le plus clair possible, et pour résumer l’excellent et complet article de Stéphane Foucart, dans Le Monde daté du 29, qui prend le temps, lui, d’entrer dans les détails, je me contenterai de schématiser les deux logiques qui s’affrontent. 

 

A ma gauche, sur le ring, les scientifiques [oui, c'est un ring particulièrement vaste], qui conduisent des recherches, obtiennent des résultats, publient ces résultats dans des revues. Bref, qui travaillent. Au fil du temps et des avancées, se forme ce qu’il faut appeler un consensus au sein de la communauté scientifique. 

 

C’est le cas à propos du Bisphénol A : tous les connaisseurs sont d’accord pour admettre que cette molécule a des effets inquiétants. Cela s’appelle le « consensus de Chapel Hill » (2006). Les quarante spécialistes en question affirment qu’ils ont établi quelques certitudes, c’est tout. 

 

A ma droite, sur le même ring, les belliqueux, je veux dire les industriels, ainsi que leur produit, le Bisphénol A, qui entre dans la composition d’objets largement commercialisés, donc qui génère des profits non négligeables. 

 

Pour eux, il est nécessaire de continuer à vendre ce produit pour que l’argent continue à entrer dans la caisse. Il est même nécessaire de continuer à tout prix, fût-ce celui de la santé des foules, à cause de tous les industriels qui ont besoin du Bisphénol A dans les marchandises qu'ils fabriquent. 

 

Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer sur le pré, en champ clos, les armes à la main. Il est donc logique que ces logiques entrent en guerre. En réalité, seuls les industriels veulent la guerre. La guerre n'intéresse pas les scientifiques : ils veulent juste établir un  savoir. Les industriels ne veulent pas savoir, mais accroître leurs avoirs. 

 

Et le moyen principal qu’ils ont trouvé, dans toutes leurs guerres contre la science et pour le profit, c’est d’introduire, pour anéantir le consensus scientifique, l’idée de controverse. La controverse, c’est l’idée magistrale ! Elle tient de l’art de la guerre chez les Chinois. Et c’est très efficace. 

 

Médiator, Mon 810, Bisphénol A, trois produits, une seule stratégie : la controverse. Notons en passant que c’est aussi la stratégie adoptée par les climatosceptiques qui ont jeté le discrédit sur les travaux du G. I. E. C. (réchauffement climatique). Mais il y avait aussi une sombre histoire, soi-disant, de "complot". 

 

Il n’y a pas de meilleure stratégie : si vous affirmez à grands coups de publicité que les scientifiques sont des cons, personne ne vous suivra. Autant vaudrait être la « vox clamans in deserto » (ouf, j'ai réussi à la placer, celle-là). Il faut être un peu plus subtil, et dépenser l’argent autrement.

 

Recette pour créer de la controverse :

 

Faites pratiquer en laboratoire indépendant des contre-analyses assez crédibles pour être prises au sérieux, et vous jouez sur du velours. Dans le cas du Bisphénol A, dit Stéphane Foucart, les contre-analyses « répondent à des critères très précis, dits "de bonne pratique de laboratoire" », dont le protocole, fixé dans les années 1950, est aujourd’hui complètement obsolète. Comme par hasard, c’est ce protocole qui sert de point de repère officiel au décideur. Mais allez faire saisir ces subtilités retorses aux téléspectateurs ! 

 

Mais comme le décideur n’a que ce point de repère, vous avez gagné une bonne grosse controverse, qui vous les fait gagner, vos dix ans de délai. Qu’au passage et en plus, il ait fallu distribuer des mensonges, des prébendes, des postes confortables (ça s’appelle « corruption »), si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal. Et c'est moins voyant. 

 

La controverse est donc le nec plus ultra de la stratégie négationniste des industriels pour jeter le trouble dans les esprits, en particulier ceux des décideurs. Rien de mieux pour empêcher qu’une quelconque décision soit prise à l’encontre des intérêts des industriels. Rien de mieux pour paralyser un centre de décision. Car pendant que le décideur attend la fin de la controverse, libre à vous d’écouler votre saloperie sur les marchés. 

 

Pas d’affolement : vous avez tout votre temps. 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : en publiant ce billet (voir date indiquée), j'ignorais qu'allait être publié le formidable ouvrage de Naomi Oreskes et Erik Conway (éd. Le Pommier, 2012), Les Marchands de doute, qui confirmait mon analyse de manière éclatante et infiniment plus sérieuse, documentée et argumentée que je n'étais en mesure de le faire avec mes modestes moyens (ajouté le 11 avril 2018). 

mardi, 18 octobre 2011

MORTELLE TELEVISION

Il y a eu l’amiante, il y a eu le sang contaminé, il y a eu l’hormone de croissance, il y a eu le Mediator et son papy SERVIER, il y a eu le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière. Et les pouvoirs publics ont fini par consentir à imposer un avertissement « Fumer tue » sur les paquets de cigarettes.

 

 

Eh bien voici une nouvelle preuve des effets mortifères de notre si belle  civilisation industrielle, du mortifère qu’on commence à regarder seulement quand les cimetières sont déjà bien remplis des victimes. Cette preuve, on n’en croit pas ses yeux, c’est la TELEVISION.

 

 

 

UNE EXPERIENCE CRUELLE MAIS JUSTE

 

 

Figurez-vous une petite ville du Canada (on ne dit pas le nom, si ce n’est, pour la commodité de l’expérience, le nom limpide de « Notel ») privée de télévision, faute d’émetteur desservant la vallée. Ça se passe en Colombie britannique, oui là, juste sur le Pacifique. Quand l’annonce est faite que, dans un an, la ville sera raccordée au réseau, il faut l’idée assez baroque d’une universitaire qui se débrouille pour monter une expérience de psychologie sociale à grande échelle : on prend deux villes témoins déjà desservies, de dimension et structure démographique comparables, et on s’installe dans la ville à analyser pour trois ans, un an avant la télé, deux ans après.

 

 

On observe une multitude de paramètres : taux de violence, capacités cognitives des enfants (et des adultes), niveau scolaire, fréquentation des lieux de socialisation, nature des loisirs pratiqués, etc. Pendant l’année qui précède la télévision à Notel, tous les paramètres sont consciencieusement relevés, archivés, classés, répertoriés. Même chose pendant les deux années qui suivent la télévision : ça laisse le temps aux choses d’évoluer et aux observateurs de dessiner des graphiques.

 

 

Résultats ? Incontestables. Les agressions verbales à l’école ont doublé. Les bagarres en général ont triplé. L’aisance de lecture a régressé. La créativité des enfants a chuté. Ils sont devenus moins capables d’utiliser les objets de la vie courante. Adolescents et préadolescents ont une perception plus stéréotypée du sexe opposé. Ils se représentent les couches sociales de façon plus hiérarchisée. La participation à des activités associatives est divisée par deux. La pratique sportive a baissé de 25 % chez les enfants et de 40 % chez les adultes. La voilà enfin, la démonstration qu’on attendait !

 

 

Comme on dit dans les téléphones portables : « Ça calme ! ». Et l'autre répond : « C'est clair ! ».

 

 

Il faudra élever une statue à la bienfaitrice de l’humanité qui a eu l’idée de cette étude et l’a menée à bien, sur les méfaits d’un objet qui n’a jamais franchi le seuil de mon domicile et qui n’est pas près d’y entrer : madame TANNIS MACBETH WILLIAMS.

 

 

UN AVIS TRANCHÉ MAIS ARGUMENTÉ

 

 

Personnellement, si je rejette formellement et absolument la télévision, ce n’est pas tellement à cause de la nullité des programmes : on trouve dans ceux-ci de bonnes choses, voire des choses excellentes, mais, il faut bien le dire, à côté d’une telle masse de sottise (au singulier) et de sottises (au pluriel) qu’on voit forcément de quel côté le plateau de la balance penche violemment.

 

 

Mais même face à d’excellents programmes, je me pose la question suivante : que m’apporte le vecteur télévision que ne m’apportent pas d’autres sources documentaires ? Qu’est-ce qu’elle a de plus ? L’image ? Et alors ? Depuis le slogan de Paris-Match « Le poids des mots, le choc des photos », on sait que l’image s’adresse à l’émotion, pas à la compréhension. Voilà, la nature de la télévision est EMOTIVE. Et je n’aime pas qu’on me la fasse « à l’estomac ».

 

 

Autre chose : on sait que l’iceberg ne laisse émerger qu’environ un dixième de sa hauteur totale. La télévision, c’est le principe de l’iceberg, mais à la puissance 10. Et c’est soigneusement passé sous silence par toute la profession : ce qu’on voit sur l’écran, ce n’est que le bi du bout d’une énorme chaîne de production de ce rectangle coloré qui aboutit devant vos yeux.

 

 

Sur le portail de cette usine, défilent les images les unes après les autres, mais derrière, il y a tout ce qu’on ne voit pas, les centaines et les milliers de gens qui oeuvrent pour qu’en bout de course, le défilé des images continue inexorablement. C’est cet effacement magique de son propre mode de production qui me répugne profondément.

 

 

Encore un point : ce qui me répugne dans le fait de regarder la télévision, c’est le fait de regarder. Je m’explique : quand je lis un livre ou un journal, je ne fais pas que regarder. Devant la télévision, je me transforme en récepteur, face à un récepteur. Drôle, non ? Face à l’écran, je me réduis à un simple réceptacle, entièrement passif. C’est comme une séance de massage, où je me remets entièrement (et confortablement) entre les mains de la masseuse. Face à l’écran, je confie ma personne, je m’efface, j’abdique, je démissionne, je me désiste. Quelque chose qui me concerne, qui me rentre dans l’esprit, est laissé entièrement à l’initiative d’un étranger. Ben je dis non.

 

 

Dernière chose que je veux dire (je ne tiens pas à assommer le pauvre monde) : allumer le poste, à quelque moment que ce soit de la journée, c'est manifester une envie de paresse, un désir de ne rien faire, que c'en est épastrouillant. Mais c'est une envie de paresse hypocrite, une qui ne dit pas son nom : on veut avoir l'impression de ne pas (trop) perdre son temps. Mais moi, je le dis : quand on allume la télé, l'esprit se met en vacances. Il dit : « RIDEAU ».

 

 

QUELQUES ETUDES SCIENTIFIQUES MAIS EFFRAYANTES

 

 

Donc, j’en suis là, quand je tombe sur ce dossier du Monde, dans un supplément du samedi. STEPHANE FOUCART fait une jolie synthèse des études sur les effets délétères de la télévision, en particulier de plusieurs études épidémiologiques. « Epidémiologie : branche de la médecine qui étudie les différents facteurs intervenant dans l’apparition et l’évolution des maladies, que ces facteurs dépendent de l’individu ou du milieu qui l’entoure. » Ces études se caractérisent par la production de statistiques souvent éclairantes.

 

 

Voyons l’Australie : « en 2008, les 9,8 milliards d’heures de télévision absorbées par les Australiens auraient ainsi réduit de 21,6 mois l’espérance de vie des hommes ». Tel que ! « Chaque heure passée devant la télévision après l’âge de 25 ans amputerait l’espérance de vie moyenne de 21,8 minutes. » Vous ne vouliez pas le croire ! « Les personnes soumises à deux heures de télévision quotidienne ont un risque de développer un diabète de type 2 accru de 20 % (…). » Quand je vous le disais ! « Chaque heure de télévision entre 40 et 59 ans augmente de 30 % la probabilité de développer la maladie d’Alzheimer. » Bon, j’arrête le bombardement.

 

 

Alors évidemment, il y a fort à parier que ces effets (très scientifiquement établis, abondamment vérifiés et désormais publiés) ne sont pas DIRECTS, mais induits par le mode de vie ainsi adopté (nourriture, sédentarité, etc.). C’est très probable. Mais les faits sont là : la télévision constitue une forme de civilisation avec tout ce que ça comporte, maladies induites comprises. Et ce n’est pas joli-joli.

 

 

Le plus impressionnant reste l’effet sur les enfants. Une expérience a été  faite avec soixante enfants de quatre ans. Les vingt premiers ont visionné un dessin animé « au rythme endiablé » pendant neuf minutes. Les vingt suivants ont regardé neuf minutes d’un programme éducatif. Les vingt derniers ont dessiné pendant ce temps-là. Le verdict est sans appel : aux tests, le dessin animé a des effets dévastateurs sur la concentration, l’adresse, la logique, etc.  

 

 

Conclusion de DIMITRI CHRISTAKIS : « Regarder la télévision avant l’âge de 2 ans est associé à des retards de langage, à des retards cognitifs et, plus tard dans la vie, à des résultats scolaires plus faibles et des troubles de l’attention, avec un temps de concentration réduit ». Il ajoute cette chose terrible : « Les expériences qui surviennent très tôt dans la vie contribuent à construire l’architecture cérébrale qui, elle, est faite pour durer ». Avis à tous ceux qui se servent de la télévision comme d’une nounou.

 

 

Dernier point à propos des enfants. Je regrette de ne pouvoir insérer des photos dans mon blog (c’est d’ailleurs un mystère), car la journaliste publie deux « comic strips » dessinées par deux fois cinq enfants de cinq à six ans : ceux qui ont regardé la télévision moins d’une heure par jour ont des dessins drôles, riches, subtils, dynamiques. Quant à ceux qui ont une dose de plus de trois heures de télévision par jour, c’est effrayant : les membres des personnages sont de simples bâtonnets, les têtes et les ventres des ronds primaires. Les dessins sont rudimentaires, pauvres, sommaires, schématiques. Affreux.

 

 

Je vous passe le commentaire de MICHEL DESMURGET, de l’ I.N.S.E.R.M., auteur de TV Lobotomie, Max Milo éditeur. Il confirme tous les points soulevés par les études, et souligne la convergence des analyses scientifiques : « Le consensus sur ce point dans la communauté scientifique est inversement proportionnel à l’absence de consensus présentée dans les médias grand public ».

 

 

On ne pourra pas dire qu’on n’était pas prévenus.

 

 

Comment, vous ne l'avez pas encore flanquée à la poubelle ? C'est bien la peine de se donner du mal. Et bien du mal de se donner la peine.