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mardi, 18 octobre 2011

MORTELLE TELEVISION

Il y a eu l’amiante, il y a eu le sang contaminé, il y a eu l’hormone de croissance, il y a eu le Mediator et son papy SERVIER, il y a eu le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière. Et les pouvoirs publics ont fini par consentir à imposer un avertissement « Fumer tue » sur les paquets de cigarettes.

 

 

Eh bien voici une nouvelle preuve des effets mortifères de notre si belle  civilisation industrielle, du mortifère qu’on commence à regarder seulement quand les cimetières sont déjà bien remplis des victimes. Cette preuve, on n’en croit pas ses yeux, c’est la TELEVISION.

 

 

 

UNE EXPERIENCE CRUELLE MAIS JUSTE

 

 

Figurez-vous une petite ville du Canada (on ne dit pas le nom, si ce n’est, pour la commodité de l’expérience, le nom limpide de « Notel ») privée de télévision, faute d’émetteur desservant la vallée. Ça se passe en Colombie britannique, oui là, juste sur le Pacifique. Quand l’annonce est faite que, dans un an, la ville sera raccordée au réseau, il faut l’idée assez baroque d’une universitaire qui se débrouille pour monter une expérience de psychologie sociale à grande échelle : on prend deux villes témoins déjà desservies, de dimension et structure démographique comparables, et on s’installe dans la ville à analyser pour trois ans, un an avant la télé, deux ans après.

 

 

On observe une multitude de paramètres : taux de violence, capacités cognitives des enfants (et des adultes), niveau scolaire, fréquentation des lieux de socialisation, nature des loisirs pratiqués, etc. Pendant l’année qui précède la télévision à Notel, tous les paramètres sont consciencieusement relevés, archivés, classés, répertoriés. Même chose pendant les deux années qui suivent la télévision : ça laisse le temps aux choses d’évoluer et aux observateurs de dessiner des graphiques.

 

 

Résultats ? Incontestables. Les agressions verbales à l’école ont doublé. Les bagarres en général ont triplé. L’aisance de lecture a régressé. La créativité des enfants a chuté. Ils sont devenus moins capables d’utiliser les objets de la vie courante. Adolescents et préadolescents ont une perception plus stéréotypée du sexe opposé. Ils se représentent les couches sociales de façon plus hiérarchisée. La participation à des activités associatives est divisée par deux. La pratique sportive a baissé de 25 % chez les enfants et de 40 % chez les adultes. La voilà enfin, la démonstration qu’on attendait !

 

 

Comme on dit dans les téléphones portables : « Ça calme ! ». Et l'autre répond : « C'est clair ! ».

 

 

Il faudra élever une statue à la bienfaitrice de l’humanité qui a eu l’idée de cette étude et l’a menée à bien, sur les méfaits d’un objet qui n’a jamais franchi le seuil de mon domicile et qui n’est pas près d’y entrer : madame TANNIS MACBETH WILLIAMS.

 

 

UN AVIS TRANCHÉ MAIS ARGUMENTÉ

 

 

Personnellement, si je rejette formellement et absolument la télévision, ce n’est pas tellement à cause de la nullité des programmes : on trouve dans ceux-ci de bonnes choses, voire des choses excellentes, mais, il faut bien le dire, à côté d’une telle masse de sottise (au singulier) et de sottises (au pluriel) qu’on voit forcément de quel côté le plateau de la balance penche violemment.

 

 

Mais même face à d’excellents programmes, je me pose la question suivante : que m’apporte le vecteur télévision que ne m’apportent pas d’autres sources documentaires ? Qu’est-ce qu’elle a de plus ? L’image ? Et alors ? Depuis le slogan de Paris-Match « Le poids des mots, le choc des photos », on sait que l’image s’adresse à l’émotion, pas à la compréhension. Voilà, la nature de la télévision est EMOTIVE. Et je n’aime pas qu’on me la fasse « à l’estomac ».

 

 

Autre chose : on sait que l’iceberg ne laisse émerger qu’environ un dixième de sa hauteur totale. La télévision, c’est le principe de l’iceberg, mais à la puissance 10. Et c’est soigneusement passé sous silence par toute la profession : ce qu’on voit sur l’écran, ce n’est que le bi du bout d’une énorme chaîne de production de ce rectangle coloré qui aboutit devant vos yeux.

 

 

Sur le portail de cette usine, défilent les images les unes après les autres, mais derrière, il y a tout ce qu’on ne voit pas, les centaines et les milliers de gens qui oeuvrent pour qu’en bout de course, le défilé des images continue inexorablement. C’est cet effacement magique de son propre mode de production qui me répugne profondément.

 

 

Encore un point : ce qui me répugne dans le fait de regarder la télévision, c’est le fait de regarder. Je m’explique : quand je lis un livre ou un journal, je ne fais pas que regarder. Devant la télévision, je me transforme en récepteur, face à un récepteur. Drôle, non ? Face à l’écran, je me réduis à un simple réceptacle, entièrement passif. C’est comme une séance de massage, où je me remets entièrement (et confortablement) entre les mains de la masseuse. Face à l’écran, je confie ma personne, je m’efface, j’abdique, je démissionne, je me désiste. Quelque chose qui me concerne, qui me rentre dans l’esprit, est laissé entièrement à l’initiative d’un étranger. Ben je dis non.

 

 

Dernière chose que je veux dire (je ne tiens pas à assommer le pauvre monde) : allumer le poste, à quelque moment que ce soit de la journée, c'est manifester une envie de paresse, un désir de ne rien faire, que c'en est épastrouillant. Mais c'est une envie de paresse hypocrite, une qui ne dit pas son nom : on veut avoir l'impression de ne pas (trop) perdre son temps. Mais moi, je le dis : quand on allume la télé, l'esprit se met en vacances. Il dit : « RIDEAU ».

 

 

QUELQUES ETUDES SCIENTIFIQUES MAIS EFFRAYANTES

 

 

Donc, j’en suis là, quand je tombe sur ce dossier du Monde, dans un supplément du samedi. STEPHANE FOUCART fait une jolie synthèse des études sur les effets délétères de la télévision, en particulier de plusieurs études épidémiologiques. « Epidémiologie : branche de la médecine qui étudie les différents facteurs intervenant dans l’apparition et l’évolution des maladies, que ces facteurs dépendent de l’individu ou du milieu qui l’entoure. » Ces études se caractérisent par la production de statistiques souvent éclairantes.

 

 

Voyons l’Australie : « en 2008, les 9,8 milliards d’heures de télévision absorbées par les Australiens auraient ainsi réduit de 21,6 mois l’espérance de vie des hommes ». Tel que ! « Chaque heure passée devant la télévision après l’âge de 25 ans amputerait l’espérance de vie moyenne de 21,8 minutes. » Vous ne vouliez pas le croire ! « Les personnes soumises à deux heures de télévision quotidienne ont un risque de développer un diabète de type 2 accru de 20 % (…). » Quand je vous le disais ! « Chaque heure de télévision entre 40 et 59 ans augmente de 30 % la probabilité de développer la maladie d’Alzheimer. » Bon, j’arrête le bombardement.

 

 

Alors évidemment, il y a fort à parier que ces effets (très scientifiquement établis, abondamment vérifiés et désormais publiés) ne sont pas DIRECTS, mais induits par le mode de vie ainsi adopté (nourriture, sédentarité, etc.). C’est très probable. Mais les faits sont là : la télévision constitue une forme de civilisation avec tout ce que ça comporte, maladies induites comprises. Et ce n’est pas joli-joli.

 

 

Le plus impressionnant reste l’effet sur les enfants. Une expérience a été  faite avec soixante enfants de quatre ans. Les vingt premiers ont visionné un dessin animé « au rythme endiablé » pendant neuf minutes. Les vingt suivants ont regardé neuf minutes d’un programme éducatif. Les vingt derniers ont dessiné pendant ce temps-là. Le verdict est sans appel : aux tests, le dessin animé a des effets dévastateurs sur la concentration, l’adresse, la logique, etc.  

 

 

Conclusion de DIMITRI CHRISTAKIS : « Regarder la télévision avant l’âge de 2 ans est associé à des retards de langage, à des retards cognitifs et, plus tard dans la vie, à des résultats scolaires plus faibles et des troubles de l’attention, avec un temps de concentration réduit ». Il ajoute cette chose terrible : « Les expériences qui surviennent très tôt dans la vie contribuent à construire l’architecture cérébrale qui, elle, est faite pour durer ». Avis à tous ceux qui se servent de la télévision comme d’une nounou.

 

 

Dernier point à propos des enfants. Je regrette de ne pouvoir insérer des photos dans mon blog (c’est d’ailleurs un mystère), car la journaliste publie deux « comic strips » dessinées par deux fois cinq enfants de cinq à six ans : ceux qui ont regardé la télévision moins d’une heure par jour ont des dessins drôles, riches, subtils, dynamiques. Quant à ceux qui ont une dose de plus de trois heures de télévision par jour, c’est effrayant : les membres des personnages sont de simples bâtonnets, les têtes et les ventres des ronds primaires. Les dessins sont rudimentaires, pauvres, sommaires, schématiques. Affreux.

 

 

Je vous passe le commentaire de MICHEL DESMURGET, de l’ I.N.S.E.R.M., auteur de TV Lobotomie, Max Milo éditeur. Il confirme tous les points soulevés par les études, et souligne la convergence des analyses scientifiques : « Le consensus sur ce point dans la communauté scientifique est inversement proportionnel à l’absence de consensus présentée dans les médias grand public ».

 

 

On ne pourra pas dire qu’on n’était pas prévenus.

 

 

Comment, vous ne l'avez pas encore flanquée à la poubelle ? C'est bien la peine de se donner du mal. Et bien du mal de se donner la peine.

 

 

 

 

 

 

 

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