Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 06 juin 2012

DE LA SUBVERSION EN MILIEU CULTUREL

 

théâtre,festival d'avignon,cinéma,danse création culturelle,critique de cinéma,damien hirst,jeff koons,art,peinture,sculpture,la cicciolina,laure adler,françois angelier,piss christ,andrès serrano,louis 16,11 septembre 2001,tsunami,pierre desproges,marguerite duras,bombardement de dresde

N'EST-CE PAS QUE C'EST DERANGEANT ?

 

Vous avez entendu, le critique de théâtre enthousiaste, qui chantait les louanges de tel spectacle en Avignon où des acteurs pissaient sur les premiers rangs de spectateurs : « Quel sens admirable de la transgression ! » ? Vous l’entendez, le critique de cinéma, encore terrassé par la violence des émotions ressenties lors de la projection de Crash : « Jamais on n’avait osé aller si loin dans l’ébranlement des conventions ! » ? Et de louer dans la foulée le pouvoir de subversion exercé par  l’œuvre.

 

 

Dans quelque direction de la « création culturelle » que vous tourniez votre regard, c’est à qui s’extasiera de la façon la plus spectaculaire et bruyante face au « bouleversement de tous les codes », face aux « infractions radicales ». C’est à qui criera au génie (forcément dérangeant) d’un DAMIEN HIRST (l’homme au crâne humain orné de plus de 8000 diamants), d’un JEFF KOONS (l’homme qui copulait en photo avec la CICCIOLINA, mais aussi l’auteur de l’outrage d’aspect gonflable fait à Versailles, à l'invitation de Monsieur JEAN-JACQUES AILLAGON). Il paraît que ce sont eux qui font la révolution.

 

théâtre,festival d'avignon,cinéma,danse création culturelle,critique de cinéma,damien hirst,jeff koons,art,peinture,sculpture,la cicciolina,laure adler,françois angelier,piss christ,andrès serrano,louis 16,11 septembre 2001,tsunami,pierre desproges,marguerite duras,bombardement de dresde

 

Enfin bref, le commentaire obligé, aujourd’hui, dès que l’on parle de peinture, d’art, de musique, de danse, de théâtre, de cinéma, de tout ce que vous voulez qui soit de la « création esthétique », c’est la couronne de laurier tressée autour de l’auguste tête de l’artiste qui saura se montrer le plus « subversif », le plus « révolutionnaire ». « Défilé de mode révolutionnaire, je vous reçois fort et clair. Parlez. » Je ne sais pas si vous avez remarqué : si un artiste n’a pas l’ambition d’être SUBVERSIF, il est catalogué comme intolérablement conformiste.

 

 

Les mots sacrés que tout ce monde a à la bouche sont SUBVERSION, TRANSGRESSION. Tout, dans ce monde, n’est que DESOBEISSANCE et INSOUMISSION. Pour un peu, c’en deviendrait presque drôle. Surtout quand on regarde la définition du mot « subversion » : « action de renverser l’ordre établi ». A entendre les LAURE ADLER, les FRANÇOIS ANGELIER, enfin tous ceux qui confisquent à leur seul profit le rôle de « prescripteurs culturels », l’ordre établi ne cesse d’être renversé, badibulgué, mis cul par-dessus tête.

 

 

Bref : guillotiné. Les multiples  expressions artistiques contemporaines ne cessent, jour après jour, de séparer le corps du roi Louis XVI de sa tête et d’instaurer un « ordre nouveau », destiné à régénérer l’homme social : « Après le Piss Christ d’ANDRÈS SERRANO, vous serez des hommes neufs ». La règle observée par ces gens, en la matière, est importée tout simplement de l’intégrisme bolchevique le plus pur : « Du passé faisons table rase », chantent ces enfants de chœur d’un nouveau genre. 

 

 

A les entendre, tout ne serait, dans tous les « événements culturels » qui se produisent, que 11 septembre 2001, tsunami de Sumatra de 2004, tsunami du Japon de 2011, tremblements de terre d’Italie de 2012. Les colonnes de nos temples de la Culture, à force de vaciller sur leurs bases à cause des sols successifs qui se dérobent sous elles, devraient être par terre depuis belle lurette. « Etonnant, non ? », comme disait PIERRE DESPROGES dans La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède.

 

théâtre,festival d'avignon,cinéma,danse création culturelle,critique de cinéma,damien hirst,jeff koons,art,peinture,sculpture,la cicciolina,laure adler,françois angelier,piss christ,andrès serrano,louis 16,11 septembre 2001,tsunami,pierre desproges,marguerite duras,bombardement de dresde 

 

Oui, on est étonné qu’il subsiste, de l’ordre établi (forcément honni), vaille que vaille, autre chose et davantage que deux ou trois pierres l’une sur l’autre. Normalement, avec toutes les destructions qu’il a subies, l’ordre établi (forcément détesté et détestable), jour après jour, sous les coups de boutoir de tous les héros (« sublimes, forcément sublimes », comme disait MARGUERITE DURAS, jadis, à propos d’un crime) de la subversion artistique du monde, nous devrions normalement nous retrouver comme les survivants de Dresde au soir du 15 février 1945 après le bombardement de la ville par les Forteresses volantes B 17 de l’USAF et les Avro Lancaster de la RAF (15.000 morts).

 

théâtre,festival d'avignon,cinéma,danse création culturelle,critique de cinéma,damien hirst,jeff koons,art,peinture,sculpture,la cicciolina,laure adler,françois angelier,piss christ,andrès serrano,louis 16,11 septembre 2001,tsunami,pierre desproges,marguerite duras,bombardement de dresde 

 

Nous devrions être devant un paysage intégralement détruit. Or il n’en est RIEN. Toute la société désespérément ancienne est restée désespérément DEBOUT (enfin, c’est l’impression qu’on a). Je pose la question :

 

« Comment se fait-ce ? »

 

 

Réponse demain.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 20 décembre 2011

PEINTURE : LE TEMPS DU DESASTRE

Résumé : GEORGES POMPIDOU, par centre éponyme interposé, expose sur ses rayons les boîtes de merde de PIERO MANZONI.

 

 

Ce qui est important, désormais, ce n’est pas le « rendu », avec le savoir-faire et le style personnel qu’il suppose. C’est l’ « intention » du peintre et la « cohérence » entre celle-ci et les moyens qu’il met en œuvre, la « syntaxe », le « vocabulaire ». Ce qui compte, c'est le « concept », qu'on se le dise. C'est le « discours » que l'artiste tient sur son « travail ». Tiens, c'est drôle, l'artiste tient le même langage que le « critique ». Et le critique est immédiatement compris de l'artiste. Cela veut dire une chose : tous deux sont en apesanteur, sur le même nuage. Tous deux pratiquent le même enfumage.

 

 

 

Car on est entre soi, on se comprend, on fait partie des initiés. J’aime énormément le langage des « critiques ». Alors je pose la question : les trous dans la toile font-ils partie du « vocabulaire » ou de la « syntaxe » ? Sont-ils « structurels » ou « conjoncturels » ? Est-ce pour laisser passer l’air et la lumière ? Les trous dans la toile sont-ils de l'art ?

 

 

Qu’on se le dise, en art (je ne dis pas « en peinture », car qui fait encore de la peinture ?), TOUT est devenu POSSIBLE. D’ailleurs, on ne sait plus exactement les limites. Qu’est-ce qui est de l’art ? Est-ce que le Piss Christ d’Avignon (ANDRES SERRANO) ? Est-ce même que l’urinoir de MARCEL DUCHAMP ? Est-ce que la tenue rayée de prisonnier des camps à la DANIEL BUREN ? Est-ce que ORLAN ? Est-ce que BOLTANSKI ? Est-ce que CLAUDE VIALLAT ? Est-ce que FROMANGER ? Est-ce que DI ROSA ? Est-ce que COMBAS ?

 

 

Est-ce qu’une salle remplie de ballons de baudruche gonflés dans laquelle les gens doivent se frayer un chemin sans rien faire éclater ? Est-ce qu’une avalanche de balles de ping-pong dans la montée de la Grand’Côte ? Est-ce que des petits poissons dans des sachets en plastique remplis d’eau ? Est-ce que des planches diverses et diversement découpées posées de biais contre le mur ? Est-ce que les tags et les graphs ? Je ne cite évidemment que de l’authentique.

 

 

Que faut-il conclure de tout ça ? Quelque chose de très simple, je crois. Nous vivons dans un temps qui ABOMINE LA LIMITE. Qu’on se le dise : la limite, c’est le mal.

 

 

Tiens, j’ai lu récemment le témoignage d’un couple suédois, face à l’interdiction légale de la fessée chez eux : « Eh bien nous discutons avec lui, ce sont des négociations interminables et épuisantes ». Entre origines ethniques différentes, ça porte le nom glorieux de « métissage » (certains précieux disent « créolisation »). TIKEN JAH FAKOLY le chante à sa façon : « Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières, ouvrez les frontières ». Succès international garanti.

 

 

C’est donc valable pour les marchandises et les hommes. On ne voit pas pourquoi l’art resterait épargné par le tsunami. 

 

 

C’est alors qu’on parle de « transgression institutionnelle ». L’oxymore, vous savez, la figure la plus littéraire qui soit, puisqu’elle assujettit impossiblement deux réalités contraires l’une à l’autre (« soleil noir », « feu glacé »), se transforme en mot d’ordre impérieux. Il faut se prosterner devant l'oxymore, accepter que le sens des choses se disloque de l'intérieur. C'est à ça qu'il sert, l'oxymore.

 

 

S’il n’y a pas encore de ministère de la « subversion officielle » (oxymore®), ce qui est sûrement un oubli, je propose à NICOLAS SARKOZY de le réparer séance tenante. Il subventionnerait l’institut des « mutins de la république » (oxymore®), qui n’auraient droit à l’appellation qu’après réussite au « concours de mutinerie » dûment organisé chaque année dans les temples de l’Education Nationale. Avec « numerus clausus » pour que le titre demeure irréprochable et prestigieux. Le « meilleur mutin de la république » recevrait une récompense spéciale du président. On le décorerait, parce qu'il est dérangeant, de l'ordre de la rébellion établie (oxymore®) ou de la dissidence autorisée (oxymore®). Et serait  grassement payé. Avec des pantoufles républicaines en or massif.

 

 

Démerdez-vous comme vous voulez, mais faites-le moi, le grand écart. On vous obligera à être libres. INDIGNEZ-VOUS ! Allez, qu’est-ce que vous attendez ? Dynamitez-moi cette forme, et plus vite que ça ! Faites-moi exploser ces codes ! Enfreignez-les, ces règles, et en chantant ! Un peu de conviction, que diable ! Plus fort ! Eclatées, les conventions ! Disloqué, le carcan des traditions ! Soyez dérangeant ! Subversif ! Bousculez le bourgeois ! Il adore ça, il est « moderne » !

 

 

L’artiste est promu « marginal d’honneur » (oxymore®). JEAN-MICHEL BASQUIAT fut en son temps promu membre honoraire de cette harde. JACK LANG décore des tagueurs et grapheurs de la Légion d’honneur. La « subversion » règne en maîtresse absolue dans les salons de la République. Le peintre qui ne voudrait pas détruire l’ordre établi restera enfermé dans les fumées de l’inexistant (= à la porte de la renommée et du succès).

 

 

La révolution se porte bien, c'est un beau lys rouge (oxymore®) au revers du veston. Le révolutionnaire a pignon sur rue. Il intimide. On baisse les yeux. Tout ça lui a rapporté des milliards. Le dynamiteur en chef est honoré, célébré, adulé des femmes, on se l’arrache. Les artistes l’imitent. Ce sont les MUTINS DE PANURGE, comme dit PHILIPPE MURAY, dans une formule qui condense à merveille l’imposture. 

 

 

Car tout ça est évidemment de la foutaise. En peinture, en théâtre, parfois même en musique (JOHN CAGE, dont j'ai réentendu hier soir la guignolesque et inénarrable "pièce pour piano jouet"), ce qui compte, ce n'est pas l'art. Ce qu'il faut, c'est avoir une IDEE, une simple idée qui va permettre de régner quelque temps sur l'esprit des snobs et des imbéciles, dans l'empyrée du SUCCES.

 

 

Attenter à l'ordre établi, tant que ça reste de l'ordre du spectacle, voilà le nouveau CONFORMISME. Si vous avez ce genre d'idée, fortune est faite. Mais soyez sûr que si vous voulez sortir du spectacle pour entrer dans la réalité avec l'intention d'attenter au même ordre établi, il y a la police et l'armée. Regardez du côté de l'armée égyptienne et de la place Tahrir.

 

 

Pour reconnaître les imposteurs, ces marionnettes du dérisoire, ce n’est pas difficile : vous regardez les « artistes » qui occupent le devant de la scène et dont la cote est au firmament financier. Pour les trouver, ce n’est pas difficile : vous observez le sillage des milliardaires, genre FRANÇOIS PINAULT ou BERNARD ARNAUD.

 

 

S’il reste des artistes, je pose la question : « Où sont-ils ? ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

J'arrête là.