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mardi, 29 juin 2021

POURQUOI L'ABSTENTION ?

C'EST A CAUSE DE LA PAROLE.

DISQUALIFIÉE, IMPUISSANTE ET INUTILE.

Depuis le 20 juin 2021, j'écoute les propos des politologues, les calculs des sondeurs, les analyses des sociologues, tous spécialistes plus savants les uns que les autres et se fondant sur des études toutes plus fouillées, rigoureuses et méthodiques les unes que les autres. Une seule question : pourquoi l'abstention ? Pourquoi ces deux tiers de Français qui semblent avoir dit adieu à l'expression légale de leur citoyenneté ? 

Mon analyse est peut-être un peu sommaire, mais elle prétend aller droit au but. Ce que plusieurs décennies de Vème république n'avaient fait qu'ébaucher, les trois dernières présidences l'ont achevé.

Nicolas Sarkozy, admettons-le, a joué à l'homme d'action et ce qu'il a fait a pu ressembler à de l'action politique, si ce n'est que celle-ci a été en réalité bien souvent destructrice. Justice ? Il a envoyé le soldat Rachida Dati ratiboiser ce qui dépassait : il ne devait pas rester une "boîte de petits pois" (son expression) dans le stand de tir. Il a liquidé la très salutaire et utile police de proximité mise en place sous Jospin. Côté police encore, il a détruit le renseignement de terrain en fusionnant les RG et la DST. Laissons de côté quelques autres méfaits annexes et néanmoins collatéraux.

Je retiens de la présidence de François Hollande une sorte de volonté mollassonne et peureuse d'imposer des lois clientélistes, comme le mariage homosexuel, qui ont radicalement clivé la population française de façon presque aussi profonde que les manières de faire de son prédécesseur. Il ne faut pas oublier aussi l'usage immodéré de l'article 49-3 pour parvenir à ses fins, qui avait réussi à dresser contre lui un groupe non négligeable de parlementaires bientôt baptisés "frondeurs".

Ces deux présidents ont largement montré aux Français qu'il n'était plus possible de faire confiance dans leur parole, qu'ils avaient malaisée, maladroite ou brutale, quand ce n'était pas carrément mensongère. Ils ont aussi montré que leur capacité d'action — autre que destructrice — sur les choses pour les améliorer était à peu près nulle, même s'ils gardaient encore un certain pouvoir sur les symboles (au hasard : le mariage).

Emmanuel Macron a porté le coup de grâce à ce qui fait une bonne partie de la confiance qu'une population peut avoir dans la politique qu'il subit, par choix ou non. Ah lui, on ne peut pas lui reprocher de ne pas savoir parler. C'est même tout ce qu'il sait faire, mais il le fait avec un savoir-faire consommé. Au point qu'il a impressionné tout le monde : qu'il s'agisse de tenir sept heures à tchatcher face à des dizaines de maires plus ou moins remontés, de proposer avec emphase et enthousiasme un Grand Débat National pour étouffer le mouvement des Gilets Jaunes ou de monter de toutes pièces une Convention Citoyenne pour le Climat avec cent cinquante "vrais citoyens", on a de toute évidence à faire à un maître en matière de discours. On a trouvé en 2017, peut-être pas un "maître des horloges", mais un maître de la parole. 

Le problème, justement, c'est que ce Niagara d'éloquence, qui promettait pour très bientôt le "retour des jours heureux", s'est très vite révélé un pauvre pipi de chien sur un trottoir étroit. Je ne sais pas trop où en sont les maires de France avec le pouvoir central depuis l'étalage de leurs bisbilles avec lui, mais ce dont je suis sûr, c'est que la baudruche du "Grand Débat National" gonflée à l'hélium en accéléré s'est dégonflée encore plus vite. Quant à la Convention Nationale pour le Climat, on a vu de quel souriceau décharné a accouché la Montagne, que dis-je, l'Olympe du haut duquel Jupiter lançait la foudre de ses promesses. Je n'oublie surtout pas « le plan massif d'investissement pour l'hôpital public » sorti en pleine pandémie de la bouche oraculaire d'Emmanuel Macron. Celui-là, quand il s'entend parler, il s'enflamme, enivré de lui-même.

La conséquence de tout ça ? C'est très simple : la parole politique dans son ensemble est proprement, salement et complètement DISQUALIFIÉE. Ne cherchez pas plus loin la raison pour laquelle votre fille est devenue aussi muette que les urnes. La parole politique est disqualifiée. Et cette tragédie (c'en est une) française ne résulte de rien d'autre que de l'IMPUISSANCE des politiques à faire en sorte que les vœux, souhaits, volontés et promesses dont ils abreuvent les médias et les oreilles des citoyens se concrétisent concrètement dans la réalité réelle de la vie des populations dont ils se targuent d'avoir le pouvoir d'améliorer le sort (pardon pour la complexité de la phrase). 

Je serais même tenté de généraliser mon propos et d'affirmer que toutes les paroles au sujet de l'état préoccupant du monde et des moyens de remédier à ses maux sont devenues impuissantes et inutiles. Ce que je dis ici n'empêchera certes pas les sociologues et autres spécialistes de toutes sortes de spécialités "scientifiques" dites "humaines" d'émettre des Niagaras d'hypothèses, de formuler des montagnes d'analyses, voire de construire des labyrinthes de théories (mais ça, qui oserait une telle audace aujourd'hui ?). 

Disons la chose plus brutalement : plus personne ne comprend quoi que ce soit à ce qui est en train de se produire et surtout plus personne n'est capable d'opposer à la fatalité des faits, des événements et des processus l'efficacité d'une volonté. Et plus personne n'est en mesure de poser sur la complexité des faits, des événements et des processus une parole pertinente. C'est la validité même de la rationalité de la parole que le monde actuel, tel qu'il fonctionne, annule. Elle est là, la tragédie.

A titre personnel, je peux dire que je ne supporte plus le ton de certitude joyeuse sur lequel s'expriment bon nombre des savants invités sur la chaîne de France Culture. De même, les pages "Tribunes" ou "Débats" du journal Le Monde me laissent béat d'amusement à la lecture des colliers de "Il Faut" que les intervenants passent au cou d'une réalité qu'ils voudraient étrangler dans le licou de leurs concepts, et qui leur échappe comme l'eau dans les doigts.

Les sciences humaines, ainsi que leur savoir patiemment et méthodiquement édifié, passent leur temps à pérorer dans le vide. La parole qui se dit, se veut et se prétend rationnelle n'est plus d'aucune utilité. Les explications, les analyses entrent en collision. Comme toujours, me dira-t-on, mais aujourd'hui avec un tel souci de se mésentendre avec les autres, avec une telle haine des points de vue opposés au sien que toute collectivité se scinde, se fragmente, se pulvérise en blocs opposés et irréconciliables, comme les gauches de Manuel Valls.

Et Geoffroy de la Gannerie peut, sans se faire ratatiner la figure au coin d'un bois, appeler à la censure des opinions (Marcel Gauchet) qui ne ressemblent pas assez aux siennes (parce qu'il assume et argumente, le bougre !). Cela dans une époque où les humains sont en train de mettre la dernière main à la reconstruction de la Tour de Babel, mais en ayant cette fois en leur possession tous les moyens terrifiants que leur offre la technique. Et cela dans une époque où la France ne cesse de perdre des forces et du terrain sur ses "concurrents" dans le champ de bataille qu'est devenue la planète.  Dans ces conditions, quel espace respirable reste-t-il à la parole ? 

Et c'est ce que comprennent de mieux en mieux les populations auxquelles on demande de donner de temps en temps leur avis sur les capacités respectives d'individus qui se présentent tout fiérots à leurs suffrages de changer quoi que ce soit à quoi que ce soit. Pour ma part et à tort ou à raison, je ne cherche pas ailleurs la raison de l'abstention de plus en plus massive des citoyens aux élections françaises. Ils ont compris que leur parole ne vaut plus rien. La mienne comme la leur, évidemment. La démonétisation de tout ce qui se dit, de ce qui se parle, de ce qui se communique, est flagrante (voir fake news, complotisme et autres fariboles).

Et ce ne sont pas les savants linguistes, inventeurs des "actes de parole" ou les psychanalystes (Jacques Lacan, Denis Vasse, etc.), inventeurs du "sujet de la parole", qui me convaincront du contraire.  

Voilà ce que je dis moi.

Note : on me dira que la parole rationnelle n'est en réalité, depuis Platon, Socrate, Aristote et quelques autres esprits éminents, qu'une aimable fiction que les esprits éminents se colportent de génération en génération et de bouche de druide à oreille de druide, le soir au coin du feu comme on fait pour les contes de fées. Je veux bien. J'ai cependant la lourde impression que, pour tout ce que nous disons et dans l'âge que nous vivons, quelque chose se passe qui ne ressemble en rien à tout ce qui a été vécu auparavant. Mais c'est peut-être une simple forfanterie, allez savoir.

lundi, 28 juin 2021

LA LANGUE DES BANLIEUES EN 1987

Une vespasienne à Corbas.

CORBAS CLAUDE ESSERTEL 1987 06 19 GRAFFITI.jpg

Le texte (aussi bon que le dessin) :

« les coboy de corbas « les cocus » les hommes qui ne veau PAS un pé de lapin il tirent par la peure »

Photographie de Claude Essertel. Inutile de dire que la langue des banlieues a "bien" (enfin, façon de parler) évolué depuis ce temps quasiment préhistorique.

Ci-dessous les destinataires du message.

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Photographie de Marcos Quinones.

Bon, c'est vrai, on est en 1992 à Pierre Bénite, mais.

dimanche, 27 juin 2021

DRAGUER

CLAUDE ESSERTEL 1985 DRAGAGE RHÔNE.jpg

Une chouette photographie de Claude Essertel.

samedi, 26 juin 2021

LES BLANCS ET L'ESCLAVAGE

Horrible Européen négrier marchand d'esclaves (il faut dire "marchand de bois d'ébène"). Photo prise par François Bourgeon autour de 1780 au comptoir de Juda, dans son reportage "Les Passagers du vent" (éditions Glénat, 1980).

BOURGEON PASSAGERS.jpg

Honnête commerçant arabe se livrant au commerce du "coke". Photo prise en 1958 par Hergé à bord du cargo Ramona, dans son reportage "Coke en stock" (éditions Casterman).

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***

Allons, Victor Schoelcher peut dormir tranquille.

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A moins que .... ??

COKE EN STOCK 48 6.jpg

En pensant aux 6500 Philippins, Indonésiens, Malaisiens qui sont morts au Qatar, ce pays de tous les bonheurs, pour que puisse se tenir en 2022 la formidable Coupe du Monde de Football, qui va réunir l'humanité entière dans un magnifique élan de fraternité sans arrière-pensées.

En pensant aussi à des pays que le monde entier envie parce qu'ils ont su préserver leurs merveilleuses traditions immémoriales : le Niger, la Mauritanie et autres contrées sublimes où l'on est esclave de pères en fils ou de mères en filles, où le couteau prélève sur ces dernières le petit bout de chair qui risquerait de leur conférer un fantôme de virilité.

***

Honte sur nous, Européens blancs et autres maudits Oxydantaux, les vrais, les seuls, les derniers Sauvages à peupler la planète.

mercredi, 23 juin 2021

QUE SERAIENT LES TERREAUX SI ... ?

... ÇA N'AVAIT PAS ÉTÉ BUREN ?

Bon, je sais, comme je déteste toutes les œuvres de Daniel Buren, avec son blabla sur l'organisation de l'espace public selon les Ecritures de sa Bible Artistique, certains me jugeront de parti pris. Je suis peut-être injuste envers cette vedette de l'ARCON (temporain), mais je suis prêt à reconnaître qu'il n'a pas tous les torts. Car si la place des Terreaux est restée aussi minérale qu'elle l'était déjà depuis fort longtemps, ce n'est certainement pas de sa seule faute.

Cela ne me fait pas oublier le procès qu'il a intenté et perdu contre les éditeurs des cartes postales où figurait "sa" place des Terreaux, à qui il osait réclamer des droits d'auteur. Comme si Daniel Buren avait inventé cet espace, alors que dans le fond il n'était en l'occurrence que le prestataire de service, autrement dit un domestique rémunéré de la municipalité. J'avoue avoir éprouvé un contentement certain à la publication du jugement qui le déboutait.

Il existe en effet de fort nombreuses photos plus ou moins anciennes qui montrent la même place des Terreaux, certes agrémentée d'arbres, mais jamais mis en pleine terre : les édiles se dépêchaient de rapatrier dans l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or les espèces végétales qui ornaient les lieux pendant les belles saisons. Tout juste a-t-on osé faire creuser des WC souterrains ("côté dames / côté messieurs" s'il vous plaît) qui ont duré un temps (il y avait les mêmes place des Jacobins et place de la République), jusqu'à la fin des "dames-pipi". C'est triste, mais on est obligé de constater que nul responsable de la Ville n'a jamais songé à "végétaliser" de façon définitive cet espace pour le moins central. 

Pourquoi ? Sans doute pour préserver les belles perspectives, mais à part ça, mystère. Peut-être est-ce la raison pour laquelle un Maire (dont je veux oublier le nom) a décidé d'y creuser une fosse assez vaste et profonde pour ensevelir les automobiles le temps que leurs propriétaires aient achevé leurs emplettes ou leur journée de travail : rendez-vous compte, pas d'arbres à arracher en ces temps d'écologisme galopant !

Partant de cette "idée" géniale d'un parking souterrain dissimulé sous le sol de la place des Terreaux, le Maire en question ("Par Horus demeure ! Que ton nom ne soit plus !" lui a lancé le cheik Abdel Razek) lance un concours d'architectes. Quels ingrédients va-t-on étaler sur la tartine, sachant que le crime premier restera invisible et impuni ? Les concurrents ne sont pas nombreux : une demi-douzaine peut-être. Voici à quelles places des Terreaux les Lyonnais ont échappé. Peut-être pour leur malheur. Peut-être pas tant que ça : ce ne sont que des maquettes. Allez savoir. Du moment que la société Lyon Parc Auto se porte comme un charme.

Projet de l'Atelier Latitude Nord.

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Projet de Bureau Paysage.

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Projet Jourda Perraudin (noter l'impression de clôture de l'espace dans les angles).

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Projet Roure Bove.

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And the winner is .... Projet Buren Drevet !!! On a quand même échappé aux trois portiques visibles sur la maquette.

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On l'a peut-être échappé belle !!! De toutes façons et quoi qu'il en soit, le crime premier n'était-il pas dans la décision de faire venir la voiture en centre-ville tout en se débrouillant pour la rendre invisible ? 

Tout cela se passait en 1991. Les photos sont de Claude Essertel.

mardi, 22 juin 2021

LA BEAUTÉ A L'ABRI DES REGARDS

En ces temps d'élections régionales, départementales et tout le toutim habituel, il est bon, pour l'édification des foules, de les faire pénétrer subrepticement, en dehors de la pompe des visites annuelles aux trésors de notre patrimoine, dans les secrets des bâtiments officiels qui servent de cadres aux joutes fraternelles et parfois fratricides qui sont l'âme même de notre République, au plus près des réalités du terrain, pardon : du territoire.

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Voici l'œuvre d'art qui veille sur les conseillers départementaux (anciennement conseillers généraux). Elle sert de plafond à la salle des délibérations de l'Hôtel du département (anciennement Préfecture). Ce vitrail est l'œuvre de Lucien Bégule (1848-1935), le maître verrier qui l'a réalisé en 1895. J'ai trouvé cette remarquable photo de Thierry Wagner (meilleure que celle, en N&B, de Marcos Quinones) sur un site consacré à l'artiste lyonnais, qui a laissé nombre de traces de sa maîtrise dans l'art du verre et de la couleur à Lyon et dans les environs. ( http://www.vitraux-begule.com/pages/lieux/prefecture/luci... ) Le tenancier du site pousse l'amabilité jusqu'à nous indiquer l'emplacement exact du vitrail sur le plan de l'édifice.

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Comme l'image ci-dessus est trop indécemment petite pour permettre de l'apprécier à sa juste valeur du fait de ses dimensions, je me permets de la présenter dans le sens vertical.

PREFECTURE VERRIERE LUCIEN BEGULE 1895.jpg

Du coup vous trouvez ça un peu flou, hein ? Moi aussi. Je ne comprends pas pourquoi je n'arrive pas à faire mieux. Le monde numérique ne cesse de me jeter à la face cette impardonnable infirmité.

lundi, 21 juin 2021

CONTRE L'ABSTENTION UN SEUL REMÈDE ...

........ LE DROIT DE VOTE A DOUZE ANS.

ELECTIONS 1969 04 27 G VERMARD.jpg

jeudi, 17 juin 2021

LE REGARD DU PHOTOGRAPHE

Aujourd'hui un cliché intéressant de Georges Vermard.

GERLAND 1961 06 15 GD PLONGEOIR G VERMARD.jpg

Le grand plongeoir de la piscine de Gerland, tout en géométrie, tout en rectiligne, tout en nuances de gris.

mercredi, 16 juin 2021

LE REGARD DU PHOTOGRAPHE

Aujourd'hui les Gratte-Ciel de Villeurbanne, comme le piéton ordinaire ne les verra jamais.

Deux photographes ont eu à peu près la même idée. Le lecteur peut constater que, si les deux photos ont évidemment une parenté (sur le principe de l'enfilade), elles diffèrent de façon irréductible.

CLAUDE ESSERTEL 1991 06 03 GRATTE-CIEL.jpg

Claude Essertel.

GRATTE CIEL 3 2004 11 09 MQUINONES.jpg 

Marcos Quinones.

J'avoue avoir un faible pour la première.

Encore une histoire d'angle !

12:17 Publié dans LYON | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 15 juin 2021

LE REGARD DU PHOTOGRAPHE

Sur le pont de Lattre.

Une histoire de priorité.

PONT DE LATTRE 2001 02 14 MQUINONES.jpg

Photo couleur de Marcos Quinones : à lui les façades classiques (bourgeoises) encadrant l'entrée de la rue Duquesne.

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Photo N&B de Jean-Marie Huron : lui, il aime bien mettre en perspective avec un premier plan envahissant.

PONT DE LATTRE RENE DEJEAN.jpg

Diapositive de René Dejean. Celle que je préfère : architecture, ligne, équilibre des couleurs, perspective, etc.

And the winner is .................. ??????????

lundi, 14 juin 2021

UNE BELLE PHOTO DE CLAUDE ESSERTEL

CLAUDE ESSERTEL 1991 02 18 FORT SAINT JEAN.jpg

L'angle absolu.

Fort Saint-Jean.

dimanche, 06 juin 2021

UNE FACÉTIE DE CLAIR TISSEUR

Clair Tisseur était un monsieur très sérieux. Architecte de son métier, on lui doit, par exemple, la mairie du 2ème arrondissement rue d'Enghien, l'église du Bon Pasteur sur les pentes de la Croix Rousse et celle de Sainte-Blandine, dans le quartier "derrière les voûtes". Il a aussi dessiné les églises de Brignais, Tassin, Saint-Laurent-d'Agny, ...

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Sainte Blandine, sans doute autour de 1932. Photo Jean Meunier.

Clair Tisseur n'était donc pas un petit rigolo. Mais on le connaît davantage sous son nom de plume, puisqu'il est l'auteur, sous le nom de Nizier du Puitspelu, de la Bible des Lyonnais en la personne (oui, oui) du Littré de la Grand'Côte, cette réserve inépuisable de saveurs charcutières où l'on peut apprendre, au gré de ses humeurs, ce qui arrive quand on mange des navets, en quoi consiste "baiser le c.. de la vieille", la recette authentique du "fromage fort" et tant d'autres joyeusetés lexicales et coutumières.

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Voici parmi les fort nombreuses comportant le mot "c.." (parlant par respect), l'analyse de l'expression "Révérence à c.. ouvert", où l'on savoure l'approche scientifique et néanmoins lettrée d'un auteur pétri de ses "humanités".

« Révérence à c.. ouvert (le mot salut serait plus exact, mais révérence est l’expression accoutumée). C’est une rigoureuse observation des lois de la physiologie qui a conduit des Lyonnais à donner ce nom à un profond salut, qu’il s’adresse d’ailleurs à un monsieur ou à une dame. L’agent principal du phénomène consigné dans cette expression est la contraction des muscles abdominaux : le grand droit, le pyramidal qui lui fait suite, le grand oblique, le petit oblique et le transverse. A cette contraction correspond naturablement, l’extension des fibres antérieures du muscle que, parlant par respect, les physiologistes nomment le grand fessier. Ce muscle rhomboïdal, épais, constitue l’élément le plus actif de la station debout. Son bord inférieur forme la limite de la πυγή. Lorsque le saluant s’incline, l’ίσχίον cesse d’être recouvert par le muscle, l’ὀρῥοπυγιον s’entrouvre proportionnellement. L’opération inverse a lieu lorsque le muscle, sous l’action nerveuse, reprend sa position primitive et vient de nouveau recouvrir l’ίσχίον. Les sphincters sont étrangers à ce mouvement ; cependant ils cèdent relativement dans la position baissée, et c’est ce qui explique pourquoi il n’est pas sans exemple qu’une révérence trop profonde n’ait amené des accidents, sans importance au point de vue pathologique, il est vrai, mais contraires aux lois de la politesse.

Si nous avons bien pu faire comprendre ce qui précède, il en résulte que, appelant : E, l’écartement de l’ὀρῥοπυγιον au maximum du salut ; N, le salut ou inclinaison du corps en fonction de cet écartement ; R, l’importance de la personne saluée ; on a E/N = N/R. D’où : N² = ER. D’où : N²/E = R. On peut donc en mesurant dans la pratique l’écartement de l’ὀρῥοπυγιον du saluant, connaître l’importance du salué.

Quant à la valeur de R, elle est pratiquement variable. Autrefois elle s’obtenait par la multiplication de divers coefficients : moralité, considération, rang social, services rendus, etc. Aujourd’hui il n’en est plus de même, et je connais des députés, des préfets, des sous-préfets, des magistrats, dont je ne donnerais pas deux sous, et que de pauvres diables sont obligés de saluer à sept, huit, neuf et jusqu’à dix centimètres d’écartement. »

Je n'ajouterai à ces facéties aucune des invariables plaisanteries entendues il y a bien longtemps, au cours de mon séjour sous uniforme dans une base aérienne proche de Lyon sur la façon d'entrer dans le bureau d'un supérieur dans l'intention de quémander une faveur avec un espoir de voir sa demande satisfaite.

Note : Je laisse au lecteur avisé le soin de traduire les quelques vocables grecs utilisés par Nizier du Puitspelu pour être substitués aux termes français jugés trop crus, blessants pour la bienséance et appelant toujours la formule "parlant par respect" qui lui sert dans toutes les occasions gênantes à ses oreilles.

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Autre note : D'où Clair Tisseur a-t-il tiré son pseudonyme ? On trouve peut-être la réponse sur un très vieux plan de Lyon. Pour la curiosité du lecteur, voici un fragment de ce plan de 1550, où l'on peut lire distinctement quelques noms de bâtiments ou de rues : Serpillière, L'Hostel-Dieu, Grolée, et ............ Puits-Pelu. Quant à Nizier, voici l'illustration qu'on trouve en frontispice de l'édition originale du Littré de la Grand'Côte, où l'on voit une flèche du clocher de l'église Saint-Nizier.

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Chacun en tirera ou non enseignements ou clartés à sa guise.