jeudi, 18 décembre 2014
SAINT FIACRE HOLLANDE
Je recycle, en le remaniant tant soit peu, un billet paru il y a bien longtemps. Pensez, c’était au temps où la France était encore gouvernée par le nabot épileptique, frénétique et caractériel qui a précédé François Hollande. Le même nabot qui n’a qu’un rêve : succéder à son successeur. Autrement dit, faire de son successeur son prédécesseur.
Et son vaincu, en espérant le faire vite oublier en le renvoyant au passé. Il se voit déjà posant pour les caméras, en tenue de brousse, avec sa botte de cuir sur le crâne du buffle, en arborant sa carabine Auguste Francotte chambrée en 600 Nitro Express (balle de 58 g.). On me dira que comparer Hollande à un buffle, moi qui le vois autrement, ... Et que, pour un tel humain, les 10,2 g. du 357 magnum sont amplement suffisants.
On voit bien qu'il a encore quelques plumes à perdre.
A cette époque, j’avais encore la faiblesse et la naïveté de me gausser du cheptel politique dont les journalistes se disputent le privilège de monter si volontiers en épingle la moindre rumination, le moindre meuglement, jusqu’à la moindre émanation méthanisée qui sort de leur anus. Depuis, j’ai compris qu’il était vain de moquer, de brocarder, de prendre la chose à la plaisanterie. Ces petites gens ne me font décidément plus rire, à force de faire semblant de savoir et de pouvoir.
Je m’inspirais d’une sorte de bible : La Fleur des Saints, d’Omer Englebert (éditions Albin Michel).
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Curieusement, l’histoire raconte que Fiacre Hollande (pas encore "saint", et pour cause) est né en Irlande, et qu’il est mort en Seine-et-Marne, en un lieu qui lui était probablement prédestiné et qu'on avait donc spécialement aménagé pour l'accueillir, puisqu’il s’agit de la commune bien connue de Saint-Fiacre-en-Brie, où l'on montre encore sa tombe.
Il y a été enterré autour de 670 de notre ère. Après une vie déréglée (il fut appelé « le tombeur de ces dames »), il décida pour se racheter de passer la fin de sa vie dans un lieu retiré et de se consacrer au recueillement, au jeûne, à la continence, à la mortification, à la pénitence. En un mot, à toutes sortes de macérations. Il n'est pas sûr qu'il ne se soit jamais flagellé.
J'aime bien ce dessin de Dubouillon.
C'est ainsi que saint Fiacre Hollande, grâce à Saint Faron – lui-même fils d’une biche, d’où, évidemment, vient notre « faon Faron », dont la célébrité a atteint la Côte d’Azur puisqu’on a donné son nom à une montagne qui domine le port de Toulon – fut autorisé à devenir ermite en forêt de Brie. On ne sait comment grandit sa renommée.
Toujours est-il qu’il reçut des visiteurs, qu’il remerciait en priant pour eux, et en distribuant consolations et bons conseils (je n’invente rien). Il lui arrivait de les guérir. C'est même resté dans les annales des médecines parallèles : le pèlerin qui, s'asseyant sur la pierre où le saint s'était lui-même assis pendant toutes ses années d'ermitage, y posait ses hémorroïdes avec suffisamment de piété, se voyait immédiatement guéri de son mal, qu'on appela pour cette raison le « mal de saint Fiacre Hollande ». Les archives n'en disent pas plus.
Il nourrissait en cas de besoin les pèlerins des légumes de son jardin, souvent des haricots, qui faisaient ses seules délices, et qui portent encore son nom. Surtout, il savait parler aux gens : toujours suave, toujours caressant, presque tendre, il atteignait ses auditeurs au fond de leur cœur, imperméable aux propos de quelques vilains jaloux qui ne se privaient pas de brocarder ses défauts. Ils se moquaient de son élocution d’ancien bègue ou du format de son abdomen, deux tares indignes du rôle de guide charismatique auquel il prétendait. Lui se défendait en soutenant que, s'il n'était ni orateur, ni éloquent, c'était par un choix délibéré : « Je veux rester normal ».
Heureusement, Fiacre Hollande était au-dessus de cette bave crapaudale, et allait son chemin vaillamment. Si certains lui auraient vu les manches de lustrine et le « rond de cuir » dont Courteline et Maupassant ont fait le symbole de la bureaucratie fin-de-siècle, il se voyait quant à lui sur la plus haute marche du podium électoral.
Malheureusement, un journal d’opposition déterra une malheureuse affaire où un de ses ancêtres, Quintianus Hollandus, avec lequel il offre d'ailleurs une ressemblance de visage tout à fait spectaculaire (voir la gravure d’époque, ci-dessous), avait fait torturer celle qui devint plus tard sainte Zita Trierweiler. Cette affaire lui coûta le poste de consul. Mais il se vengea en faisant mieux : il se fit sacrer roi de France.
La preuve, c’est qu’Anne d’Autruche, cette reine bien connue pour sa gloutonnerie, eut recours à ses miracles en 1637. Son vœu d'avoir enfin un enfant mâle fut exaucé : elle régurgita par le fondement un certain Louis, 14ème du nom, qui devait acquérir par la suite une certaine renommée. En remerciement, une médaille du saint ne quitta jamais le cou de Louis, l'heureux père de p'tit Louis.
C’est d’ailleurs de cette curieuse circonstance que s’autorisa Monsieur Sauvage qui, en 1640, investit dans une compagnie de taxis, qu’il baptisa « voitures de Saint-Fiacre », tout ça parce qu’elles étaient attachées à l’hôtel de Saint-Fiacre, rue Saint-Antoine. Omer Englebert ajoute, p. 282, que « les fiacres étaient tirés par un vieux cheval désabusé, que conduisait un cocher haut-perché, armé d’un fouet, surmonté d’un gibus ». Un « vieux cheval désabusé » ! Omer Englebert écrit parfois comme Alexandre Vialatte.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : il va de soi que la plupart - ou presque - des données figurant dans cette note ont été puisées aux sources les meilleures et les plus sûres.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois hollande, président de la république, france, société, politique, omer englebert, la fleur des saints, éditions albin michel, saint fiacre, toulon mont faron, ségolène royal, nicolas sarkozy, journal le progrès, alain dubouillon, caricature, humour, alexandre vialatte