lundi, 11 avril 2022
BULLETIN DE VOTE ET GUEULE DE BOIS
C'EST ÇA, LA FRANCE ?
Je ne sais pas combien nous sommes à savoir de quel album de B.D. est tirée cette vignette angoissante et géniale. Toujours est-il qu'elle me semble figurer avec une assez bonne exactitude l'état de la population française au lendemain du premier tour de la présidentielle.
Qu'un tiers de mes compatriotes ait pu gober le discours mielleux de Marine Le Pen (+ Zemmour + Dupont-Aignan) sur le pouvoir d'achat (+ immigration + sécurité) a quelque chose de stupéfiant. Dans quel état de déboussolement intellectuel et moral se trouve cette partie de la France qui semble prête à se jeter dans une aventure dangereuse !?
Pour expliquer cette situation, j'ai personnellement tendance à incriminer l'absence d'individualités dotées d'une carrure et d'une envergure d'homme d'État, au sens le plus noble du terme. Je tiens le "Femme d'État" de la profession de foi de la Le Pen pour du pur matamorisme : trouvaille de communicant doué. Pour moi, homme d'Etat, ça veut dire quelqu'un (homme ou femme) qui voit plus large et plus loin que quiconque, quelqu'un qui voit plus haut que sa petite personne, et surtout quelqu'un qui met ce qu'il sait et ce qu'il peut au service de quelque chose de beaucoup plus grand que lui, quelque chose qu'il sait formuler, et qu'il fait partager au plus grand nombre.
En dehors de ce désert (je n'en vois pas un pour racheter l'autre), j'aperçois une autre cause, plus sourde, plus lancinante, plus permanente : la métamorphose de toute une classe politique, depuis 1945, sous l'influence d'un nouveau mode de sélection des élites. Je veux évidemment parler de la lente conquête, puis de l'accaparement de tous les leviers du pouvoir par une catégorie trop homogène de premiers de la classe, une sorte de mafia par cooptation de "méritocratie", dont le souci est en priorité d'administrer, autrement dit de gérer l'existant.
Quand tout le personnel politique (ou peu s'en faut), toute la haute fonction publique, tout l'encadrement dirigeant des grandes administrations et des ministères sont composés de personnes ayant été nourries, dans quelques grandes écoles et en suivant des trajectoires à peu près identiques (sciences-po-ENA-assistant-parlementaire-député-etc.), des mêmes éléments de structure intellectuelle et de grilles de lecture du réel, la France se met à fonctionner selon le principe d'une endogamie mortifère, façon certaine, à la longue, de faire du corps national un corps dégénéré (une variante des aberrations par consanguinité).
En disant cela, je ne prétends aucunement donner des clés de compréhension. Moi aussi, je patauge. Il faudrait aussi faire une place à l'immense mouvement de privatisation qu'on observe depuis un demi-siècle. Je pense ici, par exemple, au recours massif du gouvernement français aux contributions onéreuses du cabinet de conseil McKinsey. Je pense aussi au démantèlement des services publics et au rétrécissement des interventions de l'Etat. Je pense au constant effort de désindustrialisation de la France accompli par les lobbies d'actionnaires.
Je pense à l'état d'assez grande déréliction dans lequel se trouve le système éducatif, sous les coups de boutoir successifs de réformes à la fois idéologiques et budgétaires (toujours sous couverture pédagogique, bien entendu) ; un système éducatif qui ne sait plus où il en est et qui ne parvient plus à former de véritables citoyens conscients et responsables, et qui laisse sortir de ses murs une masse d'aveugles capables de se pendre au cou d'une meneuse de meute aux dents et aux lames affûtées.
La conclusion est amère et triste.
Note : On savait déjà le Parti "Socialiste" en état de mort cérébrale (pensez, même le politiquement minuscule Jean Lassalle fait mieux que la petite et piteuse Hidalgo) : cela se confirme, mais j'attendrai les législatives pour délivrer le permis d'inhumer. Même chose pour la petite Pécresse. Quant à l'olibrius énergumène qui n'a d'insoumis que le nom, j'imagine que sa préoccupation la plus urgente est désormais de retrouver bientôt son fauteuil de député. Rien que des pensées élevées, quoi.
09:00 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, politique, élection présidentielle, emmanuel macron, marine le pen, rassemblement national, la république en marche, jean-luc mélenchon, la france insoumise, anne hidalgo, parti socialiste, jean lassalle, valérie pécresse
jeudi, 07 avril 2022
TROMBINOSCOPE OU TIR AUX PIPES ?
Voilà, j'ai trouvé ça dans ma boîte aux lettres, ce matin mercredi 6 avril. Quel mot d'ordre aura votre préférence ? "Le camp des travailleurs" ? "Choisir la liberté" ? "Ensemble changeons d'avenir" ? "Faire face" ? "La France authentique" ? "Femme d'Etat" ? "Nous tous" ? "Un autre monde est possible" ? "Le courage de faire" ? "L'urgence anticapitaliste" ? "La France des jours heureux" ? "Pour que la France reste la France" ?
Est-ce qu'on pourrait faire un poème en mettant toutes ces bribes de pensée ["pensée", vous croyez ?] bout à bout ? Une comptine pour enfants des écoles ? Un refrain de chanson comique ? Peut-être même certains prendraient-ils au sérieux le texte de cette chanson ?
Quoi qu'il en soit, ils sont venus, ils sont tous là, bien propres sur eux, y a même Eric le fils maudit, elle va mourir la Mamma. Une enveloppe format A5, complètement bourrée, avec mon nom et tous mes prénoms (mais sans les bien connus Pacôme, Hégésippe et Ladislas, car je ne suis hélas pas comte de Champignac) bien alignés. J'avais reçu quelques jours auparavant une carte d'électeur.
Tout ça est très gentil et sûrement plein de bonnes intentions à mon égard, mais les gens qui m'ont adressé tous ces papelards ne sont apparemment pas au courant d'un détail : je ne me revendique pas formellement abstentionniste (quoique ...) et je ne fais aucun prosélytisme, mais je deviens au fil du temps et sans le crier sur les toits, en France, le plus grand collectionneur de cartes d'électeur vierges à mon nom, que je me suis fait un honneur de ne jamais déflorer en les laissant souiller par des mentions assez vulgaires, du genre "A voté" ou "10 avril 2022".
Je note que toutes ces trombines se présentent très nettes sur un fond flou, à l'exception de trois : deux avec drapeau rouge et une avec fragments de nature et de têtes de peuple (jeune, le peuple, selon toute apparence). Je note qu'une seule candidate a l'audace de ne pas faire figurer son patronyme sur la photo. Je trouve ça culotté. Et puis franchement, "femme d'Etat", quelle trouvaille !
Je note qu'une autre candidate présente la mine d'un petit faux sourire plaintif qui donnerait presque envie de la rassurer et de la protéger. Quant à une troisième, elle a sans doute préféré se faire passer pour une oie blanche (mais tirant sur le brun pour ce qui est du capillaire), ce qu'assurément elle n'est pas.
Je note que les communicants d'un des candidats ont pioché dans les recettes de la P.N.L. (le regard braqué vers le haut à droite), vous savez, ce catalogue des "trucs" qu'on enseigne aux vendeurs au porte-à-porte pour convaincre de pauvres diables d'acheter à crédit une encyclopédie en vingt-quatre volumes ou un aspirateur à seize soupapes monté sur turbo-compresseur.
Mais quel que soit le style adopté et que la photo soit ratée ou non, voilà les douze yaourts que le supermarché "France" offre sur ses rayons. Douze promesses de délices. Douze façons d'annoncer des lendemains qui chantent. Douze promesses que l'avenir ne tiendra pas.
Le problème, c'est que je ne mange des yaourts que quand j'y suis contraint et forcé, par exemple lorsque je me trouve sur un lit d'hôpital, c'est-à-dire assez rarement il faut bien dire, parce c'est la seule nourriture à peu près mangeable qu'on y trouve.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : Evidemment que je plaisante, évidemment que j'exagère, évidemment que je galèje, évidemment que je débloque à plein tube. Mais pour le moment, c'est la seule issue de secours que j'aie trouvée au monde que je vois, que j'entends et qui nous aime de moins en moins.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, france, élection présidentielle, nathalie arthaud, nicolas dupont-aignan, anne hidalgo, yannick jadot, jean lassalle, marine le pen, emmanuel macron, jean-luc mélenchon, valérie pécresse, philippe poutou, fabien roussel, éric zemmour
dimanche, 20 mars 2022
VALERIE PÉCRESSE : L'INTELLIGENCE POLITIQUE
Ce n'est pas facile du tout d'être candidat à une élection présidentielle. Un vrai calvaire, un sacerdoce, une mission impossible. Quand on est un homme, c'est déjà éprouvant : regardez Jean Lassalle, purement et simplement ignoré par les grand médias, tout juste un petit dessin dans Le Canard enchaîné où le caricaturiste lui a fait un tarbouif façon pomme de terre extraterrestre !
Alors pensez : une femme en campagne ! Vous avez envie de la suivre, Valérie Pécresse, sur son chemin semé d'épines vers une déplorable crucifixion ? Et ce salaud de Nicolas Sarkozy qui, au dire de ses anciens amis et cotisants, est en train de "trahir sa famille" en ne déclarant pas son soutien plein et entier à cette femme à l'impeccable courage, à l'intrépidité de tous les instants ! Pire encore : il paraîtrait qu'il s'apprête à passer à l'ennemi et à soutenir Emmanuel Macron, dont il déclarait d'ailleurs, quelque temps après son élection de 2017 : « Macron, c'est moi en mieux ! ».
Pauvre Valérie Pécresse, en vérité ! Si injustement attaquée qu'elle finit par en perdre le sens de l'orientation. On l'a en effet entendue accuser Emmanuel Macron de lui piquer plein d'idées de son programme, et puis dans la foulée déclarer avec hauteur et fierté devant une assemblée conquise : « Le programme de Macron, ce n'est pas mon programme ! ». Il faudrait savoir.
Mais Madame Pécresse n'en est pas à une bévue près, si j'en crois une information entendue sur les ondes. Elle aurait en effet lancé, dans des circonstances que je ne connais pas, que si elle était élue présidente, elle nommerait le général De Villiers ministre de la Défense, l'écrivain Leila Slimani ministre de la Culture et Teddy Ryner, le champion de judo, ministre des Sports.
Le seul problème, c'est qu'elle aurait pu demander leur avis aux personnes concernées, avant de leur bombarder des portefeuilles en peau d'ours pas encore tué. Or ce n'était visiblement pas le cas, puisque le premier aurait répondu : « Je ne serai jamais le ministre de la Défense de Madame Pécresse ! » ; puisque la deuxième aurait rétorqué que la simple idée de cette nomination la remplissait d'horreur ; quant au troisième, il se serait contenté, en réponse à la candidate, de diffuser sur les réseaux sociaux une icône du genre "émoji hilare". J'ignore si l'intention de l'une et les répliques des trois autres sont authentiques, mais je trouve l'histoire divertissante.
Quoi qu'il en soit et qu'il arrive, j'ai l'impression que l'avenir politique de Valérie Pécresse ne se présente pas sous les meilleurs auspices (j'ai failli écrire "hospices") parce que, à force d'accumuler les baffes et les gaffes, ses joues vont finir par ressembler à des tranches d'aloyau persillées et saignantes. Pauvre Valérie Pécresse, si seule et si abandonnée, cuite façon cramée dans la dernière ligne droite d'une épreuve où rien ne lui aura été épargné !
Quel talent ! Quel tempérament ! Quelle intelligence politique ! Quelle perte hypothétique pour la France !
Voilà ce que je dis, moi.
Note : après vérifications auprès de diverses sources, il semblerait que tout soit vrai.
Note ajoutée le 25 mars : on a appris que Madame Pécresse a été déclarée positive au Covid. Décidément, quand on a la poisse ... Chirac avait raison quand il déclarait : « Les emmerdes, ça vole en escadrille ».
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, politique, élection présidentielle, jean lassalle, le canard enchaîné, valérie pécresse, les républicains, nicolas sarkozy, emmanuel macron, général de villiers, leila slimani, teddy ryner