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samedi, 24 janvier 2015

WILLEM, CHARLIE ET LES ECOLOGISTES

Je me refuse à parler de "liberté d'expression", de "provocation", de "blasphème", d' "offense à Mahomet", qui sont des formules toutes faites plus ou moins vidées de leur substance : je voudrais que tout le monde admette une fois pour toutes que chaque citoyen français

 

A LE DROIT DE SE MOQUER DE TOUT.

 

NULLE OPINION NE DOIT CONSTITUER UN DELIT. 

 

Et ce droit est sans limite : l'univers des mots n'a jamais fait et ne fera jamais couler le sang. Cessons de confondre le monde du langage (l'arbitraire du signe, Saussure, signifiant/signifié, tout ça) et le monde de la réalité matérielle (pour Saussure le "référent" : le signifié, disons, pour faire clair, le mot "chien" n'a jamais mordu aucun facteur).

 

Il est honteux d'assimiler quelque parole que ce soit (fût-ce l'incitation à la haine raciale) à un acte, fût-il "en puissance". Le vrai démocrate érige une muraille infranchissable entre, d'une part, le verbe, et d'autre part, la croyance au verbe. Entre la Lettre et l'Esprit de la Lettre. Le vrai démocrate met la Lettre à distance. Il la soumet à examen. 

 

Il est démocratiquement très inquiétant que, sous couvert de respect et de tolérance (et puis quoi, encore ?), des gens par ailleurs instruits confondent la mot avec la chose. Il devrait être interdit d'interdire de prononcer certains mots par crainte de voir certaines choses se produire réellement. Pantagruel le dit à Panurge (Tiers Livre, XX) : « Si les signes vous faschent, ô quant vous fascheront les choses signifiées ».

 

A elle toute seule, la croyance que le mot porte intacte, dans le sens que lui accorde un pauvre dictionnaire particulier et partisan, la VÉRITÉ pure et sans tache, cette croyance est porteuse de mort. Restons vivants : enseignons la polysémie aux affolés dangereux qui restent prosternés au pied de la Lettre.

 

La pénalisation de quelque parole que ce soit, l'interdiction de quelque opinion que ce soit, la condamnation de l'auteur de quelque déclaration que ce soit sont des insultes à la démocratie. Une saloperie pourvoyeuse de haine. Supprimons le délit d'opinion du Code Pénal.

 

 

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Willem doit être un peu asocial : cette infirmité lui a sauvé la vie. Il déteste en effet les conférences de rédaction. Il aurait dû théoriquement se trouver avec les autres. Je ne sais pas quel est aujourd’hui son état d’esprit. Quels sont ses états d’âme (s’il en a une, ce dont il n’est sans doute pas persuadé). Comment il pense à ses copains disparus. Willem est le dernier survivant des "anciens". Aussi précieux désormais qu'un monument historique.

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En révisant mes vieux Charlie Hebdo, je suis tombé sur cette page parue le 3 juillet 1972 (n°85). Et je trouve épatant et incroyable que, dans la même revue, aient pu écrire et dessiner des gens aussi dissemblables et opposés que ce Hollandais qui estropie le français dans la joie et la bonne humeur, et des gens comme Cabu, cet écolo précoce, et Pierre Fournier, l’oublié, tué il y a bien longtemps par le surmenage imposé par la gestion du destin de La Gueule ouverte. Un intransigeant de l’écologie, lui.

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C’est peut-être à Fournier que Willem répondait dans la page que j’essaie de restituer ici, découpée tant bien que mal pour les besoins de la cause. On a compris : l’écologie, ce n’est carrément pas son truc.

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Mais le plus génial dans cette page, selon moi, sous le coup de griffe caricatural donné aux purs et durs de la nature, c’est tout de même la prophétie qu’elle contient.

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Car pensez-y, les débats sur le réchauffement climatique tournent autour de quoi, en définitive ? Rien d’autre que l’avance des pays développés sur les pays en développement, en termes de progrès technique et de confort matériel. Ou alors l'inverse : le retard de ceux-ci sur ceux-là.

 

Enfin ça, c'est la phraséologie officielle, surtout chez les tiers-mondistes et autres O-N-G-istes soucieux de « porter secours aux déshérités de la planète ». Je précise que je n'ai rien contre les déshérités de la planète. J'ai juste envie de vivre ma vie le mieux possible. Mon égoïsme foncier n'est pas pire que celui des milliards d'autres humains.

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« Dans dix ans nous aurons te dépassé », dit le personnage. Dix non,  quarante, c'est sûr.

Suivez mon raisonnement, il sera simple. Les pays pauvres veulent du développement pour rejoindre les pays déjà développés. Donc ils veulent de la croissance économique.

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Donc les pays pauvres veulent de l’énergie pour faire marcher des industries et pour produire et vendre des biens. Pour s'enrichir et améliorer leur sort.

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Donc les pays pauvres veulent du réchauffement climatique. Puisque l'énergie pour faire marcher des industries, c'est précisément ce qui a produit le réchauffement climatique. C’est mathématique.

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Le pire, c’est qu’au nom de la justice et de l’égalité, ils y ont droit. Nous ne pouvons pas leur refuser, si nous croyons que notre façon de faire est un modèle. Nous sommes coincés. L'humanité est dans la nasse.

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C’est rassurant : quand tous les pays du monde seront développés, le monde sera mort. Bon, c’est vrai, Willem se trompe dans sa conclusion : les anciens pays pauvres seront aussi morts que les riches.

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La marque de la voiture rappellera quelque chose à certains. Nul doute qu'ils seront sensibles à l'ironie de Willem. Peut-être même que ça les amusera.

Mais si cette page de 1972 n’explique pas tout, elle explique un peu du monde tel qu’il se présente aujourd’hui à nos yeux émerveillés et terrifiés. Bon courage aux négociateurs de Paris-Climat-2015, la conférence qui doit avoir lieu en décembre prochain..

 

Bon courage à l'humanité.

 

Voilà ce que je dis moi.