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samedi, 11 février 2017

LES "COUPS" DU PÈRE FRANÇOIS

Lettre ouverte à tous ceux qui nous font honte d'être Français.

Les coups de projecteur sur les activités de François Fillon, et sur la réalité des inactivités grassement rémunérées de son épouse Penelope et de ses enfants Marie et Charles, ont mis en pleine lumière une bonne part de ce qui rend l'ensemble du personnel politique français vomitif et haïssable aux Français, et surréaliste aux yeux du monde, qui regarde notre pays avec effarement.

Mais si le cas Fillon suscite un tel dégoût, ce n'est pas seulement parce qu'il révèle une pourriture particulière. Car si Fillon (et beaucoup d'autres) a pu prospérer à ce point et si longtemps, c'est que tout le système politique fonctionne de façon à autoriser de telles pratiques, et quand je dis "autoriser", c'est peut-être "favoriser", voire "organiser" qu'il faut entendre. C’est tout le fruit qui est véreux jusqu’au cœur. 

Le pire dans cette affaire est que le cas particulier Fillon n'est que la caricature de mœurs très communément partagées, qui font des députés, sénateurs et ministres cette odieuse caste de privilégiés, sans parler de tous les rats mis « en réserve » (= recasés tant bien que mal pour "services rendus") dans des sinécures plus ou moins fromagères : siège dans une "Haute Autorité", au CSA, au Parlement européen, au Conseil économique et social (véritable malle au trésor réservée à tous les récompensés des "petits services"), Institut du monde arabe (pour Jack Lang), direction d'un des très nombreux "Observatoires" lucratifs mis en place depuis des décennies, et un nombre indéterminé de planques moins voyantes. La pourriture est dans les "usages", les "habitudes" et les "coutumes" en vigueur parmi les élites politiques, un pli qui a été pris avec la professionnalisation des fonctions politiques.

Les ministres suédois, quant à eux, mangent à la cantine, et les députés se déplacent à vélo et voyagent en train : de quoi tomber de sa chaise quand on compare. De quoi être écœuré jusqu'à la nausée par ce que se permet un homme qui trait les contribuables comme une vache à lait, et qui ose se présenter à leurs suffrages pour diriger le pays. 

C'est le statut actuel des hommes politiques qui doit être rayé de la carte. Le "sortez les sortants" est une poudre aux yeux. Le "dégagisme" vociféré par le vieux poisson Mélenchon est totalement illusoire s'il ne s'accompagne pas de la décision de jeter à bas la structure entière du mode de désignation des "élites" politiques. Il est frappant de constater que Mélenchon, Hamon, Valls, Fillon, sauf erreur, n’ont jamais vécu ailleurs que dans le petit monde des politiciens professionnels. Marine Le Pen est juste une fille-à-papa. Quant à Macron, candidat de la banque (au fait, d'où tire-t-il les ressources qui lui permettent de faire campagne en grand ?), qui peut voir un instant, en cet immature paltoquet (Le Robert : « homme insignifiant et prétentieux »), un chef de l’Etat ? 

Pour moraliser la vie politique française, il y a un excellent et efficace moyen : cesser de doter les mandats électifs d'avantages matériels (financiers et autres) si consistants qu'ils ne peuvent que susciter concurrences et rages de convoitise. Cesser de rendre ces postes éminemment désirables pour les ramener à leur fonction originaire : servir le pays en faisant les lois. Cela redonnerait à la fonction parlementaire la signification noble et respectable que des pratiques complaisantes ont avilie et dévoyée. Sans aller jusqu'à assécher complètement le fleuve Pactole, il faudrait en enserrer le débit entre des digues sûres. 

Pour commencer, on pourrait revoir à la baisse le nombre des parlementaires, cesser de les rémunérer avec l’argent public comme s’ils étaient des patrons de PME florissantes (plus de 12.000€ (indemnité + frais de mandat), sans compter les crédits pour payer des collaborateurs : on voit avec Fillon où peut aller cet argent), les obliger à abandonner leur fauteuil de maire s’ils veulent être députés ou sénateurs, leur interdire d'occuper plus d'un poste (Gérard Collomb, qui vient de rejoindre Macron, est à la fois maire, sénateur et président de la Métropole de Lyon : vous trouvez ça normal ?), d’assurer plus de deux mandats d’affilée, les faire retourner à la vie civile après avoir joué leur rôle, sanctionner la moindre absence aux débats, bref, les obliger à descendre de leur piédestal confortable et de mettre pied à terre, et tout faire pour empêcher qu’ils puissent se considérer autrement que comme des personnes ordinaires.

Car le plus choquant dans l’histoire Fillon (après d’autres) est l’impression qu’il a produite de se sentir dans son bon droit, invulnérable, immunisé contre la réalité commune (nous faire le coup de l’indignation, franchement, il nous prend pour qui ?).  La césure entre la caste des politiciens (avec tous ceux qui gravitent autour, en profitent et filtrent ce qui leur arrive de la réalité) et la population française ne sera comblée qu’à ce prix. Malheureusement, mon sentiment intime est qu'elle n'est pas près d'être comblée.

Encore plus choquant : je m’étais senti humilié en tant que Français par la bassesse arrogante d’un Nicolas Sarkozy allant mendier des stylos de luxe dans les rencontres internationales ; je me suis senti humilié en tant que Français par l’indécision pathologique d’un François Hollande, obsédé de faire la « synthèse » et de ne se mettre mal avec personne ; aujourd’hui je me sens humilié en tant que Français par le cynisme impavide d’un François Fillon capable, comme tant d'autres, de laisser la France ridiculisée dans la presse internationale pour les mœurs corrompues de son personnel politique, et indifférent au discrédit moral dont le pays tout entier est l'objet. 

François Fillon, comme les autres, nous fait perdre le sens de la dignité et de l’honneur. François Fillon, qui se prétend homme d’Etat, n’hésite pas à laisser fouler aux pieds l’honneur de la France, qu’il aspire à diriger.

Honte sur lui. Et honte sur nous tous Français, s’il venait à être élu.

Voilà ce que je dis, moi.