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lundi, 21 octobre 2019

RUINES EN ISÈRE 2

A Frontonas, une autre bâtisse médiévale n'a pas eu la "chance" de croiser le regard perçant et conquérant de quelque audacieux entrepreneur, c'est le "château de Certeau". Quand on vient de Lyon, que ce soit par La Verpillière ou par la "route du Chaffard", on ne peut pas la manquer : à droite avant de s'engager dans la montée qui mène au centre du village.

CERTEAU 2.jpg

La vue est prise du nord : c'est la "route du Chaffard". Quand on vient de La Verpillière, la route passe entre le poteau électrique et la ruine.

On voit tout de suite que, pour les propriétaires, les vieilles pierres ont parfaitement le droit de vivre leur existence à part et de n'être dérangées par personne et sous aucun prétexte. Peu importe, ils ne manquent pas d'espace habitable, au vu des bâtiments existants, de leur surface visible, de leur diversité et du nombre des voitures. On peut parfaitement vivre sa vie à côté de témoignages de l'époque médiévale sans être habité par le démon de la reconstitution historique.

La partie médiévale, elle, est composée, face au sud, d'une grosse tour carrée (qu'on ne voit donc pas ci-dessus) où devaient vivre les maîtres des lieux (je n'en sais rien), flanquée de deux tours rondes, l'une au nord d'un beau diamètre, percée de belles fenêtres à meneaux, l'autre à l'ouest plus étroite. Un quatrième bâtiment, côté nord (au premier plan sur la photo ci-dessus), a dû être ajouté plus tardivement (je n'en sais fichtrement rien). Pour donner une autre image des lieux, voici le détail de la photo prise sur Gogol (sud en haut, nord en bas). On voit dans la muraille de la tour ronde l'échancrure destinée aux fenêtres.

CERTEAU 1.JPG

Je ne connais pas la date d'émission de la carte postale "Cim" du haut : sans doute la même époque (années 1960) que la précédente (voir 20 octobre).

CERTEAU 3.jpg

Mais j'ai trouvé sur l'internet, en plus d'une photo récente de la grosse tour ronde (ci-dessus : pendant la décrépitude, le délabrement continue, et ce n'est pas le lierre qui colmatera les fissures), une autre carte postale qui doit être beaucoup plus ancienne, puisque la grosse tour ronde et le corps de bâtiment qu'elle flanque sont encore coiffés d'un toit : je ne me rappelle pas les avoir vus ainsi, mais je peux me tromper. On remarque d'ailleurs que la tour a beau être ronde, elle porte un toit à quatre pentes, sans doute à cause de la difficulté de la surface à couvrir. Attention, la vue est prise du sud (face B des images précédentes).

CERTEAU 1 1.jpg

Un autre élément de cette dernière carte m'intéresse : l'aspect donné aux murs de pierre par le noir et blanc et par la définition offerte par sa parution sur l'internet. Du coup, l'image en prend une apparence picturale qui est loin de me déplaire, avec son camaïeu de gris fortement pixellisé (une "grisaille", quoi). On devrait pouvoir en tirer une gravure. C'est une idée, non ?

dimanche, 20 octobre 2019

RUINES EN ISÈRE 1

Le village de Frontonas, en Isère, est un village banal qui, comme tous les villages poussés à proximité de Lyon, dont la vie a été conditionnée, puis transformée, puis révolutionnée par l'évolution des conditions matérielles de la vie et, en particulier, par l'urbanisation véloce des campagnes.

FRONTONAS 2019.JPG

Pour donner une idée actuelle de l'occupation des sols (à comparer). L'église est en bas à gauche, le détail souligné ci-dessous est en haut à droite (point orange du restaurant).

Village essentiellement agricole du Nord-Dauphiné, où je ne comprenais pas le patois (dauphinois) du cher Léon Chemin et de Monsieur Curt quand ils étaient entre eux (quand s'y ajoutaient Fiol, Millon, Jas, Morel, Guicherd et toute la bande, j'étais en pays étranger). Désormais village dortoir : je crois bien qu'il reste deux ou trois exploitations agricoles, mais que les lotissements ont proliféré.

1963.jpg

Frontonas en Isère, avant 1963 (cachet de la Poste), avec localisation du détail ci-dessous.

Village où, chaque année, la foire aux dindes prenait possession de la "serve", petit étang en bordure de route vicinale, au-dessus duquel régnaient encore les murs branlants et les toits crevés d'un édifice médiéval qui appartenait, disait-on, à une vieille dame qui ne s'en souciait guère.

CH FERME FORTE.jpg

Détail de la carte postale ci-dessus, heureusement dotée d'une définition assez haute pour permettre le grossissement de la bâtisse médiévale dont il s'agit. A droite, les "cabanes à cochons" (à moins que ce ne fussent les "communs"), passablement ruinées elles aussi.

Au sommet de la butte, deux imposants corps de bâtiment rectangulaires reliés au fond par un corps de logis formaient un U enserrant une cour où un escalier en pierre menait sans doute à l'origine à l'étage de vie, et qui ouvrait au sud-ouest sur la campagne par une terrasse, avec quelques "cabanes à cochons" en contrebas. L'espace tout entier pouvait être périlleux.

1987 1 JANVIER PLAINE DE LA BOURBRE.jpg

Une vue sur le sud-ouest datant de 1987 : la plaine était autrefois couverte de peupliers et d'oseraies, avec quelques autres cultures. Tout fut peu à peu délogé par le maïs (avec quelques taches de colza).

Car c'était un incroyable lieu onirique où nous risquions de prendre, en toute liberté, d'après les adultes, de grosses pierres sur le crâne, des crocs de vipère dans les mollets ou des écorchures venimeuses aux clous rouillés qui dépassaient de portes qui ne fermaient plus (de magnifiques clous d'époque artistement forgés) et qui n'ouvraient sur rien. J'enrage de ne pas avoir promené quand il était encore temps mon appareil photo dans ces murs pour donner une idée des souvenirs que j'y ai accumulés.

CH FRONTONAS 38 9 CHÂTEAU.jpg

Un audacieux entrepreneur a vu un jour, de son regard perçant et conquérant, tout le parti potentiel que de généreux investissements pouvaient tirer de ces lieux abandonnés, promis à la lente agonie que connaissent toutes les vieilles pierres auxquelles plus personne ne pense. On peut dire qu'il n'a pas lésiné, et même qu'il a vu grand, ouvrant des chambres d'hôte, et surtout ajoutant en façade un restaurant aux lignes modernes. Que sont devenues les "cabanes à cochons" ?

CH ST JULIEN.JPG

Photo prise en 2013.

Sans entrer dans la querelle (la pyramide de Ieo Ming Pei au Louvre à l'échelle de Clochemerle !), je dirai simplement qu'il m'est arrivé d'y manger une cuisine honorable et d'inspiration familière. La "serve", cette mare aux canards un peu vaste pour n'être qu'une simple mare (dans le temps, j'y ai vu quelques poules d'eau), a été clôturée : on ne sait jamais, avec tous ces enfants qui courent dans tous les sens (l'école n'est pas loin).

RUINES EN ISÈRE 1

Le village de Frontonas, en Isère, est un village banal qui, comme tous les villages poussés à proximité de Lyon, dont la vie a été conditionnée, puis transformée, puis révolutionnée par l'évolution des conditions matérielles de la vie et, en particulier, par l'urbanisation véloce des campagnes.

FRONTONAS 2019.JPG

Pour donner une idée actuelle de l'occupation des sols (à comparer). L'église est en bas à gauche, le détail souligné ci-dessous est en haut à droite (point orange du restaurant).

Village essentiellement agricole du Nord-Dauphiné, où je ne comprenais pas le patois (dauphinois) du cher Léon Chemin et de Monsieur Curt quand ils étaient entre eux (quand s'y ajoutaient Fiol, Millon, Jas, Morel, Guicherd et toute la bande, j'étais en pays étranger). Désormais village dortoir : je crois bien qu'il reste deux ou trois exploitations agricoles, mais que les lotissements ont proliféré.

1963.jpg

Frontonas en Isère, avant 1963 (cachet de la Poste), avec localisation du détail ci-dessous.

Village où, chaque année, la foire aux dindes prenait possession de la "serve", petit étang en bordure de route vicinale, au-dessus duquel régnaient encore les murs branlants et les toits crevés d'un édifice médiéval qui appartenait, disait-on, à une vieille dame qui ne s'en souciait guère.

CH FERME FORTE.jpg

Détail de la carte postale ci-dessus, heureusement dotée d'une définition assez haute pour permettre le grossissement de la bâtisse médiévale dont il s'agit. A droite, les "cabanes à cochons" (à moins que ce ne fussent les "communs"), passablement ruinées elles aussi.

Au sommet de la butte, deux imposants corps de bâtiment rectangulaires reliés au fond par un corps de logis formaient un U enserrant une cour où un escalier en pierre menait sans doute à l'origine à l'étage de vie, et qui ouvrait au sud-ouest sur la campagne par une terrasse, avec quelques "cabanes à cochons" en contrebas. L'espace tout entier pouvait être périlleux.

1987 1 JANVIER PLAINE DE LA BOURBRE.jpg

Une vue sur le sud-ouest datant de 1987 : la plaine était autrefois couverte de peupliers et d'oseraies, avec quelques autres cultures. Tout fut peu à peu délogé par le maïs (avec quelques taches de colza).

Car c'était un incroyable lieu onirique où nous risquions de prendre, en toute liberté, d'après les adultes, de grosses pierres sur le crâne, des crocs de vipère dans les mollets ou des écorchures venimeuses aux clous rouillés qui dépassaient de portes qui ne fermaient plus (de magnifiques clous d'époque artistement forgés) et qui n'ouvraient sur rien. J'enrage de ne pas avoir promené quand il était encore temps mon appareil photo dans ces murs pour donner une idée des souvenirs que j'y ai accumulés.

CH FRONTONAS 38 9 CHÂTEAU.jpg

Un audacieux entrepreneur a vu un jour, de son regard perçant et conquérant, tout le parti potentiel que de généreux investissements pouvaient tirer de ces lieux abandonnés, promis à la lente agonie que connaissent toutes les vieilles pierres auxquelles plus personne ne pense. On peut dire qu'il n'a pas lésiné, et même qu'il a vu grand, ouvrant des chambres d'hôte, et surtout ajoutant en façade un restaurant aux lignes modernes. Que sont devenues les "cabanes à cochons" ?

CH ST JULIEN.JPG

Photo prise en 2013.

Sans entrer dans la querelle (la pyramide de Ieo Ming Pei au Louvre à l'échelle de Clochemerle !), je dirai simplement qu'il m'est arrivé d'y manger une cuisine honorable et d'inspiration familière. La "serve", cette mare aux canards un peu vaste pour n'être qu'une simple mare (dans le temps, j'y ai vu quelques poules d'eau), a été clôturée : on ne sait jamais, avec tous ces enfants qui courent dans tous les sens (l'école n'est pas loin).