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dimanche, 20 octobre 2019

RUINES EN ISÈRE 1

Le village de Frontonas, en Isère, est un village banal qui, comme tous les villages poussés à proximité de Lyon, dont la vie a été conditionnée, puis transformée, puis révolutionnée par l'évolution des conditions matérielles de la vie et, en particulier, par l'urbanisation véloce des campagnes.

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Pour donner une idée actuelle de l'occupation des sols (à comparer). L'église est en bas à gauche, le détail souligné ci-dessous est en haut à droite (point orange du restaurant).

Village essentiellement agricole du Nord-Dauphiné, où je ne comprenais pas le patois (dauphinois) du cher Léon Chemin et de Monsieur Curt quand ils étaient entre eux (quand s'y ajoutaient Fiol, Millon, Jas, Morel, Guicherd et toute la bande, j'étais en pays étranger). Désormais village dortoir : je crois bien qu'il reste deux ou trois exploitations agricoles, mais que les lotissements ont proliféré.

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Frontonas en Isère, avant 1963 (cachet de la Poste), avec localisation du détail ci-dessous.

Village où, chaque année, la foire aux dindes prenait possession de la "serve", petit étang en bordure de route vicinale, au-dessus duquel régnaient encore les murs branlants et les toits crevés d'un édifice médiéval qui appartenait, disait-on, à une vieille dame qui ne s'en souciait guère.

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Détail de la carte postale ci-dessus, heureusement dotée d'une définition assez haute pour permettre le grossissement de la bâtisse médiévale dont il s'agit. A droite, les "cabanes à cochons" (à moins que ce ne fussent les "communs"), passablement ruinées elles aussi.

Au sommet de la butte, deux imposants corps de bâtiment rectangulaires reliés au fond par un corps de logis formaient un U enserrant une cour où un escalier en pierre menait sans doute à l'origine à l'étage de vie, et qui ouvrait au sud-ouest sur la campagne par une terrasse, avec quelques "cabanes à cochons" en contrebas. L'espace tout entier pouvait être périlleux.

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Une vue sur le sud-ouest datant de 1987 : la plaine était autrefois couverte de peupliers et d'oseraies, avec quelques autres cultures. Tout fut peu à peu délogé par le maïs (avec quelques taches de colza).

Car c'était un incroyable lieu onirique où nous risquions de prendre, en toute liberté, d'après les adultes, de grosses pierres sur le crâne, des crocs de vipère dans les mollets ou des écorchures venimeuses aux clous rouillés qui dépassaient de portes qui ne fermaient plus (de magnifiques clous d'époque artistement forgés) et qui n'ouvraient sur rien. J'enrage de ne pas avoir promené quand il était encore temps mon appareil photo dans ces murs pour donner une idée des souvenirs que j'y ai accumulés.

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Un audacieux entrepreneur a vu un jour, de son regard perçant et conquérant, tout le parti potentiel que de généreux investissements pouvaient tirer de ces lieux abandonnés, promis à la lente agonie que connaissent toutes les vieilles pierres auxquelles plus personne ne pense. On peut dire qu'il n'a pas lésiné, et même qu'il a vu grand, ouvrant des chambres d'hôte, et surtout ajoutant en façade un restaurant aux lignes modernes. Que sont devenues les "cabanes à cochons" ?

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Photo prise en 2013.

Sans entrer dans la querelle (la pyramide de Ieo Ming Pei au Louvre à l'échelle de Clochemerle !), je dirai simplement qu'il m'est arrivé d'y manger une cuisine honorable et d'inspiration familière. La "serve", cette mare aux canards un peu vaste pour n'être qu'une simple mare (dans le temps, j'y ai vu quelques poules d'eau), a été clôturée : on ne sait jamais, avec tous ces enfants qui courent dans tous les sens (l'école n'est pas loin).

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