vendredi, 22 mars 2013
DE L'EXPERIMENTAL DANS LES ARTS
AUTRE CAS SPECTACULAIRE D'ELEPHANTIASIS
"Eléphantiasis des Arabes, ou des pays chauds" : oedème énorme du derme et du tissu cellulaire sous-cutané accompagné de sclérose, siégeant aux membres inférieurs et aux organes génitaux, observé dans toute la zone tropicale. Il est dû à la pénétration, dans les vaisseaux lymphatiques, de la filaire du sang (Wuchereria bancrofti, Onchocerca volvulus, Filaria malayi).
[Je n'invente rien, évidemment.]
***
Devinette : « Quelle est la différence entre un enfant et un scientifique ? ». Bon, comme la question est un peu ardue, je vais tâcher de prendre un détour.
J’espère qu’on me le concédera sans barguigner : « avoir de l’expérience », ça n’a rien à voir avec « faire une expérience ». Par exemple, on trouvera une illustration de la deuxième occurrence sur la paillasse du laboratoire du 3ème étage, où, pour contrevenir formellement aux ordres du professeur, on jette un peu d’eau dans je ne sais plus quel acide (sulfurique ?). C'est sûr que l'explosion et la projection qui s'ensuit vous ôteront à jamais l'envie de recommencer. C’est le métier qui rentre, dit-on. Autrement dit : faire une expérience donne de l'expérience, augmentée de quatre heures de colle.
C’est comme s’appuyer à deux mains, vers l’âge de six ans, sur le petit poêle Mirus en train de ronfler, pour voir comment ça fait. Je vous assure qu'une fois qu'on sera revenu des urgences hospitalières, nul n’aura plus jamais besoin de décréter une distance de sécurité infranchissable : celle-ci s’établira d’elle-même. Le métier qui rentre, on vous dit. Ça fait des souvenirs qu’on aura plaisir à transcrire dans le long livre de ses Mémoires, à paraître aux éditions de l’à-venir-lointain.
Je veux dire par là qu’on ne « fait des expériences » que quand on ne sait pas. Qu’on se le dise, et voilà la réponse à la devinette : il n'y a guère de différence entre un enfant et un scientifique, et leur grand point commun, c’est précisément QU’ILS NE SAVENT PAS. Ou plutôt pas encore. En espérant que ça viendra. C'est pour cette seule raison qu'ils se livrent à des expériences.
Théorème : "Les scientifiques cherchent, les enfants découvrent".
Il y aurait beaucoup d'avantage à méditer cette phrase. Or, c’est bien connu, tous ceux qui cherchent, de même que tous ceux qui découvrent sont motivés par le fait qu’ils ne savent pas. L’enfant découvre sans savoir ce qu’il cherchait (sans même savoir qu'il cherchait), le scientifique cherche, sans savoir ce qu’il va découvrir. En fait, bien qu’on se la complique à plaisir, la vie est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.
L’enfant, par exemple, ne sait pas que ça brûle quand le poêle ronfle. Il ignore aussi que tout ce qui est plus lourd que l’air tombe jusqu’au sol, à ses risques et périls, quand l’équilibre vient à se perdre, s’il se penche à la fenêtre ou que le vélo se dérobe traîtreusement.
Le scientifique, quant à lui, a au moins une excuse : on le paie. On le paie non pas pour tomber de vélo, mais pour mettre au point ce catalyseur révolutionnaire qui va favoriser la combustion du carburant dans le moteur, ou pour parvenir un jour à faire voler indéfiniment un plus lourd que l’air sans utiliser un goutte de combustible fossile.
La grande différence entre l’enfant et le scientifique, c’est que le premier enrichit gratuitement son seul et propre savoir, fût-ce aux dépens de l’intégrité de son épiderme, alors que le second accroît contre rémunération les connaissances de l’humanité, pour améliorer et accentuer son emprise technique sur le monde réel, avec à la clé d’éventuelles magnifiques retombées sonnantes pour quelque industriel malin.
Toutefois, quelles que soient les différences, le processus n’en reste pas moins identique. L’enfant n’a pas une démarche moins scrupuleusement méthodique que le scientifique :
1 – hypothèse ;
2 – vérification par l’expérience ;
3 – validation ou invalidation de l’hypothèse.
Théorème : "L'enfant est un scientifique qui s'ignore, alors que le scientifique a oublié qu'il fut un enfant".
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photographie, monstres, monstruosités, freaks, martin monestier, science, enfance, expérience, art, artiste, art contemporain