samedi, 10 juillet 2021
L'HOMME FACE A L'ANIMAL ...
... COMPAGNON, MAÎTRE ET TYRAN.
Le cirque était unanimement célébré comme un bienfait, à l'époque où une grande partie de l'intérêt des gens était, en dehors des clowns et des trapézistes, les prouesses auxquelles des "dompteurs" admirés étaient capables d'amener des animaux (la "culture" comme seigneur et maître de la "nature").
Aujourd'hui, il n'en est plus de même. "Dompteur" est devenu un métier vilipendé et condamné. Des groupes de pression se soucient du bien-être animal ; des associations L214 s'introduisent clandestinement dans des abattoirs pour dénoncer les immondes tortures que l'on y inflige aux animaux pour approvisionner le marché de la viande ; le véganisme a commencé à semer la pagaille et fait des ravages devant les commerces de boucherie en répandant du faux sang sur le trottoir ou en peignant sur celles des laitiers-fromagers des slogans aussi définitifs que « LAIT = MORT » (je l'ai vu), quand ce ne sont pas des entreprises qui brûlent une nuit ; il n'est pas jusqu'à la politique qui ne soit contaminée par le virus de la culpabilité et le retournement de situation, avec la création d'un "parti animaliste" (prière de ne pas rire). Tout ça existe et on est bien obligé de faire avec.
Il n'empêche qu'il se passait de fort belles choses au cirque du temps de Pépé, quoiqu'aussi d'autres assez laides ou affligeantes. Moi je dis : l'homme est ainsi fait. Et je dis qu'il reste les tours de force inscrits dans l'histoire du cirque par des dompteurs qui, pour obtenir de leurs animaux des exploits hors de leur nature, étaient forcément animés à leur égard d'un amour que beaucoup ont à présent du mal à imaginer. Regardez plutôt.
Cirque Rancy. L'instant décisif saisi par Georges Vermard. Le nom du dompteur, en tutu de gladiateur romain, n'est pas indiqué.
Cirque Jean Richard. L'éléphant qui se met debout, je trouve ça pas mal non plus. Photo Georges Vermard.
Cirque Gruss. Arlette Gruss, forte femme, en train de bercer sa panthère, qui se laisse faire gentiment. Photo Georges Vermard.
Cirque Gruss. Et admirez l'extraordinaire envol de ce cheval qui a accepté de se plier un moment à la volonté d'Alexis Gruss, lui-même dressé sur ses orteils. Magnifique geste et magnifique photo de Georges Vermard.
Cirque Zavatta. On peut sans doute être moins sensible au travail de Capellini, dont on se demande quand même comment il a pu convaincre ses chimpanzés de se laisser ainsi attifer (jusqu'aux chaussures de ville). Photo Georges Vermard.
La face cachée du spectacle, c'est évidemment la "ménagerie", autrement dit la cage, le plus souvent digne des prisons de Louis XI. Et il est vrai que j'ai vu des ménageries misérables et des animaux pelés ou tristes. Mais c'était dans des cirques qui survivaient à l'état végétatif.
Cirque Bouglione. Lui, c'est l'ours polaire, et voilà comment on lui fait sa "toilette" (titre de la photo) : ça fait de la peine. Photo de Marcelle Vallet.
Cirque Bouglione. Le grand fauve de la savane est-il à sa place ? Question légitime : ça fait de la peine. Photo Marcelle Vallet.
Cirque Bouglione. Quant à la girafe, sauf erreur d'optique, le box semble un peu bas de plafond : ça fait de la peine. Photo Marcelle Vallet.
Aujourd'hui, il ne reste que le zoo pour voir en direct les animaux dits "exotiques". Ou alors, carrément, le safari. Pan ! Pan ! Et des gens qui ne paient aucune agence de voyage ne se gênent pas pour aller faire des cartons en Afrique.