samedi, 20 juin 2015
JE PENSE À CABU
En fouinant dans de vieilles choses, voilà-t-il pas que je tombe sur un numéro (n°4) de la revue Carton, qui célébrait le dessin d’humour. C’était la maison Glénat qui la publiait, consacrant chaque numéro à un dessinateur : Chaval, Dubout, Tetsu, Mordillo. J’ignore combien de temps elle a duré. Toujours est-il que le n°4 faisait honneur à Cabu. Ah, retrouver Cabu !... Bientôt six mois que ces salauds …
Je donne ici quelques illustrations tirées de cette revue imprimée en 1975 (elle coûtait 12 francs, je l’ai vue à 19 € sur un site de livres d’occasion). On y apprend par exemple la raison de l'antimilitarisme viscéral de Cabu (il a quand même passé 27 mois en Algérie, de quoi expliquer).
On y voit un Reiser gentiment moqueur de ce grand dadais de Duduche qui éprouve éternellement des sentiments pour la fille du proviseur (mais qui plonge l’œil dans son décolleté (bien qu'elle soit en « col Claudine » !) sur le dessin de couverture, voir ci-dessus).
On y retrouve aussi et surtout l'énorme canular que Cabu avait monté avec une bande de potes dans sa ville natale de Châlons-sur-Marne, à l’occasion de « l’épreuve sportive la plus bête du monde » (Strasbourg-Paris à la marche), qui passait par là chaque année au mois de juin. C'était en 1959.
La fine équipe, tous déguisés, se pointe dans les rues deux heures avant le premier marcheur, « à l’heure de la sortie de la messe ». Ils font même une caravane publicitaire ornée d’affiches « prêtées par une copine pharmacienne » (dragées Fuca, maigrir). Cabu est à vélo. Le N° du dossard de Gros Schmitt (ODÉ-84-00, on est en 1959) est celui de l'horloge parlante.
Le « marcheur », le « concurrent » s’appelle donc Gros-Schmitt (117 kg). On le fait passer pour Gilbert Roger, le champion de l’épreuve à l’époque. Je cite Cabu : « Régulièrement, Gros Schmitt s’effondre, et on le remonte avec un cric ! Les gens ne sont pas étonnés : pour eux, il a déjà fait 330 kilomètres … ». Cette histoire de cric !!! Les gens qui ne se doutent de rien !!! En plus, ils se font offrir le champagne en s'arrêtant devant un bistrot. Certains trouvent le champion plus gros que l'année précédente : « Oui, mais il a deux heures d'avance », répond quelqu'un.
Le changement de trombine du bistrotier entre les deux dessins !...
Gros Schmitt demande « un bain de pieds à une petite vieille », si possible avec des pétales de roses trémières, ou a défaut du caca de chat, « si vous en avez ». Et Cabu conclut : « Ce jour-là, j’ai compris qu’on pouvait aller très loin pour mystifier les gens … ».
Un canular à connotation rabelaisienne : voir les farces pendables que Panurge fait subir aux Parisiens (le guet, par exemple) et aux Parisiennes (on trouve ça dans Pantagruel).
Mais on peut penser aussi aux énormes canulars imaginés par Jules Romains dans Les Copains, où un faux curé prononce en chaire un sermon gratiné qui heurte les chastes oreilles des paroissiennes, tout en leur suggérant des idées (Ambert), et où un faux Vercingétorix a pris la place de la statue (en étalant ses superbes attributs sur le bronze du cheval), puis bombarde les officiels et la population d'injures et de légumes (Issoire).
Merci, Cabu, de nous avoir fait partager de pareils moments.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabu, revue pilote, revue charlie mensuel, charlie hebdo, revue carton, bande dessinée, dessin d'humour, éditions glénat, chaval, dubout, antimilitariste, reiser, le grand duduche, la fille du proviseur, châlons-sur-marne, strasbourg-paris à la marche, canular, dragées fuca, gros schmitt, gilbert roger, rabelais, pantagruel, panurge, jules romains, les copains, humour
mercredi, 01 janvier 2014
IRRECUPERABLE REISER
I
BONNE ANNEE
Au moment où la « BÊTE » policière qui veille à ce que pas une oreille ne dépasse sur l’immense esplanade où elle rêve de ranger l’humanité en files impeccables pour la faire défiler au pas de la dinde sur un rythme réglé par les flics de la pensée, les commissaires de la parole et, désormais, les argousins du comportement, s’apprête à abattre son énorme patte immonde et griffue sur celui qui a popularisé un geste plutôt marrant appelé « la quenelle », prétendument antisémite, il est hygiénique et régénérateur de jeter un regard sur des contrées lointaines, où pensée, parole et comportement échappaient encore pour quelque temps à l’emprise des contempteurs et septembriseurs (je pense au André Breton le septembriseur de Pierre de Massot) de la liberté.
II
MEILLEURS VOEUX
Je sais, la phrase ci-dessus est un peu longue, mais c’est juste pour montrer ce que je sais faire (la proposition principale commence à « il est hygiénique », mais qui se souvient de ce qui porta le noble nom d’ « analyse logique » ?). Et puis je pouvais faire ce petit effort en l'honneur de Reiser, non ?
ON TROUVE CES QUATRE VIGNETTES DANS UN ENSEMBLE INTITULÉ "A L'AMERICAINE".
LES INTERLOCUTEURS DU PROFESSEUR CHORON, RECONNAISSABLE A SA CALVITIE ET A SON FUME-CIGARETTES, SONT CAVANNA ET REISER EN PERSONNE.
III
ET LA SANTÉ, SURTOUT !
Je me demande parfois, comme beaucoup, quels sketches Coluche ou Desproges auraient inventés si la mort ne nous avait pas privés de l’acéré de leurs regards et du mordant de leur phrases. La seule différence entre eux et Reiser, c’est que ce dernier dessinait. A vrai dire, il ne faisait pas que dessiner. Les traits qu’il traçait sur la feuille étaient au service de son regard et de ses phrases.
ON CROIRAIT QUE REISER S'EST ICI INSPIRÉ DE CHAVAL (VOUS SAVEZ : "DANSEUSE MIMANT LA MORT DU CYGNE DEVANT DES CANARDS")
IV
Comment il voyait l’humanité, je ne peux pas dire exactement, ne l’ayant pas connu. Ce que je sais, c’est qu’il était très fort pour débusquer et mettre sur le devant de la scène ce que les gens qu’il regardait voilaient derrière des discours, des idées, des idéologies, de façon inconsciente ou calculée. Les arrière-pensées, les non-dits, les demi-vérités. Il en faisait de petits pétards qui éclataient au nez.
Regardez par exemple ce qu’il fait dire au Professeur Choron (ill. III). Chaque fois ou presque, une bonne leçon de non-conformisme, mais du vrai de vrai, cette fois.
V
LAQUELLE EST UNE "FEMME MODERNE" ?
VI
VII
AVEC MES MEILLEURS VOEUX LES PLUS SINCERES POUR 2014 (On ne sait jamais : ça peut marcher)
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reiser, chaval, dessin d'humour, caricature, hara kiri, charlie hebdo, élections, intolérance, censure, dieudonné, quenelle dieudonné, meilleurs voeux, professeur choron, cavanna, coluche, desproges