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lundi, 06 novembre 2023

ISRAËL RATE L'OCCASION DU SIÈCLE

L'Etat d'Israël vient de rater l'occasion du siècle. Du siècle ? Comment ça, baratineur de blog ? Eh bien pas la peine d'avoir Bac + 12 ou d'être sorti d'une Académie militaire pour s'en convaincre. A croire que les dirigeants de l'Etat hébreu semblent trop américanisés (je veux dire "mal dégrossis") pour comprendre les subtilités des guerres dites "asymétriques". Ils font pleuvoir des orages de bombes sur la population de Gaza. Du coup, les dégâts « collatéraux » parmi la population civile deviennent la règle, et le ciblage des méchants l'exception. C'est aveugle, criminel et con.

Ils ont beau savoir que les stratèges du Hamas, aidés en cela par les meilleurs stratèges iraniens, avaient derrière la tête une idée particulièrement tordue, ils font comme les Américains au Vietnam : le tapis de bombes. Suite à cette "stratégie" trop niaise pour être digne de ce titre, Israël est désormais, aux yeux de la plupart des pays normalement humanistes, un bourreau sanguinaire. Exactement le renversement des responsabilités attendu, souhaité et prévu par le Hamas.

Certains commentateurs vont jusqu'à égaler Netanyahou et Tsahal en cruauté aveugle à d'autres bourreaux dont les juifs furent eux-mêmes les victimes, en masse, en d'autres temps. On ne peut pas, hélas, donner complètement tort aux critiques qui s'abattent sur Israël. Pourtant, les terroristes du Hamas, par l'énorme pogrom commis le 7 octobre, avaient offert aux dirigeants israéliens une occasion en or, quasiment l'occasion du siècle, de retourner l'opinion mondiale en leur faveur. Ne pas avoir sauté sur cette occasion reste pour moi une énigme et une faute.

Vous imaginez le boulevard ouvert devant l'Etat d'Israël quand le monde a découvert, horrifié, l'étendue des massacres du 7 octobre ? Vous imaginez l'énorme opération de propagande gratuite qu'il aurait pu mener face au monde entier, à la tribune de l'ONU, et dont il aurait pu remercier le Hamas de la lui avoir offerte sur un plateau ? L'extraordinaire et idéal moment de se présenter en victime à la face de l'humanité ? Le voilà le grand mot que les Israéliens ont oublié de marteler : se présenter comme les victimes d'une haine exterminatrice. Quel tableau ! Quelle victoire ç'aurait été ! Et Hamas, Hezbollah et Iran l'auraient eu dans le baba ! La queue basse, les mollahs !!! A la niche les molosses !!!

Mais non, pour cela, il aurait fallu réfléchir, et non pas réagir dans l'instant, sous le coup de l'émotion, du scandale, de la souffrance, de la colère et de l'horreur. Il aurait fallu voir l'intention cachée derrière les actes des tueurs. En deux mots, il aurait fallu élaborer une vision politique de la situation ainsi créée, et non seulement se fier à une conception purement militaire, par définition incapable de parler autrement qu'avec le langage de la force. Avec au demeurant une efficacité très douteuse, précisément en termes militaires : à combien chiffre-t-on les hauts responsables du Hamas dégommés par l'armée israélienne ?

Pour réagir avec intelligence, il aurait fallu que les gouvernants israéliens sortent de la mécanique et de l'automatisme de la vengeance. Vous pouvez être sûr que, si Israël avait brandi comme un étendard les photos des hommes, des vieillards, des femmes, des enfants assassinés, aucun pays, fût-il acquis à la cause islamiste, n'aurait osé prendre le parti des assassins. Vous auriez vu le grand concert des nations se précipiter au secours de la nation attaquée dans sa chair. Israël aurait fait l'unanimité autour de lui. Vous imaginez, pour une fois, l'unanimité dans la compassion pour les juifs et dans la réprobation de leurs lâches ennemis ?

Au lieu que là, non seulement l'armée et tous les organes qui de défense et de sécurité ont été lamentablement pris en défaut, mais en répliquant comme des brutes en fonçant dans le piège tendu par le Hamas, ils ont 1 - fini par donner le beau rôle à celui-ci, 2 - réussi à faire oublier les actes barbares commis par celui-ci, 3 - revêtu aux yeux de tous le costume de l'ogre, du monstre, du grand méchant loup. 

Quel stupide et horrible gâchis ! C'est trop tard pour faire autrement. Israël est pris dans l'engrenage : il ne peut que poursuivre sur sa lancée et aggraver son cas aux yeux du monde. On saura plus tard l'ampleur de tout ce qu'a perdu Israël en réagissant comme il l'a fait. 

***

Note : maintenant, après cette terrible victoire des terroristes du Hamas, celui-ci a-t-il fait avancer la cause des Palestiniens ? Rien n'est moins sûr. Je persiste à penser, moi qui ne suis en rien géopoliticien, que la défense de la cause du peuple palestinien figure à peine comme un iota dans le programme du Hamas, même si celui-ci s'impose actuellement comme le vrai et seul représentant authentique, au détriment de l'Autorité palestinienne qui, dans la circonstance actuelle, se trouve, si c'est possible, encore plus disqualifiée qu'en temps ordinaire. [* Note : Je viens précisément d'entendre (16 novembre dans Les Matins de France Culture) que les gens du Hamas ont déclaré officiellement (ou au moins publiquement) que celui-ci avait besoin du sang des innocents pour affermir la ferveur révolutionnaire dans les rangs de la population palestinienne. Non seulement les terroristes n'en ont pas honte, mais ils s'en vantent.] 

A cet égard d'ailleurs, on peut dire que l'opération "assassinats" est pour le Hamas une réussite en termes de pouvoir et d'instrumentalisation de la cause palestinienne. Que la cause palestinienne, et même celle des prisonniers palestiniens en Israël, puisse être portée aujourd'hui par un mouvement composé de musulmans fanatiques et dont l'essentiel de la doctrine consiste en l'élimination pure et simple de l'Etat juif, c'est juste un échec tragique des forces de la Raison. Le Hamas représentant le peuple palestinien ? C'est ce qui pouvait arriver de pire à ce dernier. 

Et c'est de très mauvais augure pour l'avenir du peuple palestinien : la violence de Septembre Noir (J.O. Munich 1972) et du F.P.L.P. à laquelle s'ajoute la bouillie religieuse d'un islam haineux, tout ça annonce des lendemains qui ne chanteront pas (ci-dessous titres de tribunes parues dans Le Monde des 29-30 octobre et 9 novembre).

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