lundi, 15 juillet 2019
LE SERGENT JACQUES CHAMBE EN 1940
Les mois d'avril à juillet 1940, tels qu'ils apparaissent dans les pages de l'agenda du sergent Jacques Chambe. Il y a quelques bons moments, mais dans l'ensemble, le moral n'est pas au beau fixe.
***
AVRIL
1 – Perme Quel repos
2 – Je me repose
3 – il pleut mais malgré cela c’est bon d’être au calme
4 – Les Robert arrivent à midi Je vais à Lyon avec l’oncle Robert Je vois tante Marinette
5 – Rien de bien neuf
6 – mauvais temps
7 – les Roux arrivent, les Robert partent Les René arrivent vers 6h.
8 – messe pour Boman [Bomau ?]
9 – les René vont à Lyon Départ de l’oncle René qui est rappelé. Cela barde en Norvège
10 – je pars en auto à 7h1/2 train à 21h18
11 – Voyage long et pénible Les hommes parlent des événements Le moral est bon Rencontré Mr Tisné à Massy Palaiseau
12 – Bataille navale J’arrive à la base à 10 ½ mouvement A la base cela remue Vol ………… en patrouille Je vais à Rennes le soir avec Revil.
13 – Nous allons à Rennes le soir. Stances de Revil à la porte de la bonne de l’hôtel Folle nuit. Pour ma part je dors calmement
14 – Revenons au camp le matin Je suis vaseux jusqu’à 5h pas franchement malade. Je ne descends pas à Rennes.
15 – Rien à signaler
16 – Vol rien à signaler. Vol
17 – Revil et moi voulons partir en Norvège. Le Lt nous dit de ne pas partir. FINKEL lui part. Nous allons à Rennes
18 – Vent fou. Le poste de police saute en l’air. Je reçois lettres. Croix de guerre 2 palmes. Médaille militaire. C’est chic.
19 – Rien Patrouille RAS Allons à Rennes
20 – Rien Un Fritz très loin Allons à Rennes.
21 – Rien Allons à Rennes
22 – Rien mais des Fritz en l’air mais très loin.
23 – Rien
24 – Rien allons à Rennes
25 – Rien de neuf
26 – Pluie. Je vais à Rennes le soir.
27 – rien, mal à la tête J’écris à Maman Jeannette Yvonne Maurice. Je ne sais que faire.
28 – Descendu à Rennes. Mal à la tête. Le …. Croit à des ………… ………
30 – Patrouille sur Brest. RAS Froid.
Notes : Et le mois passe et la vie est la même. Les heures passent tristement. Quelle guerre. J’ai envie de fuir et de partir loin. La dernière lettre que j’ai reçue me ………….. je suis triste las dans une affreuse solitude du cœur.
MAI
1 – rien le ciel est vide.
2 – Rien pas un Fritz en vue pendant 3h
3 – Je part à Paris pour acheter un paquet pour Honnorat
4 – Je suis à Paris. Temps splendide.
5 – Départ pour Rennes.
6 – Le Colonel Fauvel se tue en avion
7 – Rien
8 – Rien
9 - /
10 – rien ciel vide
11 – rien pas un fritz
12 – Rien (écrit fort sur demi-page gommée) : ici se termine une période ………….
13 – La Belgique et la Hollande sont attaquées par les Boches. C’est le grand coup qui commence. La vie ici me dégoûte. Les gens ne pense qu’à se défiler. Honnorat est comme moi dégoûté.
14 – Je vais au tir. Très bon carton au FM. Je passe la nuit dans le poste de mitrailleuse avec le Capitaine en état d’alerte. 1ère nuit de guerre. Je suis calme.
15 – La Hollande dépose les armes. Que se passe-t-il. C’est le grand moment. Qui nous sortira de là. J’ai confiance en dieu et en mon pays. Nous reculons. A quand la prochaine Marne. Nuit calme sans alerte. Où est mon vieux Maurice. Je pense bien à lui. Etre pilote et ……….
16 – Mauvaise nouvelle. Le front est enfoncé vers Sedan. Les nôtres tombent. J’ai peur pour ma patrie. Nul ne doit le savoir. Que Dieu sauve la France. Le président des Etats-Unis doit parler ce soir. Que son acte soit sauveur.
17 – La bataille continue. Nous reculons encore les réfugiés passent en masse Quelle atroce chose. Il faut avoir confiance Etre là ne pouvoir rien faire. Savoir que les nôtres tombent est inutil c’est atroce. Nuit calme. Il faut vaincre. Rien ne doit rester de l’Allemagne.
18 – Dieu sauvez mon pays et tous ceux que j’aime. Les Boches avancent encore, mais il semble plus lentement. Dieu veuille que cela soit vraie. Je reçois des lettres de Maman. Je suis bien content d’avoir de leurs nouvelles. Des Fritz plein le ciel. Un en flammes. C’est mon ami BEAUDIER ( ?). Le type saute.
19 – Papa est à la Verpillière d’après une lettre de Maman. Pétain est ministre d’Etat Mandel à l’intérieur. L’avance Boche continue mais lentement du moins je le pense. Weygand est généralissime Pétain vice président du Conseil.
20 – Les Boches avancent toujours peut-être plus lentement mais ils vont encore Dieu nous donne la victoire…J’ai mon troisième Fritz !!! un Dornier. Mon avion est criblé. Le type ne saute pas.
21 – Nous recevons des camarades qui descendent du front Nort. Leur moral est formidable mais ils semblent dire que l’aviation manque sur le front.Je travaille avec Honnorat au plan de défense. Ou allons nous. Ils sont à Amiens et Arras. Reims est évacué.
22 – Quelle terrible vie, quel désespoir. Tout croule nous sommes trahis. Dieu sauvez la France Vous seul le pouvez et pourtant nous n’en somme pas dignes moi tout le premier. La radio dit que nous tenons toujours Arras ? J’en suis sorti je ne sais comment. BOUCHARD est parti en flammes. J’ai un Dornier ! Les allemands ne sautent pas.
23 – Cela continue. Ils avancent toujours en direction de la mer. Quand en sortirons-nous ? J’écris une petite lettre à Maman. Je suis crevé. On note ……….nous nous sommes à 1 contre 10.
24 – Toujours rien de neuf. Dieu ne nous abandonnez pas. Ils avancent toujours. Une balle s’est écrasée sur le montant droit. Une culbute et je la recevais en pleine tête. VERDIER est touché. Un de moins. Je fais un crash train en avant ( ?).
25 – Je suis piqué ce matin. La journée n’est pas mauvaise. J’ai pris un sacré choc. Vol après midi. C’est idiot à un pareil moment de nous …………..
26 – Mauvaise nuit et journée pas bonne. Le moral des hommes est mauvais. Les ordres donnés les embêtent. Des ……………râlent, mais mon (zig ?) est au poil. Ce brave JARDIN ( ?) de comment …………… se perdre ( ?).
27 – Je suis mieux mais pas encore très fort. Ma tête en a pris un sacré coup. Il faut voler quand même.
28 – Léopold III trahit son peuple et dépose les armes. On me dit que je suis nommé et que j’ai la croix !
29 – (gommé) je suis bien content. Mais tant de choses sont graves à cette heure que cette joie est bien moins grande. Ou est l’oncle René ou sont ceux que j’aime. Seul la suite des jours donnera sur les événements une lueur plus précise. L’Italie semble de plus en plus vouloir nous tomber dessus.
30 – Toujours rien de neuf. Les événements restent graves très graves. Les heures sont lourdes, je suis las.las. …………………………Combat au-dessus du Mont Saint Michel. J’en suis sorti !
31 – Rien de neuf. La vie à la base ne change pas. Les événements sont les mêmes chaque jour. On vole. On vole.
JUIN
1 – Rien de neuf encore. Crevé de fatigue. Pris l’air six fois dans la journée.
2 – Je reçois une lettre de l’oncle René je lui réponds de suite pour lui demander de me faire partir sur un poste plus avancé car les Fritz sont trop rares.
3 – Visite du Général ARMENGAULT. Parade et défilé. Reçois lettre oncle Maurice Corron une de Maman.
4 – Ils ont jeté mille bombes sur Paris. J’espère que Papa est indemne. J’ai hâte d’avoir une lettre de lui et aussi de Maman car on parle de la vallée du Rhône. L’Italie sera en guerre sous peu. Du moins je le crois.
5 – Nouvelle offensive Allemande. Lettre de Maman. La Verte a été bombardée. Je vais à Rennes en mission spéciale !!!! très spéciale. Je vois la femme d’Honnorat.
6 – Les Boches avancent encore dans la direction de Rouen. Nous attaquons au ras des arbres. C’est fou. 2 ne sont pas rentrés : LARSIL ( ?) et JAMET ( ?). Moi c’est pour quand.
7 – Avance continue des Boches. Las très las. Noté 64 ………
8 – Des canadiens se posent sur le terrain en route vers le Sud ! Quels avions splendides. Honnorat passe à l’état Major comme second du colonel BLAISE. Il y a deux type qui nous quitte. Je prends la patrouille.
9 – Les Boches semblent avancer beaucoup. Nous touchons des Curtiss. Combat au-dessus de la Seine. J’ai un Messer. TASSEL ( ?) est de service en ville.
10 – Je vois le Capitaine. Il est sommé de rester au sol. Il me dit d’être prudent !!! Déclaration de guerre de l’Italie.
11 – Service en ville que de réfugiés que de drames.
12 – Les Boches sont près de Paris. On dit que les communications sont coupées avec Paris. Combat avec des Messer au-dessus de Rouen. J’ai tiré comme un cochon.
13 – Ils avancent toujours. Plus de lettres de la Verpillière ni d’autre part. C’est la guerre. Mon avion est criblé. J’ai eu de la chance.
14 – Paris est pris. C’est la fin. Roosevelt ne répond pas. Mitraillé un soumarin Fritz (sic)au large de Brest. Il plonge en catastrophe, mais j’ai eu les hommes près du canon.
15 – Rien encore de l’Amérique nous allons à la mort de la France. C’est la fin. Ce soir conseil des ministres ??
16 – MOUSTIER ( ?) tombé. Je prends SEMBAT ( ?) comme ailier droit. 15h j’ai un Henkel. Pas de parachutes. VERDIER est vengé.
17 – Bombardement de Rennes. Mitraillage du camp ………………………….. Demande d’armistice. Départ 1h du matin.
18 – (Très gommé) attaqués par six Messer touchés en feu nous en sortons. Couchons dans les champs. (+ ligne surchargée).
19 – La Rochelle La Palisse Saint Jean d’Y Cognac Barbezieu Libourne. Laréole Couchons chez des gens aimables à St Hilaire.
20 – Agen Toulouse Nous arrivons à Pinsaguel [auj. 31120].
21 – 22 – 23 – 24 Pinsaguel
(à partir de là très gommé. Les morceaux de gomme noircis sont là)
25 – Sommes à Pins ……………..est triste. Je suis
26 – Rien de neuf.
27 – J’écris à Maman. Je vois Jetty ……….. Je parle à la mère de Jetty ………Nous tombons d’accord ( ?)
28 – J’écris à Maman. Je puis embrasser Jetty quelques minutes.
29 - ………….
30 – Je suis de garde.
JUILLET (Très gommé)
1 – Je suis triste Je descends à Pinsaguel.
2 – 3 – 4 (Tout est gommé)
5 – La flotte Anglaise attaque notre flotte !!!! a l’aurore dans un port algérien. Nos plus beaux navires sont coulés. Strasbourg Dunkerque Bretagne Provence Mogador…Mes beaux navires.
6 – Aujourd’hui je suis très fatigué. Je descends à Pinsaguel le soir beaucoup plus tôt Encore très fatigué.
7 – Je suis malade complètement à plat. Des lettres de Maman du 13 et 14 juin. Il vient de Rennes.
8 – J’ai 27 ans. Et c’est un triste jour car je suis loin de ceux que j’aime (gommé) Lettre de Maman du 10 juin.
9 – Je suis toujours malade et las Quelle triste chose Je voudrais partir loin, très loin, au calme.
10 – Toujours même chose.
11 – Je reçois lettre de l’oncle Robert. Je vais je crois mieux Moins de coliques. Maurice est sauf les trois Ogier aussi.
12 – Je monte à Pins mais je suis encore bien las. 1è lettre de Maman, je suis heureux bien heureux. Partir !!! Partir !!! (Plusieurs lignes barrées et gommées).
13 – (gommé 2 lignes) suis triste et las.
14 – Quel triste 14 juillet défilé et messe à Pins Je descends avec Revil à Pinsaguel. J’ai hâte de partir de fuir cet endroit si joli.
15 – Je suis peut-être démobilisé. Lettre de Papa. Je suis démobilisé.
16 – pas d’essence pour partir. Nous partirons peut-être demain, je le voudrais tant j’ai hâte de les rejoindre tous (barré gommé. Seul lisible : ) Jetty
17 – 9h nous ne sommes pas encore partis quelle vie j’ai hâte d’être près d’eux. Départ 11h Toulouse Albi Rodez Marmande Le Puy Saint Etienne On couche chez un type très bien.
18 – Départ St Etienne en car pour Lyon Vers 6h train à Lyon pour La Verpillière 8h
09:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques chambe, rené chambe, détroyat, aviation française, juin 1940, bataille de france, deuxième guerre mondiale, la verpillière, france
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