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mardi, 30 avril 2019

GASTON

On n'en a jamais fini avec Gaston Lagaffe, et si l'on me demandait lequel de ses environ 900 gags je préfère, je serais bien embarrassé. Mais, pour finir la présente série de billets, il y en a quand même un qui continue à me ravir chaque fois que je tombe dessus, c'est celui qui porte le n°787. Deux ouvriers arrivent un jour pour changer la moquette du bureau. L'action de Gaston est nulle : il ne fait strictement rien, sauf qu'il dort à poings fermés sur sa chaise de bureau (j'allais dire : comme d'habitude).

Le malheur veut que, d'une part, la chaise soit munie de roulettes, et d'autre part, que les deux ouvriers en question se trouvent être en harmonie complète avec le caractère le plus profond de Gaston : se débrouiller pour que le réel se mette à se gondoler devant les potentialités subversives que leur esprit créatif y décèle et leur suggère aussitôt. C'est la seule présence de Gaston roupillant qui fait partir en vrille l'imagination des deux compères : ils se mettent à jouer comme des gamins. En huit vignettes, Franquin synthétise sa vision du monde : l'ordre des choses n'attend, pour devenir vivable, que d'être dérangé. Prunelle fait un diagnostic assez juste, en estimant que l'esprit de Gaston est contagieux : rien que par le fait qu'il existe – et qu'il est là – ce garçon (de bureau) est dangereux.

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S'il existe une philosophie de l'existence qui s'appelle "gastonlagaffisme", cette planche l'illustre à la perfection.

Les deux poseurs de moquette apparaissent dans deux autres gags : celui, ô combien célèbre, dit "de la morue aux fraises",

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et celui d'une expérience de chimie inoubliable (je ne montre pas l'explosion qui les projette sur les toits, mais on voit qu'ils sont tous les trois carbonisés et comblés de joie).

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Non, je n'idolâtre ni Gaston, ni Franquin, son créateur. Ce qui m'arrive, c'est juste l'émerveillement devant le pouvoir d'un dessinateur d'éveiller l'empathie immédiate du lecteur devant la naïveté créative de Gaston. 

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