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jeudi, 15 décembre 2011

CORRUPTION SYNDICALE

Ainsi, on découvre stupéfait que la puissance publique a généreusement financé les syndicats français : 1,5 milliard côté patrons, 4 milliards pour le reste (ce sont les chiffres que j’ai entendus). Le rapport qui mettait au jour ce siphonnage des deniers publics a été mis au pilon. Cela veut dire « détruit ». Diable ! C’était donc à ce point compromettant ?

 

 

Je vais vous dire ce que j’en pense. Régulièrement, on entend les responsables syndicaux français se plaindre qu’il n’y a que 8 % de la population active qui paie sa cotisation à un syndicat, quel qu’il soit. Comment expliquer ce désintérêt, pour ne pas dire cette répulsion ?

 

 

Mon hypothèse est la suivante : les syndicats, dans leur ensemble et dans les grandes lignes, ont été achetés pour canaliser les mécontents et les empêcher d’aller trop loin et de devenir dangereux. Souvenez-vous de JEAN-PIERRE RAFFARIN et de la réforme des retraites : on aurait dit que « la rue », dans la France entière, était soulevée comme une vague qui allait tout emporter. Résultat ? Rien. Ça veut dire une chose : si les syndicats défendaient VRAIMENT les intérêts de ceux qui les financent, ce n'est pas 8 %, mais 90 % des travailleurs qui paieraient avec joie leur cotisation.

 

 

Regardez la façon dont les réformes ont été conduites dans l’Education Nationale : une trentaine de réformes en une trentaine d’années. Sans même parler des dégâts et de la déstabilisation qu’entraîne le changement permanent, qui aboutit, on appellera ça comme on voudra, à la destruction programmée de notre système éducatif public, je regarde la façon dont les syndicats ont réagi aux offensives réformistes des gouvernements successifs.

 

 

Résultat ? Si on est gentil, on dira qu’ils se sont montrés inefficaces. Si on veut s’approcher un peu de la vérité, on dira qu’ils se sont montrés de précieux auxiliaires du ministère, des complices de la destruction. Les syndicats ont été le cheval de Troie de la révolution libérale appliquée à l’éducation. Les promoteurs indirects de la privatisation longtemps rampante, et désormais galopante.

 

 

Pourquoi cette trahison ? Comment a-t-elle été possible ? Je ne vais pas retracer toute l’histoire, d’abord parce que je m’ennuie déjà à l’idée de rechercher avec précision les moments et les actes, ensuite parce que je me contente ici de décrire un mécanisme, tel qu’il a été mis en œuvre. Ce n’est un mystère pour personne que le S. N. I. (Syndicat National des Instituteurs) a régné en maître pendant des décennies au ministère même. On appelait ça les « décharges syndicales ». L’action officieuse de ces soutiers discrets a abouti à la destruction des Ecoles Normales d’Instituteurs, sous couvert de revalorisation du métier, et à la création des I. U. F. M.

 

 

Je me rappelle bien M. BRAEMER, qui avait été envoyé dans le coin par le ministère. C’était un homme du sérail, comme on disait. Quoi de mieux, en effet, qu’un « jaune » pour trahir ses petits camarades avec le sourire. Quand la réforme LEGRAND, qu’il était chargé de promouvoir, eut été installée, il s’est fait bombarder au conseil d’administration de Conservatoire National Supérieur de Musique.

 

 

La Réforme LEGRAND, en gros, avait prévu de mettre le bousin dans CHAQUE classe en mélangeant les surdoués et les cancres (au magnifique prétexte de l’ « égalité des chances »), et je passe sur le jargon de rigueur qui était supposé vendre cette soupe aux enseignants eux-mêmes : « classes indifférenciées », « travailler autrement », « pédagogie différenciée », et autres salades de saison. Je rassure tout le monde : le bousin fut effectivement au rendez-vous. Et ça ne s’est pas arrangé.

 

 

D’une manière générale, les syndicats de l’enseignement ont donc participé étroitement à la gestion du système et à ses diverses réorientations. Ils sont cogestionnaires de fait de la déroute scolaire. Et s’ils n’ont pas moufté (je ne parle évidemment pas des barrissements médiatiques des leaders syndicaux), c’est qu’ils n’y avaient pas intérêt. Le « deal » était : on vous donne quelques fromages, vous nous donnez la paix. En langage clair, cela s’appelle se faire acheter.

 

 

Etes-vous encore étonné qu'il n'y ait que 8 % de syndiqués en France ? Moi, je trouve que c'est encore beaucoup de naïfs.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

NOTE À BENNE : Bon, je sais, mes propos sont un peu carrés aux angles, et mériteraient un peu de nuances, un peu de modération, un peu de précision. Hélas, qu'y puis-je, si j'ai l'impression d'avoir assisté impuissant, de l'intérieur, à l'un des grands saccages de notre « mythe républicain » (l'école, en l'occurrence, mais on pourrait en dire autant de l'hôpital, de la SNCF etc.), avec la complicité active de tous ces gens soi-disant responsables, quand ils étaient aux responsabilités ? Tout ce qui me reste, c'est la rage d'avoir été trahi.