dimanche, 22 mai 2011
HITLER A CANNES
Ceux qui suivent un peu ce blog, savent que j'ai déjà publié deux notes sur Adolf Hitler (l'eugénisme et l'architecture dans notre monde tout à fait d'aujourd'hui, c'est-à-dire actuel, c'est-à-dire présent). Ma thèse, c'est que Hitler a gagné. Mon argumentation repose sur l'idée que nos grandes démocraties (on sent qu'on approche, tout tremblant, du sacré), en faisant d'Adolf Hitler l'épouvantail number one (on peut faire la liste de ses successeurs, jusqu'à Saddam Hussein et Mouammar Khaddafi), - nos grandes démocraties donc, ont établi durablement un paravent, un écran, qui évite d'avoir à jeter un oeil un peu précis et attentif sur la façon dont elles fonctionnent.
Ma thèse, c'est que les idées d'Adolf Hitler imprègnent aujourd'hui jusqu'au tissu de nos sociétés dites démocratiques. Eh bien, bonne nouvelle, l'épouvantail continue à fonctionner. L'ostracisme et la réprobation universels sont tout prêts à s'abattre comme des vautours sur tous ceux qui font mine de dédouaner le terroriste d'Etat qui a régné de 1933 à 1945 sur l'Allemagne et l'Europe. Le dernier à en faire les frais, c'est, tout le monde a compris, Lars von Trier, au Festival de Cannes. Il a tout compris du monde dans lequel nous vivons : le spectacle, le spectacle et le spectacle forment la Sainte Trinité de ce monde idyllique. Et le diable n'y est pas le bienvenu.
Quelle idée, aussi, de mimer l'extraordinaire Nuit du chasseur, avec l'inoubliable méchant Robert Mitchum (on a oublié les noms de tous les autres acteurs) ! Quelle idée d'écrire F.U.C.K. sur ses quatre phalanges ! Quelle idée de déclarer sa sympathie pour Adolf Hitler ! Quelle idée de déclarer : "I am a nazi" ! Il a peut-être tout compris au monde dans lequel nous vivons, mais il n'a rien compris au code officiel qui le régit. Là, il a raté son code, et c'est sûr : il n'aura pas son permis.
C'est entendu : nous sommes le royaume du bien inexorable, de la vertu impitoyable, de la perfection dévastatrice. Et tout le monde semble continuer à croire à cette fable. L'émission "Le Masque et la plume", ce soir sur France Inter, perpétue cette fable en entonnant le refrain: par son dérapage, (?) Lars von Trier est un salaud. Vous avez peut-être entendu : c'est l'unanimité. C'est la terrible unanimité, l'insoutenable unanimité de l'être (pardon, maître Kundera). C'est la curée, que dis-je : c'est l'hallali.
Désolé : je ne ferai pas partie de la meute qui se jette sur la bête aux abois, qui est sans doute grillée pour quelque temps. Je ne crie pas bravo à ses propos idiots, et il ne s'agit certes pas de réhabiliter Hitler et le nazisme. Les pauvres types qui ont dernièrement rebaptisé leur "cochon pride" d'un nom plus consensuel (j'ai déjà oublié) devant la cathédrale Saint-Jean, m'apparaissent comme de misérables clowns sinistres. Mais je ne hurle pas haro sur Lars von Trier avec les loups. Si les gens qui sont payés pour avoir la parole regardaient un peu le monde qui les entoure tel qu'il est, peut-être diraient-ils moins de conneries.
21:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hitler, festival de cannes, lars von trier, littérature