samedi, 16 mars 2013
NIETZSCHE ET LES JUIFS
UN ETONNANT "TRIPLÉ" DE SEINS
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Friedrich Nietzsche était-il antisémite ? Je ne suis pas spécialiste. Je suis seulement tombé par hasard sur cette page de Humain, trop humain, p. 259-261 (éd. Colli et Montinari, chez Gallimard (1968)). L'oeuvre a été publiée en 1878. Mon exemplaire appartenait au père Charles Paliard. La photo - dont j'ignorais jusqu'alors l'existence - qui marquait la page a été prise "en plongée", et le montre en compagnie de plusieurs enfants.
Tous marchent d'un bon pas, allègrement, vers on ne sait quel horizon. Sans doute vers quelque jeu de découverte ou de création. Il avait marqué le passage que je donne ci-dessous d'un long double trait d'encre énergique. Je ne souligne pas les passages importants, mais le lecteur les repérera sans trop de peine.
MASQUE MORTUAIRE DE FRIEDRICH NIETZSCHE
« 475 – L’homme européen et la destruction des nations.
(...) – Soit dit en passant : le problème des Juifs n’existe à tout prendre que dans les limites des Etats nationaux, car c’est là que leur énergie et leur intelligence supérieures, ce capital d’esprit et de volonté longuement accumulé de génération en génération à l’école du malheur, doivent en arriver à un degré de prédominance qui suscite l’envie et la haine, si bien que dans toutes les nations actuelles – et cela d’autant plus qu’elles adoptent à leur tour une attitude plus nationaliste – se propage cette odieuse littérature qui entend mener les Juifs à l’abattoir, en boucs émissaires de tout ce qui peut aller mal dans les affaires publiques et intérieures. Dès lors qu’il ne s’agit plus du maintien des nations, mais de la production d’une race européenne mêlée et aussi forte que possible, le Juif en est un élément aussi utilisable et souhaitable que n’importe quel autre vestige national. Toute nation, tout homme a des traits déplaisants, voire dangereux ; il est barbare d’exiger que le Juif fasse exception. Il se peut même que chez lui ces traits soient particulièrement dangereux et repoussants, et le jeune boursicotier juif est peut-être en somme la plus répugnante trouvaille du genre humain. Néanmoins, j’aimerais bien savoir jusqu’où, lors d’une explication générale, il ne faudra pas pousser l’indulgence envers un peuple qui, de tous, a eu l’histoire la plus chargée de misères, non sans notre faute à tous, et auquel nous devons l’homme le plus noble (le Christ), le sage le plus pur (Spinoza), le Livre le plus imposant et la Loi morale la plus influente du monde. En outre, aux temps les plus sombres du moyen âge, alors que les nuées asiatiques avaient étendu leur épaisseur de plomb sur l’Europe, ce furent les Juifs, libres penseurs, savants, médecins, qui, malgré la pire violence faite à leur personne, continuèrent à tenir l’étendard des lumières et de l’indépendance d’esprit, défendirent l’Europe contre l’Asie ; c’est en grande partie à leurs efforts que l’on doit la victoire finalement revenue à une explication du monde plus naturelle, plus conforme à la raison et en tout cas affranchie des mythes : grâce à eux, il n’y a pas eu de rupture dans l’anneau de la culture qui nous relie maintenant aux lumières de l’Antiquité gréco-romaine. Si le christianisme a tout fait pour orientaliser l’Occident, c’est le judaïsme qui a essentiellement contribué à l’occidentaliser derechef et sans trêve : ce qui équivaut en un certain sens à faire le la mission et de l’histoire de l’Europe la continuation de celles de la Grèce. »
« Etonnant, non ? », aurait dit Monsieur Cyclopède. Oui, monsieur Desproges, c'est étonnant, on peut l'admettre. On se dit même qu'il fallait que les nazis fussent bien ignares ou fêlés du couvercle pour faire de Nietzsche leur champion.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, monstres, freaks, nietzsche, antisémitisme, juifs, humain trop humain, masque mortuaire, père charles paliard