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vendredi, 19 juin 2020

HÔPITAL : C'EST BERCY QUI A GAGNÉ

Grand Débat National, Convention Citoyenne pour le Climat, Ségur de la Santé : trois grands décorums, trois chiffons rouges pour détourner l'attention, trois rideaux de fumée. Ah pour parler, tout le monde aura parlé abondamment, à commencer par le président en personne. 

Les personnels hospitaliers savent désormais à quoi s'en tenir : Madame Nicole Notat a déjà montré le bout de l'oreille. Son rôle est de parler avec eux, ce n'est pas elle qui tient les cordons de la bourse. Elle en référera en haut lieu. Après, elle s'en lave les mains. Ils peuvent préparer les prochaines grèves, les prochaines manifs et la grande colère.

Les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, tous les personnels dont le métier est de prodiguer des soins dans le cadre de l'hôpital public, peuvent soit faire leurs valises, soit s'asseoir par terre et pleurer, soit encore se préparer à hurler de rage dans les rues. Le pouvoir a été rendu aux bureaucrates, aux comptables, aux administratifs, les mêmes qui s'étaient spontanément mis au service des soignants au plus fort de la pandémie, souvent avec joie ou soulagement. 

Les visiteurs de ce blog le savent : j'étais sceptique. Bon, j'espérais vaguement que les événements me donneraient tort. J'acceptais avec espoir de voir humilier ma tendance au pessimisme pour me convaincre de m'acheter des lunettes à verres roses pour voir la réalité. Mais je dois me rendre à l'évidence : mon pessimisme triomphe. Mon pessimisme peut bomber le torse et sortir la tête haute et en grand uniforme de la crise du coronavirus.

Emmanuel Macron, président de la république, vous savez, c'est ce volatile au ramage mélodieux et au plumage rutilant capable de déclarer la nécessité d'un « plan massif d'investissement pour l'hôpital public » (après le traumatisme de sa visite à l'hôpital de campagne sur un parking de l'hôpital Emile Muller à Mulhouse, le 25 mars).

C'est le même oiseau-lyre qui peut déclarer, tout aussi solennellement : « Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier. » (discours du 13 avril). Maintenant qu'on connaît un peu le bonhomme (voir mon billet "Macron le verbeux", 16 juin), on sait ce que ces beaux discours veulent dire : l'hôpital public n'aura pas un sou, et on ne réinventera rien. Le "Ségur" de la Santé, organisé en grand tralala comme le "Grand Débat National" et la "Convention Citoyenne pour le Climat", est fait pour s'achever en queue de cerise.

Le rouleau compresseur du projet ultralibéral de réduction des coûts dans les filières de la santé, après une interruption accidentelle du chantier de démolition, a repris sa progression. Au sujet des discours du président Macron, on pourrait peut-être parler de félonie, vous ne croyez pas ?

Voilà ce que je dis, moi.

Quelques vidéos montrent des policiers qui posent leur casque au sol (Nîmes) pour applaudir les personnels soignants en train de manifester parce que le nœud coulant s'est resserré comme avant sur le cou de l'hôpital public. Bravo à ceux-là. L'exception ?

J'apprends (20 juin) que le "Ségur de la Santé" va peut-être déboucher sur des revalorisations de salaires pour 1.000.000 de personnels hospitaliers, sauf les médecins. Si c'est vrai (tout est dans le "peut-être" et dans l'enveloppe), c'est un premier pas. Je n'ai pas entendu cependant parler d'une réforme de l'organisation hospitalière, non plus que de l'abandon de la rémunération à l'acte. A quand, le "plan massif d'investissement pour l'hôpital public" ?