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mardi, 06 mars 2012

LA SAINTE TRINITE DES ECOLOGISTES

Aujourd’hui, le « Fils ».

 

 

L’écologiste, aujourd’hui, présente de multiples visages. L’écologiste est devenu, en quelque sorte, un « Janus multifrons ». Parmi ces fronts multiples, il y en a quelques-uns qui ont le don, sinon de me courir sur le haricot, parce que, dans le fond, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » (je cite le raffiné JACQUES CHIRAC en personne), du moins de laisser absolument intact mon scepticisme naturel.

 

 

Bon, c’est vrai que la société dans laquelle nous sommes immergés ne fait aucune place à l’écologiste. C’est injuste, mais c’est comme ça. Ça oblige celui-ci à rester souple. Mais là, ce n’est plus la souplesse du yoga, c’est du contorsionnisme. Je propose d’identifier, dans la nébuleuse écologiste, trois archétypes. Appelons-les, par exemple et au hasard, le « Père », le « Fils » et le « Saint-Esprit ».

 

 

Aujourd’hui, penchons-nous, sérieusement et tendrement, sur le « profil » du « moine-ermite », en qui le « Père » a mis toutes ses complaisances (traduction par le chanoine CRAMPON de la scène du baptême par Jean-Baptiste).

 

 

Comme dans les Evangiles, ce sera donc le « Fils », celui qui est « descendu sur terre », ou plutôt qui est « retourné à la terre ». Mes bien chers frères : « Tu retourneras en poussière », est-il dit quelque part. Comme il est dit ailleurs : « Ashes to ashes, Dust to dust, When the women don’t, The liquor must ».

 

 

Cette aimable phrase ouvre une version ancienne de Did’nt he ramble, par LOUIS ARMSTRONG et son groupe (le « hot seven »?). Je veux bien traduire en français, pour ceux qui ignorent le karakalpak et le monégasque : « Des cendres aux cendres, de la poussière à la poussière, si ce n’est pas les femmes, c’est l’alcool qui s’en chargera ». Amen.

 

 

Pour l'écologiste retourné à la terre, l’important, c’est de vivre « en accord avec ses principes », mais quand même pas jusqu’à la crucifixion. Ça veut dire, sans couper tous les ponts avec la société honnie, où l’on compte peut-être encore des amis, des parents. On achète et retape donc une vieille crèche dans un coin perdu. On en fait un lieu agréable et convivial. Le soir, comme il fait frais, on allume une belle flambée dans la belle cheminée. Avec des allumettes achetées à l’épicerie du bourg. Ça va plus vite que deux Solex, euh non, deux silex. C'est benêt, je sais, mais ça se veut une fine allusion au « retour à l'âge de pierre », dont la bouche des anti-écolo est pleine.   

 

 

L’écologiste est rejoint par quelques autres. Cela finit par former un « éco-village » (vérifiez, ça existe). Perdu au milieu de nulle part. Mais avec l’électricité. Pour la lumière quand il fait nuit, bien sûr, mais il faut pouvoir aussi rester en contact avec les autres « éco-villages » par internet. On est « modernes ». On a peut-être souscrit un abonnement « i-phone » si la « couverture » le permet. On a une forme de vie vraiment collective, tout simplement inimaginable en ville.

 

 

On cultive un sympathique potager qui fournit les légumes « bio ». On est peut-être végétarien, mais pas forcément. Certes, les paysans installés dans les alentours ne s’y sont pas encore mis, au « bio », mais à force d’en discuter avec eux, ils y viendront forcément. En attendant, ils aspergent leurs terres de saloperies, tout autour du potager « bio ». Il y a même l’eau courante. Sans doute fournie par Véolia ou Suez. Et puis, au cas où, on ne sait jamais, il y a un hôpital à distance raisonnable, une pharmacie, voire un supermarché.

 

 

Cela fait déjà quelques rudes concessions au système : on reste à part peut-être, mais pas trop loin quand même. De toute façon, difficile d’accoster à une île déserte dans un pays entièrement « civilisé », cartographié, quadrillé, n’est-ce pas.

 

 

Cela fait des concessions (des « contorsions » si l’on veut), mais en même temps, ça vous met, comme disent les conformistes, « en marge » de la société. C’est un « choix de vie », certainement. La distance ainsi prise avec, disons, le « monde connu », sans être infranchissable, est une séparation, et il faut la vouloir pour l’accepter. C’est évidemment une « cote mal taillée ».

 

 

Car il y a un cordon ombilical presque impossible à couper, c’est tout simplement le progrès technique : on est né et on a grandi dedans. Essayez de vous passer d’appuyer sur le bouton électrique quand vous rentrez chez vous, tiens. Pour voir ! Tant il est vrai que pour revenir à l’âge de pierre, il faudrait se dépouiller de tous ces choses qui, au cours du temps, se sont mises à nous entourer, au point de devenir indispensables. Indissociables même.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

dimanche, 04 mars 2012

LES VERTS DE TERRE-A-TERRE

Peu de gens connaissent le nom de RUTH STEGASSY. C’est normal, son émission Terre à terre, sur France Culture, a été placée de 7 à 8, le samedi. En pleine grasse mat’, en pleins câlins du week end, en plein effort de repopulation de la France. On peut regretter la modestie, pour ne pas dire l’obscurité de cette tranche horaire. On peut néanmoins se consoler en se disant qu’internet permet d’écouter l’émission après-coup. Encore faut-il être au courant que ça existe.  

 

 

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SANS ENGRAIS AJOUTÉ

 

Je ne suis pas sûr que Terre à terre soit un bon titre pour cette excellente émission. L’expression « terre à terre » signifie « au ras des pâquerettes ». Le Robert indique « matériel et peu poétique ». Il y a là, visiblement, du péjoratif.

 

 

Et il me semble aussi que ça contredit la hauteur de vue à laquelle se situent quelques remarquables invités de RUTH STEGASSY. J’ajoute qu’elle n’a pas mal fait de supprimer les émissions publiques au « phyto-bar », qui faisaient vraiment ringard, avec les immanquables questions en pataugas de gens sûrement sympathiques mais pas très bien informés (j’essaie d’être gentil).

 

 

C’est le créneau « écologiste » de la station culturelle nationale. C’est la bonne conscience environnementale des radios publiques, plus ambitieuse et moins « consensuelle » (et dans un créneau plus secret), que CO² mon amour, gentille émission du sémillant DENIS CHEISSOUX, qui sévit sur France Inter le samedi après-midi, et qui donne à chaque fois la parole au très catholique JEAN-MARIE PELT, dont j’avais lu il y a fort longtemps le fort intéressant Drogue et Plantes magiques (et non pas « Drogues », comme indiqué dans la notice wikipedia). Mais CO² mon amour fait dans le « grand public ».

 

 

Tout ça pour parler de l’émission Terre à terre, de RUTH STEGASSY. J’évoquais très brièvement, il y a quelques jours, l’émission du 10 décembre dernier, où RUTH STEGASSY interroge MARIE GROSMAN et ROGER LENGLET, auteurs du livre Menace sur nos neurones, Alzheimer, Parkinson … et ceux qui en profitent (Actes Sud).

 

http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-maladi...

 

 

 

L’intérêt de cette émission est de faire découvrir quelque chose que les toxicologues professionnels connaissent sur le bout des doigts : des connaissances scientifiques extrêmement précises et documentées sur les corrélations entre la diffusion incontrôlée de substances neurotoxiques (arsenic, mercure, etc …) et l’explosion (il n’y a pas d’autre mot) des cas de maladies d’Alzheimer et de Parkinson.

 

 

L’intérêt de cette émission est d’être une sorte de bulle (bien modeste) qui éclate à la surface : en l’occurrence, l’énorme savoir accumulé par les toxicologues est totalement ignoré des politiques (ça, on savait), mais aussi, et plus bizarrement du corps médical dans son ensemble. Quand on fournit un peu de documentation à un médecin, il tombe de haut : « Quoi ? C’est aussi grave que ça ? ».

 

 

Une sorte de paroi étanche s’élève entre ceux qui savent et le corps social : c’est comme si ce savoir n’existait pas, alors même qu’il touche notre vie quotidienne d’on ne peut plus près. L’exemple de la présence de sels d’aluminium dans l’eau du robinet devrait à lui seul faire exploser les ventes d’eaux minérales, car les spécialistes ont prouvé qu’ils sont pour quelque chose dans la maladie d’Alzheimer.

 

 

Dans l’émission Terre à terre du 18 février, un Canadien (ALAIN DENEAULT, auteur de Noir Canada, de Offshore, paradis fiscaux et souveraineté criminelle et Faire l’économie de la haine) explique pourquoi toutes les entreprises de recherches et d’exploitation minières se font domicilier au Canada : le droit canadien est tellement généreux avec ce genre d’entreprise qu’aucune plainte pour dégâts irréversibles sur l’environnement n’aboutira jamais.

 

http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-noir-c...

 

 

Bref, je ne saurais trop recommander l’écoute de cette émission remarquable. Même si l’écolo folklo, genre « retour à la terre », n’est pas absent du paysage, du moins RUTH STEGASSY donne-t-elle la parole à des initiatives locales qui valent ce qu’elles valent. Je me rappelle une émission lointaine où un Africain racontait comment il avait monté un réseau destiné à reconstituer la mangrove par la plantation d’arbres (des palétuviers ?). Et ça marchait du tonnerre.

 

 

Quel est le pouvoir de ce genre d’émission ? Il vaut mieux ne pas se poser la question. Gardons l’idée simple que c’est juste un petit fenestron qui s’ouvre à date fixe sur une autre façon de voir, de concevoir et de faire le monde. Rien que pour ça, cette émission est indispensable.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

samedi, 03 mars 2012

L'ECOLOGIE, C'EST VERT DE TERRE

Ce n’est pas parce qu’il y a désormais un « parti politique » dédié à l’écologie et à la défense de l’environnement, que l’état physique et moral de la planète a cessé de se dégrader. On pourrait même dire que, maintenant que les « verts » se sont constitués en « parti » (gaussons-nous, mes frères), c’est-à-dire en chose flasque inopérante, on va pouvoir enfin s’occuper de défendre l’environnement. Sans eux, surtout. Car il ne s’agirait pas que les gens qui ont à cœur de sauver leur petit bout de planète voient des « écologistes » venir leur marcher sur les arpions.

 

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Nous sommes d’accord : EVA JOLY n’est une bonne candidate écologiste à la présidentielle, qu’elle se mette de face ou de profil. J’imagine que si elle posait de dos à la façon de LOUIS ARMSTRONG pour la pochette d’un vieux 33 tours vinyle que j’avais aperçu dans les bacs de La Clinique du tourne-disque, rue Joseph-Serlin, c’est-à-dire complètement à poil, son corps ressemblerait sans doute (de loin et dans le brouillard, au crépuscule) à celui, impressionnant, du trompettiste et chanteur.

 

 

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EVA JOLY EN 1505

PORTRAIT PAR ALBRECHT DÜRER

 

Mais ce n’est pas parce qu’EVA JOLY ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait des candidats à la présidentielle et des trompettistes de jazz qu’il faut cracher sur l’écologie. J’ai, quant à moi, été un écologiste à l’époque où la société se mettait l’index sur la tempe en disant « toc-toc » chaque fois qu’elle assistait à des actions menées au nom de la défense de l’environnement.

 

 

Je ne sais pas si l’expression « pylône de Heiteren » va dire quelque chose au lecteur. Pour situer dans le temps et dans l’espace, ça se passait avant la pose de la ligne à haute tension qui partait d’une modeste installation industrielle située dans un modeste patelin du nom de Fessenheim.

 

 

Ça vous revient, maintenant ? Cela pose un homme, n’est-ce pas ? Je suis rapidement devenu beaucoup moins écologiste, quand je me suis dit qu’il aurait fallu se mettre à militer. Et ça, c’est plus fort que moi : je ne peux pas. Et Fessenheim ne sait plus quoi faire du fric que lui rapporte la centrale.

 

 

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Pour être militant, il faut être militaire (la seule différence consiste en l’uniforme, et encore, il y a des militants, on les dirait sous les drapeaux), et ça, c’est au-dessus de mes forces. Il y a les œillères à se mettre, la discipline à se soumettre, la réduction du monde à opérer en l’une, toute petite, de ses parties. Tout militant réduit le monde à la dimension de son obsession. Tiens, ça pourrait faire un bon proverbe bantou, non ?

 

 

Travailler à faire triompher une « cause », quelle qu’elle soit, c’est rendre le monde plus étroit, et en même temps, se donner à soi-même la dimension démesurée du monde et de tous ceux qui « y croient ». Et j’ai perdu très tôt toute aptitude à la croyance, au point que ceux qui « y croient » me paraissent au mieux pitoyables, au pire dangereux.

 

 

Depuis le « pylône d’Heiteren » et la centrale nucléaire de Fessenheim, il faut pourtant bien dire que la situation globale de l’environnement naturel ne s’est pas améliorée, loin s’en faut. Tiens, savez-vous que dans l’Etat de Coahuila, au Mexique, région aride s’il en est, certains gros entrepreneurs n’ont rien trouvé de mieux que d’élever 300.000 vaches laitières, qui produisent annuellement 7.000.000 de litres de lait ?

 

 

Pour fabriquer des prairies en zone quasi-désertique, on tire en masse la flotte du sous-sol. Mais il faut savoir que celui-ci est naturellement riche en arsenic. Ensuite, c’est mathématique : vu la surexploitation agricole de la ressource, la baisse du niveau des nappes phréatiques fait monter le taux d’arsenic dans l’eau que les gens boivent.

 

 

Résultat, il a fallu couper une jambe à MANUEL SUNIGA : « L’arsenic dans mon sang a d’abord affecté l’ongle de mon pied, puis ma jambe est devenue noire ». En plus, les vaches mexicaines sont des pisseuses de lait de la race Holstein.

 

 

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LA PISSEUSE VOUDRAIT REVOIR SA NORMANDIE

 

Je ne vais pas parler de la déforestation, du réchauffement climatique, de l’empoisonnement des sols par les industries « agro-alimentaires », de l’empoisonnement de l’air et de l’eau, des conséquences de l’usage des somnifères sur la durée de vie (voir la presse, ces derniers jours).

 

 

Je fais seulement observer que l’évolution vers un monde de plus en plus radicalement invivable (et pas seulement en restant dans le registre environnemental) s’est faite envers et contre tout, posément, pas à pas, implacablement. L’action des écologistes, de ce point de vue, débouche sur un échec retentissant. Cuisant si vous voulez.

 

 

Les écologistes sont la petite cuillère qui a pour ambition de vider la mer. Ou alors, pour reprendre un petit conte que j’ai beaucoup entendu ces temps-ci, ils sont le colibri qui se démène comme un malade pour aller jeter sa goutte d’eau sur l’incendie qui fait rage. Je ne crois ni à la petite cuillère courageuse, ni au colibri sauveur.

 

 

Je ne suis pas non plus de ceux qui traitent les écologistes de « khmers verts » (je crois bien que c’est GERARD COLLOMB, le « grand-maire » de Lyon) ou d’ « ayatollahs de la nature ». Il y a bien, parmi eux, des tendances à vouloir faire régner une sorte d’ « ordre naturel », à vouloir régenter la vie des autres. Mais si l’on veut faire l’inventaire de toutes les vocations policières qui ont aujourd’hui le vent en poupe, on n’a pas fini. En tout cas, le poids qu’ont pesé les écologistes dans la marche du monde depuis quarante ans, c’est « peau de balle et balai de crins ».

 

 

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C’est très logique. Le « petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur », c’est rigolo, ça fait plaisir, ça fait même rire. Mais dans le monde réel, il n’y a pas de potion magique. La logique veut – car nous sommes dans le monde capitaliste – qu’une complicité de nature fasse de l’argent et du pouvoir des alliés indéfectibles.

 

 

A cet égard, l’accès de NICOLAS SARKOZY, l’ami du Fouquet’s et du yacht de BOLLORÉ, à la présidence n’a rien d’incompréhensible. Si c’est particulièrement caricatural, c’est aussi pleinement logique. Même le très écologiste JACQUES CHIRAC n’avait pas beaucoup d’amis qui fussent pauvres. C’est d'ailleurs pour ça que, après avoir sans discontinuer, squatté les palais de la République (et je ne compte pas les entourloupes autour du château de Bity), il est en train de finir ses jours dans le luxueux appartement de la famille HARIRI.

 

 

L’écologie, c’est sûr, il y a à boire et à manger, à prendre et à laisser. Il y a de la chèvre et du chou. On ne peut pas tout avoir. A chaque jour suffit sa peine. Après la pluie le beau temps. On va le payer. Je ne vous le fais pas dire. Ainsi soit-il.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre...

 

 

* NOTE-A-BENNE : j'espérais ici même, le 1 mars, que l'humain resterait à jamais hors de la brevetabilité, c'est-à-dire hors de l'appropriation privée. Il faut croire que je suis encore un grand idéaliste, autrement dit, un naïf. Les laboratoires du monde entier, en réalité, sauf le Généthon, sont lancés dans une concurrence effrénée pour des séquences synthétiques d'ADN humain. Du vendable qui rapporte. Le champion de ce type de recherche s'appelle JOHN CRAIG VENTER. A suivre aussi.