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vendredi, 12 juillet 2019

QUAND HOUELLEBECQ PARLE

Il s'appelle Michel Houellebecq. C'est probablement la raison qui a permis à sa tribune d'accéder à l'honneur d'être publiée dans les colonnes du Monde daté 12 juillet 2019. S'il s'était appelé Tartempion ou Frédéric Chambe, le papier aurait fini à la poubelle sans même avoir été lu (quoique ...). Et de quoi parle Son Excellence Houellebecq ? De l'affaire Vincent Lambert.

Et qu'est-ce qu'il en dit, Houellebecq, de l'affaire Vincent Lambert ? Pour parler franchement, je me dis que l'auteur des Particules élémentaires et de La Carte et le territoire a écrit des choses plus intéressantes. Qui a tué Vincent Lambert ? Pour Houellebecq, c'est sûr, c'est l'Etat français. Pour moi, affirmer ça d'entrée (c'est la première phrase), c'est dire une connerie. Ce n'est pas la seule. Dans l'ensemble, le texte donne l'impression de partir dans plusieurs directions. Une question de composition, apparemment : non seulement les considérations se réfèrent à des registres hétérogènes, mais beaucoup manquent à mon avis de pertinence.

La première affirmation qui me semble juste arrive en haut de la troisième colonne de la "tribune" : « Il m'est difficile de me défaire de l'impression gênante que Vincent Lambert est mort d'une médiatisation excessive, d'être malgré lui devenu un symbole ...». 

Le plus bizarre, c'est qu'à aucun moment Houellebecq ne parle de l'aspect religieux de l'affaire. Remarquez qu'il ne fait qu'emboîter le pas à l'immense cohorte des journalistes qui ont eu à en rendre compte. Il est ahurissant que l'appartenance des parents au courant intégriste du catholicisme ait pu être mentionnée sans que jamais ou presque ne soit évoquée la secte qui était à l'origine de l'acharnement procédurier des parents de Vincent Lambert. Ce sont bien ses parents, soutenus par l'argent et le militantisme d'un groupe de fous de Dieu, qui ont fait de l'agonie de Vincent Lambert un spectacle pornographique abondamment relayé par des médias tant soit peu charognards.

Dans les journaux, on a pu lire qu'il s'agissait d'un conflit familial. C'est sans doute vrai, mais la toile de fond, qu'en avez-vous fait, messieurs les journalistes ? Pourquoi n'a-t-il jamais été dit qu'on assistait à une véritable offensive judiciaire de l'intégrisme religieux le plus fanatique ? 

Le papier de Michel Houellebecq glisse niaisement sur cette réalité. Il a perdu une occasion de se taire.

Voilà ce que je dis, moi.

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