jeudi, 09 janvier 2014
ALORS ? DIEUDONNé ?
« Saint Dieudonné ou Deusdedit (6ème siècle). – A Rome où il était cordonnier de son état, il avait eu le futur pape, saint Grégoire le Grand, comme voisin. C’est par lui que nous savons que, chaque samedi, Dieudonné allait porter aux pauvres et aux malades ce qu’il avait économisé durant la semaine à leur intention. »
Ce portrait d’un saint homme se trouve à la page 261 de La Fleur des saints. On est prié d'attendre le 10 août pour dire à tous les Dieudonné : « Ça va être ta fête ! ». L’auteur inoubliable de cet inoubliable ouvrage se nomme Omer Englebert, qui ne se serait jamais permis de vouloir le faire publier s’il n’avait obtenu, de prime, le « Nihil obstat » de Pierre Médebielle S. C., daté de Jérusalem le 23 décembre 1979 et, de seconde, l’ « Imprimatur », toujours à Jérusalem, mais de la main du patriarche Jacques Joseph Beltritti, le 26 décembre suivant. Ah, Dieudonné, mes bien chers frères !
La France était un beau pays. Un pays normal, quoi. Un pays comme tout le monde, et même mieux : un modèle. « La patrie des droits de l’homme », on disait. Eh bien je vais vous dire : tout ça, c’était un conte de Noël, une jolie fable. Il est possible que le 11 septembre 2001 soit passé par là, qui avait déjà rendu folle la démocratie américaine de George W. Bush, qui avait commencé à enterrer la dite démocratie (Patriot Act, Guantanamo, …).
Peut-être aussi que les gens en ont assez, de la liberté. Comme le prêche le Grand Inquisiteur d’Ivan Karamazov, la liberté produit dans le cœur de l’homme une inquiétude de tous les instants, et il n’a de cesse que de se débarrasser de ce fardeau encombrant qui l’oblige à décider lui-même de son sort comme un aveugle choisit sa route, aux pieds de l’Autorité (ou du « Guide Suprême »), attendant de celle-ci, avant toute chose, qu’elle le rassure en prenant sur elle l’angoisse qui accompagne nécessairement une décision prise en toute liberté.
C’est peut-être sur ce raisonnement (mais Dostoïevski se trompe-t-il tant que ça ?) que s’appuie monsieur Manuel Valls, haut dignitaire franc-maçon (démissionnaire du Grand Orient aux dernières nouvelles, pour vous dire si je suis bien informé) et ministre, pour interdire à Dieudonné de se produire en public. C’est Marguerite Duras, me semble-t-il, qui voulait ériger un « barrage contre le Pacifique ».
S’il me prenait l’idée saugrenue de contester la légitimité de la circulaire Valls, je comparerais volontiers le combat contre le racisme et l'antisémitisme avec la lutte contre le trafic de drogue. Ben oui, je trouve que ce n’est pas sans analogie, si on y réfléchit deux minutes. Héroïne et cocaïne sont des fléaux, on est d’accord. C’est la raison pour laquelle des armées de lois, de juges et de policiers sont déployées pour empêcher les trafiquants de trafiquer. Avec l’efficacité que l’on sait : est-il certain que cet énorme (et horriblement coûteux) dispositif répressif parvienne à mettre la main sur plus de 10 % de la « marchandise » ?
Les conséquences sont connues en même temps qu’innombrables et fatales : gangstérisation, par exemple, de certains quartiers « défavorisés » (voir la banalisation de la kalachnikov à Marseille) ; montée des prix proportionnée à la difficulté d’approvisionner le marché ; enrichissement invraisemblable de quelques seigneurs de la drogue quasiment aussi riches que des Etats : Pablo Escobar avait en son temps proposé au gouvernement colombien de payer l’intégralité de la dette extérieure du pays en échange de l’impunité ; création de véritables petites armées capables de tenir tête aux forces militaires et policières d’un grand pays (le Mexique) ; installation et pérennisation de circuits économiques parallèles carburant à l’ « argent sale », et soucieux de passer les sommes astronomiques engrangées dans de grandes lessiveuses, avant d’en inonder le marché (par exemple immobilier) ; etc.
Tout ça pour arriver à quoi ? La drogue continue à arriver par « go fast » audacieux, par camions entiers, par bateaux aux cales pleines, par avions de ligne se posant en plein Sahara, par caravanes de Touaregs vaguement alliés à des terroristes islamistes qui acheminent les produits d’importation du sud vers le nord. Moralité ? Pas de moralité évidemment. Impossible d’arrêter le flux, tant qu’il sera possible d’acheter des complicités dans les rouages mêmes des Etats. Pourtant il faut une moralité : l’interdiction entraîne beaucoup d’effets néfastes. Rapporte-t-elle des bénéfices ? Rien n’est moins sûr.
Voilà ce que je dis, moi.
Alors, Dieudonné maintenant ?
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dieudonné, quenelle
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