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jeudi, 09 janvier 2020

2020 : PÉDOPHILIE RÉTROSPECTIVE ?

N82.jpgOn trouve de drôles de choses quand on fouille dans les archives des années 1970. Prenez le n°82 de la revue Charlie Mensuel (novembre 1975, Wolinski rédacteur en chef, couverture ci-contre avec un dessin de Cabu). Et allez voir en page 62. Voici ce que vous y trouvez.

 

 

 

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L'article est signé "Perez". Son titre : "Du Music-Hall pour tous les goûts", sous-titré pour cette partie de l'article "Pour les esthètes dépravés". Un titre où la complaisance morale est supposée contrebalancée par la distance du qualificatif "dépravés". L'article rend simplement compte de la publication du livre rassemblant un certain nombre des photos du baron Glœden, qui aimait, semble-t-il, les jeunes garçons autour de 1900. 

L'article commence sur cette envolée que n'aurait pas désavouée André Gide lui-même : « Les amateurs de petits garçons connaissent depuis belle lurette l'oeuvre photographique du baron Machinchouette dont ils situent les coupables activités, s'ils sont mal renseignés, entre Capri et Taormina vers la fin du siècle dernier ». 

Mon intention, en rappelant ce commentaire d'une publication licencieuse parue en 1975, n'est nullement de vanter l'activité de ce qu'on appelait alors des pédérastes (sens étymologique). Elle est juste de montrer que l'époque qui a suivi mai 1968 a vu tomber, sous les coups des farouches luttes homosexuelles et féministes, d'innombrables tabous. 

Aujourd'hui, les homosexuels ont gagné, les féministes ont gagné, les pédophiles ont perdu : ce sont les grands perdants des "luttes de libération" qui ont suivi mai 68. Autant les victoires me semblent inquiétantes, autant l'échec me laisse indifférent, tant il concerne un "goût" dont les fondements (si l'on peut ainsi s'exprimer) me restent totalement incompréhensibles.

J'observe seulement que l'époque médiatique actuelle a rangé les premiers dans le "Camp du Bien", mais c'est pour mieux jeter sa haine sur les quelques épaves qu'a laissées sur le rivage la grande illusion transgressive qui fut le moteur de l'époque précédente. Gabriel Matzneff est une de ces épaves.

Je n'ai pas assez creusé la question pour me convaincre qu'il est innocent ou criminel. A la limite, je m'en fous. Le plus écœurant dans cette affaire me semble cependant l'unanimité moraliste des crocs aiguisés qui se jettent sur le paria pour en dépecer impunément la dépouille. Et le seul tort de Gabriel Matzneff est de constituer un anachronisme : cramponné à sa monomanie et aux indulgences qu'elle rencontrait dans son milieu, il n'a pas compris que le paysage avait radicalement changé.

Voilà ce que je dis, moi.