mardi, 29 décembre 2020
LES POÈTES DE MA VIE (1)
YVES BONNEFOY
***
LIEU DU COMBAT
I
Voici défait le chevalier de deuil.
Comme il gardait une source, voici
Que je m'éveille et c'est par la grâce des arbres
Et dans le bruit des eaux, songe qui se poursuit.
Il se tait. Son visage est celui que je cherche
Sur toutes sources et falaises, frère mort.
Visage d'une nuit vaincue, et qui se penche
Sur l'aube de l'épaule déchirée.
Il se tait. Que peut dire au terme du combat
Celui qui fut vaincu par probante parole ?
Il tourne vers le sol sa face démunie,
Mourir est son seul cri, de vrai apaisement.
II
Mais pleure-t-il sur une source plus
Profonde et fleurit-il, dahlia des morts
Sur le parvis des eaux terreuses de novembre
Qui poussent jusqu'à nous le bruit du monde mort ?
Il me semble, penché sur l'aube difficile
De ce jour qui m'est dû et que j'ai reconquis,
Que j'entends sangloter l'éternelle présence
De mon démon secret jamais enseveli.
O tu reparaîtras, rivage de ma force !
Mais que ce soit malgré ce jour qui me conduit.
Ombres, vous n'êtes plus. Si l'ombre doit renaître
Ce sera dans la nuit et par la nuit.
YVES BONNEFOY
Du Mouvement et de l'immobilité de Douve.
09:54 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, yves bonnefoy, du mouvement et de l'immobilité de douve
Les commentaires sont fermés.