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samedi, 16 février 2019

VIEUX CAFÉ

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Voici un curieux objet que j'ai trouvé dans les affaires de famille : un paquet en toile de jute, orné de timbres "Afrique Occidentale Française" (4x5 Fr. + 1x10 Fr.), d'étiquettes du "Gouvernement Général de l'A.O.F. Colonie de la Guinée Française" spécifiant une "Autorisation d'exportation pour un envoi postal pesant 1 kg. au maximum. 2è quinzaine Avril 1948" (je suis né à la fin du mois précédent, le jour même où disparut, cent vingt et un ans avant, Ludwig van). Comme l'ensemble pèse 1.900 gr., il y a deux étiquettes. 

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Le paquet est adressé à mon grand-père, Frédéric Paliard (mais la faute d'orthographe est courante), alors Médecin des Hôpitaux de Lyon. L'expéditeur (G. Meynier à Kindia en Guinée) ne devait pas connaître son adresse personnelle (39, cours de la Liberté, à l'angle de la rue de La Part-Dieu, téléphone MOncey 17 25). Quoi qu'il en soit, le cadeau – si c'en est un – a été conservé pieusement au fond d'un placard, puis d'un autre : nul n'a osé toucher à la relique. C'eût été la profaner.

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J'ai appelé le torréfacteur de la rue de la Croix-Rousse pour lui demander s'il pouvait s'occuper de ce café cueilli en 1948. Il m'a ri au nez : un café de soixante-dix ans, m'a-t-il expliqué, est dans un état comparable à une cerise datant des Mérovingiens. J'ai été obligé d'admettre qu'en termes d'arôme, l'expérience olfactive était d'une terrible "neutralité". Et puis de toute façon, il ne torréfie qu'à partir de cinq kg. Et puis, a-t-il fini par déclarer, péremptoire, tranchant, définitif : c'est certainement du Robusta. Condamné.

J'ai ouvert le paquet poussiéreux et jauni : sous le sac de jute soigneusement cousu, un sac de toile serrée soigneusement cousu. J'ai trouvé presque deux kilos de grains minuscules. J'ai reniflé. J'ai admis qu'il était somme toute raisonnable de m'en séparer. 

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